Interview Ken De Dijcker | « Je ne commettrai plus les erreurs que j’ai commises l’an dernier! »

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Dix-neuf points! C’est l’écart qui séparait à la fin de championnat mondial MX1 2008 David Philippaerts, le champion, et Ken De Dijcker, son dauphin. L’équivalent, par exemple, d’une troisième place lors d’une manche comme celle du GP du Portugal, au cours de laquelle ‘Keeno’ dut abandonner. « Mais, avec des si…  » Ce sont en tous cas les conclusions que tire notre compatriote sur le championnat écoulé. On sent que le pilote Suzuki a ressassé le ‘pourquoi’ et le ‘comment’ durant les mois qui ont suivi la saison écoulée. Keeno n’a pourtant pas lieu d’être trop déçu lorsqu’on sait que 2008 le voyait pour la première fois au sein d’un team d’usine, en l’occurrence le team Suzuki de Sylvain et Eric Geboers.

Ken, nous nous trouvons maintenant plusieurs mois après la fin de la saison 2008 et tu as probablement suffisamment de recul que pour jeter un regard objectif sur la saison écoulée. Quel est-donc maintenant ton sentiment à cet égard?

Ken De Dijcker: « Je suis finalement très content de ma saison 2008. J’ai fait des progrès et j’ai réalisé des choses que je n’avais jamais réalisées jusqu’ici. Maintenant, c’est vrai que pour chaque saison, il y a des de bons et de mauvais points à retenir. Quoi de plus normal? »

Sur ton site web, tu avais, avant la saison, déclaré que tu signerais à deux mains pour une troisième place sur le podium final.

Ken De Dijcker: « je pense que tout le monde dans le team aurait signé pour une troisième place. Terminer sur le podium était quelque chose de complètement nouveau pour moi. »

La saison n’aurait pas pu mieux commencer avec ces deux convaincantes victoires de manche à Valkenswaard et la seconde victoire en GP de ta carrière. Il s’agissait pratiquement d’une victoire à domicile puisque Neerpelt se trouve à un jet de pierre de Valkenswaard!

Ken De Dijcker: « C’est vrai. Valkenswaard se trouve à dix km de chez moi à peine et je considère que ce GP se déroule dans mon jardin. Remporter ces deux manches et, de surcroît, sans vraiment trop forcer m’a vraiment surpris. C’est une victoire que je n’oublierai jamais. »

En Espagne, lors du GP suivant, tu as pu conserver ta place de leader provisoire. Pourtant, sur un circuit extrêmement lourd et noyé d’eau, tu avais effectué un mauvais départ, pour remonter à une inespérée troisième place. Une sorte de miracle, compte tenu des conditions extrêmes qui régnaient ce jour-là à Bellpuig!

Ken De Dijcker: « A mes yeux, il ne s’agissait pas d’un GP mais d’une épreuve que tu veux immédiatement oublier. Non parce que je n’avais encore jamais roulé dans de telles conditions mais parce que je considère que le fait de ne rouler une seule manche ne peut constituer un véritable GP. J’ai prouvé par le passé que je savais rouler dans la boue. A Bellpuig, je suis tombé deux fois lors du premier tour et je ne pouvais dès lors plus imaginer réaliser une belle prestation. C’est pour cela que cette troisième place était tout à fait inespérée. »

« Mon mauvais résultat au Portugal? Parce que j’aurais aidé à paver mon allée, selon certains! »

Au Portugal, tu as connu un jour ‘sans’ total. On a même raconté que les raisons de ta mauvaise prestation ce dimanche-là étaient que la semaine qui précédait le GP, tu avais donné un coup de main aux gens qui étaient venus paver l’allée dans ta propriété. C’est vrai?

