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Matthew Phillips : « Il est temps de passer à autre chose ! »

Matthew Phillips : « Il est temps de passer à autre chose ! »
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Matthew Phillips ne disputera pas le prochain championnat du monde d’enduro. Le quadruple champion du monde, aujourd’hui pilote officiel Sherco, a décidé de faire une pause. Le temps de retrouver la flamme. Entretien avec l’Australien…

Matthew, pourquoi avoir décidé de quitter la scène de l’EnduroGP l’année prochaine ?

Matthew Phillips : « C’est la question que tout le monde se pose désormais ! J’ai passé cinq ans sur le Mondial, remporté quatre titres, été une fois Vice-Champion et cette saison, je suis 5ème pour le moment mais j’espère aller chercher le podium ! C’était une très belle expérience pour moi avec d’excellents résultats malgré une grosse blessure. J’ai fait de belles rencontres, rencontré des amis, travaillé avec des équipes de pointes et des mécaniciens professionnels. C’était un rêve éveillé… Ce n’est pas une décision que j’ai prise à la légère ! Le style de vie Australien me manque et puis, il faut avouer que ces derniers temps, je n’étais pas concentré à 100% sur la course. J’ai besoin d’un break ! J’ai besoin de rentrer à la maison et retrouver la flamme avant qu’elle ne s’éteigne ! Les fans ne veulent pas ça et moi non plus. Je pense aussi que le Championnat a besoin de se réinventer. Il faut trouver le moyen de ramener plus de pilotes… Réduire à deux catégories a amené beaucoup d’intérêts chez les fans mais l’écart est trop grand entre les tops guns et les autres pilotes. Il faut trouver le moyen de ramener les amateurs et les pilotes du Championnat d’Europe sur l’EnduroGP. Il faut retrouver l’esprit Enduro ! Il faut créer un événement, pas seulement une course, il faut que chaque GP soit une grande fête. »

Pourquoi l’avoir annoncé aussi tôt ?

M.P : « C’est le moment où les teams commencent à recruter pour la saison prochaine ! J’ai donc décidé d’annoncer cela maintenant afin de faire savoir à tout le monde que je n’étais plus « sur le marché ». Il est l’heure pour moi de me tourner vers autre chose et de trouver un boulot… »

Justement, qu’allez-vous faire la saison prochaine ?

M.P : « J’espère que d’autres personnes peuvent accomplir leur rêve comme je l’ai fait ! J’ai désormais quatre titres de Champion du Monde sur mon CV et je pense que cela a de la valeur… J’ai discuté avec plusieurs firmes pour devenir une de leurs figures emblématiques, les représenter sur plusieurs événements et tenter d’attirer plus de clients vers leurs motos. J’aimerai rouler en Australie, mais aussi pouvoir venir sur un ou deux Grand Prix. Je n’ai jamais gagné le Championnat Off-Road Australien et cela pourrait être un de mes objectifs. J’aimerai rouler aussi en MX et pourquoi pas en SuperEnduro. J’ai envie de profiter un peu comme le fait Mike Brown. »

« Je ne voulais qu’une chose : remporter un titre de Champion du Monde ! »

Prenez-vous votre retraite ou seulement qu’une année sabbatique ?

M.P : « J’espère ! J’aimerais avoir l’opportunité de rouler sur des courses comme Le Touquet mais je serai de retour sur le Mondial dans le futur, c’est sûr. Et pourquoi pas accueillir l’EnduroGP chez moi, en Tasmanie… »

On sait que vous réfléchissez depuis quelques temps à amener le championnat en Australie

M.P : « Effectivement ! J’aimerais tellement avoir un GP en Australie et un autre en Tasmanie… Je pense qu’au début de la saison, les conditions seraient idéales. C’est la fin de l’été chez nous et on pourrait avoir des conditions climatiques difficiles, ce qui rendrait la course très belle. Beaucoup de pilotes Australiens répondront présents et surprendront certainement les pilotes du Mondial par leurs vitesses. Nous avons tellement d’endroits pour organiser des courses. Mais mon premier choix s’arrêterait sur une ville proche de l’océan comme Penguin. Il y a une belle piste de cross là-bas et le relief est très montagneux. Il y aurait de quoi faire ! Je pense que nous avons assez de gens prêts à organiser une manche d’EnduroGP. »

En arrivant sur le Mondial en 2013, pensiez-vous être capable de remporter autant de titres en 5 ans ?

