Published On: 14 décembre 2014

Toute la saison durant, elles font rêver les fans du monde entier. Alors, quand il s’agit de les enfourcher, on ne peut évidemment passer à côté d’une opportunité réservée à quelques privilégiés. En l’occurence, chez MXMag, le privilégié, c’est Julien Van Stippen. Le vainqueur de la Coupe de l’Avenir 2013, qui s’est aligné cette saison dans les Belgian Masters of Motocross au guidon d’une 350 SX-F, s’est en effet envolé en septembre dernier pour Kegums, au lendemain du Motocross des Nations, pour y tester les machines officielles d’Antonio Cairoli, de Ryan Dungey et de Jordi Tixier. Bref, 3 des machines les plus en vue sur la scène internationale ! Des armes absolues ?

Ces dernières saisons, KTM aligne les titres mondiaux MXGP et MX2 au point que l’on finirait par en croire l’armada autrichienne tout simplement indétrônable. Des machines développées avec soin, une structure racing hyper professionnelle et efficace dirigée par un staff de passionnés, une stratégie commerciale axée sur la compétition, les pilotes les plus rapides du moment sous contrat,… KTM détient depuis longtemps toutes les clés du succès. Une recette que la marque autrichienne applique désormais également aux USA, avec les résultats que l’on sait.

Le must en matière de machines de motocross

Le team KTM/Red Bull Factory fait rêver et les machines fièrement exposées sous les auvents oranges dans les paddocks à travers le monde entier sont indiscutablement l’objet de toutes les convoitises. Pour beaucoup, elles sont le symbole de ce qui se fait de mieux aujourd’hui en matière de machines de motocross. Il faut dire que les SX-F « Factory » respirent le sérieux et dégagent un esprit « racing » sans nul autre pareil. Les pièces spéciales sont évidemment omniprésentes, de même que les matériaux nobles tels le carbone ou le titane, utilisés l’un pour diverses protections, l’autre pour les repose-pieds, les ressorts de fourche ou encore l’échappement estampillé « Akrapovic ». Petite curiosité sur la 450 SX-F de Ryan Dungey: la présence d’un amortisseur de direction.

La championne du monde MXGP 2014 respire le sérieux !

La championne du monde MXGP 2014 respire le sérieux !

Si l’on reste relativement discret dans le staff KTM sur les modifications apportées à l’intérieur de ces machines officielles, on peut néanmoins admirer les étriers de frein Brembo « factory » ainsi que l’amortisseur White Power Trax et la fourche WP inversée de 52mm -soit 4mm de plus que la série- qui équipent ces petits bijoux. Des bijoux qui brillent sous l’auvent du team KTM où les mécanos s’affairent en effectuant les dernières vérifications avant de nous céder le guidon de leurs protégées.

Protection de disque en carbone, étrier Brembo Factory, fourche WP 52mm,...  Du beau matériel !

Protection de disque en carbone, étrier Brembo Factory, fourche WP 52mm,… Du beau matériel !

Notre terrain de jeu est à la hauteur des machines essayées puisqu’il s’agit ni plus ni moins que du tracé de Kegums, en Lettonie. Un circuit sablonneux présentant de nombreux sauts, à la fois technique et exigeant physiquement. Les courses du week-end ont évidemment laissé des traces, le parcours letton a souffert et s’apprête à son tour à mettre les essayeurs à rude épreuve ! Heureusement, le jeu en vaut la chandelle. On n’a pas tous les jours l’occasion d’essayer en l’espace de quelques heures deux championnes du monde et une vice-championne des USA…

La machine de Tony…

On débute la journée au guidon de la 350 SX-F championne du monde aux mains d’Antonio Cairoli. La position de pilotage choisie par le pilote italien plaira aux pilotes de petite taille mais, d’emblée, ce qui frappe, ce sont les settings atypiques des suspensions. « L’amortisseur est très souple en début de course alors que la fourche est en revanche particulièrement ferme dès les premiers millimètres », explique Julien Van Stippen. « La combinaison de ces 2 éléments donne à l’ensemble des airs de « chopper ». La position n’en est pas pour autant désagréable mais elle est sans doute à l’origine de réactions qu’il est souvent difficile d’anticiper dans les trous au freinage.  Elle rend en revanche la moto particulièrement facile à cabrer dans toutes les situations. » Un comportement surprenant donc pour cette 350 SX-F, lequel n’est certainement pas étranger au pilotage très typé du champion italien.

