Interview Sylvain Geboers | « Je souhaiterais voir s’organiser un Congrès du Motocross! »

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Le championnat du monde de motocross débute le week-end prochain à Faenza, en Italie. Il s’agira de la première épreuve d’un championnat qui en compte quinze. On visitera quatorze pays et deux continents.Le petit circuit de Faenza sera probablement encore dans la mémoire de la majorité des pilotes puisque c’est à Faenza que s’est clôturé la saison de MXGP l’an dernier. En cas de pluie, ce qui pourrait bien être le cas, ce circuit qui est dur comme du béton par temps sec et qui comporte quelques descentes et montées abruptes, pourrait se transformer en véritable patinoire. Cette entrée en matière constituera dans tous les cas un changement radical avec le bac à sable de Valkenswaard qui avait inauguré les deux dernières saisons. A la veille du championnat, Sylvain Geboers, le patron du team Teka Suzuki, qui compte en ses rangs le champion du monde 2007, Steve Ramon et Ken De Dijcker, deux pilotes qui ont respectivement terminé second et troisième en 2008, nous expose ses vues sur la prochaine saison et sur d’autres sujets tout aussi importants pour l’avenir du motocross…

Votre team n’était pas loin d’un nouveau titre mondial, en 2008, avec des pilotes qui sont montés sur les seconde et troisième marches du podium final. Cela a dà» être agréable pour vous de voir la catégorie MX1 nous offrir un spectacle palpitant après les années Everts…

Sylvain Geboers: « Oui, même si c’est vrai qu’il aurait été réjouissant pour nous de renouveler notre titre acquis en 2007. Ceci dit, notre team compte déjà six titres de champion du monde, avec les Donny Schmit, Stefan Everts, Greg Albertyn, Mickael Pichon et Steve Ramon. Sans compter sept autres titres acquis lorsque le team collaborait avec Suzuki: Harry Everts, Eric Geboers, Georges Jobe et Brad Lackey. Maintenant, pour répondre à votre question, on a connu plusieurs années durant lesquelles Stefan Everts était au-dessus du lot. Le problème, c’est qu’il n’a pas perdu beaucoup de courses! Actuellement, le championnat est plus ouvert et dès lors plus passionnant. De nombreux top pilotes sont très jeunes et cela crée une situation prometteuse pour les années à venir. En ce qui nous concerne, dans le team Teka Suzuki, nous sommes fiers d’avoir pu placer deux de nos pilotes sur le podium lors des trois dernières années. Cela constitue un résultat exceptionnel pour un team et cela est révélateur du potentiel de nos pilotes ainsi que de leurs machines. »

Vous vous attendez à la même situation pour 2009? Y aura-t’il plus de trois ou quatre candidats pour le titre ?

Sylvain Geboers : »Nous nous attendons à un championnat encore plus passionnant et incertain pour 2009. Nous pensons que des pilotes comme Kevin Strijbos et Antonio Cairoli seront au même niveau que les Philippaerts, Ramon, De Dycker, Barragan, Nagl et Pourcel. Et il y aura encore des pilotes sur lesquels il va falloir compter, tels les Desalle, Leok et Mackenzie. Il y a un nombre incroyable de vainqueurs de GP potentiels. »

A l’origine, le calendrier prévoyait 17 épreuves alors qu’il n’en compte plus que 15. En outre, nous n’aurons plus qu’une épreuve outre-mer. Que pensez-vous de ces changements ?

Sylvain Geboers: »Au départ, il avait été decidé d’organiser 17 GP en 2009 au lieu de 15, ce qui constituait une augmentation de 15% dans les budgets des teams. Ensuite, il y a eu une décision d’organiser trois GP outre-mer au lieu d’un. C’était compréhensible à partir du moment où l’on voulait emmener le championnat dans différentes parties du monde. Tout cela est devenu irréalisable dès que la crise a montré le bout de son nez. Ces changements ont été dès lors annulés par Youthstream lorsqu’ils ont compris que cela allait metre en danger la situation financière des teams, des organisateurs et des sponsors. Le motocross doit d’abord assurer une certaine stabilité pour les organisateurs, les teams et les sponsors. Ceux-ci ont d’abord besoin d’avoir une base solide sur laquelle ils pourront améliorer leurs activités respective jusqu’à un niveau acceptable. Nous serions heureux d’avoir un championnat comprenant douze ou quinze épreuves pour autant que ces épreuves soient de bonne qualité et qu’elles correspondent à nos capacités financières. Même des épreuves organisées sur d’autres continents, pour autant que ce soit sans excès. Il faut savoir que chaque course organisée sur un autre continent nécessite une organisation répartie sur trois semaines. »

Aller cette année en Lituanie, au Brésil et en Turquie constitue pourtant un facteur positif pour le championnat, non?

