Interview Marc De Reuver | « Je manque de régularité »

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Malgré deux victoires cette saison, Marc De Reuver a dà» se contenter de clôturer le top-10 du championnat MX1. Tout cela à cause d’un manque de régularité, dont il est bien conscient. Reparti pour une année supplémentaire avec le team Honda Martin, « Calimero » s’est juré de terminer cette fois dans le top-5! On en discute avec celui que l’on peut considérer aujourd’hui comme le meilleur crossman néerlandais…


Marc, tu viens de subir une légère intervention au ménisque du genou droit. Comment te sens-tu?

Marc de Reuver: « Bien. Je peux tout faire. Je dois simplement éviter de courir trop vite dans les deux semaines qui viennent. Pour le reste, tout s’est bien déroulé. »

Cette opération ne va donc pas entraver ta préparation pour la saison prochaine?

Marc de Reuver: « Pas du tout! En 2007, mon hernie m’avait causé pas mal de problèmes et m’avait empêché de beaucoup rouler avant la saison. Cette année, j’ai déjà commencé à rouler sur la Honda et j’ai même participé au Red Bull Knockout. Ensuite, je me suis fait opérer. C’est vrai que la période de convalescence aura été très courte mais elle a été suffisante. Comme en plus, je n’aime pas vraiment les vacances… »

Plusieurs mois se sont écoulés depuis la fin de la saison des GP. Tu as terminé dixième au classement final. Quel jugement portes-tu sur ta saison 2008?

Marc de Reuver: « Je ne suis pas super heureux de ma saison, c’est clair. J’ai remporté deux GP et demi, comme j’aime à le répéter et cela a été un progrès par rapport à l’année précédente mais, malgré ces victoires, je ne termine que dixième. Il y a des pilotes qui n’ont rien gagné mais qui sont presque champions du monde! Tu peux donc constater comme je suis régulier! »

J’avais pourtant l’impression que tu voulais te réhabiliter après une mauvaise saison 2007 chez Yamaha?

Marc de Reuver: « Je trouve que Yamaha n’a pas encore été correct avec moi cette année, en Espagne. C’est sur l’intervention d’un membre du team Yamaha que j’ai été disqualifié par Dave Nicoll, le directeur de course. On m’a traité là-bas comme si j’étais un assassin… »

On a pourtant revu l’an dernier, même si ce n’était pas à chaque course, le vrai Marc de Reuver. Il semble donc que le Honda Martin Team te convienne bien, après la désastreuse expérience Yamaha…

Marc de Reuver: « C’est vrai que je me sens bien sur la Honda. Remarque que je me sentais bien aussi sur la Yamaha jusqu’au moment où j’ai eu ce problème d’hernie. C’est à partir de là que tout a foiré. Chez Honda, je ne sais pas l’expliquer, je me sens comme chez moi. Que ce soit lors des entraînements ou en course, je prends du plaisir à rouler. Même lors des premières épreuves 2008, à Mantova et à Montevarchi, même si je ne roulais pas avec les top-pilotes, je m’amusais. »

On avait mis en doute la crédibilité de Honda Martin, malgré le soutien de Honda. Ils ont pourtant prouvé qu’ils formaient un top team…

Marc de Reuver: « Honnêtement, je pense que notre team fait partie des trois meilleurs teams en MX1. Ils disposent de pièces d’usine et je ne connais aucun team qui dispose d’une ‘hospitality’ et de camions comme les nôtres. Tout est toujours parfaitement en ordre. On a dit aussi que les gens du team n’étaient pas payés à temps. C’est faux. Je suis payé par Honda Europe et je ne connais aucun problème à ce niveau. Je connais l’histoire de Pichon mais on n’a jamais entendu que sa version. Pichon ne devait pas être payé par le team puisque, comme pour moi, c’est Honda Europe qui le payait. Pichon a voulu jouer avec les pieds de Honda et ils ont réagi en conséquence. A juste titre, selon moi. »


« J’ai un compte à régler avec David Philippaerts!  »

Ton remplaçant chez Rinaldi, David Philippaerts, n’a pas hésité lors d’un interview que nous avons réalisé avec lui à te critiquer assez durement. Déjà que vous n’étiez pas les meilleurs amis du monde…

Marc de Reuver: « Je sais. Je serai honnête: j’adore faire des blagues de temps à autre, c’est vrai. Mais, chez Yamaha, les problèmes étaient ailleurs. J’ai bien roulé sur la Yamaha jusqu’à ce que je connaisse mes problèmes d’hernie. Lorsque tu n’es pas bien et que tu dois piloter une 450, crois-moi, ce n’est pas évident. Si David a envie de raconter de telles choses, c’est son problème. L’an prochain débute un nouveau championnat du monde et les cartes seront redistribuées. »

Tu ne te caches pas pour dire que tu as un compte à régler avec Phillipaerts et que si l’occasion se présente…

Marc de Reuver: « C’est vrai et cela tient toujours. Il y a une manière de rouler correctement vis-à-vis de tes concurrents. Tu peux commettre des erreurs de temps en temps. Cela fait partie du cross. C’est un sport de contact. David, lui, il te recoupe la trajectoire sans arrêt. Je le répète, ce n’est pas correct. »

Les GP qui ont lieu dans le sable ne sont pas très populaires dans le paddock. Pourtant, lors de la saison dernière, c’est sur ce type de circuit qu’ont eu lieu les GP les plus passionnants!

