La Commission européenne a validé la prise de contrôle de Pierer Mobility AG par Bajaj Auto, géant industriel indien. KTM, Husqvarna et GASGAS passent donc sous pavillon indien, et une nouvelle ère s’ouvre pour le plus grand constructeur de motos d’Europe.
Jusqu’ici, la seule barrière institutionnelle restait l’approbation de Bruxelles. Le 10 novembre 2025, la décision est tombée : aucun risque stratégique, aucune raison d’ouvrir une enquête détaillée. L’autorisation, délivrée en procédure accélérée, est effective depuis le 11 novembre.
Cette opération découle d’un accord signé le 22 mai 2025, par lequel Bajaj Auto International Holdings BV obtenait l’option de racheter les 100 % de parts détenues par Pierer Industrie AG dans Pierer Bajaj AG. Grâce au feu vert européen, Bajaj peut désormais acquérir 50,1 % de Pierer Bajaj AG, devenant l’unique propriétaire de cette structure qui contrôle 74,9 % de Pierer Mobility AG.
D’un partenariat technique à une prise de pouvoir totale
Depuis 2007, Bajaj n’a cessé de renforcer sa présence. Ce qui n’était, à l’origine, qu’un partenariat industriel s’est transformé en une fusion d’intérêts, jusqu’à cette prise de contrôle complète.
Cette acquisition marque aussi la fin d’une période d’expansion tous azimuts : retrait du partenariat avec MV Agusta, abandon du projet X-Bow, gel des ambitions automobiles… Le groupe se recentre sur son cœur de métier : la moto. Avec une dette de 1,8 milliard d’euros, Pierer Mobility avait besoin d’air. Bajaj a injecté 800 millions, rétablissant l’équilibre financier et stabilisant l’ensemble du groupe.
Majoritaire à 75 %, Bajaj imprime désormais sa stratégie : efficacité industrielle, réduction des coûts, flexibilité internationale et vision financière rigoureuse.
Le nouveau PDG, Gottfried Neumeister, annonce la couleur : « Si je trouve une pièce moins chère en Chine, je l’achèterai là-bas. » Le message est clair : la production principale restera en Europe, mais l’approvisionnement deviendra global.
Mattighofen demeurera le cœur historique de KTM, mais la production autrichienne sera réduite de moitié. Les modèles emblématiques resteront « Made in Austria », tandis qu’une partie de la gamme s’appuiera sur la capacité industrielle asiatique. On se dirige vers une stratégie hybride : ADN autrichien, puissance financière indienne, et chaîne logistique mondialement optimisée.
Dans cette restructuration d’ampleur, un nouveau mantra s’impose. Neumeister l’a résumé sans détour : « L’important, c’est de renouer avec nos racines. »
Moins de projets périphériques, plus de clarté, plus de modèles, et une compétitivité internationale renforcée. KTM aborde ainsi sa plus grande mutation depuis deux décennies.












