Kevin Strijbos a aujourd’hui 34 ans. Et derrière lui un carrière sportive au plus haut niveau faite de hauts et de bas. De succès en désillusions, Strijbos a marqué les deux dernières décennies du motocross mondial. Et si sa carrière a été de rebondissement en rebondissement, il semble cependant qu’il y ait une constante que l’on puisse toujours associer à KS22 : Suzuki. C’est d’ailleurs au guidon d’une RM450Z qu’il s’est engagé cette saisons sur le mondial MXGP, au sein d’une structure dont il tire désormais lui-même les ficelles. Le début d’une reconversion ?
KSRT MX Team : c’est sous ce nom que le team fondé cet hiver par Kevin Strijbos a vu le jour. Un team 100% privé que le pilote belge a mis sur pied tardivement, en décembre 2019 seulement, avec le soutien du concessionnaire allemand Suzuki Johannes Bikes et son fidèle sponsor Hens. L’équipe est donc toute jeune mais semble bien née. Sur les deux premiers GP de la saison, Strijbos a malheureusement été handicapé par une blessure au dos que le break actuel imposée par la crise du coronavirus devrait permettre d’effacer.
Kevin, comment va ton dos à présent ?
Kevin Strijbos : « J’ai toujours de quoi m’occuper. Chaque jour, j’ai des exercices particuliers à faire pour mon dos. Comme la plupart des pilotes, j’essaie aussi de maintenir ma condition en faisant du vélo. J’ai aussi eu pas mal de séances de kiné. L’hernie sur mon dos évolue dans la bonne direction. Pour le moment, il est bien sûr difficile de consulter un physiothérapeute, mais je suis persuadé que tout ira bien. »
Tu as eu peu de temps cet hiver pour mettre sur pied ta nouvelle équipe. D’un certain côté, ce break te permet sans doute aussi de rattraper le retard ?
Kevin Strijbos: «C’est vrai, d’un certain côté, ce n’est pas une mauvaise chose de mon propre point de vue. Maintenant, cela commence à être trop long. Nous avions prévu des tests, nous avons également eu des rencontres positives avec nos partenaires techniques et malheureusement, nous ne pouvons pas continuer à développer nos motos . »
On a fait connaissance avec un nouveau Kevin Strijbos ces derniers mois. Après le pilote, nous avons découvert le manager ! Un rôle dans lequel tu sembles plutôt à l’aise, non ?
Kevin Strijbos: «Cela me fait plaisir si j’ai fait bonne impression. Heureusement que j’ai pu compter finalement sur pas mal de soutiens à gauche et à droite de la part de personnes expérimentées car j’ai aussi passé beaucoup de nuits blanches! Le budget dont vous avez besoin pour participer aux GP européens est assez élevé. J’ai sans doute sous-estimé au début les enjeux. Il faut beaucoup d’organisation : appeler, envoyer des courriels, assurer le suivi,… »
Tu as beaucoup d’expérience spécifique avec la Suzuki 450. Cela devrait aider à accélérer le développement, non ?
Kevin Strijbos: «J’ai beaucoup d’expérience avec Suzuki, mais au final je n’ai piloté cette génération de la RM-Z450 que pendant un an, en 2017… Je sais en effet dans quelle direction aller mais c’est difficile à mettre en oeuvre. Savoir où je veux aller est une chose, mais nous ne sommes pas une équipe d’usine et vous devez être réaliste sur ce que vous pouvez et ne pouvez pas faire. Par contre, je suis très content des partenaires techniques que nous avons. Sylvain (Geboers) m’a également aidé. En tout cas, le potentiel est là. »
Est-ce l’impulsion nécessaire pour que Suzuki revienne dans le paddock avec une équipe officielle ?
