Après avoir fait tour à tour évoluer en profondeur sa 450 CR-F puis sa 250 CR-F un an plus tard, Honda aborde la saison 2015 armé jusqu’aux dents. Le constructeur japonais vient en effet de présenter en Italie 2 modèles 2015 peaufinés et forcément très aboutis. Christophe Bertrand était sur place pour MXMag et nous livre ses impressions sur les nouvelles armes des Rouges.
C’est dans la région de Milan que les japonais nous ont présenté leurs 2 modèles cross 2015, les CRF 250R et 450R. Pour ceux qui connaissent Gallaratte, il s’agit de ce superbe circuit en flanc de colline en bord d’autoroute juste à côté de l’aéroport de Malpensa. Longues côtes, longs sauts en descente, tables, chaises, tout est réuni pour tester nos 2 montures dans les meilleures conditions.
Petit tour du propriétaire
Alors, qu’est-ce-qui change ? Au niveau du design : rien de très différent par rapport aux modèles 2014 si ce n’est des protections de radiateurs et protège disque arrière de couleur noire afin d’atténuer l’aspect d’usure. Les grosses modifications se situent au niveau du train avant avec l’apparition d’une fourche à 3 chambres : un système combinant huile et air qui a tendance à se généraliser dans toutes les marques. Outre un gain de poids significatif avec la disparition du ressort, ce système se révèle très progressif, particulièrement sur les grandes réceptions.
Toujours sur la partie avant, Honda utilise dorénavant un disque de frein de 260mm de diamètre pour 250mm sur les modèles précédents afin d’améliorer la force de freinage. Au niveau des commandes, il va falloir s’habituer aux 4 « clignotants bleus ». Che cosa è ? 3 courbes moteur différentes nous permettant de modifier la courbe de puissance.
Le système est assez simple :
- une pression de 1 seconde, ça clignote bleu 1 fois : vous optez pour une courbe standard sensée correspondre à un maximum de situations;
- vous cliquez 2 secondes, 2 clignotants bleus et vous optez pour une courbe soft, plus douce;
- et donc 3 secondes et 3 clignotants pour la courbe la plus agressive.
Vous aurez la possibilité de modifier les courbes 2 et 3 à votre convenance. La courbe standard restant quant à elle fixe. Pour cela, rendez-vous chez votre concessionnaire Honda.
Une commande au guidon vous permet désormais de choisir entre 3 courbes d’allumage différentes.
Concernant l’amortisseur arrière, apparition d’un nouveau ressort plus ferme mais plus léger grâce à l’utilisation d’un nouvel alliage. A noter que Honda favorise les 2 grands fabricants que sont SHOWA pour le modèle 250 et KAYABA sur les 450, chacun amenant sa propre technologie. D’après les responsables de la marque, il s’agit de fournir le meilleur matériel à sa clientèle.
Dernier petit détail, la 450 hérite d’un collecteur d’échappement qui sort derrière le cadre afin de protéger au mieux celui-ci des impacts de pierres ou de contacts en cas de chute. La 250 bénéficiait déjà de cette évolution depuis 2014.
En piste !
Sur la piste, c’est sur la « petite » 250 que je vais prendre la température. 2, 3 coups de kick, le clignotant bleu s’illumine 1 fois, je suis en courbe standard. On n’est pas dans le sable mais à l’assaut de la 1ère montée, il est évident que la puissance du moulin sera un élément déterminant.
Au niveau des suspensions, on est sur du ferme, c’est d’ailleurs le bon compromis sur cette piste. J’ai, par contre, un peu de mal à caser mon mètre 88. La montée en régime étant un peu molle à mon goût, je ne parviens pas à rouler tendu. Je passe furtivement par la courbe n°2 (soft), qui ne me correspond vraiment pas et switch immédiatement sur la courbe n°3, sensée délivrer la pleine puissance.
Difficile malgré tout d’y trouver mon compte, cela manque de caractère, j’aimerais être surpris, que cela monte dans les tours mais je reste sur ma faim ! Ayant discuté avec quelques pilotes amateurs et journalistes, ils ressentent le même phénomène mais s’en contentent à leur niveau.
Honda privilégiant la diminution des décibels par rapport à la concurrence (92db), le simple fait de changer de pot modifierait considérablement ce manque d’explosivité. A vérifier, mais au vu des performances réalisées par le jeune Tim Gasjer en MX2 cette année, il est clair que cette 250 CR-F peut être très performante. Même constat d’ailleurs sur le championnat US avec le team HONDA Geico.
Une 450 à la hauteur
Un bon coup de botte sur le kick de la 450 et le paysage défile de suite beaucoup plus rapidement ! 3 sessions de 15 minutes au programme, je décide de tester les 3 courbes de puissance une par une.
Avec cette 450, plus de soucis de trop peu, le tout est de faire passer la puissance au mieux afin de s’économiser les bras. Etonnement, je me sens le plus à l’aise avec la courbe n°2 (Soft), la plus douce, moins radicale, mais certainement très éfficace.
Précise en entrée de virage, accélération progressive, les appels de sauts avec le coup de gaz qu’il faut, je me régale. Inutile de préciser que ce circuit permet d’exploiter au mieux ce bouilleur et même en utilisant la courbe agressive, cela reste super excitant, mais… moins longtemps !
Et la stabilité dans tout ça ?Pas de problème, cela va plus vite, ça saute plus fort …parfois même trop fort….mais les suspensions assurent et rétablissent des situations parfois teintées d’excès d’optimisme. Concrètement, lorsque je fais un long sur un gros saut avec la réception à plat qui s’en suit, je ne ressens plus ce phénomène de compression complète avec le claquage dans les poignets. Cela freine progressivement et la détente est nettement moins violente qu’avec le système à ressorts habituel.
En résumé, cette 450 devrait à nouveau truster les podiums en 2015 et si Honda voulait enfin adopter un démarreur électrique et un embrayage hydraulique, on ne serait pas loin de la perfection au vu de la qualité des produits utilisés chez le numéro 1 mondial.
Honda a bien compris qu’il était grand temps de réagir face à une concurrence européenne très agressive. Ils mettent les moyens, viennent de signer Gautier Paulin en MXGP et Tim Gasjer en MX2 pour 2 saisons. Le but clairement avoué: redorer le blason de la marque, comme à la grande époque du HRC !
Texte: Christophe Bertrand