Ken De Dijcker: « C’est faux! C’est vrai qu’on était venu paver l’allée chez moi cette semaine-là mais je n’ai donné qu’un petit coup de main pour mettre le sable entre les pavés. Je n’avais aucune ampoule aux mains. Tout cela n’a eu aucune influence sur ma course au Portugal. Le samedi, j’avais lourdement chuté aux entraînements et, le dimanche, rien ne ma réussi. D’où une immense frustration. En fait, j’étais beaucoup trop nerveux. Les gens attendaient énormément de ma part après ma victoire à Valkenswaard et j’ai voulu un peu trop forcer. Les années précédentes, j’avais toujours bien roulé à Agueda. Cette année, rien ne marchait, mon pilotage n’était pas bon et les gens se sont mis à raconter n’importe quoi. C’est vrai que je n’aurais jamais dà» m’arrêter en seconde manche. C’était stupide de ma part. J’ai commis une erreur que je reconnais et que je ne referai plus. »

Tu termines le championnat à dix-neuf points à peine du champion du monde, David Philippaerts. J’imagine que ce GP raté au Portugal continue à te trotter dans la tête?

Ken De Dijcker: « Evidemment! Même si refaire l’Histoire n’a jamais servi à grand’ chose, en fin de compte. J’ai réalisé une bonne saison et j’ai appris de mes erreurs. C’est ce que je dois retenir avant tout. Tout cela est donc de l’histoire ancienne et je me concentre maintenant sur la saison qui vient. »

« David et moi, nous nous respectons, même si nous ne nous faisons pas de cadeaux »

Avec David Philippaerts, on ne peut pas dire que nous avons le champion du monde le plus populaire dans le paddock. Lors d’une précédente interview, Marc de Reuver nous disait son ressentiment vis-à-vis de l’Italien et nous déclarait même qu’il avait des comptes à régler avec lui. C’est également ton cas?

Ken De Dijcker: « Non. Je me suis bagarré sur les circuits avec David comme peu d’autres pilotes l’on fait. Pour moi, il n’y a aucun problème de ce côté-là. Lors des duels avec David, c’est clair que je ne me laisse pas faire. C’est ce qui a engendré un respect mutuel entre nous, je pense. Si David devait me dépasser de façon hasardeuse, cela ne veut pas dire pour autant que je vais essayer de le sortir du circuit. Cela ne veut pas dire que je me laisserai faire. Mettre des pilotes hors course te crée une mauvaise réputation. David est peut-être trop impétueux mais cela passera sans doute avec le temps. En ce qui me concerne, je confirme que je n’ai aucun problème avec lui. »

Lors de certains GP, on voyait que tu mettais la pression sur Philippaerts afin qu’il parte à la faute. Ce qui n’a pas réussi lors du dernier GP. Il va te falloir chercher une nouvelle tactique à l’avenir…

Ken De Dijcker: « Je pense aussi que David a commencé à me respecter davantage. Il savait comment je réagirais s’il tentait une manoeuvre un peu osée sur moi. En ce qui concerne le fait de l’avoir un peu provoqué, c’était un peu tout ce qui nous restait à ce moment de la saison. Cela n’a rien rapporté car il a continué à rouler comme si de rien n’était. »

A partir du GP à Lommel, tu as retrouvé ton niveau, avec deux troisièmes places, même si pas mal de gens espéraient te voir gagner, surtout après ta démonstration dans des conditions de course similaires, à Valkenswaard. Tu n’as pas été trop déçu?

Ken De Dijcker: « On ne peut pas toujours réussir lors des GP à domicile. En outre, je n’étais pas vraiment en forme et le circuit ne ressemblait pas du tout à ce qu’il était lorsque nous nous y entraînions. Je trouvais dommage d’avoir modifié le circuit à ce point. Je dois aussi admettre que je ne m’attendais pas à ce que les autres roulent aussi bien à Lommel. Je m’étais effectivement entraîné toute l’année sur ce circuit et je n’y avais jamais rencontré un autre pilote de MX1. J’ai vraiment été surpris de voir que mes concurrents roulaient aussi fort sur ce circuit. »

« L’an prochain, je dois être moins calculateur! »

Quelles étaient les raisons pour lesquelles tu n’étais pas en forme à Lommel?

