Cédric Melotte s’est imposé ce week-end in extremis face à Cédric Cremer dans la 7ème journée du championnat de Belgique d’enduro, disputée à Rocroi, dans le nord de la France. Les deux leaders du classement provisoire précèdent un Jean-François Goblet qui n’a pas pu se mêler à la lutte pour la victoire.
Après Buzancy et son climat subtropical (enfin surtout du point de vue humidité) , le championnat de Belgique s’est à nouveau déplacé en terre française pour aller goûter une fois de plus les forêts accueillantes de nos voisins. Les organisateurs locaux, que l’on remercie au passage, invitent les pilotes Belges et Suisses pour compléter leur liste de pilotes inscrits et rentabiliser leur épreuve. Bref, c’est gagnant-gagnant.
A ce jeu-là, soulignons au passage que la FMB qui a exigé une taxe supplémentaire au montant de l’inscription de 10€ pour les pilotes belges sous prétexte du nombre de spéciales comme si l’on était en Belgique et que les pilotes devaient -et c’est bien normal- financer la prestation plus onéreuse de la société de chronométrage. Oui mais voilà…on était en France et la FMB n’a eu aucun frais pour cette épreuve puisque les quelques délégués présents sont payés par nos licences…bref, on a du mal à comprendre à quoi sert cet argent. Si au moins il servait à financer le team 6 jours, on pourrait encore l’accepter mais c’est loin d’être le cas.
Suspens entre Melotte et Cremer
Passons et venons-en au côté sportif des choses. Avec 4 spéciales par tour et 2 tours au programme, les inters se sont départagés sur près de 40 minutes de chronos et n’ont pas vraiment laissé de place aux pilotes français (le premier Français serait 10ième au scratch) ou suisses (bien que Christophe Robert serait 4ième au scratch). Mais soyons totalement chauvin puisque c’est bien du championnat de Belgique qu’il est question ici et focalisons-nous uniquement sur nos pilotes nationaux.
Avec 3 meilleurs temps sur 8 chronos, c’est Cédric Melotte qui remporte une fois de plus la victoire finale au nez et à la barbe de Cédric Crémer qui remporte également 3 spéciales et ne concède qu’une seconde et demi au général. Le suspens fut donc total, d’autant que Crémer était en tête d’une petite seconde au départ de la toute dernière (et très courte) spéciale. Derrière l’officiel Yam et l’officiel KTM, c’est une fois de plus Jeff Goblet qui complète le podium en remportant 2 scratchs mais qui a connu un gros passage à vide à mi-journée. Concédant au total 25 secondes à Crémer, Jeff n’a pas tout à fait joué dans la même catégorie.
Gauniaux out…
Sale coup pour Kévin qui doit malheureusement ranger le casque au clou et passer par la case hôpital sans même être tombé. Perdant l’avant de sa toute nouvelle 450 Sherco dans un des derniers virages de le seconde spéciale du jour, Kévin tapait violemment le pied à terre pour se rattraper et se déchirait les ligaments croisés antérieurs gauches. Malgré la douleur le Disonais essayait de continuer la journée mais il fut finalement contraint à l’abandon après en avoir bien bavé dans le tronçon suivant l’incident. Courage Kévin, il ne te reste plus qu’à soigner ce genou et penser à la saison 2016 !
A bonne distance du trio de tête, Dimitri Vanhoenacker continue pourtant à se rapprocher des meilleurs et précède cette fois largement Wim Vanderheyden et sa Huski officielle. En 6ième position on soulignera la très belle performance d’un Vincent Grandjean en grande forme et premier pilote Beta (aux couleurs du Garage Bailleux). A une petite seconde seulement, Gaetan Minique réalise une bonne journée en prenant la 7ième place au nez et à la barbe de son prof et team leader Micka Vukcevik qui a vu tous ses efforts de la journée balayés par une grosse galère dans le franchissement des pneus de la dernière spéciale. Vuck’ qui galère en franchissement…on aura tout vu !
Un championnat disputé
Au terme de cette épreuve et à 3 courses de la fin (Lierneux, Dinant et Esneux) la situation se resserre encore entre les 2 Cédric qui ne sont séparés que par 2 petits points au championnat(156 pour Crémer et 154 pour Mélotte) tandis que Jeff Goblet voit son retard grandir (145 pts). Bien sûr, rien n’est encore joué puisqu’il reste 75 points à attribuer. Le malheureux Gauniaux conserve pour l’instant sa quatrième place provisoire (116 points) car l’écart était conséquent. Vanhoenacker est 5ième à 107 points tandis que Minique est 6ième (98) et précède Micka Vukcevik de 2 points et Wim Vanderheyden de 4 points.
Trop d’artifices ?
L’enduro de Rocroi a fait l’unanimité pour la beauté de son parcours, en particulier le somptueux 3ième tronçon de 55 kilomètres. Nous sommes rentrés dans la forêt Ardennaise dès le début de ce tronçon et nous en sommes sortis …55 kilomètres plus loin pour un ravitaillement au cœur de la cité fortifiée de Rocroi qui vaut largement le détour à elle seule. Néanmoins, une polémique fait rage sur les réseaux sociaux concernant les obstacles artificiels installés au départ de la première spéciale, dans le petit village de Maubert-Fontaine.
Une bascule déjà présente depuis plusieurs années, un saut « couillu » depuis une remorque de camion et quelques malheureux pneus suffisent apparemment à semer la panique au sein d’un peloton de pilotes dont certains n’aiment pas mais alors pas du tout les artifices de franchissement. Chacun y allant de son analyse et défendant telle ou telle thèse, je me permettrais juste de rappeler que l’enduro est un sport indissociable d’une certaine prise de risques mais qu’il suffit par contre de couper les gaz pour voir ceux-ci considérablement diminuer… et il était tout à fait possible d’emprunter un itinéraire bis (certes pénalisant en temps) pour éviter le saut.
Si chacun fait en fonction de ses moyens, ces quelques malheureux obstacles n’ont rien de bien méchant mais ils ont par contre l’avantage d’attirer du public et donc d’augmenter la visibilité de notre sport et du même coup son capital sympathie… par les temps qui courent cela peut servir. Plus de 140 kilomètres de liaisons de qualité (par tour) pour seulement 100 mètres d’obstacles artificiels et partiellement évitables… le ratio n’est pas si terrible.
Rendez-vous à Lierneux dans quelques semaines, au cœur des Ardennes belges cette fois.
Texte: Frédéric Sente | Photos: AS Photos