Le championnat de Belgique d’enduro reprendra ses droits dimanche prochain à Warnant, sans promoteur. Suite à un différend avec la FMB, Thierry Klutz ne veillera en effet plus sur le championnat.
Rappelons que depuis la saison 2010, l’ex-crossman, entretemps reconverti à l’enduro avec le succès que l’on sait, travaillait avec sa société TKO à la promotion d’un championnat en manque de reconnaissance auprès des medias et du grand public.
Malgré les difficultés liées à la conjoncture économique actuelle et aux problèmes à répétition rencontrés avec le chronométrage qui n’ont pas manqué de jeter un important discrédit sur le championnat auprès des partenaires et des medias impliqués, force est de reconnaître que Klutz avait su tirer la discipline vers le haut et rendre le championnat bien plus attractif.
Tout n’était pas encore parfait mais Klutz en était conscient et avait travaillé dur cet hiver pour obtenir davantage de responsabilités au niveau sportif et s’était assuré pour 2013 les services d’un spécialiste en communication et en marketing. Avec l’arrivée des transpondeurs de la société RIS sur l’ensemble du championnat, tous les ingrédients semblaient enfin réunis pour permettre à l’enduro belge d’enfin sortir définitivement de l’ornière.
Les événements en ont malheureusement décidé autrement, comme Thierry Klutz nous l’explique lui-même dans cette lettre ouverte adressée à tous les pilotes licenciés en enduro auprès de la FMB.
« Aux pilotes du Championnat de Belgique d’enduro,
A quelques jours de la reprise du championnat de Belgique d’enduro, il me semblait important de vous faire le point sur l’avenir du BEC.
Comme j’ai déjà pu vous le signaler lors d’une interview sur motocrossmag, la bonne nouvelle est l’arrivée (ou plutôt le retour) de RIS pour s’occuper du système de chronométrage.
L’autre nouvelle, que vous jugerez bonne ou mauvaise, est la fin de mon travail de promoteur.
J’ai, depuis le début de ce travail de promoteur qui a commencé en 2010, tenter de faire au mieux pour apporter une note plus « professionnelle » au Championnat de Belgique d’enduro. J’ai donc essayé d’apporter à notre championnat ce que j’avais pu voir lors de championnats étrangers auxquels j’avais participés (France, Espagne, WEC, Europe…).
Je sais pertinemment bien qu’il y avait bon nombre de choses à améliorer dans mon travail de promotion et j’avais donc décidé de m’associer, fin 2012, avec Jean-Pierre Gilmart (personne passionnée d’enduro et qui travail dans la publicité et la communication) afin qu’il puisse m’apporter toute son expérience.
Si mon travail semble avoir été vu comme un plus indéniable par la majorité des pilotes et des organisateurs, il faut néanmoins savoir que ça ne fà»t le cas de tous.
Certaines personnes n’ont jamais voulu reconnaitre le travail qui a été fait tout comme elles n’ont jamais acceptées que je puisse avoir la volonté de faire évoluer l’enduro Belge. Malgré tout, j’ai toujours tenu à donner une image positive de toutes les organisations. Les newsletters que j’ai pu faire après chacune des épreuves le prouvent.
La décision d’utiliser du matériel de qualité avec une équipe de professionnelle a été prise dès la saison 2013. C’était bien évidemment la meilleure chose à faire. C’est une demande que j’avais d’ailleurs faite il y a 4 ans alors que j’étais représentant des pilotes. Je ne vais pas revenir là -dessus même s’il y aurait, là aussi, pas mal de choses à dire.
Après l’enduro de Flavion 2012, deux représentants des pilotes (Wim Vanderheyden et Jeff Goblet) se sont donc rendus à une réunion avec le Bureau exécutif de la FMB-BMB où ils ont mis en évidence les manquements de certaines épreuves :
-problèmes de fléchages des liaisons,
– des nombreuses erreurs commises au niveau des temps en liaison (temps parfois trop court ou trop long entre un CH et un autre : pas assez de temps au ravitaillement ou se trouve le speaker et trop de temps au milieu de nulle part et où les pilotes se les gèlent),
-une exploitation pas toujours optimale de la surface mise à disposition pour les spéciales
-du mauvais positionnement des CH (CH mis par exemple dans un chemin qui est l’accès à la spéciale pour les spectateurs, les suiveurs et LES SECOURS !),
– etc.
Jusqu’à là rien de mal car l’objectif était d’améliorer la qualité des épreuves et de soutenir les organisateurs. Ils ont donc proposé que je m’occupe de ce travail en 2013.
Par l’entremise du secrétaire de la FMB-BMB, j’ai donc été sollicité pour cette fonction (trois jours de travails, cad le vendredi précédant l’épreuve, le samedi et le dimanche. Lors d’une réunion du GT enduro, j’ai donc accepté cette fonction avec comme retour financier 5 euros par pilote. Cette proposition a été acceptée par la majorité des membres du GTD Enduro.
