Published On: 2 mars 2010

Thierry Klutz aime qu’on lui lance des défis. Alors, lorsque l’occasion de devenir promoteur du championnat de Belgique d’enduro s’est présentée à  lui, le Liégeois n’a pas hésité et s’est lancé sans attendre dans ce nouveau challenge. Le double champion de Belgique de la spécialité prend donc un virage important dans sa carrière et raccroche son casque afin de tenter d’offrir à  ce que l’on appelle désormais le « BEC » (pour Belgium Enduro Championship) la visibilité qu’il mérite.

Thierry, le projet est sur les rails depuis plusieurs mois mais c’est officiel depuis peu : tu es devenu, via l’entreprise TKO que tu viens de créer, le promoteur du championnat de Belgique d’enduro.

Thierry Klutz: « En effet, je viens de signer un accord avec la fédération Belge pour m’occuper de la promotion du Championnat de Belgique d’enduro. Un accord que nous avons conclu sur une durée de trois ans. »

Comment l’envie de t’impliquer dans l’organisation, avec Esneux dans un premier temps puis avec le championnat aujourd’hui, t’est-elle venue ?

Thierry Klutz: « C’est un ensemble de choses qui m’ont poussé à  vouloir m’impliquer dans la promotion du BEC: mes championnats à  l’étranger (Espagne, France et le WEC) m’ont permis de voir ce qui se passait ailleurs, puis l’enduro d’Esneux qui m’a permis goà»ter à  l’organisation et à  la promotion d’une épreuve mais surtout l’envie de permettre à  l’enduro de se développer et essayer d’apporter aux pilotes les petites choses qui ont pu faire défaut ces dernières années.
Depuis plusieurs saisons, de nouvelles organisations ont vu le jour pour arriver à  un championnat qui comporte 10 épreuves, ce qui montre l’engouement pour la discipline. Cependant, en communicant avec certains organisateurs, je me suis rendu compte qu’ils ne savaient pas trop dans quelle direction aller au niveau de l’encadrement. Il faut avouer qu’organiser un enduro est un vrai parcours du combattant! Il faut d’abord obtenir l’accord des administrations (DPA, DNF, Commune, Région Wallonne, etc) mais, en plus, on se doit de satisfaire l’attente des pilotes pour les liaisons, les spéciales, le parc fermé. Sans oublier qu’il faut respecter un cahier des charges établi par la fédération. Un vrai travail de professionnels fait par des bénévoles dont la seule volonté est de permettre aux enduristes de rouler dans leur région en toute légalité! En sachant cela, je me suis dit qu’il était temps que quelqu’un qui connaît la discipline se rende disponible pour soutenir les organisateurs mais aussi pour promouvoir les diverses manches belges.
Lorsque je roulais l’année passée, je pensais beaucoup aux moyens à  mettre en oeuvre pour améliorer notre championnat. Je me suis rendu compte au fil des épreuves que mon esprit quittait la course pour les à -côtés : la promotion, le tracé des spéciales, l’agencement du parc fermé, les problèmes de chrono, la remise des prix après course, etc… Je me suis alors posé la question de savoir si ce n’était pas le bon moment pour passer de l’autre côté de la barrière et me mettre au service de l’enduro… »

Comment définirais-tu ton rôle de promoteur ? Quelle sera ta position par rapport aux organisateurs et à  la fédération ?

Thierry Klutz: « Le rôle du promoteur comme je le vois serait, en plus d’aider et de soutenir les organisateurs, d’apporter à  l’enduro ce qu’il faut pour qu’il devienne moins marginal aux yeux du grand public. L’enduro et le sport mécanique tout-terrain en général souffrent d’une image qui n’est pas toujours positive. Trouver des partenaires et donc des moyens financiers permettra, je l’espère, d’améliorer cette image. En plus de mes conseils, j »apporterai donc lors de chaque organisation du matériel de promotion: arches pour le départ et l’arrivée des spéciales, arche et podium pour le départ du parc de travail, affiches publicitaires, placement du matériel promotionnel aux endroits stratégiques, engagement d’un photographe qui sera « le » photographe attitré du Championnat de Belgique (Frédéric David), création d’un site internet et encadrement médiatique (via MXMag). J’espère également à  moyen terme pouvoir créer une équipe « pro » pour s’occuper des CH mais aussi trouver suffisamment de budget l’année prochaine pour essayer de passer aux transpondeurs.
Maintenant, ce travail est nouveau pour moi et je suis donc conscient que j’ai tout à  apprendre mais ce qui est certain, c’est que j’ai la volonté de m’y impliquer. »

Dans plusieurs pays européens, l’enduro se porte plutôt bien. Les modèles de ces pays vont-ils t’inspirer dans ton travail de promoteur ?

