Après l’édition 2014 qui marquait le retour d’une classique tout terrain sur le sol belge, l’équipe d’Enduro Attitude a repris son bâton de pèlerin pour faire face aux nombreuses embûches que rencontre une telle organisation. Un vrai parcours du combattant qui reçoit malgré tout le soutien de la ville de Courcelles, lieu stratégique de l’épreuve. Pour mieux s’imprégner de l’esprit du Hainaut Enduro Tour, une seule solution… Y participer et essayer de vous faire vivre cette épreuve unique de l’intérieur.
Ce sera une Husqvarna FE450 à peine rodée, gracieusement mise à ma disposition par l’importateur belge, qui me permettra de découvrir un patrimoine hennuyer souvent assimilé au « Pays Noir » et donc à fortiori pas vraiment bucolique. A vérifier donc… Flanqué du n°40, je me présente sur le podium de départ avec 3 condisciples pour les 90km du programme. Petite présentation du speaker, petite mise en bouche avec avec une double ligne tracée à même la Grand Place de Courcelles, parsemée de sauts, troncs d’arbres. L’occasion pour certains de déjà découvrir leurs limites techniques. Pas d’horaire imposé, la liberté de rouler avec qui vous voulez. Dès le départ donné on sent déjà l’esprit rando, reléguant les contraintes de l’enduro classique au placard.
Jour 1, l’entrée
Première bonne nouvelle en ce jeudi de l’Ascension, c’est sous un soleil radieux que je présente ma monture au contrôle technique pour les 3 jours à venir. Esprit rando mais esprit compet’ aussi sur cette 1ère journée. Pas moins de 5 spéciales chronos nous attendent, histoire de se lâcher pour les pilotes de pointe et établir un classement officiel à la fin du périple.
Après 3 km de route pour sortir du village, il est déjà temps d’essorer la poignée sur la première spéciale du jour. Tracée sur le terril de Courcelles, il s’agira d’une boucle de +/-2min30, techniquement intéressante, pas trop dangereuse. Je ne m’y sens pas trop mal. Je m’applique car je dois également découvrir ma Husky et rôder mes nouvelles bottes SIDI Crossfire 2. Evidemment, je ne mets pas toutes les chances de mon côté pour chasser le chrono, mais ça le fait tout de même.
Dix minutes plus tard, me voilà à nouveau face au chrono mais cette fois je me rate au bas d’une descente, me tanque dans un trou en y laissant pas mal d’influx. Pas bon !!!!
Direction Trazegnies et son énorme terril. Et oui, autant utiliser ce qui ne sert plus à rien mais qui nous offre un super terrain de jeu. Calmé par mon erreur précédente, j’enroule, je m’applique sans trop de bêtises. Par contre, celle-ci est franchement technique et surtout très longue (+/-5min). Je vous avoue que les spéciales en ligne sans reco sont vraiment des exercices très spécifiques. Curieux de voir ce que je me fais mettre par les meilleurs.
« On a eu de la chance qu’il fasse sec. Certains y auraient laissé leurs dernières prétentions ! »
Après quelques étirements des avant-bras, direction Seneffe, passage le long du canal, traversée du port de plaisance et le magnifique château un peu plus loin. On est bien loin du cliché « Pays Noir ». 13h, l’heure de reprendre des forces et luncher dans la propriété de l’entreprise Chapelle et fils. Passionné de moto, Vincent nous ouvre pour la 2ème fois les grilles de sa propriété pour la pause sandwiche. Le temps de discuter un peu avec Pierre, Paul et Jacques en toute convivialité et nous sommes attendus 3km plus loin pour le moment important de la journée : la spéciale Show de Gouy-lez-Pieton.
Tracée en prairie, avec divers sauts et une adhérence précaire, nous partons par groupes de 12 pilotes pour 5 tours chronométrés précédés d’1 tour de reconnaissance. Ici aussi je m’en sors pas trop mal exceptés les avant-bras qui crient « Au secours ».
Sur le retour vers Courcelles, l’itinéraire nous propose une succession de passages délicats dans les bois, super intéressant, très technique, proposant souvent 2 alternatives (Soft ou Hard) adaptées aux différents niveaux de pilotage. Sur le coup, je peux vous dire qu’on a eu du bol qu’il fasse sec. Certains y auraient laissé leurs dernières prétentions.
Retour au bercail mais avant : petit passage au car-wash, remplacement du filtre à air et plein d’essence afin de préparer l’Husky pour la boucle du vendredi. Elle passera la nuit dans la cour sécurisée jouxtant le QG. Pour ma part, je rejoins mon domicile puisque j’habite à 30 bornes. D’autres pilotes rejoindront le chapiteau de l’organisation où un repas chaud les attend ou profiteront de toutes les commodités et infrastructures hôtelières disponibles sur place.
Jour 2 : le plat consistant
8h du matin, je me pointe au chapiteau pour prendre la température et un café. Un pilote m’interpelle : « Eh Grand, t’as fait pêter le chrono hier !!!! »… Bhen sais pas. L’occasion de vérifier la feuille de résultats qui montre effectivement mon scratch lors de la 1ère spéciale : la chance du débutant. Au terme des 4 spéciales, je suis finalement classé à une honorable 6ème place.
