Xavier Boog et Jens Getteman, tous deux appartenant au 24MX Honda Racing team, ont abandonné leur préparation du championnat MXGP 2014 afin d’aller assister au couronnement mondial en MotocGP de leur collègue chez Honda, Marc Marquez. Pour les deux crossmen et Steven Lettani, leur team manager, c’était la première fois qu’ils assistaient à une épreuve de MotoGP. Ils n’ont sans doute pas été déçus tant cette dernière course de l’année qui avait lieu à Valence a été extraordinaire avec un Marquez coiffant la couronne à seulement vingt ans devant cent et quatre mille supporters déchaînés. Xavier et Jens ont eu l’occasion de rencontrer des pilotes comme Stefan Bradl (LCR Honda), Alvaro Bautista (Go&Fun Honda Gresini), Loris Capirossi, etc. Ils ont également eu la chance de vivre les courses de l’intérieur.
350 km/h sur deux roues!
Alors que les fans viennent de quitter le circuit Ricardo Tormo, le travail est loin d’être terminé pour les pilotes du MotoGP. En effet, dès le lendemain, commencent sur ce même circuit les essais en vue de la saison 2014. Ces tests font l’objet d’une énorme couverture médiatique au contraire de ce qui se passe en MXGP où les pilotes s’entraînent à l’abri des caméras et des appareils-photos. D’un autre côté, c’est vrai que les pilotes de MXGP ont plus souvent l’occasion de s’entraîner que les pilotes de vitesse pure.
Toutefois, si on s’en tient au coeur des deux disciplines, on s’aperçoit qu’elles ont de nombreux points en commun. »Ce que vous faites, vous, les crossmen, m’épate vraiment. J’ai le plus grand respect pour vous, » déclare Stefan Bradl. »Ce qui est le plus impressionnant chez vous, ce sont les grands sauts alors que chez nous, c’est la vitesse élevée qu’atteignent les motos. » Atteignant une vitesse de presque 350 km/h sur une Honda R213 qui dispose d’environ 250 chevaux pour un poids de 160 kg, l’ancien champion du monde de Moto2 sait de quoi il parle. »De nombreux pilotes de vitesse pure ont des antécédents en motocross et d’autres en font encore de temps en temps mais ce n’est pas mon cas car je trouve que les occasions de se blesser sont nombreuses! Dites-moi combien de fractures vous avez-eues jusqu’à présent? » interroge Stefan. On oublerait presque que l’Allemand s’est fracturé la cheville voici un mois! Christophe Bourguignon, le chef mécanicien de Bradl, qui est Belge et qu’on surnomme ‘Beefy’ dans les paddocks a lui même fait du motocross dans le passé et il a notamment fait la mécanique pour Eddy Seel, Axel Holvoet et Marnicq Bervoets avant de se diriger vers la vitesse pure en 1993 en tant que spécialiste en suspensions.
Beaucoup de pilotes de GP ont le motocross comme seconde passion. C’est ainsi qu’Alvaro Bautista, qui est originaire de Talavera de la Reina, et Mattia Pasini roulent en motocross pour parfaire leur entraînement de pilote de vitesse pure. »J’essaye d’éviter les grands sauts », explique Bautista, » mais le motocross est tellement amusant! Surtout lorsque je roule en compagnie de mes amis. Sur la terre, il faut sans cesse rechercher le grip et le côté physique du motocross est une manière très efficace pour se préparer pour le MotoGP. Le circuit de motocross de Talavera est super mais c’est un peu trop pour un pilote de mon niveau », admet Alvaro Bautista.
L’Italien Mattia Pasini, qui roule en Moto2, est connu pour rouler régulièrement sur le circuit de dirt track de Valentino Rossi mais il aime aussi le circuit de motocross que possède Valentino. « J’adore la CRF450 mais je me sens plus à l’aise sur ma CRF250. Si je ne participais pas au championnat de Moto2, je ferais du motocross tout le temps, jour et nuit! Le plus dur pour nous, pilotes de vitesse pure, ce sont certainement les sauts. Je pense que c’est plus facile de venir du motocross vers la vitesse pure que le contraire. Antonio Cairoli a déjà essayé une machine de MotoGP mais c’est clair qu’un pilote de motocross devrait d’abord essayer une 600cc! » Merci pour le conseil, Mattia.
Pilotage rapproché et high-tech
A l’intérieur de l’impressionant hospitality du team Gresini (team pour lequel roulera notre compatriote Xavier Simeon l’an prochain, NDLR), nous avons recontré l’Australien Bryan Staring, l’Indonésien Doni Tata Pradita ainsi que le légendaire Loris Capirossi, qui est maintenant à la retraite comme pilote mais qui travaille en tant que conseiller sécurité pour la Dorna. Bryan Staring a fait du motocross lorsqu’il était encore à l’école puis il s’est tourné vers la vitesse. Quoiqu’il en soit, le sympathique Australien continue à suivre le MXGP ainsi que le championnat AMA dans lequel roulent aussi certains de ses compatriotes. En ce qui concerne le triple champion du monde, Capirossi, il aime toutes les disciplines qui tournent autour de la moto: »Ravi de vous rencontrer, les gars! Le motocross est une discipline formidable et je sais combien elle est dure. Je sais aussi qu’également pour des pilotes de MXGP, c’est intéressant de pratiquer d’autres disciplines comme l’enduro, le trial et même le supermoto. Lorsque Sefan Everts vivait à Monaco, je faisais beaucoup de trial avec lui. C’était l’année où il a remporté les trois catégories à Ernée. Si c’était profitable pour lui, cela ne peut pas être mauvais pour vous, non? »
Avec Dani Pedrosa et Jorge Lorenzo qui se sont littéralement frottés l’un à l’autre plus d’une fois à Valence, nos pilotes du team 24MX Honda ont été gà¢tés en ce qui concerne le ‘pilotage rapproché’. Impressionnant! Ceci dit, chaque catégorie a ses particularités propres et son intérêt particulier. En-dessous de la catégorie MotoGP, on trouve la catégorie Moto2. Nous avons rencontré Johann Zarco, pilote français, qui roule dans cette catégorie et qui a terminé sur la troisième marche du podium, dimanche dernier. Johann n’est pas seulement un pilote qui va vite mais c’est un garçon intelligent qui s’exprime bien.
