Motocross

Décès de Hakan « Carla » Carlqvist: mort d’un guerrier

Décès de Hakan « Carla » Carlqvist: mort d’un guerrier
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Hakan « Carla » Carlqvist, le pilote suédois de légende, est décédé au début de ce mois à l’âge de soixante-trois ans à peine. Sa carrière en motocross a été tellement couronnée de succès que Carla était vraiment une personnalité célèbre en Suède, même auprès des gens qui ne s’intéressaient guère au motocross. Pour les véritables amateurs de motocross, le nom de Carlqvist était synonyme de bonne humeur et d’obstination. Il y a quatre mots qui le résument parfaitement: héros, performance, obstiné et adulé – un homme qui ne vivait qu’avec un objectif en tête. Carla a obtenu deux titres mondiaux, le premier avec Husqvarna en 1979…

Hakan Carlqvist avait vu le jour le 15 janvier 1954. Le pilote de motocross que nous avons connu a cependant manifesté de l’intérêt pour plusieurs sports lorsqu’il était tout jeune. En effet, c’était un bon footballeur mais aussi un excellent joueur de hockey en même temps qu’un skieur doué. Son intérêt pur la moto a vu le jour alors qu’il était âgé de seize ans et qu’il a commencé à rouler sur une 125cc de route. L’année suivante, en 1971, Hakan s’est acheté une Penton-KTM de compétition, ce qui lui a permis de s’ouvrir le chemin vers le succès. Carlqvist a remporté sa première course grâce à son obstination, sa vitesse et sa régularité. Petit à petit, le Suédois a appris le métier de pilote mais en dehors des circuits, sa profession était le commerce de vitrages pour le bâtiment.

En 1978, Husqvarna a voulu donner à Carlqvist une machine d’usine avec les pièces après lui avoir fourni le soutien de l’usine l’année précédente. La saison avait bien commencé. En effet, Hakan avait remporté une première manche de GP lors de l’ouverture du championnat en Espagne. Pourtant, le reste de la saison n’allait pas se poursuivre sur cette voie. En effet, Carlqvist allait terminer le championnat à la septième place, ce qui était insuffisant pour un pilote aussi ambitieux que lui. Sur le plan national, Carlqvist devait se contenter du titre de vice-champion derrière Thorleif Hansen, autre pilote suédois qui allait se faire une réputation mondiale chez Husqvarna.

Carlqvist sur une KTM

Alors que la saison 1979 approchait, les gens de chez Husqvarna commencèrent à avoir de doutes sur le potentiel de Carlqvist. Pourtant, après pas mal de discussions, l’usine fut d’accord de mettre une moto d’usine à la disposition du Suédois pour disputer le championnat du monde 250cc. Il ne fut pas question d’un contrat mais seulement de primes en fonction des résultats obtenus. « L’argent avait pour moi une importance secondaire après tous mes échecs, « devait déclarer Carlqvist. « Tout ce que je voulais, c’était avoir une chance de montrer ce que je valais. Au fond de moi-même, je savais que j’étais fait pour gagner.»

1979 allait bien débuter avec une seconde place au GP inaugural qui eut lieu comme d’habitude à Sabadell, en Espagne. Deux semaines après, Hakan partit rouler à Halle, aux Pays-Bas, c’est-à-dire comme c’est l’habitude là-bas, sur un circuit fait de sable. Cette surface devait convenir au Suédois qui remporta les deux manches. Une semaine après, Carlqvist était à Bra, en Italie du Nord. Après trois GP, Carla était leader du championnat provisoire et les choses s’annonçaient donc bien.

« Cette saison a fait toute la différence en ce qui me concerne, «  devait par la suite déclarer Carlqvist. »Avant, je devais tout régler moi- même mais désormais avec mon mécanicien fourni par l’usine, Tommy Jansson, j’étais capable de me concentrer uniquement sur le pilotage, ce qui s’est avéré très profitable. Tommy était quelqu’un qui avait fait carrière en motocross et il m’aidait à préparer ma moto mais aussi il m’encadrait sur le plan psychologique. Notre amitié remontait à très longtemps et c’était donc une solution idéale pour notre team. J’ai pu également constater que j’étais plus rapide dès le départ et que j’étais plus régulier qu’auparavant. »

