Pour la première fois, Husqvarna arrivait sur les 12 Heures de la Chinelle en favori. Un an après avoir créé la surprise en remportant son premier succès grâce au trio Brackman/Renkens/Genot, la marque revenait sur l’épreuve avec la ferme intention de rééditer l’exploit sur l’épreuve d’endurance la plus prestigieuse du calendrier belge. Pari tenu !
« Bien sûr, comme nous avons gagné l’an passé, on a tendance à nous coller l’étiquette de favori, c’est normal », nous lançait samedi après-midi Stefaan Minne, responsable de la marque pour la Belgique. « Mais c’est ce qu’il y a de beau sur une épreuve comme la Chinelle : on remet chaque année les compteurs à zéro, tout le monde est logé à la même enseigne et tout peut arriver, même aux meilleurs. Alors oui, on a préparé la Chinelle du mieux que nous pouvions, nous avons deux bonnes équipes, de bons pilotes et de bonnes machines mais tout reste à faire. Verdict demain à midi ! »
La prudence est donc de rigueur dans le clan Husqvarna, même si l’on se sait particulièrement bien armé pour jouer la victoire sur cette 38ème édition de la célèbre épreuve d’endurance. Les deux machines officielles ont été confiées pour la première à Wietse Brackman, vainqueur en 2016 avec Genot et Renkens, Jean-François Goblet (vainqueur à une reprise) et Kevin Fors ( 3 victoires) et pour la seconde à Jérôme Martiny, toujours très rapide à Franchimont, Jiliani Cambre et le jeune Hollandais Thierry Pittens. Deux équipages particulièrement homogènes.
« Il faut des pilotes prêts à se faire mal physiquement »
« Le recrutement des pilotes se fait pendant l’année mais c’est souvent dans les deux dernières semaines seulement que les accords se finalisent », explique Wim Vanderheyden, le manager des équipes Husqvarna. « Il est important d’avoir des pilotes qui sont en forme et prêts a se faire mal physiquement.En touver deux ne pose généralement pas de problèmes. C’est souvent le troisième qui fait pencher la balance.Cette année, nous n’avons eu qu’un seul désistement sur blessure sur les 6 pilotes initialement prévus. Le fait que Husqvarna ait le vent en poupe nous donne beaucoup plus de choix qu’à l’époque Husaberg. »
Vous l’avez compris, quand on vient sur la Chinelle pour la gagner, on ne laisse rien au hasard. Et pour cela, Husqvarna a la chance de compter sur le professionnalisme et le perfectionnisme de Wim Vanderheyden. « Nous avons commencé à préparer la Chinelle 2017 dès le lendemain de notre victoire en 2016 », poursuit-il. « Il est toujours primordial de faire un debriefing, d’évaluer les points négatifs comme les points positifs. On débute la préparation de la moto environ 1 mois avant l’épreuve. En général, je prépare la moto et on fait un petit essais avec les pilotes pour le choix du guidon et le réglage des phares 15 jours avant la course. Cette année encore, nous sommes arrivés à Franchimont avec deux machines très abouties. Dès les essais, on a prouvé qu’on serait dans le coup, les pilotes se sont d’emblée montrés satisfaits des choix techniques effectués, y compris des pneumatiques sélectionnés. Chez nous, il est important de noter qu’il n’y avait clairement pas d’équipe 1 et d’équipe 2. Les deux équipages ont été traités de la même manière, ont disposé du même matériel et avaient le même objectif : monter sur le podium dimanche midi. »
Jérôme Martiny mène le début de course
Une fois le 38ème départ donné, il n’a pas fallu longtemps pour constater que les Husqvarna allaient à nouveau jouer les premiers rôles à Franchimont. Jérôme Martiny confirme son impressionnante pointe de vitesse lorsqu’il s’agit de piloter de nuit en menant la première heure de course. « A la fin de son premier relai, Jérôme a passé la moto en 1ère position à Thierry. Il découvrait la course et le pilotage de nuit et il s’est sans doute mis trop de pression. Il a chuté à plusieurs reprises, pour finalement chuter assez lourdement juste devant notre stand. Le temps de se remettre et de changer de gants, les gros phares restés allumés avaient déchargé la batterie. Et comme il était devant les stands et non dedans, il a dû réparer lui-même. Nous avons perdu 2 tours dans l’aventure et chuté jusqu’en 12ème place. Ce qui ne les a pas empêchés de continuer à se battre. Ils n’ont pas baissé les bras et sont parvenus à arracher une belle 5ème place. »
Une Husqvarna a finalement chassé l’autre en tête de la course puisque c’est ensuite la machine de Brackman/Fors/Goblet qui va jouer la course en tête. « Kevin a ramené la moto à Wietse en 3ème position avec 3 minutes de retard. Pas trés content de son relais, il a pu donner de précieuses infos sur la piste a Jef, malgré toute son experience assez nerveux. », explique le manager. « A partir de 4 heures, ils ont commencé a reduire l’écart petit a petit vis-à-vis de la Yamaha du team Zone Rouge . Vers 6 heures, la Yam est restée plus longtemps que prévu aux stands (pour remplacer l’étrier de frein avant, NDLR). Du coup, on a indiqué à Jeff de faire un tour de plus afin de prendre la tete de la course et de creuser un petit écart. Ensuite, tout le monde a mis les bouchées doubles pour gérer l’écart. Même le cuistot a compris qu’Antoine Magain n’avait pas envie de terminer une 3ème fois consécutive sur la 2ème marche du podium : du coup, on a eu des oeufs et du lard pour le petit déjeuner ! »
Moins de 8 minutes d’arrêt au stand sur toute la course
Sur la piste, les pilotes Husqvarna haussent le ton en début de journée pour tenir tête à la Yamaha dont les pilotes sont bien décidés à reprendre la tête de la course. « Comme le terrain avait séché et que les pneus soufraient beaucoup plus, on a changé de roue arrière vers 10h00. J’ai calculé : la moto est seulement resté 7 minutes et 48 secondes au stand sur la durée de la course. Une performance que l’on doit au staff technique comme aux pilotes qui ont bien ménagé la mécanique mais aussi à la qualité du matériel. Nous roulions avec des pneus et des mousses Dunlop et nous utilisions des filtres DT et les huiles Bel-ray et Task Racing. »
« Dimanche, Wietse n’etait pas trop chaud pour finir la course », se souvient Vanderheyden. « Mais il ne m’a pas fallu longtemps pour l’en persuader ! Il m’a suffi de lui rappeler la confiance que nous avions en lui… et le privilège que constitue le fait de pouvoir passer le drapeau à damiers d’une épreuve comme les 12 Heures de la Chinelle en vainqueur. »