On l’avait découverte en février dernier. Elle n’était alors qu’un prototype qui allait être confié aux pilotes officiels de la marque sur le championnat MXGP. Aujourd’hui, la nouvelle RM-Z 450 est une réalité. En plus d’être belle, la troisième génération de la Suzuki 450 semble bien née. Elle donne en tout cas un sérieux coup de vieux au modèle qu’elle remplace. Nous l’avons essayée sur la piste de Bitche. Assurément l’une des bonnes surprises de l’été.
Par Christophe Bertrand
Arrivée en bout de développement depuis sa sortie en 2003 et l’apparition de l’injection en 2008, la RM-Z 450 devait évoluer. Il était grand temps que les jaunes nous sortent une nouvelle 450 au goût du jour. Découverte en début de saison sous l’auvent du team MXGP sous forme de prototype mis entre les mains de notre compatriote Kevin Strijbos et la jeune recrue lithuanienne Arminas Jasikonis, la 450 nous était donc présentée en cette fin juillet sur le circuit français de Bitche, pas bien loin de la frontière luxembourgeoise.
Est-ce sous l’impulsion du nouveau team manager, le décuple champion du monde Stefan Everts, déjà à la base du projet de la 350 SXF KTM lorsqu’il œuvrait pour les Autrcihiens ? Toujours est-il que cette toute nouvelle RMZ 450 arrive à point nommé et jette par la même occasion un fameux coup de vieux au modèle précédent. Il s’agit de la 3ème génération seulement de la version apparue en 2003. La déco retrouve les touches de bleu des années passées, la silhouette affinée et modernisée lui donne un look nettement plus dans l’air du temps.
RUN-TURN-STOP
La Suz est radicalement revisitée avec l’objectif d’atteindre l’équilibre le plus optimal qui soit entre moteur, châssis et freinage.
C’est d’abord la partie cycle qui prend un bon coup de jeune avec un tout nouveau cadre, un empattement réduit de 1495mm à 1480mm, un gain de poids de 700gr ou encore un bras oscillant plus fin grâce à un nouveau matériau qui permet de « gratter » 100gr. Le réservoir alu qui lui donnait cette petite touche factory bien sympa est quant à lui remplacé par un modèle en résine qui pousse la contenance de 6.2l à 6.3l et réduit encore de 275gr le poids sur la balance.
Grâce à de tout nouveaux plastiques et une selle redessinée, ce sont encore 246 gr qui sont gagnés et l’ergonomie générale qui s’en voit améliorée. Malgré cette cure d’amaigrissement, la 450 RMZ 2018 présente toujours sur la balance les 112kg à vide du modèle 2017. Comment est-ce possible ? Tout simplement par le retour d’une fourche Showa à ressort de 49 mm en lieu et place de la SFF-AIR, somme toute plus légère mais bien plus compliquée à régler par le commun des mortels.
A l’arrière, on reste sur du Showa mais équipé désormais du nouveau système BFRC (Balance Free Rear Cushion), une primeur sur la RMZ, un dispositif dont l’objectif est de minimiser les variations de pression. Résultat: une meilleure absorption des chocs, des réglages simplifiés non plus par click mais par tour, le tout sous basse pression ce qui réduit sensiblement les frictions.
Au rayon partie-cycle, on notera encore un guidon Pro Taper plus droit que le modèle précédent, un disque de frein avant de 270 mm (250mm auparavant), une nouvelle forme de maître-cylindre de frein arrière, un double sabot moteur pour protéger la pompe à eau (côté droit) et le carter d’alternateur (côté gauche). Un nouveau Té de fourche anodisé noir, des jantes noires elles aussi et les nouveaux Bridgestone Battlecross X3 complètent l’offre de ce nouveau millésime.
En piste
Pas de bol pour cet essai, la météo n’est pas des nôtres. C’est sur une piste vraiment détrempée qu’il nous faudra se faire une idée du potentiel de la bête.
Au 1er coup de kick – et oui, il faudra probablement attendre la 4ème génération (pas dans 8 ans SVP !!) pour enfin disposer d’un démarreur électrique – le moteur craque et la sonorité qui s’en dégage est plutôt excitante. Ca sonne très rond, sans aucun bruit parasite, ça sent le sérieux dans les matériaux utilisés. Au niveau du poste de pilotage, ce qui frappe immédiatement, c’est la finesse de l’ensemble. Cette nouvelle 450 est à coup sûr l’une des plus étroites de la catégorie.