Ken De Dijcker: « Mentalement, je n’étais plus frais. La saison était longue, avec plusieurs GP successifs. Chaque GP exige une grande concentration. Après la fin de saison, j’ai toutefois tenté de comprendre pourquoi je me suis retrouvé mentalement vidé sur la fin du championnat. J’en suis arrivé à la conclusion que je ne roulais plus comme par le passé. Avant, je prenais chaque course comme elle venait et puis cela marchait ou cela ne marchait pas. La saison dernière, j’ai roulé en calculant beaucoup plus. Lorsque je roulais, je me demandais constamment combien de points la place que j’occupais me rapporterait de points. En y réfléchissant, je trouve cette façon de rouler regrettable. Cela m’a empêché de me donner à fond lors de certaines courses. »

Ce qui veut dire que la saison prochaine, on verra l »ancien’ Ken De Dijcker à l’oeuvre?

Ken De Dijcker: « Oui, je roulerai de manière un peu plus agressive et je tenterai d’améliorer ma vitesse. J’ai trop réfléchi en roulant et ce n’était pas l’idéal. En outre, je voudrais être physiquement plus costaud afin de pouvoir rouler à fond pendant quarante minutes. »

En Irlande, tu es tombé sur un Tanel Leok en pleine forme mais, à Lierop, on pouvait imaginer que c’était un GP pour toi. Cela semblait d’ailleurs être le cas lorsqu’on t’a vu franchir les banderoles en première manche. Un manque de concentration?

Ken De Dijcker: « Cela s’est passé très vite et j’ai ainsi perdu énormément de places. Tu te rends immédiatement compte que tes chances de victoires ont pratiquement disparu. L’objectif que je m’étais assigné était de préserver ma position lors des derniers tours car cela roulait vite et je pouvais suivre de Reuver facilement. Cette histoire de banderole a tout fichu par terre. »

L’exploit de Mallory Park

Un des moments forts de ta saison 2008 est indubitablement ta fabuleuse remontée dans la première manche à Mallory Park au cours de laquelle, suite à une chute immédiatement après le départ, tu as roulé à 110% pour rejoindre ton co-équipier Steve Ramon, le laisser sur place puis finalement remporter la manche. Même si tu n’as pas remporté le GP, j’imagine que c’est un grand souvenir pour toi?

Ken De Dijcker: « Oui, c’était génial! Je crois que ce n’est pratiquement jamais arrivé en GP qu’un pilote remonte de si loin pour l’emporter. En plus, ce n’est pas un circuit avec de nombreuses possibilités de dépassement. Je n’arrive toujours pas à comprendre comment David (Philippaerts) et moi sommes parvenus à revenir si vite à l’avant de la course. Le fait d’avoir pu m’emparer de la première place dans le dernier tour m’a vraiment rendu fou de joie. En fait, j’avais roulé en donnant tout, comme je le faisais avant. »

Un des événements majeurs de la saison est évidemment le Motocross des Nations. Tu avais été sélectionné dans l’équipe belge pour la deuxième année consécutive. La Belgique a une nouvelle fois terminé suir la dernière marche du podium. La semaine avant, à Pierreux, tu te montrais assez optimiste. Pourtant, à Donington, on ne peut pas dire que le résultat fut celui escompté. En plus, on n’a pas vu le vrai ‘Keeno’ rouler. Qu’est-ce qui n’a pas marché à Donington?

Ken De Dijcker: « En ce qui me concerne, je n’ai pas bien roulé. Pourtant, j’avais réalisé de bons départs mais je n’arrivais pas rejoindre la tête de la course. J’étais emprunté. L’année avant, j’avais cependant réalisé un très bon GP sur ce circuit. Je n’avançais simplement pas. Je voulais éviter le scénario selon lequel je flancherais en fin de course et, pourtant, dans les dix dernières minutes, j’ai encore dà» laisser passer de nombreux pilotes. En fait, c’était pour moi la course de trop. La saison avait été très longue, avec des blessures. En plus, j’avais le moral un peu dans les chaussettes suite à la perte du titre de champion de Belgique. »

A Pierreux, tu m’avais dit que tu n’aurais pas de mal à relativiser la perte de ton titre et que cela ne t’empêcherait pas de bien rouler à Donington. C’était une déclaration destinée à la presse ou tu le pensais vraiment?