Thierry Klutz: « Bien sà»r ! Je pense qu’il vaut mieux copier ce qui marche ailleurs que de vouloir innover à  tout prix ! Je ne dis pas que je n’apporterai pas ma touche personnelle mais, par respect pour les organisateurs, les pilotes et la fédération, je ne veux pas prendre de risques démesurés ! Il ne faut pas non plus oublier que nous sommes dans un pays à  forte densité de population où de nombreuses restrictions nous sont imposées en termes d’autorisations. Il faut donc faire avec et il serait donc utopique de croire qu’il serait un jour possible de faire un championnat de 10 épreuves avec à  chaque fois des liaisons aussi techniques qu’en France ou en Espagne ! Qu’importe, l’objectif est de se battre pour obtenir le meilleur de chaque organisation et de travailler, comme je l’ai dit, sur notre image, sur la qualité des spéciales et la communication. »

Quel a été l’accueil réservé par les partenaires du championnat au moment de ta proposition de partenariat ?

Thierry Klutz: « Honnêtement, sur un plan général, l’accueil à  été très positif ! La majorité des marques de moto ont répondu positivement à  ma proposition de partenariat (KTM-Husaberg, Husqvarna, GasGas, Sherco, TM) mais aussi différentes société désireuses de soutenir ce nouveau projet (Magicbike, Smatch-Match, Motoraccess, For Best Houses, Ride and Race, Alphamoto-Michelin, Fdavid) sans oublier les partenaires techniques avec qui j’ai des accords d’échanges commerciaux (MXMag, Kinépolis Rocourt, Euros Jam’s moto, Max Boisson) mais aussi les fédérations (FMB-BMB, FMWB et la VMBB). Je sais que les différents partenaires croient en la possibilité d’améliorer la discipline et que, si ces améliorations ont lieu, ca ne fera qu’apporter une meilleure image à  leur produit. Je ne cache pas que je suis très stressé car je souhaite vraiment réussir ce défi. Cela ne serait qu’un juste retour auprès des partenaires qui ont pris la peine de nous soutenir. Je pense que notre organisation de l’enduro « Ourthe-Amblève » avec Guy Wilders y est pour quelque chose. On a pu démontrer qu’il est tout à  fait possible de rendre dynamique et attractif auprès du spectateur lambda un sport qui attire d’ordinaire uniquement les pilotes et leur entourage proche! Et cela sans pour autant dévier du concept et de la spécificité de l’enduro. »

Quels sont selon toi les points essentiels sur lesquels le championnat de Belgique doit évoluer ?

Thierry Klutz: « Comme je l’ai déjà  dit, il doit évoluer au niveau de l’image, de la communication, de la rigueur (respect du cahier des charges pour les organisateurs, respect des recommandations pour les pilotes), de la précision et de la fiabilité des temps chrono (qui incombe à  RIS, la société chargée des chronos lors des épreuves du BEC) et pour finir, des à -côtés qui ont souvent bien plus d’importance qu’il n’y paraît, comme l’agencement du parc fermé, des aires de départ et d’arrivée des spéciales, du fléchage pour se rendre aux spéciales pour les reconnaissances, du fléchage des liaisons, de la remise des prix en fin de journée,…
Ce projet de « promotion » doit être un projet à  moyen et long terme car il ne sert à  rien d’espérer tout changer en un an.
Mon objectif est d’avancer pas à  pas en tenant compte du souhait des différents intervenants (Fédération, partenaires, organisateurs, pilotes, médias). Donc lentement mais sà»rement afin de prendre le moins de risques possible ! »

Le fait que tu sois devenu promoteur du championnat signifie-t-il que l’on ne te verra plus rouler ?

Thierry Klutz: « Au début, j’ai cru qu’il serait possible de cumuler les deux « fonctions ». Mais je me suis progressivement rendu compte qu’il serait impossible d’y arriver, surtout quand on veut faire les choses comme j’ai envie de les faire! C’est-à -dire le mieux possible! Il est évident qu’avec mon travail à  temps plein à  la Communauté Française et cette nouvelle activité de promoteur, il me sera pratiquement impossible de m’entraîner la semaine et de pouvoir rester concentré sur la course. Et comme je ne peux pas envisager de rouler pour finir second, je préfère ne pas rouler! Tout comme je souhaite être à  la hauteur de cette nouvelle fonction de promoteur, je sais qu’il me sera impossible d’y arriver si je ne m’y implique pas à  100%.
Je reconnais que ce fut une décision assez difficile à  prendre. C’est mettre un terme à  ma vie de pilote pour me mettre au service des autres.
Même si je sais que j’aurai sans aucun doute le cÅ“ur serré à  plus d’une reprise pendant la saison en voyant rouler les autres pilotes – d‘autant plus que je vais travailler pour offrir aux autres ce que j’aurai toujours voulu qu’on m’offre lorsque j’étais pilote – je reste persuadé que j’ai fait le bon choix en partant dans cette direction.
Il faut pouvoir accepter de mettre un terme à  sa carrière de pilote. L’occasion fait le larron et sans doute ai-je tourné la page car j’ai la franche impression que cette reconversion me convient… L’avenir me le dira!
Mais bon, il faut savoir que je participerai néanmoins à  l’une ou l’autre course pendant l’année. Je choisirai celles où j’aurai la possibilité de rouler un minimum préparé et concentré! »