C’est en bleu que Jean-François Goblet passera la saison 2010. Après un épisode BMW en demi-teinte, le Liègeois relève la tête en signant avec Yamaha. Une étape importante dans la carrière de Jean-François qui espère bien pouvoir s’exprimer à son meilleur niveau l’an prochain au guidon d’une 450 WR-F manifestement très aboutie.
Jean-François Goblet sur une machine japonaise, c’est une première, non?
Jean-François Goblet: « Oui, en effet, je n’avais jusqu’à présent jamais roulé sur une machine japonaise! Après la saison, j’ai été en contact avec TM et avec Yamaha. Si j’ai été très satisafait de la façon dont les gens de chez TM ont traité ma demande, c’est donc finalement avec Yamaha que j’ai signé pour 2010. Après GasGas, KTM, BMW, me voici donc en effet pour la première fois de ma carrière sur une moto japonaise. »
Tu avais essayé la machine avant de faire ton choix?
Jean-François Goblet: « Je dois avouer que, au moment de rendre ma décision, je n’étais encore jamais monté sur une Yamaha! Cependant, je m’étais beaucoup renseigné au sujet de la moto et j’avais eu l’occasion de discuter avec plusieurs pilotes qui la connaissent bien. C’est une machine aboutie et force est de constater qu’à chaque fois qu’un bon pilote est à son guidon, elle est devant! De plus, je pourrai bénéficier de l’expérience de Philippe Blondiau, qui connaît la Yamaha sur le bout des doigts, pour la préparation de mes motos. »
Quel est le programme qui a été fixé avec Yamaha?
Jean-François Goblet: « Je roulerai en E2 avec la WR-F 450. Le championnat de Belgique sera bien sà»r parmi mes priorités mais je disputerai également normalement l’intégralité du championnat du monde, au sein de la structure de l’importateur espagnol. A côté de cela, je roulerai bien sà»r aux 12 Heures de la Chinelle ainsi qu’en championnat de France. En revanche, je ne devrais pas faire de classiques cette année. »
Avec le recul, quel regard portes-tu sur ta période BMW?
Jean-François Goblet: « J’ai le sentiment d’avoir appris des tas de choses chez BMW. Non seulement j’ai évolué dans mon pilotage et dans ma préparation physique mais j’ai aussi découvert pas mal de choses en communication, en logistique et en organisation. Mais j’ai perdu en vitesse, c’est certain… J’ai pu signer quelques bons résultats mais je ne suis jamais parvenu à m’exprimer pleinement avec la moto. Je ne me suis jamais senti suffisamment à l’aise sur la BMW que pour pouvoir rouler à mon meilleur niveau.
Je crois que c’est une moto qui doit évoluer et le seul qui soit à mon sens parvenu à un résultat significatif à ce niveau-là, c’est Juha Salminen. Il a su s’entourer des bonnes personnes. Personnellement, je n’en ai jamais eu la possibilité car BMW avait perdu confiance en moi. »
Le WEC évolue beaucoup ces dernières années. Dans le bon sens selon toi?
Jean-François Goblet: « Oui, je pense que le promoteur fait du bon travail. Il rend la discipline plus accessible au grand public tout en conservant le côté « dur » de l’enduro. Le niveau augmente aussi beaucoup. Il y a de nombreux ex-crossmen aux avant-postes qui tirent le niveau vers le haut et c’est souvent très serré. On n’a plus le droit à la faute! Enfin, il faut souligner que, malgré la professionnalisation du championnat, le WEC reste très accessible financièrement, au contraire d’autres disciplines. »
En Belgique aussi, le championnat évolue…
Jean-François Goblet: « Oui, malgré toutes les restrictions écologiques que l’on connaît, cela devient un très bon championnat, avec plusieurs très belles courses sur la saison. Aujourd’hui, je crois que les organisateurs sont en train de chercher le juste milieu entre, d’une part, satisfaire la masse et, d’autre part, donner une crédibilité sportive à l’enduro. Il ne faut pas négliger les randonneurs ou les gentlemen car il ne faut pas risquer de perdre les purs enduristes mais je crois qu’il est important également d’attirer les jeunes vers l’enduro, comme ce fut le cas cette année pour Jérôme Martiny ou Cédric Crémer. Le monde du cross constitue en Belgique un vivier impressionnant de jeunes enduristes potentiels! »
On avait entendu dire à la fin de la saison dernière que tu aurais pu participer au Dakar avec une BMW…
Jean-François Goblet: « Oui, j’aurais pu disputer le Dakar pour BMW Argentine. Mais l’aide de la filiale argentine se limitait à la fourniture du matériel et de l’assistance. Ce qui me laissait encore plus ou moins 45 000 € de budget à trouver par moi-même. Je me suis donc lancé dans la recherche de sponsors avec l’aide du département marketing de BMW mais nous n’avions raisonnablement pas assez de temps. Nous allions donc être très juste en budget et, de plus, je risquais de compromettre ma saison d’enduro. Je crois qu’il était de toute façon trop tôt pour moi. Le Dakar, ce sera pour plus tard! »
Texte: Olivier Evrard | Photos: O.E. et P. Prévinaire