Le transfert de Jérémy Van Horebeek chez Yamaha/Rinaldi avait fait couler beaucoup d’encre l’hiver dernier. Douze mois plus tard, il s’avère que notre compatriote a relevé avec brio le défi qu’il s’était fixé de faire briller dès la première année la 450 du prestigieux team italien, alors en mal de résultats. Un titre de vice-champion du monde est venu récompenser le talent de « Jerre » et le professionnalisme de l’équipe de Michele Rinaldi. Un team 100% dévoué à son pilote, bénéficiant d’une expérience rare dans le paddock MXGP, qui nous a récemment invités à venir juger le potentiel de ses machines. Le team Rinaldi nous attendait donc sur le circuit de Dorno, au sud de Milan, pour nous offrir la possibilité de prendre le guidon de ses 2 bijoux: la 450 YZM de Jérémy Van Horebeek et la 250 YZM du Corse Christophe Charlier.
Par Christophe Bertrand
Auteur d’une saison exemplaire ponctuée par une place de vice-champion du monde derrière l’indéboulonnable Tony Cairoli, notre compatriote Jeremy Van Horebeek a redonné le sourire au team Rinaldi après une longue traversée du désert et les nombreux titres de l’ère Everts. Penchons-nous sur les raisons de ce retour aux avants postes de la marque aux 3 diapasons et les résultats percutants de Jérémy.
Un duo presque gagnant !
Elaborée sur une base stock au niveau du châssis, hormis un bras oscillant revisité pour améliorer la traction, cette Yamaha bénéficie évidemment d’un développement dans les moindres détails au sein des ateliers de Michele Rinaldi. Suspensions KAYABA Usine, embrayage HINSON, pot AKRAPOVIC, allumage GET, tés de fourche XTRIG, guidon WRP, freins BRAKING Oversize, filtres à air DT1 et habillage UFO pour les plastiques et kit déco réalisé par BLACKBIRD sont les différences majeures -du moins visibles- avec l’YZF standard.
Au niveau moteur, Michele Rinaldi ne sera pas très expressif, ce qui se fait dans ses ateliers est « Top Secret ». Notez que Rinaldi s’occupe de A à Z du développement de ses motos (moteurs et suspensions), synonyme de confiance totale de la part de Yamaha. Les 2 modifications importantes sensées améliorer le confort du pilote et pas spécialement ses performances sont l’apparition d’un embrayage hydraulique BREMBO et surtout le fameux bouton magique, habituellement cruellement absent sur les japonaises.
Rinaldi avait annoncé une belle surprise au niveau modifications lors de la signature de Jérémy, celle-ci prendra forme avec l’apparition du démarreur électrique 2 semaines avant l’ouverture du championnat d’Italie en février.
Quel pied !!!
Après quelques petits réglages de guidon et leviers (notre compatriote modifie ceux-ci en fonction de la surface du circuit, plus bas et en arrière sur piste sablonneuse, plus droit sur piste dure), j’ai l’honneur d’inaugurer la journée avec cette 450. Je ne vais pas faire la fine bouche, 14 journalistes triés sur le volet, c’est déjà pas mal d’en faire partie. Mais 15 petites minutes pour découvrir le circuit, la moto, les jumps et réaliser un shooting photos, c’est un peu chaud et surtout trop court par rapport au plaisir qui m’attend.
La première impression est franchement TOP: un moteur souple, une position vite trouvée, aucun bruit parasite au niveau mécanique, c’est juste parfait. Tour après tour sur cette piste sablonneuse, je découvre une moto super saine et facile à apprivoiser. Malgré une puissance plus que suffisante, c’est vraiment sécurisant autant dans les airs qu’au sol, on est loin de la moto élitiste exploitable uniquement par des pilotes surentraînés.
Au niveau suspensions, difficile de donner un avis très objectif car la piste était relativement plate mais on travaille en souplesse. Ce qui est certain, c’est que sur les nombreux sauts très différents proposés par cette piste italienne, jamais je ne me suis posé de question et n’ai été pris en défaut, ça (r)assure grave !
Sur le plan moteur, la puissance est omniprésente, la plage super bien remplie avec un couple énorme, le passage au rapport supérieur s’impose afin de profiter au maximum du coffre de ce bouilleur.
Au niveau maniabilité, je la place où je veux, longues courbes rapides ou petit virage au piquet, elle tombe là où je le désire. Je ne dois pas me battre pour la faire virer,… à la limite, elle suit mon regard. Quelle facilité pour un gros cube !
Malgré certains virages serrés, aucun coup de piston ou de calage, c’est sain et accessible à tous les niveaux de pilotage. Je ne vais pas mettre de bémol, je n’en ai pas trouvé, on touche ici à l’exceptionnel au niveau performances et équipement. Jamais de fioritures chez Rinaldi, on va à l’essentiel. La machine de Van Horebeek est à coup sûr la meilleure 450 qu’il m’ait été donné d’essayer.
YZF 250 « Christophe Charlier » : la bonne surprise
Un petit mot sur cette Yamaha qui n’a malheureusement pas réalisé les résultats escomptés mais pour quelles raisons ? Très similaire en apparence à sa grande soeur, cette 250 dégage également une santé de fer. Très coupleuse, elle gomme aisément les petites erreurs de relance grâce à un couple fabuleux et une allonge très progressive. Souvent mal à l’aise sur cette petite cylindrée, j’ai cette fois immédiatement casé mon mètre 87 et pris un max de plaisir.
Il semble que la philosophie du team Rinaldi soit de privilégier l’efficacité à la puissance à tout prix.
Point négatif sur cette 250 par rapport à sa grande sœur, l’absence d’embrayage hydraulique par manque de place, semble-t-il, au niveau des carters et de démarreur électrique. Ces 2 modifs nécessitant un gros travail de développement réalisé sur la 450.
Au final, il est évident que cette Yamaha méritait beaucoup mieux en termes de résultats mais l’aventure s’arrêtera là avec la 250YZM puisque le team Rinaldi se concentrera l’an prochain uniquement sur la catégorie MXGP avec la paire Van Horebeek/Febvre.
Texte: Ch. Bertrand – Photos: M. Zanzani