Sylvain Geboers: « C’est un signe que de nouveaux pays s’intéressent à notre sport et je suppose que Youthstream a de bonnes raisons d’inclure ces pays dans le calendrier. En même temps que le monde évolue, les centres d’intérêt des gens changent aussi. C’est toujours agréable de constater que notre sport devient populaire dans de nouveaux pays. Grà¢ce au travail effectué par Youthstream au niveau des reportages télévisés, le motocross peut attirer des nouveaux spectateurs. »

La collaboration avec Teka est un élément primordial dans votre team. Pouvez-vous nous expliquer l’importance de ce soutien qui dure maintenant depuis plusieurs années?

Sylvain Geboers: « Le groupe Teka est une société qui a une stratégie et une vision. Ce groupe comprend l’importance et la valeur d’une stratégie à moyen et à long terme. Cette vision et cette stratégie permettent au team et à ses sponsors d’investir dans une base solide en termes de structure et de savoir-faire dont toutes les parties pourront tirer un bénéfice. Le fondement de cette co-opération entre les partenaires que sont Teka, Suzuki et GRP, ce sont les synergies entre des compagnies de qualité et possédant un esprit sportif. Nous comprenons et acceptons le fait que Teka prenne une part de plus en plus importante dans notre activité. Par conséquent, il est important de maintenir un bon équilibre et de satisfaire Teka en lui procurant la valeur ajoutée qu’elle recherche. »

Qu’y a-t’il de neuf sur la RM-Z 450s en 2009?

Sylvain Geboers: « La RM-Z450 WS 2008 était toute nouvelle en 2008, avec un nouveau chà¢ssis et un moteur qu’on étrennait avec sa boîte à cinq vitesses et son système d’injection La RM-Z450 WS 2009 appartient à la même famille mais profite de certaines améliorations. Le cadre appartient au modèle qui sortira en 2010 ,avec l’accent mis sur la flexibilité et sur la stabilité, grà¢ce à une nouvelle taille des tubes ainsi qu’à une épaisseur différente de certaines pieces à plusieurs endroits. L’injection appartient à la seconde génération et permet une meilleure réactivité de divers composants. En outre, les motos qui rouleront en course ont reçu certaines modifications demandées par les pilotes. »

Votre team a maintenant acquis une bonne expérience avec les moteurs à injection. Sur quels plans l’injection de seconde génération apportera -t’elle une amélioration par rapport à la génération précédente?

Sylvain Geboers: « Comme je l’ai dit plus haut, le registre d’auto-régulation du moteur a été amélioré en largeur et en profondeur. Grà¢ce à GET, nous pouvions obtenir toute une série d’informations utiles et ainsi améliorer des détails. Après avoir couru tout un championnat, nous avons pu améliorer certains points pour le pilote, tels le confort ou la performance. Le domaine de l’auto-régulation est très vaste et peut aller du demarrage du moteur dans certaines conditions spécifiques de météo ou garder un même niveau de performance alors que les conditions météo ont changé, etc. »

A votre avis, l’injection apporte-t’elle encore de gros avantages à une moto? Dans l’affirmative, lesquels?

Sylvain Geboers: « L’injection rend un moteur plus propre et enlève pas mal de soucis à son pilote ou à son mécanicien sur le plan des réglages. Le moteur démarre facilement et il n’y a plus de risque d’engorgement comme pour un carburateur. Pour la plupart des clients, le réglage du moteur a toujours constitué un problème majeur. »

Malgré la crise économique que nous traversons actuellement, il semble que le MXGP ne ressente pas trop celle-ci puisqu’on trouvera encore sept usines en lice dans le cadre du championnat du monde. Peut-on être optimiste en ce qui concerne le motocross?

Sylvain Geboers: « Avec la situation économique difficile que nous traversons aujourd’hui, personne ne peut prédire ce qui se passera en 2010. C’est un fait que notre sport est moins onéreux que les autres sports moteur. Quoiqu’il en soit, nous devons aussi veiller à obtenir un retour sur investissement. L’investissment de sponsors extérieurs sera de plus en plus important parce que de plus en plus nécessaire. Il faudra que nous considérions notre sport de façon réaliste. La manière avec laquelle tant la FIM que Youthstream géreront la recession sera capitale pour l’avenir du motocross. Nous ne savons même pas si toutes les usines existeront encore en 2010. Certaines décideront peut-être de s’allier et d’autres cesseront peut-être d’exister. Regardez ce qui se passe dans l’industrie automobile…En temps de crise, nous devons tous faire le maximum et combiner force et pouvoir. Ce sera d’une importance capitale d’avoir une bonne collaboration entre toutes les parties impliquées dans notre sport: la FIM, Youthstream, les usines, les teams et les organisateurs. Je souhaiterais vraiment voir s’organiser un Congrès du Motocross. »

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