lls n’avaient pourtant pas mérité cela, les organisateurs bénévoles qui ont planté des piquets, flêché le parcours et banderolé des kilomètres dans les bois.
Ils n’avaient pas mérité cela non plus, les pilotes, cochons payeurs, qui ont consciencieusement rempli leur bulletin d’inscription des semaines à l’avance, effectué leur « petit » virement, préparé amoureusement leur moto, réservé tout leur week-end parfois au grand dam de l’épouse ou de la copine qui aurait peut-être préféré une petite promenade dominicale au grand air…en amoureux et qui s’est vue priée de venir laver de dégoutantes lunettes et préparer d’infà¢mes petits sandwichs mous pour que l’apollon de leur vie soit au maximum de sa forme.
Ils n’avaient pourtant pas mérité cela non plus les courageux spectateurs qui ont bravé la boue et la pluie (la frêle même!) pour assister à la finale d’un championnat de Belgique d’enduro. Eh oui, la finale du championnat de Belgique d’enduro… ça en jette, non? Eh bien, autant être direct : ce fut un beau gà¢chis, un magnifique raté, une triste farce… une honte!
Du début à la fin, la gestion sportive de l’épreuve a été pitoyable. Placée sous la houlette d’un trio totalement dépassé par les évènements, l’épreuve de Hautrage a été le couronnement d’une saison à problèmes. Tout résumer ici est strictement impossible, j’y passerais la nuit. Alors je vais me contenter de résumer la farce du jour.
Dès le petit matin, cela commence. Normalement, les pilotes devaient passer d’entrée de jeu dans la spéciale cross… On ne les y a pas vus suite à un changement de dernière minute, paraît-il… comme le timing d’ailleurs, qui devait débuter à 8h30 mais qui démarrera finalement à 9h… Bref, quand les pilotes reviennent de leur premier tour, beaucoup d’entre eux ont déjà du mettre la réserve de leur réservoir car le tour est long et surtout… ils se sont perdus car des flèches sont manquantes. Les pilotes sont à la bourre mais ils doivent encore faire la spéciale avant de pointer et de… refaire à nouveau la spéciale. Avant de s’engager dans la spéciale, Jeff Goblet demande au directeur de course, monsieur Ernest Viroux l’autorisation de remettre de l’essence. Il est évidemment totalement interdit de remettre de l’essence sur le parcours, sans tapis environnemental… mais Monsieur Viroux (qui, au passage est le président du club de Dinant auquel est affilié Jeff Goblet) lui donne l’autorisation… mais n’informe pas les autres pilotes qu’ils peuvent aussi mettre de l’essence. Manque de temps, paraît-il!
Pannes d’essence en série
Les pilotes s’élancent donc et plusieurs tombent en panne d’essence ou doivent passer sur la réserve dans la spéciale. Kévin Gauniaux est de ceux là ; il tombe en panne d’essence, pousse un bon moment puis remet un peu d’essence dans la spéciale (ce qui est aussi interdit)… et en sort! Au passage, Kévin prend 6 minutes de pénalité… La bagarre pour le titre est terminée; si Jean-François Goblet termine l’épreuve, il est champion.
Le second et le troisième tours se passent sans trop de problèmes à l’exception de nombreux cafouillages dans les pointages en sortie de spéciale car la boue recouvre les numéros. Les chronométreurs font de leur mieux mais n’y voient pas grand-chose. On se demande vraiment pourquoi Monsieur Viroux n’a pas voulu que l’on utilise les transpondeurs qui étaient pourtant disponibles et que les pilotes ont payé lors de leur inscription… incompréhensible! Les transpondeurs ont parfaitement fonctionné à Esneux, pourquoi les avoir rejetés ici?
C’est à présent l’heure du cross final mais la pluie a fait son apparition et tout le monde se réfugie sous les tonnelles, histoire de laisser passer l’averse. Dans quelques minutes, le cross pourra commencer. Le circuit est gras, bien sà»r, mais n’importe quelle fédération de motocross fait rouler ses pilotes dans des circuits bien pires lorsque les conditions météo sont mauvaises… Tout le monde se regarde… Personne ne voit plus les officiels… Où sont-ils??? On fait quoi, là ? on se met en grille? Ah ben non, c’est trop tard, vous comprenez, des pilotes doivent prendre l’avion ce soir… On annule le cross alors… ou alors on le fait mais il ne compte pas…ou alors on annule…ou alors on roule… euh…
Monsieur Viroux ne sait que répondre, il est totalement dépassé par les évènements… Il a dit à Jean-François Goblet qu’il pouvait aller se changer, qu’il n’y aurait pas de cross. Au passage, cela ne le dérange pas trop car un cross dans le sable, ce n’est vraiment pas l’exercice préféré de Jean-François. Bref, quand quatre pilotes inters se présentent pour participer quand même au cross final, le public les acclame et les encourage. Ils font deux tours d’honneur et s’en vont ranger le matériel, déçus mais heureux d’avoir eux aussi participé à la farce… Pathétiquement, les officiels laissent faire… La saison 2010 se termine sur un couac. Le tapis vert va encore chauffer!
Mais j’ai gardé le meilleur pour la fin: la direction de course a finalement décidé de supprimer la spéciale du premier tour (la spéciale ‘aux pannes d’essence’). Alors, évidemment, ceux qui ont eu plus de chance, ceux à qui rien n’est arrivé car leur autonomie est supérieure, et bien ceux là sont frustrés et on les comprend. Mickael Vukcevic et Cédric Crémer, fort logiquement vont donc porter réclamation. Là où plus personne n’y comprend plus rien, c’est que les officiels reconnaissent qu’il y a une situation anormale par le fait de supprimer le chrono… mais ils ne suppriment pas les minutes de pénalité de ceux qui sont tombés en panne d’essence dans la spéciale… donc Kévin Gauniaux garde sa pénalité et … dépose évidemment réclamation car il perd le titre avec cette décision et la suppression du cross final qui était sa dernière cartouche. Il est totalement incohérent et absurde de supprimer une spéciale à problèmes mais pas les conséquences de ces problèmes.
Jean-François Goblet est donc le nouveau champion de Belgique d’ enduro. Bravo à lui mais au secours! Le navire risque de couler!
Texte: Frédéric Sente | Photos: FDavid.be