Motocross MXGP - ITW

Stefan Everts dresse le bilan de sa première saison en tant que team manager du team Suzuki

Stefan Everts dresse le bilan de sa première saison en tant que team manager du team Suzuki
Decrease Font Size Increase Font Size Taille du texte Imprimer

Maintenant que Stefan Everts a derrière lui une année complète de compétition en tant que General Manager du team officiel Suzuki World MXGP, il était sans doute indiqué de faire le point avec le décuple champion du monde sur sa saison 2016. Pour l’usine Suzuki, 2016 constituait une année de transition, elle qui avait confié durant plusieurs décennies la gestion de son team d’usine à Sylvain Geboers. Vu de l’extérieur, on peut dire que les points forts de la saison chez Suzuki auront été une concentration des efforts sur les catégories MXGP, MX2 et EMX250. Sur le plan des résultats, on notera évidemment la magnifique performance de Jeremy Seewer qui termine deuxième du championnat MX2 tandis que Bas Vaessen a remporté le championnat d’Allemagne MX2. En ce qui concerne Kevin Strijbos, sa saison a été marquée par par plusieurs blessures qui ont entraîné une perte de confiance. Kevin se sera toutefois consolé avec sa victoire lors du GP de Belgique à Lommel après neuf années de disette et son titre de champion de Belgique.

« 2016 a été une année d’apprentissage »

Stefan, l’an dernier à cette époque, te souviens-tu comment tu te sentais et peux-tu notamment nous dire quels changements tu voulais apporter dans le team?

Stefan: «L’an dernier a surtout été une année d’apprentissage. Je devais apprendre comment travailler avec Suzuki et c’est à ce niveau que le rôle de Sylvain est tellement important parce qu’il peut nous guider et nous conseiller même si finalement, c’est à moi qu’appartient la décision finale. C’est vrai que c’est utile d’avoir les conseils de Sylvain. Une autre chose était d’avoir un groupe encore plus soudé. D’avoir des gens qui pensent de la même manière et qui savent travailler en équipe. Je ne voulais pas avoir des petites cellules à l’intérieur du team car je pense que les MX2 doivent travailler avec les MXGP et si une des catégories réussit un bon résultat, c’est l’ensemble du team qui doit s’en réjouir. Cette approche est capitale et nous avons commencé à travailler sur ce point dès le premier jour. »

Kevin Strijbos: une saison sauvée grâce à sa victoire au GP de Belgique à Lommel

Kevin Strijbos: une saison sauvée grâce à sa victoire au GP de Belgique à Lommel

Quelle autre spécificité ‘Stefan Everts’ as-tu encore apporté au team?

Stefan: « Cela, c’est peut-être quelque chose que tu dois demander aux gens du team! Nous sommes en train d’apporter certains changements notamment sur les motos en vue de la saison prochaine parce que ces changements doivent avoir lieu et Suzuki y travaille mais il faut être patient. A ce sujet, Sylvain me dit souvent que je devrais être plus calme (rires). Bref, certaines choses vont changer et nous devrions avoir bientôt une nouvelle 450. »

« C’est pas facile d’être le boss certains jours… »

Il semble que cela a été une grande année pour la famille Everts. Kelly, ton épouse, a l’air très occupée, ton père aussi tandis qu’on voit sans cesse tes enfants courir à gauche ou à droite… La famille Everts avait-elle déjà connu une saison comme celle-ci?

Stefan: « C’est vrai que nous avons complètement changé de mode de vie. Rien que d’aller jusque Lommel me semble désormais différent. Je suis tous les jours dans les locaux du team car j’ai des responsabilités que je dois assumer. certains jours, c’est facile d’être le boss mais d’autres jours, c’est moins évident.. J’ai la chance d’avoir Kelly, mon épouse, à mes côtés Elle m’aide beaucoup dans les activités du team. Mon père est également à mes côtés C’est important d’avoir à ses côtés des gens auxquels on peut faire confiance. »

Tu avais tiré un premier bilan de la saison 2016 juste avant le GP de Glen Helen voici de cela plusieurs semaines. C’est vrai que la saison écoulée a été faite en ce qui te concerne de hauts et de bas, parfois durant le même week-end!

Stefan: « C’est vrai. En MXGP, cela a été une année difficile pour tout le monde dans le team car on s’attendait à de meilleurs résultats. On avait passé un hiver formidable avec Kevin mais en ce qui concerne Ben (Townley), les blessures sont arrivées très vite. On avait aussi espéré que Kevin nous apporterait des podiums. Nous ne nous attendions pas à ce qu’il remporte GP après GP et j’étais réaliste par rapport à sa position au championnat car le niveau était vraiment très élevé l’an dernier. Kevin est un pilote vraiment talentueux et et c’était très frustrant même pour moi à titre personnel de le voir à la peine comme cela. Je sais combien c’est un bon pilote et je l’avais vu se fracturer le poignet puis revenir tout à coup pour remporter de façon inattendue le GP à Lommel. Cette victoire a vraiment été un moment important pour l’ensemble du team. Malheureusement, Ben n’a pas réussi son retour en GP; nous avons pourtant fait le maximum pour que cela marche et lui aussi. J’étais vraiment désolé car, de son côté, Ben a fait lui aussi tout ce qu’il devait faire.