Ken De Dijcker: « A Pierreux, c’était la première fois de la saison que la Suzuki ne fonctionnait pas parfaitement. Par ailleurs, je n’étais pas vraiment bien physiquement et les entraînements s’étaient mal passés. En fait, il s’agissait d’une accumulation d’éléments négatifs. Comme à Donington. J’avais vraiment peur de ne pas tenir le coup à Donington. »

« Le nouveau circuit de Pierreux est une réussite! »

As-tu, comme les milliers de spectateurs, apprécié le nouveau circuit de Mont-St-Guibert?

Ken de Dijcker: « Oui, cela faisait une fameuse différence par rapport avec l’ancien circuit de Pierreux. Il était nettement plus beau, avec une piste plus large et de nombreuses possibilités de dépassement. Côté spectacle, c’était bien pour une première fois mais je crois qu’on peut le rendre encore plus spectaculaire. C’est aussi le cas pour les autres circuits du championnat de Belgique. Maintenant, je peux comprendre que ce circuit, comme les autres, n’est pas uniquement destiné aux Inters mais également aux Espoirs et aux Juniors. Il doit donc être utilisable pour tout le monde. Mais c’est clair que le nouveau circuit de Pierreux est une réussite! »

Durant la saison, on a beaucoup parlé du fait que le team semblait donner la priorité au championnat d’Allemagne. De ton côté, l’an dernier, tu nous disais donner la préférence au championnat de Belgique. Finalement, cela ne semble pas avoir été le cas. Certains ont parlé d’une rupture de contrat tandis que d’autres affirmaient qu’il n’existait pas de contrat. Qu’en est-il exactement?

Ken De Dijcker: « Je ne sais pas s’il y avait ou pas un contrat avec les organisateurs du championnat de Belgique mais c’est clair qu’en ce qui nous concerne, le team avait des obligations vis-à-vis de notre sponsor principal, la firme allemande Teka. C’est normal que le sponsor veuille avoir un retour sur son investissement et, comme il est allemand dans notre cas, celui-ci souhaitait qu’on participe à quelques épreuves du championnat allemand. On n’était pas très chaud sur le moment mais, finalement, je dois dire que c’était agréable de rouler en Allemagne. Les circuits étaient variés et on a roulé contre des pilotes qu’on connaissait peu ou pas. Ces épreuves constituaient en tous cas de très bons entraînements. »

Pourquoi pas un titre de champion de Belgique?

Le team Suzuki aura encore cette année Teka comme principal sponsor et donc Suzuki sera sans doute encore obligé de participer au championnat allemand. On raconte que les seules épreuves du championnat de Belgique auxquelles les pilotes participeront seront Kester et Balen. Tu peux nous en dire plus?

Ken de Dijcker: « Nous participerons à quatre épreuves du championnat d’Allemagne. Je pense même qu’aucune des épreuves des championnats allemand et belge n’a lieu à la même date. Il est évident que le team considérera quelles épreuves du championnat d’Allemagne lui conviennent le mieux. Tout cela étant bien sà»r fonction des GP, qui restent la priorité absolue pour le team. »

Le fait que tu pourrais participer à l’ensemble du championnat de Belgique ne constitue pas seulement une bonne nouvelle pour les supporters belges mais également pour toi car j’imagine que tu souhaites récupérer ton titre national, après la désastreuse finale de l’an dernier?

Ken De Dijcker: « C’est certain. Personne ne perd avec plaisir un titre de cette manière. Je n’aurais jamais imaginé que je puisse espérer garder mon titre après avoir dà» renoncer à participer à l’épreuve d’Orp. Un titre national, c’est toujours agréable sur un palmarès et je suis certain que je finirai par en remporter un. Je n’ai que vingt-quatre ans et j’ai donc encore toute une carrière devant moi. »

La saison dernière, vous avez roulé sur de nouvelles machines, équipées d’un moteur à injection. Dans une interview, le propriétaire du team, Sylvain Geboers, était enthousiaste à ce sujet. Comment as-tu vécu ce changement de moteur?

