Vous connaissez cette expression « l’essayer c’est l’adopter », ou encore le proverbe « il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis », et bien en bouclant cet essai ce sont les deux choses qui sont me venues à l’esprit tant je ne suis pas un fan des engins à motorisations électrique, et pourtant mon avis a changé, certains a priori et préjugés ont été balayés d’un revers de la main.
Par Frédéric David
Pour être totalement transparent avec vous, je dois vous avouer que (suite à de mauvaises expériences successives avec des voitures électriques) je n’étais pas spécialement motivé par cet essai… Pas que l’envie d’essayer quelque chose de nouveau n’était pas là, mais je me demandais simplement ce j’allais pouvoir écrire sur cette moto, moi qui n’aime pas du tout « l’électrique » et ses sensations. Pas que je sois un anti-électrique ou réfractaire à l’évolution, non, juste que de par ma vision de l’enduro, et le plaisir que me procure ma thermique, je ne voyais tout simplement pas ce que j’allais pouvoir trouver d’amusant sur cet engin. Une chose est sûre, qu’on soit pour ou contre, personne ne reste indifférent à l’arrivée de l’électrique dans la discipline.
Après avoir visionné beaucoup de vidéos sur Youtube sur cette Stark Varg, que soit sur la version MX, EX ou encore celles équipées en Supermoto, ce sont surtout les commentaires qui m’ont décidé à faire cet essai, et en particulier un commentaire que j’ai lu à plusieurs reprises : « je ne suis pas fan de l’électrique, mais depuis que je l’ai essayé j’ai changé d’avis », c’est littéralement ce qui m’a poussé à contacter GreenBikes pour demander une Varg EX à l’essai.
Est-ce qu’après cet essai j’ai aussi changé d’avis ? Est-ce que j’envisage de revendre ma thermique pour passer à la Stark Varg EX ? Est-ce que l’électrique pourrait marquer un tournant pour l’off-road ? Je vous donne mes réponses et mon avis sur le sujet.
UN PARI SUEDOIS DEVENU REALITE
Derrière la Varg EX, se cache Stark Future, une jeune société suédoise fondée en 2019 par des passionnés d’off-road. Leur objectif était clair : créer une moto électrique capable non seulement de rivaliser avec les meilleures thermiques, mais de les surpasser. Pour y parvenir, ils ont installé leur siège, leur centre R&D et leur usine près de Barcelone, au cœur d’une région où l’enduro est une culture.
La première Stark, la Varg MX, a déjà eu un certain effet dans le monde du motocross. Trois ans plus tard, Stark commercialise la variante EX, une version homologuée, et adaptée à l’enduro.
LA STARK VARG EX GREENBIKES
La moto mise à disposition par Greenbikes installé à Braine-le-Château, était équipée de reposes pieds titane (option à 200 EUR), du frein arrière au guidon (au lieu de la traditionnelle pédale au pied), et de bib mousses. La moto avait 92 km au compteur, les suspensions étaient donc un peu rodées. Greenbikes est concessionaire officiel des marques TM Racing, Fantic, Zero Motorcycles, Brixton et Polaris.
JOUR 1 : ON TENTE UNE BALADE DE 100 KM
J’ai voulu cet essai le plus complet et équitable possible, c’est pourquoi j’ai choisi de faire cet essai en deux jours, le premier jour a été consacré à une balade afin de tester l’autonomie et le comportement en chemins. Pour cette partie j’ai pris comme point de repère une boucle de 103 kilomètres que je connais par cœur, des chemins que je parcours depuis plusieurs années, ce qui m’a permis d’avoir un ressenti et un jugement le plus juste possible. A noter que les chemins étaient plutôt de type roulant, sans être non plus des autoroutes pour trail. Quelques chemins techniques avec pierres, et un passage boisé dans un domaine privé avec accord du propriétaire, le panel était donc assez représentatif et varié.