Kevin Strijbos: «Bien sûr, notre idée est de préparer quelque chose au retour de Suzuki. Mais c’est très prématuré pour le moment. Ce serait bien de faire quelque chose avec eux s’ils décident de revenir en MXGP. Je pourrais aussi par exemple être impliqué en tant que pilote d’essai. Mais il n’y a rien sur la table et je pense que de nombreuses autres équipes seraient prêtes à s’associer avec eux. Nous sommes maintenant un team privé et tout ce que nous pouvons faire, c’est rêver d’un tel partenariat. »
Depuis le début de cette année, tu as également renoué avec Marc Herremans en tant que préparateur physique.
Kevin Strijbos: «Marc m’a contacté peu de temps après le Nouvel An. Janvier a été un mois très compliqué car j’étais très occupé à tout organiser. Pour m’entraîner correctement, j’avais besoin d’une structure, d’un horaire et d’une ligne claire. Après Valkenswaard, j’ai fait un test de vélo qui n’était pas mauvais. Ce n’est donc pas comme si je devais repartir de zéro. Marc sait juste comment me gérer et il sait que j’ai besoin de variété dans mon programme. En tant que sportif, je dois revenir à 100%. »
« Personne ne sait ce que l’avenir nous réserve après la crise du coronavirus. »
La crise du coronavirus a des conséquences économiques majeures. C’est une situation préoccupante, surtout lorsqu’on gère sa propre équipe.
Kevin Strijbos: «Cela me préoccupe en effet. Attirer des sponsors et les garder en temps de crise n’est pas chose aisée. Certainement pas pour nous parce que nous sommes actuellement dans une phase de démarrage. L’argent que nous avons reçu a été investi dans l’équipe. Pour le moment, il n’y a rien pour moi. J’espère donc que nous pourrons continuer et que nous pourrons encore nous montrer en compétition cette année. Ce n’est que l’aspect sportif, car ce que l’avenir réserve est un point d’interrogation pour tout le monde. C’est un mauvais moment pour tout le monde. Je suis assez réaliste par rapport à ce sujet. Nous devrons évaluer de manière approfondie si nous continuerons en 2021. En tout cas, je suis très reconnaissant que nous ayons eu l’occasion de nous lancer cette année. En premier lieu, je pense à l’entreprise de terrassement Hens. Ils ont continué à me soutenir, dans les bons comme dans les mauvais moments. Aloïs Hens est plus que mon sponsor principal, c’est aussi un grand ami. »
En tant que team manager, comment vis-tu la communication avec Infront Moto Racing pendant ces moments difficiles?
Kevin Strijbos: «C’est très positif en fait. Il y a beaucoup d’informations qui arrivent vers les équipes et nous sommes vraiment bien informés. Je sens que j’ai les réponses à toutes mes questions. Et ils ont toujours une réponse rapide quand j’ai un problème. »
Dans l’état actuel des choses, l’été et l’automne s’annoncent très occupés.
Kevin Strijbos: «En tout cas, j’ai beaucoup de courses inscrites sur mon calendrier, oui ! C’est bon pour moi car je préfère rouler en course plutôt que m’entraîner. Par contre, il y a désormais des épreuves ADAC MX Masters qui coïncident avec les GP. Nous devons donc encore examiner cela. »
D’un autre côté, tu pourais sans doute jouer un rôle plus important sur l’ADAC MX Masters. Là, tu peux rouler pour le titre.
Kevin Strijbos: «Je sais. En fin de compte, c’est également important pour l’équipe, pour Johannes Bikes et pour mon avenir. Mais il m’est difficile de lâcher les GP. Peut-être parce que je n’ai jamais rien fait d’autre? »
Comme Ken De Dycker récemment, tu deviendras bientôt papa pour la deuxième fois. Un autre événement majeur à savoir gérer !
Kevin Strijbos: «Pour Yentl, cela génère évidemment un peu de stress. Ce qui est très compréhensible. J’ai moi-même appris à mettre les choses en perspective et à me reposer dans ce genre de situations. J’attends vraiment ça avec impatience! Nous sommes également très heureux que notre deuxième bébé soit une fille. Et bien sûr, c’est formidable pour Jayden d’avoir bientôt une sœur.»
Texte : Tom Jacobs | Photos : #niekfotografie & Gino Maes