Ken De Dijcker: « la première fois que j’ai roulé sur la moto, j’ai tout de suite remarqué une nette différence. Lorsque j’étais chez Honda, j’avais déjà roulé sur une moto équipée d’un moteur à injection, lors du GP du Japon. Tout le team avait également remarqué une nette différence. Ainsi, l’an dernier, j’ai roulé toute la saison avec les mêmes réglages. Avant, tu devais constamment changer les gicleurs. Tout comme Sylvain, je suis vraiment content du nouveau moteur. »

Cette interview a lieu fin décembre et tu as donc derrière toi les premiers tests sur les motos que vous utiliserez la saison prochaine. Comment se sont déroulés ces tests?

Ken De Dijcker: « Bien, très peu de choses ont changé, à part quelques détails à l’intérieur du moteur. Déjà à Pierreux, nous avons un nouveau cadre et toutes les modifications sont en fait des améliorations de détails. Nous avons réalisé des tests intensifs durant deux semaines et tout s’est bien déroulé. Nous nous réunissons régulièrement avec le team et nous voyons ensemble ce qui pourrait être encore amélioré. Après chaque GP, le team envoie un rapport au Japon. Par ailleurs, durant la saison, le Japon nous envoie régulièrement de nouvelles pièces à tester. Certaines pièces sont meilleures et d’autres pas mais c’est à cela que servent les tests que nous effectuons. C’est vraiment le jour et la nuit par rapport à CAS-Honda. Le team Suzuki est vraiment organisé de façon très professionnelle et est en contact permanent avec l’usine au Japon. Cela constitue un gros avantage. »

« J’ai besoin qu’on s’occupe de moi! »

Tu travailles depuis peu avec Willy Linden et plus avec Yves Demeulemeester. Quelles sont les raisons qui t’ont poussé à changer d’entraîneur?

Ken De Dijcker: « J’ai travaillé à plusieurs reprises avec Yves, déjà du temps où j’étais dans le MtM-team, mais je n’ai jamais eu des liens très étroits avec Yves. Ou du moins pas si étroits qu’avec Willy. J’ai aussi besoin de quelqu’un qui soit sévère et entièrement disponible pour moi. Ce n’était pas le cas d’Yves. Willy s’occupe bien d’autres pilotes mais il entraîne chacun individuellement. Willy vient chez moi chaque semaine, à Neerpelt, et s’entraîne avec moi tandis que chez Yves, l’entraînement se donne en groupe. Bref, les liens sont simplement meilleurs avec Willy. Et nous travaillons à un but commun: le titre mondial. »

Selon Marc Herremans, le nouvel entraîneur de Kevin Strijbos, s’entraîner avec ses concurrents engendre une situation qui n’est pas saine et qui finira par entraîner des rancoeurs mutuelles…

Ken de Dijcker: « Le fait de s’entraîner avec des concurrents (Yves Demeulemeester entraîne entre autres pilotes Steve Ramon, Manuel Priem, Marc de Reuver et Marvin Van Daele, Ndlr), ne constituait aucun problème en ce qui me concerne. Si je devais m’entraîner avec David Philippaerts, par exemple, je n’y verrais aucun inconvénient. Cependant, chaque athlète est différent. Ainsi, tout le monde n’a pas le même rythme cardiaque. Si ton rythme est trop élevé, tu ne peux pas aller faire du vélo avec le groupe. Ce n’est donc pas un bon entraînement en ce qui te concerne. Durant la saison, je m’entraînais souvent seul. C’est comme cela que j’ai réalisé que j’avais besoin d’un entraîneur individuel, de quelqu’un qui s’occupe seulement de moi, qui puisse me motiver et qui n’est pas obligé de se disperser entre divers athlètes. »

L’expérience de la ‘chambre chaude’!

Par le passé, tu souffrais énormément de la chaleur lors de certaines épreuves. Depuis l’an dernier, tu fréquentes régulièrement la ‘chambre chaude’ du centre sportif de Louvain. Tu as constaté une amélioration lors de la saison écoulée?