La 350 SX-F de Cairoli est particulièrement légère et maniable.

La 350 SX-F de Cairoli est particulièrement légère et maniable.

La moto est par contre redoutablement maniable et s’appuie sur un bloc moteur hyper complet. « C’est très agréable », commente Van Stippen, « parce qu’il y a de la puissance partout, à tout moment. C’est puissant sans être excessif. C’est clairement le point fort de la machine ! »

Les settings de suspensions, avec une fourche dure et un amortisseur souple, sont un peu déroutantes sur la machine de Cairoli.

Les settings de suspensions, avec une fourche dure et un amortisseur souple, sont un peu déroutantes sur la machine de Cairoli.

A peine descendu de la championne du monde, Julien se voit confier la 450 SX-F de Ryan Dungey. La position de pilotage est ici celle d’un « grand » pilote mais tout semble pensé pour rester fort en avant sur la machine. « Les leviers sont très bas, la pédale de frein arrière également », nous confirme notre test rider. « Seul le sélecteur de vitesse est placé dans une position horizontale assez neutre ». Le dessin de la selle pousse lui aussi à rester sur l’avant de la moto, tandis que la largeur des ouïes au niveau des genoux rappelle que l’on n’est plus sur une 350. On n’a la même impression de légèreté que celle dégagée par la machine de Cairoli. Pourtant, les suspensions sont ici légèrement plus « conventionnelles » dans leurs réglages. « ‘C’est un peu plus agréable à rouler que sur la machine de Cairoli », atteste Julien. « Elles sont plus progressives mais elles sont aussi très dures en fin de course ! »

La 450 SX-F de Dungey: à ne pas mettre entre toutes les mains !

La 450 SX-F de Dungey: à ne pas mettre entre toutes les mains !

Quant au moteur, comme l’on pouvait s’y attendre, la cavalerie est au rendez-vous. « Ce n’est pas une moto pour monsieur tout le monde, c’est clair ! Le moteur réagit au moindre coup de gaz et délivre une puissance impressionnante. Pour un top pilote, c’est un atout car il peut se permettre davantage d’erreurs. Mais cela reste une moto qui se pilote davantage sur le couple car la force du moteur le permet. L’embrayage est pratiquement inutile, tant la 450 SX-F peut se sortir de toutes les situations sans même sourciller. »

La 250 SX-F de Jordi Tixier: plus accessible

On change de décor avec la machine de Jordi Tixier. La championne du monde MX2 se montre bien plus « humaine » que ses 2 grandes soeurs. « Les suspensions n’ont rien à voir avec celles de Cairoli ou de Dungey », s’étonne Van Stippen. « C’est nettement plus souple. Je touche même régulièrement les gardes-boue à la réception des sauts à plats ou dans les vagues de sable ! ». Une souplesse qui peut paraître excessive mais qui rend la machine du Français bien plus agréable et facile à utiliser que celles de ses 2 équipiers chez KTM. L’ensemble est très léger et maniable et seul le moteur réclame ici davantage d’attention. Forcément sensiblement moins puissant que le bloc 350cc, il réclame surtout d’être utilisé davantage dans les hauts régimes. « Les hauts régimes ont logiquement été privilégiés sur la machine », analyse Julien, « ce qui rend la machine un peu moins forte sur le reste de la plage d’utilisation. Mais il s’agit d’un choix logique sur une moto de ce niveau. »

Les hauts régimes ont été privilégiés sur la 250 SX-F championne du monde.

Les hauts régimes ont été privilégiés sur la 250 SX-F championne du monde.

Bref, vous l’aurez compris, ces KTM Factory ne feront pas du pilote lambda un champion du monde. Il s’agit de machines développées par et pour des champions, en utilisant des solutions techniques adaptées à leur vitesse et à leur niveau de maîtrise technique. Ce qui les rend, et a fortiori dans des conditions aussi exigeantes que celles renonctrées à Kegums sur notre essai, parfois déroutantes pour tout autre pilote qui a la chance de pouvoir les enfourcher. Des machines d’élite, définitivement réservées à l’élite…

Essai: Julien Van Stippen | Photos: Ray Archer