« Je trouve très vite d’autres sensations, de nouvelles sensations que je n’ai jamais eues avec une moto thermique. »
Ayant pu récupérer la moto assez tôt, elle est restée dans mon garage plusieurs jours, mais je n’y ai pas touché volontairement, je tenais à démarrer l’essai et tout découvrir au moment de la mise en route de la moto pour la balade. Je me suis juste assuré d’avoir une batterie à 100% avant de partir, notez que comme pour les voitures même sans rouler vous perdez de l’autonomie, entre le jour où j’ai récupéré la moto (lundi), et la veille de la balade (jeudi), j’ai perdu 5%, j’ai donc dû recharger la moto sans avoir roulé avec.
Je m’assieds sur la moto, première chose marquante, on s’y sent « comme à la maison », je n’ai eu besoin d’aucun temps d’adaptation au niveau de la position sur la moto. Malgré la finesse dont elle fait preuve, on est bien assis, bien positionné comme sur une « vraie » moto si j’ose dire. Certains pilotes disent qu’elle est trop fine entre les jambes, ça n’a absolument pas été mon cas. Je n’y ai même pas pensé durant toute ma balade, ce n’est que le lendemain, lorsque Hugo Vukcevic (voir notre seconde partie de l’essai) m’en a parlé, ça m’est revenu à l’esprit « tiens c’est juste, non ça ne m’a absolument pas dérangé ».
RAS non plus concernant la position du guidon, des commodos, tout tombe parfaitement sous les mains. J’appuie sur ON, je choisis la map 1, j’accélère tout doucement car Adrien m’avait prévenu « tu t’en doutes n’accélère pas d’un coup c’est violent à pleine puissance » … j’avais donc été sage en paramétrant cinq maps, la première map à 30ch, la seconde à 40ch (équivalent à un 250/300 4-tps), la troisième à 50ch, la quatrième à 58 ch (équivalent à une 450 4-tps) et la dernière en full càd 60ch, cette version étant une 60ch et non 80ch (Alpha). Dans un premier temps j’avais positionné le curseur du frein moteur/régénération à 20%, mais je l’ai tout de suite passé à 30%, 20 étant trop peu quand vous êtes un habitué du 4-tps. Je me mets en route avec la courbe à 30ch, mais ça ne me convient pas, après 2 kilomètres je passe directement à ma map 2, càd 40ch. J’emprunte les premiers chemins, seconde chose marquante, l’accélération est plutôt progressive, linéaire et gérable (si vous restez raisonnable bien entendu), je m’attendais à quelque chose de plus « on/off », mais pas du tout, un préjugé à mettre de côté.
Autre point marquant, alors que je fais partie de ces personnes qui trouvent que le bruit fait partie du plaisir et des sensations, le silence ne me déstabilise pas, ne dérange pas non plus, au contraire ! Un a priori à mettre de côté. Je trouve très vite d’autres sensations, de nouvelles sensations que je n’ai jamais eues avec une moto thermique. La principale, c’est la liberté d’esprit. Avec le frein au guidon, l’absence de vitesses à gérer, en mode balade vous n’avez plus que trois choses à penser : votre position sur la moto, votre trajectoire et … profiter des paysages et de la moto !
Côté puissance, accélération, couple, la première grosse accélération franche a un effet saisissant, avec un couple immédiat, sans latence, la moto vous catapulte littéralement, encore une fois rien d’indomptable, tout est gérable à souhait si on reste raisonnable et qu’on ne roule pas au-dessus de ses pompes. J’enchaîne les chemins et les kilomètres avec le sifflement de la batterie qui, en pleine charge, pourrait être mieux maitrisé, on entend principalement le frottement de la chaîne et les tétines du pneu qui tractent. La Varg EX encaisse aussi bien les pierres que les racines, sans donner l’impression de fragilité, la moto espagnole met à l’aise et est vraiment accessible. L’absence d’embrayage, de vitesse, de frein au pied libère l’esprit, la réponse à la poignée est instantanée, la progressivité bluffante, la moto est stable et surtout incroyablement vive en relance … avec ce parcours que je connais par cœur, c’est bien simple, je constate que je passe plus vite et plus « propre » à certains endroits. Alors que je m’attendais à un essai insipide, lisse, une puissance on/off, oui j’ai la banane sous le casque et j’en viens à me dire « wahou quelle belle surprise cette Varg EX … j’aime bien ! ».