Marc de Reuver: « Je suis tout à fait d’accord avec toi et pas seulement parce que je pilote bien sur ce type de circuit. Le sable rend indubitablement les courses spectaculaires et c’est ce que les gens sont venus voir. »

C’est quoi, le secret d’un spécialiste du sable?

Marc de Reuver: « Je n’en sais rien moi-même. Je roule sans penser que c’est sur du sable. Les réflexes viennent naturellement et tu ne coupes pas les gaz. C’est comme si tu demandais à James Stewart comment il passe un triple-saut… Cela te vient naturellement. »


« Il serait préférable que je ne sois plus sélectionné pour le Motocross des Nations! »

L’apothéose de la saison, c’est évidemment la Motocross des Nations. Tout le monde a envie d’y briller. En ce qui te concerne, cela a été une déception, non?

Mar de Reuver: « J’avais bien roulé le samedi. Dans ma série, j’avais même dépassé Julien Bill et Joshua Coppins dans le dernier tour et j’avais terminé devant Chad Reed. Je terminais huitième et j’étais satisfait. Mes jeunes co-équipiers avaient également bien roulé. Le dimanche, un canadien m’est retombé sur le dos et je me suis retrouvé couché de tout mon long dans la boue. Mes gants étaient évidemment recouverts de boue. Je suis toutefois parvenu à redémarrer la moto. Mes poignées étaient devenues glissantes et mes bras se sont mis à gonfler. J’ai fini par chuter à nouveau avec, comme conséquence, une direction faussée. C’est ce que j’appelle de la malchance. Dans la dernière manche, je suis parti septième ou huitième mais j’ai glissé. Je suis reparti mais mes lunettes ne me permettaient plus de voir car elles étaient embuées. Cela m’a encore coà»té quelques places. Evidemment, par la suite, il y en a encore qui n’ont pas manqué de dire que tout cela était de ma faute. »

Qui t’as tenu responsable pour ce qui t’était arrivé?

Marc de Reuver: « Leon Giesbers, le coach fédéral, était furieux sur moi car tout était de ma faute selon lui. J’admets que ce n’était pas ma meilleure course mais de là à me tenir pour entièrement responsable, il y a une marge. En plus, on avait deux jeunes dans l’équipe qui ont fait ce qu’ils pouvaient. C’est peut-être arrogant de ma part, mais, sans moi, on ne participait pas à la finale B… »

A l’évidence, tu as encore l’air remonté?

Marc de Reuver: « Oui, je suis toujours furieux. Déjà à Matterley Basin, en 2006, j’avais déjà dà» porter le chapeau. Il faut admettre que les jeunes ont fait de leur mieux. Je leur ai donné tous les conseils et trucs que je pouvais. (il réfléchit un moment…) Je crois que le mieux est peut-être que je ne sois pas sélectionné l’an prochain. »

Tu ne parles pas sérieusement?

Marc de Reuver: »Tu verras, on en reparlera en septembre prochain. »

La saison prochaine, tu auras Kevin Strijbos comme co-équipier. Celui-ci n’a jamais rien dit de contraire à ton sujet mais il a toujours été un de tes adversaires les plus redoutables. Comment se passe votre collaboration?

Marc de Reuver: « Bien. On n’a pas encore beaucoup travaillé ensemble mais kevin est un garçon sympa. On peut faire de belles choses ensemble. Nous parlons la même langue, ce qui est un avantage. Non, je suis content de l’avoir dans le team. »

Kevin se trouve dans la même situation que toi l’an dernier. Quels conseils peux-tu lui donner?

Marc de Reuver: « Kevin s’en sortira bien tout seul. Il a un contrat de deux ans. Il n’a pas de raison de s’inquiéter. »

D’un autre côté, les attentes vont être plus grandes car on va exiger plus de pilotes de votre trempe qui, en outre, bénéficient d’un matériel d’usine…

Marc de Reuver: « C’est toujours ainsi. C’est évident qu’on va fonder des espoirs sur Kevin et sur moi. Il y aura une certaine rivalité entre nous qui pourra nous faire du bien si elle est bien gérée. Sur les circuits en dur, on pourra sans doute rouler souvent ensemble. Oui, je sens que la saison sera excitante… »

La saison prochaine, vous serez le seul team d’usine Honda, dit-on. Tu peux confirmer?

Marc de Reuver: « C’était déjà le cas l’an dernier, selon moi. CAS Honda ne disposait pas du même matériel que nous. Je n’ai jamais vu un Japonais dans leur tente de toute la saison. Maintenant, du moment où nous avons de bonnes motos… »

Il paraît évident que tu te sens bien chez Honda…

Marc de Reuver: « Absolument. La moto me convient tout à fait. Tout me plaît chez Honda! »

Peux-tu nous décrire brièvement qui est Paolo Martin?

Marc de Reuver: « C’est un homme correct. Nous n’avons pas de contacts fréquents mais il tient ses promesses. Il ne parle pas bien Anglais mais nous nous comprenons. »

Tes ambitions pour la prochaine saison?

Marc de Reuver: « Le top cinq. (sourire) Je ne veux pas viser trop haut. Il faut absolument que je devienne plus régulier. C’est mon problème depuis des années. Si je trouve la solution à ce problème, tout me sera permis! »

Texte et photos: Tommy Ivens

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