Au menu de ce vendredi, ce seront pas moins de 195 km, toujours au départ de notre place des Trieux en direction de Mons et le Borinage avec sur le retour Binche et ses alentours.
Sur le podium de départ, je me serais cru dans le Team Factory Husqvarna avec mes 4 partenaires du jour. On verra plus tard que c’était un excellent casting. Après les fortes pluies de la nuit, ce sont des conditions très glissantes qui nous accompagnent sur les pentes herbeuses longeant le canal en direction de la frontière française. Autant hier était une spéciale « Terrils » autant aujourd’hui peut être rebaptisé la spéciale « Dévers ». Passages magnifiques, paisibles, le canal en compagnon de voyage, le plaisir de rider est omniprésent.
Ghlin sera le cadre de notre 1er test contre la montre. Une petite spéciale en sous-bois, hyper glissante, de la craie bien humide, des arbres en pagaille, tous les ingrédients nécessaires pour partir à la faute. Après cet exercice délicat, on se retrouve au ravitaillement essence sur le bord de la route à Le Roeulx, c’est ici que je constate l’excellente décision prise le matin d’accompagner les « Husky Boys ».
« Passages magnifiques, paisibles, le canal en compagnon de voyage, le plaisir de rouler est omniprésent. »
En bon touriste, je n’ai rien prévu à me caler sous la dent et là ils me sortent le grand jeu : le plat de 3kg de boulettes maisons préparées par maman, les galettes, les gozettes et le Fanta pour faire descendre ce régime draconien. 10km plus loin, on arrive sur la longue spéciale en ligne de St Ghislain, ça sent déjà l’apnée !!!
Départ à l’arrache, je m’étonne dans la précision de mon pilotage, j’ai apprivoisé ma Husqvarna, la spéciale est vachement compliquée et très variée. Jusque-là, tout allait bien avant cette satanée ornière en côte négociée avec un peu trop d’optimisme. Sortie de piste, visite des « matitis », séance de relève de moto et demi-tour pour reprendre mon élan dans le bon sens, tout ça avec 50 pulsations en plus au compteur cardiaque et au moins 25 secondes dans les lattes. Inutile de préciser que pour la 2ème moitié du parcours je faisais moins le malin.
Sortie de spéciale et direction la pause lunch dressé sur la petite place du village de Hautrage avec son kiosque typique. Petit moment de détente après avoir ingurgité nos habituels sandwiches et 2 nouvelles boulettes (Dites, Monsieur l’organisateur, y-aurait pas moyen d’avoir un pain saucisse au menu histoire de varier ???). Il est déjà temps de reprendre notre périple dans le sens du retour et la centaine de km à parcourir.
Point noir de cette journée, les nombreux km de routes et de chemins de terre permettent de constater que notre sport préféré devient vite blasant sans le consentement des autorités locales.
Après un petit passage par la ville de Binche, le stand des « Amis de la Boue » nous accueille pour nous proposer boissons et pains saucisses (on y revient), direction la dernière spéciale du jour qui n’est autre que la 2ème du jeudi mais en sens inverse. Pas de surprise, en tous cas de mauvaise, j’enquille sans connerie, on vérifiera ça demain matin.
Retour vers l’arrivée avec le petit passage obligé sur le plateau d’arrivée où le speaker me titille et propose 3 tours chronos sur la petite piste show : « 5 pilotes ont accepté avant toi, tu n’es pas obligé mais ce serait sympa pour le spectacle. » Demandé si gentiment, je m’exécute dans cet exercice improvisé qui ressemble plus à du saut d’obstacles ou du trial sur rondins de bois mais à la surprise générale je claque le meilleur temps au 1er passage pour finalement me classer 3ème à une petite seconde du second.
Challenge relevé, je peux déposer la moto au parc fermé pour la dernière journée. Le temps de tailler la bavette sous le chapiteau, il est l’heure de retrouver ma famille et un bon repos réparateur avant de visiter la région de Chimay dès demain.
Jour 3 : le final
Un dessert copieux puisque ce n’est pas moins de 240 bornes qui attendent les pilotes. 7h30, petit-déj. croissant-café et l’occasion d’analyser le tableau des résultats de la veille et le classement au cumul des 2 journées. Ça chauffe devant, les 2ème, 3ème et 4ème sont en moins de 10 secondes d’écart. Quant à moi, je cruise entre la 5ème et 8ème position. Il fait froid ce matin mais après 5 minutes la 1ère spéciale est déjà là, la même que le 1er jour. Cela va nous permettre de monter en température de suite, un bon décrassage matinal.
Une fois notre « Dream Team » recomposée, il est temps de reprendre notre liaison avec un passage par les ruines de l’Abbaye d’Aulnes et ses écluses. Superbe passage touristique avant d’enchainer vers Beaumont et une spéciale en ligne pas piquée des vers.