Les kilomètres s’enchaînent sans voir passer le temps, preuve qu’elle me plait, mais … après l’euphorie, vient la déception. Comme expliqué plus haut, j’ai pris comme point de repère une boucle de 103 kilomètres, que je viens de parcourir il y trois semaines avec ma moto actuelle, une Sherco SEF 250 Factory 2026. J’insiste sur le mot point de repère et non comparaison, dès le départ je ne voulais pas faire un essai comparatif entre une moto thermique et électrique, cela n’a, aujourd’hui, aucun sens, et cet essai me le confirme. Le réservoir de la Sherco fait 9,8L, pour cette boucle de 103kms j’ai utilisé 5L, soit un bon demi-plein. Sur cette base, et des essais vu sur la Varg EX, dont un pilote en Espagne qui avait fait plus de 100 kms, j’ai estimé que la distance de 100 kms avec une batterie chargée à 100% était possible, sans doute très juste avec du roulant, mais possible en faisant un minimum attention à ne pas dépenser de l’énergie là où ce n’est pas nécessaire (roulage à 35/40 km/h dans les traversées de village limitée à 50kmh), ne pas rouler à fond dans les chemins tout droit sans intérêts etc … .Arrivé à 15% de batterie, je me vois obligé de couper la boucle de 103km afin de rentrer au point de départ en … serrant les fesses de pouvoir arriver à faire les 13 kms nécessaire au retour.
Au final j’ai parcouru 81 km mais j’ai parcouru 13 km à faible vitesse pour rentrer, je suis arrivé avec 5% de batterie. Comptez donc 65 km en mode balade plutôt ¾ roulant et ¼ technique, avec une réserve de 10% à l’arrivée. On en vient donc aux choses que je n’ai pas aimé sur cette moto, et il n’y en a pas beaucoup ! Première chose, et c’est lié à tous les véhicules électriques d’aujourd’hui, l’autonomie. A mon sens, c’est encore trop juste aujourd’hui, et ne comptez pas sur un câble à emporter dans votre sac à dos pour recharger en sirotant un soda à une terrasse, ça n’existe pas. Autre point qui m’a un peu gêné par moment, l’avant un peu « lourd ».
Dans certaines situations, on sent un peu trop le poids de la batterie et son positionnement sur l’avant de la moto. Ceci dit, il faut tempérer ce ressenti (qui m’a été confirmé par Hugo), si lors de certains passages je l’ai senti de manière négative, dans d’autres situations (longue descente en pierres), cette répartition des masses a fait que j’ai senti la moto plus stable que ma thermique, ceux qui roulent en VTT électrique avec une grosse batterie au niveau de l’avant du cadre comprendront ce que je veux dire au niveau du comportement … En dehors de ces cas précis, on ne sent pas spécialement le poids de la batterie. La moto est facile, stable, elle ne vous embarque pas, et malgré sa puissance, elle ne vous allonge pas les bras non plus. Je pense malgré tout que, par exemple dans les chemins de chèvres en balade en Italie avec les sorties que Cédric Melotte organise, elle doit demander plus d’engagement qu’une thermique, mais un engagement supplémentaire dans du temps technique compensé par la facilité de l’emmener sans à avoir à réfléchir si on est dans le bon rapport. Si Greenbikes est partant, je serais très intéressé de réaliser ce test avec Cédric directement en Italie !
J’arrive donc à la conclusion de ma partie et aux réponses aux questions de l’introduction de cet essai. Est-ce que l’essayer c’est l’adopter ? Est-ce que j’échangerais ma thermique contre une Varg EX ? Aujourd’hui ma réponse est clairement non. Par contre est-ce qu’il est possible que dans le futur j’en achète une ? C’est possible … si le poids de la batterie diminue et surtout si l’autonomie augmente, ou que Stark commercialise au moins un câble de recharge à mettre dans son sac à dos.
