Interview Ryan Villopoto

RV, le nouvel empereur du cross US

RV, le nouvel empereur du cross US
Decrease Font Size Increase Font Size Taille du texte Imprimer

L’histoire du motocross US a été marquée par des hommes qui ont su repousser les limites et faire tomber les records. Ryan Villopoto est de ceux-là. A tout juste 26 ans, le Californien accumule victoires et titres outre-Atlantique. Comme l’ont été Bob Hannah, Jérémy Mc Grath, James Stewart ou Ricky Carmichael, aujourd’hui, l’homme à battre, c’est lui.

Lorsque nous arrivons chez Tyla Rattray, chez qui Ryan Villopoto a trouvé refuge durant son séjour en Europe, les 2 hommes sont occupés à regarder la télévision. Le champion US n’est vêtu que d’un short et file enfiler un t-shirt avant de nous rejoindre pour entamer la discussion. L’ambiance est résolument décontractée, bien loin du stress du championnat de Supercross US. Et, bien plus qu’une machine à gagner, Villopoto semble avant tout être un jeune homme comme les autres, qui profite d’un break imposé par une récente blessure au genou pour passer du bon temps avec ses amis.

Ryan Villopoto règne sur le Supercross US depuis 4 ans.

Ryan Villopoto règne sur le Supercross US depuis 4 ans.

Qu’en est-il de cette blessure au genou qui t’a obligé à faire l’impasse sur le championnat outdoor alors que tu venais de conquérir ton quatrième titre consécutif en Supercross ?

Ryan Villopoto : « Comme souvent pour ce genre de blessures, la période de revalidation est très longue. Mais j’y suis habitué puisque c’est déjà la troisième fois que je blesse aux ligaments ! C’est aussi pour cela que je veux prendre le temps nécessaire avant de remonter sur une moto. Je suis arrivé en Europe sur des béquilles, j’ai heureusement finalement pu les laisser de côté. Cette blessure a contrarié ma saison 2014 mais ne devrait pas remettre en cause ma participation au championnat de Supercross 2015. Pour le moment, j’en profite pour faire un vrai break. Il ne faut pas oublier qu’une saison complète aux Etats-Unis représente plus de 30 courses sur l’année. C’est éprouvant ! »

Tu parles du championnat de Supercross US 2015. Des rumeurs insistantes t’annoncent également en championnat MXGP l’an prochain…

Ryan Villopoto : « Ce ne sont en effet que des rumeurs ! Ce que je peux dire, c’est que les contrats pour les championnats Supercross et outdoor US 2015 sont déjà signés. Contrairement à ce que j’ai lu ou entendu, le fait que je sois blessé ne change rien à mon programme. »

On se pose souvent beaucoup de questions sur le niveau du motocross US en comparaison avec celui du cross européen. Ce n’est donc pas encore l’an prochain que nous aurons la réponse…

Ryan Villopoto : « Non ! Je suis d’avis que cela n’a d’ailleurs aucun sens de vouloir comparer les niveaux de deux championnats qui se disputent dans des conditions très différentes. Je trouve dommage que la seule occasion que nous ayons de rouler ensemble soit le Motocross des Nations. Il s’agit d’une compétition très particulière où l’on ne roule pas seulement pour soi mais aussi pour son pays. Inévitablement, on ne roule pas de la même manière. Sans compter que la date pose toujours problème pour nous. Au contraire des Européens qui enchaînent directement avec le Motocross des Nations, notre championnat se termine souvent un mois avant. Ce qui siginifie que les pilotes sélectionnés doivent poursuivre l’entraînement un mois de plus, uniquement pour le Motocross des Nations.»

Si l'on en croit ses propres motos, ce n'est pas encore l'an prochain que RV exercera ses talents en MXGP...

Si l’on en croit ses propres mots, ce n’est pas encore l’an prochain que RV exercera ses talents en MXGP…

Tu es en ce moment en Europe pour y assurer la promotion des vêtements Thor, avec lesquels tu roules aux USA. Ces activités de promotions te plaisent-elles ou sont-elles une simple obligation ?

Ryan Villopoto : « Cela me plait beaucoup ! Je travaille avec la marque Thor depuis que je suis devenu professionnel, en 2006. Je connais leurs produits sur le bout des doigts et je connais tout le monde chez eux. Je m’identifie beaucoup à la marque et il est donc important pour moi de faire également partie de l’aventure lorsqu’il s’agit de la promotionner en Europe. »

Tu as fait récemment un tour sur le championnat MotoGP, en Espagne. La route, c’est quelque chose qui te tente également ?