Dans ces 5 euros, étaient compris le speaker et le matériel pour le speaker que j’apporterai sur place et en finalité, inclus dans ce prix, la promotion du BEC. Avec une moyenne de 210 pilotes par épreuve en 2012, je partais donc avec 1050 euros par épreuve. A cette somme, il fallait retirer le payement du speaker, la location du matériel de sonorisation, mes déplacements trois fois aller-retour sur le site, l’essence moto pour les deux tours de reconnaissance (sans parler de la moto et de l’usure de celle-ci) et deux personnes que j’allais devoir payer pour monter et démonter le matériel que je montais moi-même auparavant.
Un calcul rapide permet de se rendre compte qu’il n’allait plus rester grand-chose.
Alors lorsque j’entends de la part de certains membres lors de la dernière réunion FMB-BMB les arguments suivants (ou ce qu’ils disent aux pilotes) :
-Je me fais de l’argent sur le dos des pilotes,
-qu’ils n’ont pas besoin de moi pour faire ce travail. Qu’ils ont une moto et qu’ils peuvent très bien le faire eux-mêmes car ils sont également pilotes,
-que ce sont les pilotes qui doivent s’acheter des lunettes plutôt que de me payer si cher pour le fléchage (car c’est pcq les pilotes ne regardent pas qu’ils se perdent),
-qu’heureusement qu’ils sont là pour protéger les pilotes contre ma volonté de me faire de l’argent sur leur dos,
-que eux, ils sont bénévoles, et qu’il n’y a pas de raisons que je sois payé pour faire ça (pour infos, un directeur de course prends 100 euros, un marshall prend 40 euros, un délégué 60 euros),
-que contrairement à ce que je crois, les pilotes ne sont pas pour un promoteur et encore moins pour un pré-rider,
-que le club d’AVEMOTT était également contre un pré-rider – promoteur.
-…
A ces remarques, l’organisateur de Warnant m’a signalé que de son côté les membres de son club n’était pas non plus positif à un promoteur-pré-rider. Que contrairement à ce que je pouvais croire, les membres du club de Warnant considèrent qu’ils peuvent très bien faire sans moi.
Toutes ces remarques et attitudes m’ont bien évidemment poussées à réfléchir sur la suite à donner à mon travail de promoteur associé à celui d’éventuel pré-rider.
Je pense avoir apporté par mal de choses à l’enduro Belge. La preuve en est le nombre d’organisations que n’a cessé d’augmenter depuis les trois dernières années (il y avait 5 épreuves belges il y a trois ans et il y en a maintenant 10 de prévues), le nombre de pilotes et de teams qui ne cessent d’augmenter avec un soutien de plus en plus important des différentes marques, un challenge espoir avec le soutien d’Husaberg pour les jeunes a vu le jour (qui a été crée par Micka Despontin), de nombreux organisateurs de plus en plus motivés à améliorer la qualité de leur épreuve, de plus en plus de pilotes de cross attirés par l’image de l’enduro qui s’est améliorée depuis trois ans malgré les soucis de chrono !! (Une image qui s’est améliorée autant grà¢ce aux organisateurs que grà¢ce à la promotion), etc…
Malgré tout ce travail effectué, je remarque que des personnes (toujours les mêmes) ne peuvent accepter que quelqu’un de jeune, avec une vision différente que la leur, s’implique pour l’enduro.
Tout qui, un jour, a tenté de faire sa place dans l’enduro sans être dans leur« moule », a fini par là¢cher le morceau. Il est temps pour moi de faire de même en tant que promoteur- pré-rider car trop de choses négatives ont été dites. Il faut à un moment se respecter. Me respecter est de ne plus accepter ce genre de choses.
Certaines personnes se plaignent sans cesse qu’ils sont bien seuls à se battre pour l’enduro belge et qu’ils déplorent le manque d’enthousiasme des jeunes. Pour ma part, j’ai la réponse… Je leur souhaite bonne chance à eux pour en trouver d’autres et beaucoup de courage aux pilotes.
Je tiens néanmoins à souligner le soutien et l’intérêt que Stijn, Jean Patinet et Didier Gelders (et d’autres de la Fédération) ont donné à notre discipline. Jean Patinet a été là lors des nombreuses réunions et à toujours donné un avis éclairé. Quand bien même celui-ci n’allait pas dans mon sens, je ne pouvais que reconnaître qu’il était juste et justifié. Jamais autant de temps, d’argent et d’énergie n’auront été dépensés pour l’enduro belge, il est important que vous le sachiez. Je ne peux que les remercier pour ça.
Je continuerai à organiser avec tous mes amis du club OPMV (nouvelle appellation du club TKSO pour ne plus avoir de confusion avec TKO) EN TANT QUE BENEVOLE et à m’impliquer pour la moto tout terrain de manière concrète.
J’espère que vous comprendrez ma décision.
Je vous souhaite dans tous les cas une bonne saison 2013 faite de résultats à la hauteur de vos espoirs. »
Thierry Klutz