La Husqvarna 250 avec laquelle Carlqvist a été champion du monde en 1979

A Genk en Belgique, Carlqvist fut battu par son grand rival britannique Neil Hudson. Quoiqu’il en soit, le Suédois remporta la seconde manche et il conserva par la même occasion la première place du classement provisoire. A Karlovac, en Yougoslavie, les deux pilotes terminèrent dans le même ordre mais à Holice, en Tchécoslovaqie, Carlvquist remporta les deux manches. Nous étions alors à la mi-saison et à Szczecin, en Pologne, il remporta les deux manches. Idem lors du GP de France la semaine suivante, à Lavour. Alors qu’il restait quatre GP à disputer, le championnat semblait devoir être remporté par notre Suédois mais dans les deux GP qui suivirent, Carlqvist ne récolta que dix points avant de terminer troisième à Unadilla, aux Etats-Unis.

Le titre fut décerné à Hakan Carlqvist la première semaine d’août après que celui-ci eut remporté les deux manches à Bielstein, en Allemagne. Sur les vingt-quatre GP courus, Carla en avait remporté quatorze et avec ce premier titre mondial en poche, il fut appelé le ‘Super Suédois’ par les médias. Pour Carlqvist, la joie était intense après toutes ces années de galère qui l’avaient fait douter tant de fois.

« Mes rêves s’étaient réalisés, «devait déclarer plus tard Carlqvist, » mais ils allaient continuer car je voulais également le titre dans la catégorie 500cc. »

La saison 1979 avait démarré le dix-huit février et elle devait se poursuivre jusqu’au vingt-et-un octobre, avec des courses tous les week-ends à l’exception de deux week-ends. «A cette époque, j’en avais vraiment marre de rouler un peu partout à travers le monde. Je voulais simplement passer du bon temps avec mes copains et profiter de mon argent. »

Avec une confiance accrue, l’obstiné Carla se mit à se préparer en vue de la conquête d’une autre titre mondial qu’il décrocha en 1983. Il était alors connu pour son bouillant caractère et ses éclats. Hakan Carlvist n’était pas homme à mâcher ses mots et certaines des vérités qu’il pouvait énoncer n’étaient guère appréciées dans le milieu de la moto. Son pilotage était caractérisé par une détermination sans faille et tous ses adversaires redoutaient ses attaques.

Hanken Carla Carlqvist: un sacré caractère…

Peu de temps après son second titre, j’eus l’occasion de déjeuner avec Carla à Cologne où il assistait au salon de la moto. Dans le privé, c’était un homme simple et gentil qui parlait très peu. Pourtant, certaines personnes n’hésitaient pas à le comparer à la légende de la boxe, celui qu’on appelait encore à l’époque Cassius Clay.

« C’est tout simplement parce que je suis quelqu’un de très concentré sur ce que je fais, » répliquait le volumineux Suédois. « Lorsque j’ai atteint mon objectif final, je peux être relax et prendre l’avenir tel qu’il vient. En gagnant de l’argent quand même afin de pouvoir me retirer sans aucun souci financier. »

Les gens qui ont vu Carla se concentrer avant une course ont une autre appréciation sur sa manière de se comporter. Son tempérament bouillant était à la fois positif et négatif en regard de ses qualités de pilote mais peu importe, Hakan Carlqvist sera toujours considéré comme un héros. Il vivait depuis longtemps dans le midi de la France, loin de toute publicité. Il était très handicapé par toutes les blessures encourues durant sa carrière de pilote et il devait avoir recours à des analgésiques très forts. « Le passé est le passé, »déclarait-t-il. « Le reste de ma vie est de l’ordre du privé et n’est pas un sujet de discussion. »

En 1983, Hakan Carlqvist a reçu la « Svenska Dagbladet Gold Medal » qui est la récompense sportive la plus prestigieuse en Suède. Hakan était un des hommes les plus costaud à s’être jamais assis sur une moto. Il avait été moulé dans l’acier le plus dur et il avait l’instinct du guerrier sur un circuit. En passant de vie à trépas la nuit du six juillet 2017, c’est une icône du sport moteur qui a disparu.

Texte: Kenneth Olausson – journaliste et photographe suédois

Chez nous, en Belgique, on se souvient de Carlqvist pour sa dernière victoire en GP en 1988 à Namur. A cette occasion, le pilote suédois qui, à la fin de la seconde manche, avait une avance d’une cinquantaine de secondes d’avance sur ses poursuivants n’hésita pas à s’arrêter au célèbre ‘chalet du monument’ pour boire un verre de bière avant de reprendre la piste et remporter la victoire!

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