Ryan Villopoto : « J’aime la moto de route, c’est certain. Mais je trouve aussi que c’est très dangereux, à cause des voitures. Je n’ai donc pas de Kawasaki super sportive dans mon garage, non. Mais le championnat MotoGP m’impressionne beaucoup ! »

Lorsque l’on roule à ton niveau, avec la pression que l’on imagine, vit-on encore la moto comme une passion ?

Ryan Villopoto : « Le motocross et le Supercross sont pour moi devenus un travail à part entière. C’est en tout cas comme cela que je vois les choses. Je n’ai jamais rien appris d’autre et, en d’autres termes, je ne pourrais sans doute rien faire d’autre. Je dépense beaucoup d’argent pour pouvoir travailler avec les meilleurs entraîneurs, pour pouvoir rouler sur les meilleurs circuits d’entraînement. J’ai beaucoup de chance de pouvoir très bien gagner ma vie avec le motocross. Tant que je peux continuer à rouler, je me dois donc de le faire au plus haut niveau possible. Quand j’arrêterai le motocross, je dois avoir gagné suffisamment d’argent que pour ne pas être obligé d’aller vendre des hamburgers ! »

Si le motocross est aujourd’hui pour toi devenu un travail à part entière, as-tu pour autant fini par te lasser de la victoire ?

Ryan Villopoto : « Non, certainement pas ! Cela finit par faire partie de la routine, on perd un peu le côté « Wow » des premières fois, mais cela reste toujours quelque chose de très spécial.  Je pense que je ne me lasserai jamais de gagner. »

Tu travailles aujourd’hui avec Aldon Baker, l’entraîneur sud-africain qui se cache derrière les succès de pilotes comme Ricky Carmichael, James Stewart ou Ken Roczen. Quelle place occupe-t-il exactement dans ta carrière ?

Ryan Villopoto : « Nous avons une relation de confiance très profonde. Lorsque j’ai commencé à travailler avec lui, j’étais en pleine phase de revalidation à la suite d’une lourde chute en Supercross. Pour revenir au meilleurs niveau, nous devions déplacer des montagnes. Et nous l’avons fait ! Dès le début de notre collaboration, nous avons remporté des victoires. Pendant la saison, nous vivons pratiquement l’un avec l’autre en permanence. C’est un grand monsieur, j’apprécie vraiment travailler avec lui ! »

Avec James Stewart et Tim Ferry sur la plus haute marche du MXDN en 2008.

Avec James Stewart et Tim Ferry sur la plus haute marche du MXDN en 2008.

Depuis le contrôle positif de James Stewart en début de saison, on parle à nouveau beaucoup de dopage dans le milieu du motocross aux USA. Il y a-t-il un réel problème de dopage en motocross

Ryan Villopoto : « Personnellement, je ne le pense pas. Quand tu gagnes, les gens parlent beaucoup à ton sujet et tu finis forcément par être soupçonné. Je le suis par beaucoup de gens aujourd’hui, comme Carmichael l’a été dans le passé. C’est pourquoi il est important de pouvoir convaincre l’opinion publique que notre sport est propre. Il est vrai que James Stewart a été contrôlé positif. Mais je suis persuadé que les produits que l’on a retrouvés chez lui sont uniquement le résultat d’un traitement médical. Ce sont d’ailleurs certes des produits qui figurent sur la liste des produits interdits mais en aucun cas ces produits ne procurent le moindre avantage en termes de performances. »

Dans cinq ans, te vois-tu encore rouler à moto ? Ou plutôt impliqué dans la compétition à un autre niveau ?

Ryan Villopoto : « Continuer à rouler encore 5 saisons, je ne pense pas. Avec son championnat Supercross immédiatement suivi du championnat outdoor, le motocross US est particulièrement éprouvant. Par contre, je rêve de rester dans le milieu. Le motocross, c’est « mon » sport. Il m’a apporté tant de choses que je ne me vois pas le quitter brutalement. J’espère donc que je pourrai trouver ma place à un autre niveau après ma carrière de pilote. »

Ryan Villopoto

  • Né le 13 août 1988 à Fortuna, en Californie
  • Surnom : RV
  • Pilote officiel Kawasaki/Monster Energy
  • 73 victoires en championnat AMA
  • 5 titres Supercross US (2007, 2011, 2012, 2013 et 2014)
  • 4 titres motocross US (2007, 2008, 2011 et 2013)
  • 4 victoires au Motocross des Nations avec l’équipe US (2006, 2007, 2008 et 2010)

Vos commentaires