Au rayon modifs moteur, c’est sur le haut moteur que les ingénieurs d’Hamamatsu se sont concentrés avec une nouvelle tête de cylindre censée améliorer de 25% toute la plage des régimes. Le carburant est maintenant injecté vers le haut et touche directement le papillon pour une meilleure atomisation. Piston, came d’admission, tube d’échappement et une révision complète des systèmes d’admission œuvrent pour rendre cette RMZ 450 encore plus performante et exploitable.
Le moteur qui restait l’atout majeur de cette 450 les années précédentes n’est pas radicalement différent mais les quelques améliorations apportées pour 2018 se révèlent rapidement efficaces. La puissance reste omniprésente mais de manière plus progressive et plus linéaire. Egalement grâce à son tout nouveau châssis, la RMZ est particulièrement agréable à piloter sur le 3ème rapport, les entrées de virages truffées d’ornières se négocient avec beaucoup de facilité et la cavalerie permet d’en sortir sans trop de brutalité.
On parle évidemment ici d’une 450, cette cylindrée s’adresse à des pilotes aguerris, bénéficiant d’un bagage technique supérieur à la moyenne. Inutile de jouer au king sur la poigné de gaz, la RMZ aura vite fait de vous calmer !
Trois courbes de puissance disponibles grâce à 3 « plugs », des fiches qui peuvent être échangées en 10 secondes et modifient immédiatement le comportement moteur en agissant sur l’allumage. On n’a pas hésité à tester les 3 alternatives afin d’en vérifier l’efficacité et au final, c’est à nouveau la courbe soft, plus riche avec une agressivité adoucie qui s’avère la plus accessible et la plus efficace, du moins sur notre piste très délicate.
La courbe standard vous donne ce « coup de pied au c… » assez grisant mais qui demandera un physique déjà bien affuté. Quant à la 3ème courbe, on la conseillera d’avantage aux amateurs de sensations fortes et aux pilotes de supercross mais je ne pense pas que ce soit la majorité d’entre nous.
Toujours au niveau moteur, l’occasion était belle de tester le « Suzuki Holeshot Assist Control (S-HAC). Pour rappel, il s’agit d’un commodo sur la gauche du guidon qui permet d’activer deux aides au départ afin de passer au mieux l’adhérence au sol lors de l’accélération en sortie de grille.
On essaie un 1er départ sans assistance, ça pousse fort, je parviens à soigner ma ligne tout en gardant un maximum de concentration pour maîtriser ma technique et tirer droit mais la marge de manœuvre ne laisse pas le droit à l’improvisation. Perso, je trouve que cela reste quand même toujours grisant de maîtriser la puissance d’un tel moulin sans aucune aide au pilotage et, avec ou sans assistance, un bon « starter » sera toujours dans le peloton de tête en bout de ligne droite.
Une petite pression sur le bouton pour passer en mode « soft », le moteur est moins rageur, je garde facilement le cap malgré la piste gorgée d’eau, c’est moins impressionnant mais probablement très efficace. A vérifier sur plusieurs starts, chrono en main !
Dernière alternative, une pression de 2 secondes sur le bouton de commande. Ca clignote plus vite, j’enclenche le 2ème rapport, l’accélération se fait en 3 phases avec le max de puissance, on est assez proche des sensations du premier départ réalisé sans assistance, mais on s’arrache de manière moins violente sur les premiers mètres avant de récupérer la pleine puissance dès le passage de la grille et le 3ème rapport enclenché.
Conclusion
Il aura fallu être patient, mais au final cette toute nouvelles RMZ 450 est une bonne surprise.
Les qualités moteur éprouvées sont conservées et même améliorées. Quant à la partie-cycle, elle se montre plus précise, particulièrement au niveau du train avant, et plus prévisible dans les parties défoncées.
La Suzuki se (re)positionne résolument parmi les meilleures 450 du marché mais perd en revanche de précieux points avec l’absence d’un démarreur électrique, devenu incontournable sur les machines modernes et tout particulièrement les grosses cylindrées.
RM-Z 450 2018 : 8.699 euros
Pour trouver un dealer Suzuki près de chez vous : www.suzuki2wheels.be/fr/dealers
L’humeur du jour
Pas toujours facile la vie de journaliste, surtout quand la météo s’en mêle….
Tel-Aviv :
Ciel bleu, 31°
Précipitations 0%
Piste sèche, poussière
Bitche :
Pas de ciel, 10°
Précipitations 80%
Piste inondée, 1 seule ornière mais sur tout le circuit
Voici le contraste vécu par nos 2 collègues israéliens. Ajoutez à cela une technique tout terrain plus que basique et vous comprendrez qu’il leur sera plus simple de coucher leurs mots sur papier que de relever la RMZ.
Mais qu’ont-ils bien pu raconter d’objectif sur les performances de la jaune ?