Ken De Dijcker: « Oui, cela m’a aidé. Maintenant, c’est vrai que nous n’avons pas connu beaucoup de GP l’an dernier au cours desquels la chaleur était élevée. Ce qui est surtout intéressant, c’est de savoir ce que tu dois faire lorsqu’il fait chaud. A titre d’exemple, après chaque manche du GP de Bulgarie, je me suis pesé et j’ai réalisé que j’avais perdu quatre kilos. Normalement, dans ce cas-là, tu devrais boire quatre bouteilles d’eau entre les manches mais c’est évidemment impossible. Les gens de Louvain m’ont dès lors proposé une autre solution. Ce sont des petites choses qui aident. L’expérience de la ‘chambre chaude’ m’aura vraiment été utile en ce qui me concerne. »

A quoi ressemble une ‘chambre chaude’? C’est comparable à un sauna?

Ken de Dijcker: « Non, pas vraiment. Dans ce type de chambre, la température est de 25 à 30 degrés. Elle contient très peu d’oxygène. C’est un peu comme une chambre de décompression. Je m’y suis rendu six ou sept fois l’an dernier. A chaque fois, j’y faisais une heure de vélo. Tu peux aussi courir. Les spécialistes de l’université sont là pour commenter tes réactions et te fournir toutes les explications que tu voudrais obtenir. C’était vraiment une belle expérience. »

Voici quelques semaines, lorsque j’ai interviewé Kevin Strijbos, celui-ci m’a déclaré que 2009 devait absolument être son année. Une déclaration qui est également valable pour toi compte tenu des écarts minimes entre les trois premiers du championnat. Eric Geboers n’a d’ailleurs pas hésité à me déclarer que le team n’espérait rien moins qu’un titre mondial pour 2009!

Ken de Dijcker: « Oui, pourquoi pas? Je progresse chaque année et la prochaine étape pourrait être l’obtention du titre. Après le dernier GP, à Faenza, je peux t’assurer que je n’étais pas très heureux d’être passé si près du titre. D’un autre côté, je suis quand même conscient d’avoir réalisé une bonne saison. Comme tu l’as dit, 2009 a été une année d’apprentissage. Je ne pense pas que Suzuki ait eu beaucoup de pilotes ayant terminé sur la troisième marche du podium lors de leur première année dans le team. Steve et moi avons terminé respectivement deuxième et troisième au championnat du monde et nous avons obtenu le titre de champion chez les constructeurs, ce qui n’est pas négligeable. Je comprends dès lors que Suzuki reste ambitieux. Ce ne sera pas facile mais je travaille dur pour atteindre l’objectif que s’est assigné mon employeur. »

Une des leçons que tu as retenues de la saison dernière?

Ken De Dijcker: « je dois me battre pour terminer dans les cinq premiers à chaque course. Mais il faut que les choses fonctionnent bien également tant sur le plan physique que sur le plan mental. On y travaille en ce moment. Ce que je voudrais également avoir désormais, c’est quelqu’un qui soit en permanence avec moi pour reconnaître les parcours, pour m’aider lors des entraînements en semaine. Quelqu’un qui puisse me motiver mais aussi quelqu’un avec lequel je puisse tout simplement parler et avec lequel je puisse établir une relation basée sur la confiance. Enfin, il me faut un mécanicien qui puisse s’occuper de la moto durant la semaine. »

Ton mécanicien, Luc Piccart, ne t’accompagne pas sur les entraînements en semaine?

Ken De Dijcker: « Non, en semaine, Luc ne vient pas avec nous. Sylvain a désigné son frère, Louis, pour s’occuper de ma moto d’entraînement et pour venir sur les entraînements avec moi. »

Sur ton site web, tu traces une petite rétrospective de ta saison 2008 et tu déclares que tu es impatient que la saison 2009 démarre…

Ken De Dijcker: « Absolument. Je n’aime pas rester inactif. Après la saison écoulée, j’ai pris à peine deux semaines de vacances. Pour moi, il est temps que la compétition recommence. Un GP dès demain et ce serait parfait! Aussi et surtout parce que je sais que j’ai commis des erreurs l’an dernier et je voudrais les corriger. Tout le mois de janvier, nous allons nous entraîner de façon intensive et puis février sera là, avec les premières épreuves: Mantova, Grobbendonk, Valence, Hawkstone Park et peut-être Gemert. »

Texte Tommy Ivens | Photos: O. Evrard & Suzuki Racing

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