Tracée en prairie, agrémentée de multiples obstacles artificiels et naturels, le package de difficultés nous réchauffe définitivement. 6 minutes d’efforts (pour les meilleurs) afin de se faire quitte des troncs d’arbres, passages de pierriers, trou d’eau, chicanes en devers avant d’atterrir sur 2 bourbiers dans lesquels gisait une Honda 50 cm en-dessous du niveau 0 et abandonnée par son proprio. Il faut aussi ouvrir les yeux avant de s’engager dans certaines difficultés.
Après ce bon coup de chaud, direction Chimay en s’enfonçant dans de grandes étendues cultivées. C’est ça aussi le Hainaut, une patrimoine rural, d’immenses exploitations agricoles avec pour seule compagnie le regard paisible des bovins, peu préoccupés par notre passage. On plonge un peu plus en pénétrant dans la forêt domaniale des Fagnes, quelques portions techniques mais surtout des chemins de remembrement avant d’atteindre notre étape chimacienne et la traversée du domaine du Prince de Chimay sous la direction des scouts locaux.
Bonne nouvelle, au menu un poisson à l’escavêche bien local. Moins bonne nouvelle lorsque l’on m’annonce : « les 10ers du général sont attendus dans 10 minutes pour la spéciale chronométrée de 5 tours tracée devant le chapiteau ! ». Une belle pâture à même le circuit de Chimay, agrémentée de quelques passages techniques, longs virages sans appui, tout au feeling sauf que l’escavêche à peine ingurgitée m’accompagne durant toute la spéciale et même davantage.
A peine descendu de moto, il est temps pour Wim et moi de chauffer nos 3 camarades de ballade au départ du 3ème groupe.
Malgré quelques figures de style pas toujours contrôlées, l’équipe se recompose pour les 120 derniers km. Malheureusement la pluie jusque-là absente s’invite une bonne partie de la route et de route, il en sera question car force est de constater que le lobbying écologique fonctionne plein pot dans cette région. Autorisations refusées ou très partiellement obtenues, il faudra composer avec ces contraintes et se diriger sous un froid de canard dans cette superbe région vers notre dernière spéciale sur le site de la carrière de la Thure entre Beaumont et Erquelinnes.
Après un petit (r)échauffement bien nécessaire avant de titiller une dernière fois le chrono et c’est parti « volle gaz » dans cet impressionnant site rocheux au fort dénivelé permettant de belles accélérations et freinages tout en glisse. Hormis quelques sommets de côtes à l’aveugle, cette dernière spéciale nous aura offert son lot de sensations fortes vue la configuration atypique des lieux.
« L’équipe d’Enduro Attitude a eu le courage et l’audace de relever un sacré défi pour permettre aux amoureux de moto verte d’assouvir leur passion. »
Retour en formation sous la pluie et arrivée sur la place de Courcelles où je suis immédiatement réquisitionné par le speaker qui m’invite pour le show final déjà improvisé la veille. On prend les mêmes et on recommence à la différence près que l’on effectuera 4 passages (2 dans chaque sens) afin de corser un peu plus la difficulté.
Le nouveau vainqueur de cette 2ème édition du Hainaut Tour, Michael Vukcevic met un point d’honneur à remporter cette dernière épreuve symbolique. Quant à votre serviteur, il montre encore de bons restes en prenant la 2ème place devant les petits jeunes Corentin POCHEZ et Gaëtan MINIQUE.
Sur un plan purement sportif, le classement général des 3 jours revient donc à l’expérimenté Michaël VUKCEVIC devant son coéquipier français le jeune Corentin POCHEZ, tous 2 sur Sherco. Le pilote KTM Andrew LELOUP monte sur la 3ème marche du podium. Suivent la Husqvarna de Wim VANDERHEYDEN, la KTM de Jérémie FRASELLE, le jeune Arno DESPRECHINS alors que je prends le 7ème rang au scracth et la victoire en Gentlemen.
Avec près de 600km au compteur, la terre hennuyère nous a dévoilé toute sa diversité et ses richesses patrimoniales, une ballade enduro rythmée de spéciales chronométrées hyper variées, le tout dans une ambiance de convivialité, de respect et partage d’une passion commune pour le TT.
L’équipe d’Enduro Attitude a eu le courage et l’audace de relever un sacré défi pour permettre aux amoureux de moto verte d’assouvir leur passion en toute légalité. Evidemment il y a des détails à corriger. Evidemment, les pilotes n’ont pas répondu en masse à l’invitation mais l’initiative est remarquable et doit absolument être mûrie afin de récolter les fruits de cet investissement.
On vous donne rendez-vous en mai 2016 pour la 3ème édition qui, espérons-le, marquera la véritable reconnaissance de cette classique enduristique !
Texte : Christophe Bertrand | Photos: Olivier Evrard
Christophe BERTRAND remercie :
- HUSQVARNA Belgique et son représentant Stefaan MINNE pour le prêt de la FE450
- La société IP STORE pour les bottes SIDI CROSS FIRE 2
- JT RACING USA pour l’équipement pilote et le nouveau casque ALS2
Un petit clin d’œil à l’équipe de ravitaillement de Wim Vanderheyden sans oublier la maman de Sébastien Wout pour ses petites préparations maison.