Après cet essai, même si je ne suis pas prêt de troquer ma thermique contre une Varg EX, j’ai quand même changé d’avis et mon regard sur le sujet. Je ne peux que confirmer ce que j’ai pu lire, même si vous êtes réfractaires à l’électrique vous devez prendre le temps de l’essayer. Ce qui était un non catégorique ne l’est plus, j’ai très franchement et très honnêtement passé une très bonne balade, j’ai été efficace, rapide tout en ayant aussi du plaisir à piloter cette moto électrique, oui cette moto peut vous donner la banane … jusqu’à ce que votre batterie vous rappelle que vous n’avez plus d’autonomie. Au final j’aurai parcouru 65 kms pour 1h30 de roulage, beaucoup trop peu pour moi pour l’enduro tel que je le conçois. Notez que je n’ai pas testé les autres puissances, je n’en n’ai pas senti le besoin, ni trouvé l’intérêt, la version 60ch est amplement suffisante, je ne vois aucun intérêt à payer 1.000 EUR de plus pour avoir 80ch.
JOUR 2 : ON CONFIE LA VARG EX A HUGO VUKCEVIC
Pour cette seconde journée, je prends la direction du terrain de jeux de la famille Vukcevic, pour rejoindre Hugo Vukcevic. Au risque de me répéter, je voulais un essai du plus complet, après l’essai par le cinquantenaire qui aime les balades sportives et les beaux paysages, il me fallait l’avis d’un pilote pro. Qui de mieux qu’un petit jeune de 18 ans, cette génération hyper connectée, et qui plus est, engagé en ENDUROGP et SUPERENDURO… Hugo était le profil idéal pour nous donner son avis sur cette moto en mode chronos.
Je décharge la moto avec Hugo et d’emblée il me dit qu’il va devoir s’habituer au frein arrière au guidon, il me questionne aussi sur le comportement de la moto en balade et sur la finesse de l’ensemble. Je lui donne mon ressenti sur l’avant un peu lourd par moment, et lui explique les maps que j’ai configuré. Il part avec la map que j’ai utilisé la veille, càd la map 2 à 40ch et 30% de frein moteur. Je le suis du regard, je le vois partir directement dans la partie extrême de sa spéciale et enchaînée les troncs ! Quand je vous dis qu’on est vite à l’aise sur cette VARG EX !
Après plusieurs tours à son guidon, il me donne son ressenti : « la moto est bien née, elle a un bon chassis, de bonnes suspensions KYB, le freinage est bon, elle est très agréable. Comme tu l’as dit, j’ai aussi remarqué que dans certains cas bien précis, on la sent un peu lourde de l’avant … mais elle est linéaire, pas du tout on/off, il y a de la motricité c’est fou, elle traque bien. Malgré la puissance on aurait pu penser que c’était difficilement gérable, mais ce n’est pas le cas, c’est bluffant car il n’y a pas de traction contrôle dans les commodos. J’ai eu un peu plus dur dans le technique, mais c’est normal ce n’est pas ma moto, je devrais la régler, puis je n’ai pas l’habitude et les suspensions sont d’origines. Concernant le frein arrière au guidon, on s’y habitue vite, une fois qu’on a le coup de mains, c’est bien plus efficace, on peut rester debout tout le temps. Je m’inquiétais de la finesse de la moto pour la tenir entre les jambes, mais je n’ai aucune remarque négative à faire sur ce point, ça ne gêne en rien le pilotage. Globalement il y a beaucoup de positif sur cette moto pour peu de négatif, je me suis bien amusé avec ! »
« Maintenant est-ce que je me verrais rouler avec toute l’année ? », poursuit Vukcevic, « Non je préfère une moto thermique et ma Sherco. Par exemple dans les enchainements des passages extrêmes, j’ai pu constater que l’absence d’une boite de vitesses, et d’un embrayage, c’est clairement handicapant. Déjà très physique au départ, avec la Stark ça le devient encore plus, car il faut compenser l’absence d’embrayage/vitesses, par le corps, pour les impulsions avant les obstacles, il faut travailler d’avantage et énormément avec le corps, les cuisses, les jambes, c’est crevant … Par contre comme seconde moto, pour le fun et aller s’amuser ou s’entraîner dans un bois ou un terrain sans déranger personne, oui, pourquoi pas? Elle a pas mal de qualités, mais un gros point négatif, c’est l’autonomie. Concernant la puissance, j’ai roulé tout le temps en 40ch, c’est amplement suffisant, j’ai essayé la map 50ch mais c’est déjà beaucoup trop, alors pas la peine d’essayer 60ch, je n’en vois pas l’utilité dans le cadre ma pratique de l’enduro. Quant à la version 80ch je me demande bien qui peut acheter ça, ça ne sert strictement à rien.»