Du côté du MX2, l’année a été exceptionnelle avec de nombreux podiums et Jeremy (Seewer) a beaucoup progressé au point de devenir vice-champion. Il se prépare pour la prochaine saison et je le vois comme un des favoris pour la couronne mondiale. En fait, le MX2 – Bas (Vaessen) a également énormément progressé – nous a permis d’équilibrer notre saison. A la fin de l’été, nous avons pu signer Hunter (Lawrence) et Zachary (Pichon) et à titre personnel en même temps que pour Suzuki, c’est super d’avoir ces jeunes pilotes chez nous en prévision de l’avenir. »

De G. àd.: Hunter Lawrence, S. Everts et Zachary Pichon

De g. à d.: Hunter Lawrence, S. Everts et Zachary Pichon

Tu avais déjà travaillé avec pas mal de pilotes auparavant mais comment cela se gère-t-il de travailler avec des pilotes aux statuts si différents. Je pense ici avec la gestion de pilotes confirmés comme Ken et Ben puis avec des rookies comme Bas et Arminas, par exemple. Chaque pilote ayant son histoire et son niveau, cela doit sans doute constituer une fameuse expérience de management, non?

Stefan: »“C’est vrai que j’ai eu de la chance d’avoir travaillé avec pas mal de pilotes et de parents avant d’avoir repris le team car il faut gérer en effet des histoires et des caractères différents. Il faut essayer de trouver pour chaque pilote la manière adéquate pour que les choses marchent pour lui. J’ai l’impression d’avoir échoué un peu en ce qui concerne Kevin (Strijbos) car je nourrissais énormément d’espoir à son sujet durant l’hiver. Avant d’entamer la saison, j’ai pensé que je pouvais apporter un changement dans le système spécialement pour lui afin qu’il puisse obtenir les résultats dont je savais qu’il était capable. Malheureusement, cela n’a pas fonctionné. »

« Se séparer de quelqu’un, c’est très difficile à faire… »

Cette année a donc représenté pas mal d’apprentissage en ce qui te concerne car tu ne devais pas seulement t’occuper seulement des pilotes mais également de l’organisation et du staff dans son ensemble…

Stefan: « C’est vrai que ce n’est pas rien mais je suis quelqu’un de naturellement positif et si c’est vrai que nous avons connu des GP difficiles, notamment ceux où nous n’avions aucun pilote en course. Malgré cela, je suis toujours resté concentré sur mon objectif qui est un objectif à trois ans. Certaines journées étaient bien sûr difficiles à vivre et constituaient une fameuse leçon mais cela ne m’a jamais empêché de relever très vite la tête. »

Qu’est-ce qui était le plus dur, alors?

Stefan: « Comme je l’ai dit, nous restructurons un peu le team et nous arrêtons de travailler avec certaines personnes. Se séparer de quelqu’un, c’est une chose très difficile à faire. Je n’aime pas décevoir les gens. Je déteste ça. J’aime voir les gens heureux… même si je sais que cela ne peut pas être comme cela tous les jours. Nous dirigeons une entreprise en même temps qu’un team et nous devons apporter des résultats à Suzuki; il faut que contribuions à vendre davantage de motos pour que nous puissions continuer à bénéficier du soutien de l’usine à l’avenir. Bref, il faut que je prenne des décisions que je pense être les meilleures afin d’obtenir des résultats qui garantissent l’avenir du team. Cela signifie devoir parfois prendre des décisions difficiles. »

« Je rêve d’un sponsor qui soit étranger au monde du motocross… »

Qu’en est-il de l’aspect commercial du métier comme le fait de devoir trouver des sponsors? C’était nouveau pour toi?

Stefan: « Oui. C’est très difficile. C’est un domaine où je manque d’expérience et où je ne serai peut-êre jamais très expérimenté! Il existe pas mal de sponsors dans notre activité et tout le monde voudrait bénéficier de l’apport d’une boisson énergisante. Mon rêve est d’avoir un sponsor complètement étranger à l’industrie de la moto. Ce serait génial de faire connaître une société qu’on ne voit habituellement pas dans le monde du motocross. Dans la recherche de sponsors, je crois qu’il faut de la chance et pouvoir rencontrer la bonne personne au bon endroit et au bon moment. On verra bien. Pour le moment, mon boulot est de rendre le team aussi homogène que possible en instaurant un excellent esprit parmi les gens qui en font partie. Je veux travailler avec des jeunes pilotes et obtenir peu à peu des résultats avec eux. Je veux être parmi les meilleurs teams du paddock en termes d’image et de mentalité. Je crois qu’un sponsor pourrait vouloir nous rejoindre grâce à cela»

S. Everts:"je voudrais trouver un sponsor en dehors du monde du motocross

S. Everts: »Je voudrais trouver un sponsor en dehors du monde du motocross. »

Cela fait partie d’un plan à trois ans, donc?

Stefan: »Cela concerne tout simplement le fait de constituer un groupe parfait composé de mécaniciens et d’ingénieurs afin que nos motos soient plus rapides et plus sûres et qu’en finale, on obtienne des belles et agréables motos de série avec des clients fiers d’être associés au team Suzuki. Je me souviens à ce sujet des sentiments et des émotions autour du nom Suzuki dans les années 70 et 80. La marque Suzuki était vraiment prestigieuse à cette époque. Je veux qu’on en revienne à cela mais dans une version nouvelle. Cela signifie de bons pilotes, des résultats et des gens désireux de faire partie du team ou de collaborer avec lui. »

ITW: A. Wheeler

Vos commentaires