Après 30 ans de carrière, l’ex-champion du monde MX1 David Philippaerts (40 ans) met un terme à sa carrière. L’Italien d’origine belge s’est récemment concentré sur le championnat italien MX Prestige. Malgré son statut de vétéran, Philippaerts est resté très longtemps compétitif. En 2020 et 2021, il était encore vice-champion d’Italie.
Le mois dernier, le pilote de Scoccia Kawasaki a fait ses adieux à la compétition lors de la finale du MX Prestige à Arco di Trento. Le rideau est ainsi tombé sur une carrière exceptionnelle.
En tant que pilote d’usine pour KTM et Yamaha, il a remporté 12 victoires en GP, 29 victoires de manche et 39 podiums. Techniquement, Philippaerts n’était certainement pas le plus doué des pilotes de cross. En revanche, en termes de physique et de volonté, il n’avait pas son pareil. C’est ce qui lui a valu le surnom très approprié de « Guerriero ».
Qu’est-ce que cela vous a fait de monter une nouvelle fois sur le podium après la course d’Arco di Trento ?
David Philippaerts : « Je suis plein d’émotions ! Cela m’a fait plus de bien que je ne l’aurais cru. À ce moment-là, vous savez qu’un chapitre très important de votre vie s’achève. J’ai vu ma famille, mon équipe et mes amis se tenir là devant moi et beaucoup de choses m’ont traversé l’esprit. C’est à ce moment-là que j’ai versé une larme ! »
Jusqu’à vos dernières saisons, vous montiez régulièrement sur le podium face à des gars comme Alessandro Lupino, Alberto Forato, Alvin Ostlund ou Nicholas Lapucci. Plus facile à dire qu’à faire pour un pilote qui a disputé sa dernière saison complète en mondial en 2016…
Philippaerts : « C’est vrai ! L’attention qu’on vous porte est bien plus importante lorsque vous montez sur le podium d’un GP et pourtant, même sur le championnat italien, les performances sont loin d’être automatiques ! Vous devez continuer à vous entraîner, à travailler sur la moto et à être souvent sur la piste. Je suis soulagé que cette pression me soit enfin retirée. Avec Scoccia Kawasaki, j’ai fait partie d’une excellente équipe ces dernières années, mais il est logique qu’en tant que pilote, vous deviez organiser plus de choses vous-même que dans une équipe d’usine. Je suis heureux de pouvoir consacrer désormais plus de temps à ma famille. »
Que vous réserve l’avenir ?
Philippaerts : « Avant tout, je vais continuer à développer mon école de motocross DP19. J’entraîne également de jeunes talents qui veulent se construire une carrière internationale. Je continue également à travailler en tant qu’ambassadeur et pilote d’essai. J’ai donc de très bonnes relations avec Kawasaki et des marques comme Hurly, GET, les pneus Borilli, Shot Race Gear et ProGrip. Il est également remarquable de constater à quel point les gens vous abordent différemment lorsque vous ne roulez plus en compétition. Cela m’a surpris, mais je reçois maintenant des propositions pour certains projets qui étaient impossibles auparavant. Les gens savent maintenant que je suis plus disponible parce que je n’ai plus d’engagement en course. »
Comme pour Alessio Chiodi, la passion pour le sport doit être grande pour tenir aussi longtemps !
Philippaerts : « C’est vrai. A ce niveau, économiquement parlant, il n’est pas question de faire du sport pour en vivre. Une fois tous les frais déduits, il ne reste plus grand-chose. Je ne me plains pas car j’ai toujours roulé avec beaucoup d’enthousiasme, j’aime toujours ça. De plus, j’ai eu la chance d’être très bien soutenu, selon les standards des championnats italiens bien sûr. »
Qu’entendez-vous exactement par ce soutien au niveau national ?
Philippaerts : « Je constate qu’il est de plus en plus difficile pour des équipes professionnelles comme Scoccia de tout faire. Idéalement, une telle équipe formerait de jeunes talents locaux et chercherait à obtenir des résultats avec eux. Le revers de la médaille est que ces pilotes émergents ont également besoin d’un soutien important en matière d’entraînement. Là encore, cela nécessite un budget supplémentaire. C’est pourquoi Scoccia continuera à travailler avec Cédric Coubeyras la saison prochaine. Ce dernier dispose de tout ce dont il a besoin en France grâce au soutien de Kawasaki France. Cela facilite la tâche de l’équipe qui peut se concentrer sur les week-ends de course. »
Il y a-t-il autre chose que vous pouvez transmettre aux jeunes pilotes au terme d’une carrière comme la vôtre ?
Philippaerts : « Travaillez dur, continuez à croire en vous et soyez reconnaissant. C’est à peu près tout ce à quoi je pense ! Il n’est jamais facile d’atteindre un grand objectif, mais en donnant tout ce que j’ai, j’ai atteint bien plus que ce que j’avais osé rêver. Bien sûr, j’ai vécu de grands moments, mais j’ai aussi connu des échecs et des blessures. Malheureusement, cela fait partie du jeu, il faut apprendre à y faire face. Le fait de pouvoir mettre les choses en perspective aide beaucoup. Je suis donc très reconnaissant pour tout ce que j’ai accompli et pour toutes les personnes qui m’ont aidé. En premier lieu, ma propre famille, bien sûr. Grâce à mon sport, j’ai rencontré beaucoup de gens intéressants, je me suis fait des amis et j’ai vécu beaucoup de choses. J’ai vu des endroits dont je n’aurais pu que rêver ! Et peut-être le plus important : en tant qu’athlète d’élite, on ne peut rien accomplir seul, surtout dans un sport mécanique ! »
Profitez bien de votre retraite !
Philippaerts : « Certainement ! Cette année, j’ai participé pour la première fois au Vintage MX des Nations à Foxhill sur une Kawasaki KX500. C’était une très belle expérience, et peut-être que l’année prochaine, j’y participerai à nouveau contre d’autres vieux briscards… »
Texte: Tom Jacobs | Photos: MX Report, AGV, Ray Archer, Alex Piantanida, IG David Philippaerts