Motocross | Yves Devlaminck: « Faute de moyens, nos jeunes pilotes sont à  la traîne »

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A l’issue du Mondial Junior disputé à  Jinin le week-end avant le GP de Belgique, le coach fédéral Yves Devlaminck tire les leçons de l’expérience tchèque. La situation est difficile mais la Belgique continuera sans doute toujours à  amener des pilotes au plus haut niveau, estime-t-il. Le talent est là  mais les moyens manquent…

« Le bilan des résultats enregistrés par nos jeunes pilotes peut sembler mitigé à  première vue : 2 qualifiés, un pilote réserve et 7 points marqués en finale. A notre décharge, rajoutons que nos trois meilleurs espoirs étaient absents/blessés pour l’occasion…

Le niveau des leaders est tout bonnement impressionnant, tout est mis en place pour qu’ils soient hyper-performants dès le plus jeune à¢ge : aménagement des horaires scolaires, matériel ultra-performant via l’intégration à  des teams de pointe basés en Belgique, en Espagne ou en Italie, et déjà  de nombreuses expériences internationales dès l’à¢ge de 10 ou 12 ans. Il faut bien reconnaître que la concurrence déploie les gros moyens et que nos jeunes pilotes sont à  la traîne. Force est de constater que l’écart creusé à  cet à¢ge ne se comble que très rarement, pour ne pas dire jamais.

Le problème est double. Le premier facteur vient évidemment du fait que la crise touche notre discipline de plein fouet. Les déplacements, les engagements aux courses, le prix des licences, le prix des motos et des pièces, tout ne cesse d’augmenter. Les grilles de départ des catégories 50, 65 ou 85cc des fédérations amateurs sont désertées et les classes souvent regroupées tant le nombre de candidats est faible.

Le motocross n’est plus un sport pour tous

Dans un système pyramidal, il est évident que plus la base est large, plus le nombre de candidats prétendants au sommet est important, et inversément. Notre championnat 85cc national aligne en moyenne entre 12 et 20 pilotes derrière la grille, beaucoup trop peu pour prétendre à  une relève à  haut niveau. Sans parler du fait qu’une course internationale à  l’étranger génère entre 300€ et 1000€ de frais rien qu’en déplacement et engagement, ce qui réduit encore considérablement le nombre de candidats. Il n’est pas rare que les parents refusent de laisser leurs enfants rouler un essai libre ou un warm-up dans la boue tant le prix des pièces est élevé et l’usure importante. On assiste de plus en plus à  un nivellement par les moyens financiers. Le budget a pris le pas sur le talent et le motocross n’est pas (plus) un sport pour tous…

Le second problème chez nous est d’ordre structurel et fédéral. Ce n’est un secret pour personne, notre pays compte de moins en moins de terrains d’entrainement. Un Ostendais ou un Bruxellois doit parcourir près de 100km pour trouver un terrain permanent ouvert en semaine en Belgique et, qui plus est, traverser des villes comme Gand, Bruxelles ou Anvers, souvent truffées d’embouteillages aux heures de pointe. Les Flamands roulent essentiellement dans le Limbourg et en Hollande tandis que les Francophones roulent principalement dans le nord de la France. Alors qu’on sait que tous les grands champions (ou presque) ont un spot de prédilection à  quelques encablures de chez eux et qu’ils pratiquent (quasiment) quotidiennement entre l’à¢ge de 10 et 15 ans. Rajouté au fait que le calendrier national se veut de plus en plus maigre au fil des ans, que notre pays n’a jamais organisé une compétition internationale pour les jeunes (hors Coupe de l’Avenir) et que nous avons longtemps lutté pour abaisser l’à¢ge minimum de participation à  des compétitions.

Tout cela pèse évidemment en notre défaveur. A l’image de notre politique, la fédération belge est divisée (pour ne pas dire morcelée) et le nombre de licenciés par district y est donc très faible. Et dans un système qui fonctionne aux quotas et aux chiffres, notre fédération n’a pas de poids à  l’échelle nationale.

Une éclaircie dans un ciel bien sombre

Malgré les réalités évoquées ci-dessus, la Belgique est et restera toujours une terre de motocross et une pépinière de champions, c’est une discipline profondément ancrée dans notre culture. La dynamique créée par les anciens champions (Smets/Everts), les succès des pilotes belges en catégorie MX1, le dynamisme et le renouveau apportés par Edmond Detry, la pertinence de la Coupe de l’Avenir, l’organisation du championnat du Monde Junior en 2014 à  Bastogne ainsi que la mise en place d’une cellule haut niveau par la fédération (comprenant stages et défraiement pour les déplacements sur des compétitions telles que le Mondial Junior) sont autant de facteurs qui tendent à  l’éclosion de nouveaux talents…

Alors tous au travail (avec les moyens du bord) et objectif Bastogne aoà»t 2014 ! »

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