Le décès brutal de Timoteï Potisek a bouleversé le monde de la moto. Davantage encore ceux qui ont eu l’occasion de côtoyer le double vainqueur du Touquet. C’est le cas de Thierry Klutz, grand habitué de l’Enduro du Touquet et sociétaire du MC Pecquencourt, le club de Tim et de ses frères Sergeï et Mateï.
Comme beaucoup d’autres, le Liégeois a tenu à rendre un dernier hommage à son ami en assistant ce week-end à ses funérailles. Des funérailles hors du commun, remplies de tristesse, d’émotion mais aussi très dignes, comme nous l’explique Thierry dans les lignes qui suivent…
« Tim nous a quittés, il a rejoint Jason Denis au paradis des pilotes…
Je n’arrive pas à mettre de l’ordre dans ce que j’aimerais dire et vous faire partager mon émotion tellement tout ce que j’ai vu et vécu ce week-end se chamboule dans ma tête.
Le décès de Tim est une chose terrible. A peine 25 ans! Un à¢ge auquel tout est encore à faire et à vivre… Il laisse derrière lui sa femme Aurélie, ses deux frères Sergeï et Mateï, ses parents, grand-parents mais également un nombre incalculable de supporters, de fans et d’amis. Afin de permettre à tout un chacun de lui rendre visite à partir du jeudi soir, sa famille avait imaginé dans le garage un parcours qui nous permettait de traverser les différentes pièces dans lesquelles Tim avait passé la majorité de son temps. C’est ainsi que l’on passait tout d’abord par l’atelier dans lequel il a commencé à s’occuper de sa moto et de celles de ses frères pour ensuite arriver dans un autre garage plus grand que le premier, qui était devenu le sien. Au mur, trônaient de nombreuses pièces, des photos. Au centre, se trouvait Tim, revêtu de son maillot du Touquet 2009 et entouré de deux de ses motos: sa Honda de course et sa toute nouvelle Yam.
Le sentiment de tristesse qui m’a envahi à cet instant est indescriptible…
Après plusieurs minutes de recueillement, j’ai quitté la pièce pour me rendre dans la dernière partie du parcours. Tel que ça pouvait être le cas lors d’une course, le camion de la famille était garé dans le parking intérieur du garage, auvent monté, moto sur son pied, une chaise sur laquelle se trouvaient ses habits de course et un écran géant sur lequel passait le dernier Touquet. Une réplique exacte de ce qu’était une journée de compétition…
Son papa s’est alors avancé vers moi, m’a pris dans ses bras et en me regardant dans les yeux m’a dit : « il t’aimait bien toi, tu sais ! ». Des paroles qui resteront à jamais gravées dans ma mémoire… Un papa digne et d’apparence sereine avec un petit sourire aux lèvres pour me rendre courage. Il a alors appelé sa femme et maman de Tim. Elle m’a d’abord remercié d’être venu, et tout en me tenant la main, elle m’a parlé de son fils avec une objectivité et une dignité déconcertantes.
Le samedi, Tim a eu droit à un enterrement hors du commun. Tout avait été organisé pour lui rendre un hommage à la hauteur de ses qualités de pilote mais surtout humaines. Marche blanche, camion Kenny pour distribution de posters à son effigie, écran géant sur lequel défilent des photos de sa carrière mais aussi pour retransmettre la messe à l’extérieur de l’église.
Tant de personnes avaient répondu présent à ce dernier hommage! Les tops pilotes de motocross, de courses de sable et d’enduro (Stefan Everts, Michaël Pichon, Steve Ramon, Marc De Reuver, Johan Boonen, Pascal Leuret, Clément Dessalle, Mickaël Musquin, Arnaud Demeester, Fred Vialle, Yves Demaria, Yves Deudon, Jean-claude Moussé, Seb Guillaume, Jordan Curvalle, Julien Dubac, VanBeveren,… (et encore bien d’autres que j’ai sans doute oubliés), plusieurs centaines de pilotes amateurs avec leur moto pour la haie d’honneur et plusieurs milliers de personnes de différents horizons…
De l’avis de toutes les personnes présentes dans et en dehors de l’église (écran géant et haut-parleurs), nous avons eu droit à une messe empreinte d’espoir et faite de mots justes.
Les interventions de son papa à la fin de la messe, de ses frères, de membres de sa famille, du patron de Yamaha Motor France, du patron de Honda France, de son entraineur physique, de Joël Pierrache (président du club de Pecquencourt) et j’en oublie, ont poursuivi la même voie, faite de souvenirs qui nous rappelaient avec justesse son tempérament, ses qualités et sa manière de voir la vie…
Nous nous sommes alors rendus en convoi à Cassel, endroit où Tim devait rejoindre sa dernière demeure. Une fois de plus, de très nombreuses personnes on fait les 30 kms qui séparent l’église du cimetière afin de lui faire un tout dernier adieu…
Tim était bien plus qu’un pilote extraordinaire, c’était une personnalité avec de vraies valeurs humaines…
Il a marqué de son empreinte le monde de la moto par ses qualités de pilotes et il aura, et c’est encore bien plus important, marqué le cÅ“ur de tous ceux qui on eu la chance de mieux le connaître.
Je le pleure…
Bon vent à toi mon ami, jamais je ne t’oublierai! »
Thierry Klutz