A l’intérieur du pitbox du Ioda Racing Team, Johann nous a expliqué la complexité et les exigences afin de mettre au point les motos qui concourent dans cette catégorie hautement compétitive: angles dans les virages, tours moteur, trajectoires, dégradation des pneus, freinage, accélération, moment optimal pour passer les vitesses, temps intermédiaires, température moteur, etc. On peut dire que tout est passé au peigne fin car la différence se fait sur un point de détail qui aurait été négligé. Johann Zarco nous a expliqué comment utiliser la télémétrie afin d’analyser les données et en vue de modifier les réglages et de modifier son type de pilotage pour aller plus vite. Xavier Boog d’intervenir: » Cela leur permet de travailler de façon la plus appropriée possible mais c’est là quelque chose qui diffère complètement du motocross où le circuit change en permanence et où les données pertinentes sont plus limitées. » Après toutes ces explications complexes, Zarco conclut cependant avec simplicité: »Tout ceci semble demander beaucoup de réflexion et une analyse approfondie de ce que nous faisons. En finale, c’est assez simple. Lorsqu’on est sur la piste, on a besoin d’une moto qui permet de rouler de façon aussi libérée et intuitive que possible. Sans gamberger. Tu dois pouvoir t’amuser sur la piste! »
Les stars de demain
Evidemment, cela s’applique à tous les pilotes de course mais c’est vrai qu’avec certains pilotes, la joie qu’ils ont à rouler est apparente lorsqu’ils sont en piste. L’Australien Jack Miller a démontré son incroyable talent cette saison sur la petite FTR Honda en Moto3. Pour 2014; l’Australien figure parmi les grands favoris en Moto3. Comme beaucoup d’Australiens, Jack a commencé à rouler en motocross. Il a également participé à des supercross. Avec un titre national 65cc en motocross, Jack avait démontré un gros potentiel mais il a préféré se diriger vers les courses de vitesse. « Ainsi tu viens de Belgique, Jens » déclara ce garçon agréable qui lui est originaire d’une petite ville appelée Townsville, dans la région du Queensland en Australie., »Alors tu connais tout sur la manière de rouler dans le sable, je suppose? » Et Getteman d’acquiescer. Très vite, il est apparu que notre Australien en connaissait un bout sur le MXGP. »En Australie, j’ai roulé avec Todd Waters et je suis curieux de savoir ce qu’il fera en MXGP. J’aurai un oeil également sur tes résultats », ajouta-t-il à Getteman. »A propos, tu sais que Jeremy McGrath est ici ce week-end? » Miller aurait pu continuer ainsi pendant pas mal de temps mais la porte s’entrouvit. On appelait Jack pour qu’il mette son cuir en vue des qualifications…
Presque tout est un peu différent en MotoGP, que ce soit les infrastructures, la vitesse et même le bruit. »Ces motos sont extraordinaires, » s’émerveillait Getteman alors que nous nous trouvions dans le box du team Honda-Repsol pour admirer ces fabuleuses machines que sont les motos conçues par le HRC. Jens Getteman était particulièrement impressionné par Marc Marquez qui n’a que vingt ans, tout comme lui. Cela et le bruit incroyable et puissant qui sort des moteurs des motos du MotoGP. Getteman est grand mais il se sent parfaitement à l’aise sur sa CRF450R. En rencontrant son compatriote Livio Loi qui roule en Moto3, on s’aperçoit que la différence entre le MXGP et le MotoGP est parfois importante.
En effet, Loi ne mesure que 1m58 et il n’a que seize ans. Pourtant, le jeune belge du team Marc VDS Racing a démontré qu’il avait tout le potentiel pour aller loin dans le sport qu’il a choisi. A noter que l’hospitality du team Marc VDS Racing est plus grand que celui de n’importe quel team de motocross et la nourriture qu’on y sert est délicieuse. Heureusement, le MotoGP, ce n’est pas que le bling-bling. La passion pour la compétition y est aussi réelle qu’en MXGP, enduro, rallye-raid, etc.
»Je suis la personne la plus heureuse au monde lorsque je peux faire ce que je préfère et ce que je préfère, c’est la course », nous affirme Scott Redding. Redding est connu en Angleterre pour participer à des épreuves de motocross ou de supermoto en se présentant sur les circuits avec une camionnette toute simple. Il vient pourtant d’avoir été promu dans la catégorie MotoGP en provenance de la catégorie Moto2. Il va intégrer, tout comme Xavier Smeon, le team Go&Fun Honda Gresini. Cette promotion n’est certes pas montée à la tête du jeune Britannique qui reste toujours aussi disponible. Malheureusement pour lui, Redding n’a pas pu décrocher le titre mondial pour le team dirigé par Michael Bartholemy mais à Valence, il a mis un point d’honneur à terminer la saison en engrangeant un point alors qu’il souffre toujours de blessures encourues lors du GP du Japon.
En quittant le circuit au milieu de la foule, il est temps pour Xavier Boog et Jens Getteman de rentrer à la maison. Retour vers le monde réel où il fait nettement plus froid. En effet, Dunkerke, ce ne sera pas Valence. A chacun ses problèmes!