Au niveau de l’autonomie sur cette spéciale, Hugo aura utilisé la Varge EX durant 1h05min pour 45% de batterie et il a parcouru 12,5 kms.
Durant notre essai avec Hugo, Mikaël Vukcevic organisait simultanément un stage enduro dans la carrière, un pilote était présent à ce stage avec une Stark Varg EX, je suis allé à sa rencontre afin de recueillir son avis.
Christophe, 40 ans : « j’ai un niveau débutant en enduro, ma précédente moto était une Husqvarna 300 2-tps. J’ai eu un accident donc j’ai dû arrêter pendant quelques mois, puis je me suis décidé à reprendre l’enduro. J’ai regardé chez KTM, HVA, mais ça ne m’intéressait pas plus que ça, j’avais envie d’autre chose, d’un renouveau, d’une évolution d’un point de vue technologie, faut reconnaître que côté évolution, le thermique est à maturité aujourd’hui et ça n’évolue plus trop. J’avais aussi envie de pouvoir rouler le plus silencieusement possible, bon même si quand je pars avec les copains, on n’en profite pas autant, mais du coup la Stark était comme une évidence. Au niveau de la puissance, j’ai pris la version 60ch, je ne vois pas l’intérêt de prendre la version Alpha de 80ch. Ici au stage avec Mika je suis en 35ch, et quand il fait plus gras je descends à 30ch. »
« Depuis ce matin j’ai roulé 1h15 et je suis à 72%, il reste la seconde partie du stage l’après-midi, j’aurai donc largement assez pour la journée. En mode balade, lors de notre dernière sortie avec les copains, en mode cool cool, 35ch, je suis quand même parti 3 à 4 heures, je suis rentré avec 18% de batterie, on a fait plus ou moins 70 kms, pas plus. Pour le moment l’autonomie me convient, mais je ne l’ai pas depuis longtemps, on verra à l’usage, mais dès qu’on commence à prendre de la vitesse, à tirer dans les chevaux, la batterie en prend un coup ça se remarque très vite, mais je suis très satisfait de mon achat, en aucun cas je ne reviendrai à une moto thermique pour le moment ».
JOUR 7 : JE REMONTE SUR MA MOTO THERMIQUE
Si l’article était bouclé trois jours après l’essai en spéciale, j’ai volontairement décidé ne pas rentrer mon compte rendu avant d’avoir repris le guidon de ma moto d’enduro thermique. En effet, dans les nombreux commentaires que j’ai pu lire, plusieurs disaient que une fois essayé, il était difficile de remonter sur une moto thermique, voire impossible ! Encore une fois, voulant cet essai du plus complet possible, il me fallait vérifier cette idée, d’autant plus que, ayant été agréablement surpris, mon avis sur la question a changé. J’étais donc aussi personnellement curieux de voir comment j’allais réagir en remontant sur ma moto.
