EnduroGP

Stéphane Peterhansel : « il faut revenir aux bases de l’enduro »

Stéphane Peterhansel : « il faut revenir aux bases de l’enduro »
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A l’initiative d’ABC Communication, un pool d’ambassadeurs de l’EnduroGP vient d’être créé. Ce pool devrait regrouper d’anciens champions issus de différents pays qui ont marqué l’histoire de la discipline par leur talent et leur aura. Ces champions sont tous de fervents défenseurs de l’Enduro traditionnel qui leur a tant apporté dans leur carrière.

Stéphane Peterhansel est le premier à avoir accepté d’être Ambassadeur de l’EnduroGP ! Et qui mieux en effet que la star des rallyes tout terrain pour ouvrir le bal ! Recordman absolu des victoires sur le Dakar (6 à moto – 7 en auto), Stephane Peterhansel fut longtemps le maître de l’Enduro Mondial comme l’atteste ses six victoires scratch individuel aux ISDE ou ses deux titres de champion du Monde (1997 et 2001) pour une carrière moto où il fut fidèle de bout en bout à Yamaha.

 

L’enduro en 2019, c’est quoi pour vous ?

Stéphane Peterhansel : « J’ai une Yamaha 250WRF 4 temps nouvelle génération avec laquelle je roule un peu… mais pas assez malheureusement car mes vieilles blessures me gênent toujours un peu. Mais, j’ai vraiment la nostalgie de ce sport et je suis en train de retaper ma 250WR de 1997 avec laquelle j’avais été Champion du Monde devant Gio SALA ! »

« L’Enduro est ma discipline de cœur ! »

Comment expliquez cette passion pour l’Enduro qui vous habite depuis toujours, alors que nombre d’autres célébrités auto/moto ont tourné depuis longtemps le dos à leur discipline de prédilection ?

S.P : « A l’époque, j’ai vraiment touché à tout : Enduro, Cross, Rallyes, Supercross, Sable, Supermotard, Endurances… Mais c’est toujours l’Enduro qui revenait ! C’est ma discipline de cœur. C’est une discipline saine, en contact avec la nature, et qui se déroule dans une bonne ambiance. C’est aussi la base du pilotage car cela met en exergue les vraies valeurs des pilotes sur tous les types de terrain. Oui, l’Enduro est un sport noble ! »

Votre meilleur souvenir sur le championnat du monde ?

S.P : « Incontestablement en 1997 lors du GP de France au Puy en Velay. Il y avait une ambiance de folie dans une spéciale en ligne avec une montée entre les arbres où l’on roulait au milieu de la foule. Il y a toujours eu une vraie culture Enduro en France et ce Grand Prix avait été incroyable. J’ai toujours adoré l’ambiance du Championnat du Monde car parfois en Championnat National on tournait en rond avec toujours les mêmes adversaires. En Mondial, la rencontre de rivaux de tous horizons est très positive et l’ambiance y est très saine et je n’ai jamais eu un conflit avec qui que ce soit… »

A contrario, votre plus mauvais souvenir…

S.P : « Je n’ai pas de mauvais souvenirs en Mondial… Mais je me rappelle avoir beaucoup souffert en 2001 lors de la tournée finale Suède/Finlande. J’étais sérieusement blessé au genou et j’en avais vraiment bavé pour amener la Yamaha 250 du Team Ufo au titre Mondial. »


Après le coup de force du groupe KTM/Husqvarna fin 2017, quels conseils donneriez-vous à l’EnduroGP ?

S.P : « Vous pouvez faire le constat par vous-même : tout d’abord l’arrivée des crossmen…. puis aller dans la direction du show qui avait été prise en ajoutant de l’artificiel et de la difficulté à la discipline a probablement fait peur à pas mal de pratiquants. Je pense qu’il faut revenir aux bases de l’Enduro et faire du populaire afin que les amateurs d’un bon niveau aient envie à nouveau de se confronter aux pros. L’Enduro Mondial doit retrouver le bon équilibre entre « difficultés sportive et accès facile » afin de permettre à des pilotes de tous horizons de se retrouver sur la même ligne de départ. Car l’Enduro c’est aussi beaucoup de convivialité comme marcher les spéciales en compagnie des champions ou échanger librement dans le paddock. Et il faut surtout éviter l’évolution qu’a connu le Trial qui est devenu trop élitiste avec des zones extrêmement difficiles et qui est maintenant en chute libre… »

Pensez-vous qu’un pilote avec une structure réduite, comme vous le faisiez à l’époque, puisse encore être champion du Monde de nos jours ?

S.P : « Il y a longtemps que je n’ai pas assisté à un Grand Prix et je me trompe peut-être… mais les grosses structures sont surtout bonnes pour l’image de marque plus que pour l’efficacité en course. Bien sûr avoir des coachs sportifs et techniques, c’est important. Mais si vous avez une petite structure avec de bonnes pièces détachées, un bon suiveur et un bon assistant, vous pouvez y arriver même si cela fera moins « pro » ! Et puis quelqu’un de bien fait dans sa tête n’a pas besoin d’un coach… Et en Enduro si tu te sors « les doigts du c… » tu peux t’imposer en tant que pilote privé et ce sans jouer la diva ! »

Votre conclusion personnelle ?

S.P : « J’ai toujours gardé un œil et suivi sur ce qu’il se faisait ces dernières années et j’avais mal à mon « Enduro » en voyant les paddocks se déserter… Cela semble bien repartir cette année, avec aussi la création de nouvelles catégories qui devraient permettre aux bons amateurs de revenir… mais l’Enduro doit revenir avant tout aux bases qui ont fait son succès. Et j’espère bien venir sur un GP cette année et si possible y rouler si possible. Dès que je connaitrais un peu mieux le calendrier sportif de Mini, je vais m’organiser en conséquence. Aller au GP d’Italie ou au GP de France serait vraiment super ! »

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