Interview Yves Devlaminck

« Jago Geerts et Cyril Genot apportent de la fraîcheur au motocross belge ! »

« Jago Geerts et Cyril Genot apportent de la fraîcheur au motocross belge ! »
Decrease Font Size Increase Font Size Taille du texte Imprimer

A quelques semaines du Mondial Junior de Lierneux où une délégation de 18 pilotes belges âgés de 10 à 17 ans seront engagés, Yves Devlaminck, coach fédéral pour les jeunes pilotes à la FMB, fait le point avec nous sur la génération montante du motocross belge.

En quoi consiste ta fonction au sein de la Fédération Motocycliste de Belgique ?

Yves Devlaminck: »En 2008, j’ai été nommé au poste d’entraineur jeunes. Les deux premières années, je me suis rendu sur la plupart des épreuves du championnat d’Europe 85cc pour assister les jeunes. Rapidement, nous en avons conclu qu’il y’avait un besoin et une demande pour organiser des stages préparatoires à ces mêmes compétitions. Stages que nous avons mis en place depuis 2010, à l’aube du championnat du Monde Junior à Geugnon. »

Quel fut le programme cette année ?

Yves Devlaminck: »Cette année, nous avons bien entendu mis l’accent sur la préparation et la sélection en vue du championnat du Monde junior. Pour ce faire, nous avons organisé 2 journées de stage ouvertes à tous pour déterminer la sélection. Ce fut aussi l’occasion pour moi de découvrir de nouvelles têtes, notamment dans la catégorie 65cc où la plupart des pilotes viennent de fédérations amateurs. Une fois la sélection déterminée, les candidats retenus ont eu un stage de 2 jours dans le nord de la France avec Joël Smets. Nous avons également planifié une journée préparatoire au Mondial Junior le 22 juillet prochain. »

Que penses-tu du niveau actuel des jeunes Belges ?

Yves Devlaminck: »Il faut être honnête et ne pas se voiler la face, le niveau actuel est faible. Peut-être même le plus faible dont j’ai le souvenir… Nous sommes dans un système pyramidal, où le top représente le sommet de la pyramide. Or, la base de cette dernière étant de plus en plus étroite, il est logique que le potentiel haut niveau soit lui aussi de plus en plus restreint… »

Comment expliquer ce phénomène ?

Yves Devlaminck: »Le manque de terrains d’entraînement, la difficulté d’accès à notre discipline, le désintérêt médiatique et politique, sans doute… De plus, pour beaucoup, la moto est un loisir. Or, la compétition de haut niveau demande un investissement personnel en temps et en argent qui dépasse largement toute notion de loisir. Toute cela engendre inévitablement un désintérêt relatif, peu de nouveaux pratiquants et génère inévitablement un nivellement par le bas. »

On parle beaucoup de Cyril Genot et de Jago Geerts. Incarnent-ils le futur du motocross belge ?

Yves Devlaminck: »C’est vrai que ce sont deux éléments qui apportent un coup de fraicheur au cross belge. Au même titre que la paire Roelants/Van Horebeek il y a 8 ou 9 ans ou Graulus/Vandoninck plus récemment. Cyril est un super gars, il est spontané, communicatif, il a vraiment le contact facile. Sur la piste, il a un bon bagage technique et son « œil » se développe de plus en plus. Il est actuellement le premier pilote du championnat d’Europe né en 1999. Il a du talent mais pas trop, un entourage 5 étoiles et il doit continuer sur sa lancée. S’il continue à travailler comme il le fait depuis plusieurs années, il est indéniablement sur la bonne voie…

Jago est lui dans un autre genre, de nature beaucoup plus timide et réservé. Mais que dire de lui sur la piste ?… C’est du talent à l’état pur ! Le virage que les autres vont devoir travailler cent fois, lui va le réussir au second passage, la correction à laquelle les autres vont devoir penser pendant 3 semaines, lui va l’intégrer le jour-même. Il est prudent, malin, voit clair dans les situations de courses et son petit gabarit lui impose un bagage technique que j’ai rarement vu précédemment. La manière dont il roule est juste parfaite et colle à merveille aux difficultés des pistes qu’il va rencontrer plus tard en championnat d’Europe et en Grands Prix. Il est encore tôt pour l’affirmer mais je pense que c’est un futur très grand ! »

Si je comprends bien, il s’agit de deux cas isolés qui ne doivent pas nous faire oublier les problèmes que le motocross belge rencontre aujourd’hui ?

Yves Devlaminck: »Oui, en effet, ce sont deux éléments bien isolés. Ils ont évolué en Hollande depuis leur plus jeune âge. Nous avons la chance d’être frontaliers avec ce pays qui est vraiment une référence en matière de championnat pour jeunes. Les catégories de jeunes sont pleines, le niveau élevé, l’organisation y est parfaite et les terrains sélectifs… »

Pourquoi donc ne peut-on pas reproduire cela chez nous ?

Yves Devlaminck: »On le sait, notre pays est morcelé en plusieurs fédérations amateurs. Chacun roule dans son coin et souvent sur des terrains stéréotypés et avec les mêmes adversaires, ce qui ne tire pas le niveau vers le haut… C’est dommage car le championnat de Belgique 85cc est une bonne école. C’est l’un des seuls championnats européens qui roule sur plusieurs textures et, qui plus est, le même jour que les pilotes de GP. Incontestablement un plus ! Si tous les bons éléments du pays roulaient ensemble plus régulièrement, le niveau n’en serait que meilleur. »

Compte-tenu de tout cela, quel conseil donnerais-tu à nos jeunes et leurs parents ?

Yves Devlaminck: »Le plus important est de prendre du plaisir sur la moto. Si tu ne prends pas de plaisir, la progression est impossible. Aussi, il faut un entourage organisé et ouvert d’esprit, ne pas se cantonner à jouer un championnat à 9 ou 10 ans et surtout à aller voir se qui se passe ailleurs. Beaucoup me demandent s’ils doivent prendre une licence belge, francaise, allemande ou hollandaise. Je leur réponds que le plus important n’est pas la nationalité de leur licence, mais bien la manière dont ils travaillent à l’entrainement, l’éducation qui leur est donnée et les choix effectués… »

Vos commentaires