« Définitivement, cette Varg EX ne m’a pas laissé indifférent ! »
C’est donc une semaine après mon essai que je repars pour une boucle de 100 kms. Première habitude à rechanger, je sors la moto, je freine avec … l’embrayage ! Oui on s’y fait vite, très vite même à ce frein au guidon. Pression sur le démarreur, ha oui ça fait quand même du bruit un moteur thermique … finalement le silence, ça change aussi certaines choses, perceptions. Je me mets en route pour ma balade et directement j’en reviens à ce qui m’a marqué lors du premier roulage avec la Varg EX, à savoir que je trouve l’avant un peu lourd. Sur ma Sherco, je retrouve ce qui est une des qualités de cette moto, à savoir son comportement « vélo », grâce à son châssis entre-autre, vous placez l’avant où vous le voulez sans jamais devoir l’engager. Le passage de l’une à l’autre m’a d’emblée fait remarquer encore une fois ce point, attention ce n’est pas un point rédhibitoire sur la Varg EX, on s’y fait.
Durant les premiers kilomètres je dois reprendre mes marques, je trouve le passage du thermique à l’électrique plus évident que l’inverse. Et c’est logique, ceci s’explique en grande partie par la tranquilité d’esprit qu’offre la Varg EX. Sur ma thermique je dois reprendre l’embrayage, engager le bon rapport, utiliser mon frein au pied, par moment je me retrouve assis alors que je restais debout sur la Varg EX … c’est fou comme on apprécie de ne plus devoir à penser à engager la bonne vitesse, de pouvoir gérer les freins aux mains, de pouvoir rouler quasi tout le temps debout … définitivement, cette Varg EX ne m’a pas laissé indifférent !
Je reprends très vite mes marques au guidon de ma Sherco, et je retrouve tout ce qui fait le charme du moteur thermique, le petit coup d’embrayage, le petit coup de gaz, pouvoir descendre très bas dans les tours dans les passages techniques, pouvoir débrayer, descendre une ou deux vitesses pour mettre la moto en travers … et j’en reviens à nos questions du début, est-ce qu’il m’a été difficile de remonter sur ma moto thermique ?
Est-ce que mon avis reste le même ou a-t-il évolué après ce retour sur ma moto thermique ? Ma réponse reste la même, non. Après cette nouvelle sortie de 100 kms au guidon de ma Sherco, j’ai retrouvé mes marques et le plaisir à rouler avec cette moto. Mais j’en reviens aussi à ce que j’ai dit dès le départ, au jour d’aujourd’hui comparer une thermique à une électrique n’a pas de sens, tant l’utilisation, la conduite et ce que l’une peu offrir par rapport à l’autre sont différents. Ma Sherco m’offre des sensations et un plaisir qu’aucune moto électrique ne pourra m’offrir, de même que la Varg EX m’a donné des sensations et un plaisir qu’aucune moto thermique ne pourra m’offrir. A l’heure de boucler définitivement mon compte rendu, je garde ma moto thermique, mais si un jour j’ai 13.000 EUR de trop, oui je verrais bien une Varg EX à côté de ma Sherco dans mon garage, avec ces deux motos, vous avez la garantie d’avoir tous les plaisirs réunis !
ENTRETIEN REDUIT, MAIS QUID DE L’ELECTRONIQUE ?
Un avantage incontestable à rouler avec une moto électrique, c’est l’entretien. Pas de filtres à nettoyer/changer, pas de vidange, pas de piston à changer … En dehors de la transmission et des suspensions, la Varg EX demande beaucoup moins de soin qu’une moto d’enduro thermique.
Un argument qui, ajouté au coût d’utilisation dérisoire (recharge électrique vs essence/filtres/huiles), pourrait convaincre certains pratiquants.
Face à ces arguments reste la crainte des pannes électriques/électroniques et de la durée de vie d’une batterie (voir le prix d’une batterie ci-dessous). De notre côté si nous n’avons connu aucun souci le premier jour de l’essai, cela n’a pas été le cas le second jour. Nous avons subi deux coupures totales sans raison. La moto s’est coupée net à deux reprises, plus aucune puissance disponible. Il nous a fallu éteindre et rallumer la moto pour que la puissance soit à nouveau disponible.
Malheureusement, après recherche sur le net, j’ai pu constater que ce type de panne ne semble pas être un cas isolé, on retrouve des cas similaires sur des forums de discussions sur la marque ou sur des vidéos Youtube. Rien de grave en soit tant qu’elle redémarre et que ça n’arrive pas sur un saut mais il ne faut pas oublier que cette technologie n’est pas sans faille et très certainement plus complexe à gérer en cas de panne ou bug de l’un ou l’autre élément électronique/électrique. Et quid de la durée de vie de la batterie, et de la perte d’autonomie dans le temps ?
