La Stark Varg fait beaucoup parler depuis son lancement : 80 chevaux annoncés, une moto plus légère et plus simple d’utilisation, censée révolutionner la discipline. Mais qu’en est-il réellement en condition de course ? Florent Lambillon tente de répondre à la question après avoir emmené la machine électrique sur les circuits.
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La machine pilotée par le Namurois est une Stark Varg de première génération, 85 heures d’utilisation, en configuration 54 chevaux / 16 % de frein moteur, frein arrière au pied et au guidon, et aucun réglage modifié par rapport à la sortie d’usine.
Dès les premiers tours, la question du bruit disparaît. Les sensations sont comparables à une thermique, avec une réponse moteur franche et immédiate. Pas de creux, pas de temps mort : on ne ressent pas de manque particulier, que ce soit en entraînement ou en course.
Pilotage : facilité et adaptation
La Stark est plus accessible pour un pilote débutant : pas de vitesses, pas d’embrayage, une puissance modulable. En compétition, elle gomme certaines lacunes techniques et permet de rester concentré sur les trajectoires.
Pour un pilote confirmé, la moto reste plus simple à exploiter, mais pas toujours plus efficace. L’absence d’embrayage est le principal point faible : impossible de « relancer » violemment à la sortie d’un virage ou sur un sol meuble. Le double frein arrière compense en partie, mais le pilotage doit être adapté.
Transmission : avantage et limites
Avec du grip : l’accélération linéaire sans passage de rapports est un atout majeur. En ligne droite, la Varg continue d’avancer quand les thermiques perdent du temps à passer les vitesses.
Sur sol dur et glissant : l’absence de rapports devient un handicap. La moto glisse davantage et le moteur prend très vite des tours, compliquant la recherche de traction. Là où une thermique permet de calmer la roue en montant un rapport, la Stark oblige à jouer avec les appuis et le placement.
Freinage : un pilotage différent
Sur sol accrocheur : gros avantage. On peut freiner très fort sans craindre de caler.
Sur sol glissant : le manque de frein moteur se fait sentir. Le freinage devient plus technique, avec un risque accru de blocage de la roue arrière. Résultat : le frein avant prend une place centrale dans le pilotage.
Départs : potentiel énorme, motricité perfectible
Avec son couple instantané, la Stark est une véritable machine à holeshot. Mais quand la piste est sèche et poussiéreuse, la puissance ne se transfère pas toujours efficacement au sol. Un travail spécifique est nécessaire pour rivaliser dans toutes les conditions.
Poids : 118 kg… mais plutôt discrets
La Varg pèse officiellement 118 kg, soit environ 10 kg de plus qu’une 450 japonaise. Sur la piste, cette différence est imperceptible : l’absence d’inertie moteur et la répartition des masses rendent la moto aussi agile qu’une 125, aussi bien dans les ornières qu’en l’air.
Autonomie : le talon d’Achille en course
- 20 minutes + 1 tour à Saint-Hubert : départ à 90 %, arrivée à 33–36 % ? environ 2,9 % de batterie/minute.
- 12 minutes + 1 tour au Masterkids : arrivée entre 38 % et 45 % ? environ 3 %/minute.
Suffisant pour des courses amateurs type AMPL Inter, mais problématique en compétition plus dense. Avec des manches rapprochées, les 1h30 nécessaires à une recharge complète limitent clairement l’usage. En pratique, il faudrait disposer de deux motos pour alterner entre les manches.
Entretien : un vrai avantage
La Stark réduit drastiquement l’entretien : une vidange toutes les 40 heures, plus de filtres ni de réglages moteur. Concrètement, c’est 1 à 2 heures de travail économisées par semaine. En course, cela signifie plus de temps pour le pilotage et la récupération, et moins de frais en consommables.
Vers de nouveaux circuits ?
Le bruit reste le principal frein au développement du motocross en Belgique et ailleurs. Si l’électrique permettait de lever cette contrainte, le retour de circuits permanents pourrait redevenir envisageable. L’avenir du sport passe sans doute par cette révolution silencieuse.
En résumé
- Les points forts : puissance immédiate, facilité de pilotage, entretien réduit, agilité, départs explosifs.
- Les points faibles : absence d’embrayage, manque de traction sur sol dur, autonomie limitée, silence peu adapté au spectacle.
La Stark Varg n’enterre pas la thermique, mais prouve qu’elle peut rivaliser dans de nombreuses conditions. L’autonomie reste le principal frein à son adoption massive en compétition. Reste une question : si l’électrique est notre meilleure chance d’ouvrir de nouveaux circuits, n’est-elle pas aussi la clé de survie du motocross en Europe ?