M.P : « Jamais ! Je me rappelle avoir eu une réunion téléphonique avec Yamaha Australie avant de partir. Stefan Merriman, à l’époque, était mon coéquipier et m’a répété plusieurs fois d’aller tenter ma chance sur le Championnat du Monde. Stefan est une personne qui pèse chacun de ses mots donc lorsqu’il vous répète une chose plusieurs fois, il n’y a pas besoin de beaucoup réfléchir… il faut l’écouter ! J’étais donc au téléphone avec les boss de Yamaha, ils m’offraient un très beau contrat pour rester à la maison mais je n’ai même pas écouté le montant de l’offre. Je les ai simplement remercié pour leur intérêt et leur ai dit que je ne voulais qu’une chose, remporter un titre de Champion du Monde ! »

« Amener l’EnduroGP en Australie… »

Est-ce que l’EnduroGP vous a apporté quelque chose, vous a fait grandir dans votre vie professionnelle et personnelle ?

M.P : « Bien sûr, sinon je ne serais pas là ! D’ailleurs, j’aimerais dire à tous les jeunes pilotes de venir sur le mondial, de s’entrainer dur et d’être ambitieux ! Vous rencontrez tellement de cultures différentes, de gens. Vous vous faites tellement d’amis, cela vaut tous les entrainements, les efforts et les risques que vous prenez. Vous apprenez beaucoup en tant que personne ! »

Quel est votre meilleur souvenir ?

M.P : « Pas facile, j’ai connu tellement de bons moments. Je vais choisir… Brioude 2014, ma victoire le Samedi alors que je me remettais à peine d’une fracture au pied. Je m’étais entrainé seulement une fois avant la finale en France. Nous nous battions avec mon ex-coéquipier Ivan Cervantes pour le titre E3. Juste avant la dernière spéciale, nous étions dans la même seconde. Je suis parti en premier dans la spéciale. Il a chuté dans celle-ci et lorsqu’il en est sortie, en voyant son temps, j’ai eu toute la pression de la journée qui s’est envolée. Un sentiment très spécial ! Il a été le premier à me féliciter en sortant de la spéciale. Ivan est un grand champion. Le lendemain, je remportais mon premier titre Sénior, un an seulement après le Junior ! »

Parlons de votre manager, Fabrizio Azzalin… Cette annonce a dû l’affecter ?

M.P : « Effectivement, il a eu beaucoup de mal à accepter cette décision. Il m’a de suite demandé pourquoi ? Je lui ai dit que je me plaisais sur l’EnduroGP mais j’avais besoin de trouver un nouveau challenge. Azza m’a compris, il m’a vu perdre de la motivation durant la saison, revenir du Parc Fermé avec un visage triste. Il me suit donc à 100% dans cette décision mais m’a aussi dit que si je voulais revenir, je n’avais qu’à l’appeler et il me proposerait un contrat ! Fabrizio a toujours été à mon écoute comme toute l’équipe. Après mon titre Junior, alors qu’Husqvarna venait de se faire racheter par KTM, il y a eu quelques mois de confusions. Je ne comptais pas quitter le CH Racing et ne parlais à aucun autre team. Puis aux Six Days, Azza m’a dit de quitter le navire car il ne savait pas si Husqvarna allait le garder… Mon mécanicien Mauro est allé voir Fabio (Farioli, ndlr) et l’a conseillé de me recruter plutôt que d’essayer de me garder sous le coude alors qu’ils ne savaient pas quel était leur avenir. J’ai un énorme respect pour eux, ce sont des personnes exceptionnelles »

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