REGARD VERS L’AVENIR
Qu’on aime ou qu’on n’aime pas, une chose est sûre, la Varg EX envoie un signal à l’industrie du secteur. Si on met son plus gros défaut de côté, l’autonomie, elle prouve que l’électrique peut rivaliser avec une thermique et qu’elle peut répondre à certains besoins.
Certes, tout n’est pas parfait. L’autonomie reste dépendante de beaucoup de choses, comme le type de pilotage, de terrain, et l’absence de bruit pourra dérouter certains puristes. Mais pour d’autres, le silence est un avantage, permettant de rouler là où les thermiques sont de plus en plus contestées.
Avec la Varg EX, Stark Future réussit son pari : offrir une moto électrique à la fois performante, ludique et utilisable au quotidien. Elle ne remplacera pas immédiatement les enduros thermiques, mais elle ouvre une brèche. Silencieuse, puissante, connectée, et surtout homologuée, la Varg EX pourrait bien être la première enduro électrique à trouver sa place dans les garages et dans le cœur de certains pilotes.
UN PRIX PREMIUM JUSTIFIE ?
À plus de 12 900 € (hors options), la Stark Varg EX se place clairement en haut de gamme. Mais face à une KTM ou même une Beta préparée, l’écart n’est pas si énorme. Ce que l’on paie, c’est une technologie, des performances dignes d’une thermique de compétition, une polyvalence, mais surtout un silence d’utilisation.
LES +
- efficacité et plaisir d’utilisation indéniable
- puissance paramétrable à souhait
- couple et puissance exploitable (si on reste raisonnable)
- châssis sain et équilibré
- suspensions et freinage de qualité
- frein arrière au guidon permettant de se libérer l’esprit pour se concentrer à 101% sur le pilotage/trajectoire
- pas de boite de vitesses à gérer
- coût d’utilisation/entretien réduit
- silence de fonctionnement, sauf à pleine charge, à la longue le sifflement peut fatiguer (sifflement beaucoup moins perceptible pour les autres usagers)
- assemblage et finition de qualité
- moto commandable directement avec des options à la carte (options à choisir lors de la commande comme vos pneus, bib mousses, poids du pilote à donner pour le réglage des suspensions …)
- prix des pièces de rechanges abordables (sauf batterie)
- permis 125 (permis voiture suffit)
- pas de contrôle technique
LES –
- autonomie encore trop faible pour l’enduro
- technologie anxiogène (bugs parfois non explicables)
- poids encore un peu élevé
- absence d’embrayage et de boite de vitesses qui peut être un inconvénient dans certaines situations
- tarif haut de gamme
- quid du recyclage et de la durée de vie des batteries ?
- technologie soumise à l’évolution rapide, quid de la valeur résiduelle ?
TEMPS DE CHARGE
Le constructeur annonce entre 1h30 et 2h00 pour une recharge complète. De mon côté, j’ai mis exactement 1h pour passer de 5% à 55% et 2h10 pour passer de 5% à 100%.
LES TARIFS :
- VARG EX 60ch : 12.990 EUR
- VARG EX 80ch : 13.990 EUR
Quelques exemples de prix de pièces détachées :
- Kit plastique complet : 129 EUR (garde boue av, plaque phare, kit plastique côté avec plaques latérales et garde boue arr)
- Selle : 124,90 EUR
- Protège mains : 15,5 EUR (la paire)
- Arrière cadre : 198,90 EUR
- Compteur/Tel Stark : 299 EUR
- Batterie : 3.990 EUR
Merci à Greenbikes.be et plus particulièrement à Adrien Vandommele pour la préparation et le prêt de cette Stark Varg EX. Interrogé sur les ventes, Adrien nous a annoncé vendre une Stark Varg par semaine …


















