Interview Antonio Cairoli | Un troisième titre MX2 avant de passer en MX1!

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Antonio Cairoli est un phénomène. Comme Stefan Everts, Ben Townley ou Christophe Pourcel, le double champion du monde MX2 est un pilote d’exception, doué d’un talent extraordinaire. Depuis 2004 et sa première saison mondiale, le jeune Italien a déjà empoché 2 titres mondiaux et sait que d’autres succès l’attendent. Pour mettre toutes les chances de son côté, le pilote Yamaha n’a pas hésité à laisser derrière lui le soleil de la Sicile pour venir s’installer chez nous, à Lommel, où nous l’avons rencontré juste après le GP de Valkenswaard.

Antonio Cairoli vise cette saison un 3ème titre MX2 avant de passer dans la catégorie supérieure.

Antonio, nous avons derrière nous l’épreuve d’ouverture à Valkenswaard. Quel jugement portes-tu sur ta course?

ANTONIO CAIROLI: « C’était un bon week-end. Je savais que sur un tel terrain, Tyla serait le favori. J’aurais voulu aussi gagner mais le principal était de ne pas perdre trop de points. La 250F n’est pas encore parfaitement au point. Cet hiver, on a surtout roulé sur la MX1. Il faut maintenant se pencher sur la 250F et cela demande du temps. »

A Valkenswaard, il est apparu évident que tes principaux rivaux dans la course au titre seraient Tyla Rattray et Tommy Searle. Tu en vois d’autres?

ANTONIO CAIROLI: « Oui, je pense aussi à Nicolas Aubin. Son premier week-end ne s’est peut-être pas très bien passé mais je l’attends surtout sur des circuits durs comme en Espagne et au Portugal. Il ne faut pas non plus négliger Davide Guarneri, qui est capable de nous mettre une pression terrible. »

Tu as déjà remporté deux titres mondiaux en MX2. Comment gardes-tu ta motivation?

ANTONIO CAIROLI: « J’adore rouler sur la MX2. La MX1 est très puissante et très physique. Je ne suis pas encore prêt pour cette moto. Je dois devenir plus costaud et adapter mon style de conduite pour ce type de moto. Ma plus grande motivation pour le MX2 est le plaisir que j’éprouve à rouler sur la 250F. Je voudrais en outre, tout comme Alessio Chiodi, remporter trois titres mondiaux. En ce moment, je pense que j’ai 80% de chances de réaliser cet objectif. »

L’an dernier, outre ton titre mondial, tu as remporté le Championnat d’Italie et le Championnat d’Europe de Supercross. Au total, tu as gagné 10 des 14 GP et 21 des 28 manches. Faire mieux sera difficile!

ANTONIO CAIROLI: « C’est vrai, mais ma motivation reste intacte. Pourquoi ne pas essayer de remporter encore davantage d’épreuves cette année? »

Tu peux toutefois comprendre que tes supporters voudraient te voir rouler en MX1, surtout après tes débuts fracassants l’an dernier à Donington où tu as remporté le GP?

ANTONIO CAIROLI: « C’est évident que mes supporters me demandent quand je vais à nouveau rouler en MX1. Tant pis! Je veux encore remporter un titre mondial en MX2 avant de m’attaquer au MX1. »

Antonio Cairoli aimerait rester les prochaines saisons dans le team De Carli, même s’il monte en MX1.

En 2007, tu as signé un nouveau contrat de trois ans avec Yamaha. Lorsque tu passeras en MX1, devras-tu rejoindre le team Rinaldi ou resteras-tu chez De Carli?

ANTONIO CAIROLI: « Pour Yamaha, cela n’a pas d’importance de savoir dans quelle équipe je roule. En ce qui me concerne, je préférerais rester chez De Carli. Je me sens très proche d’eux et j’y suis comme chez moi. C’est très important. »

Alex Puzar, l’ancien champion du monde, fait partie de ton entourage…

ANTONIO CAIROLI: « Exact! Il m’aide beaucoup pendant les GP. Il me conseille par exemple sur les trajectoires que je dois prendre sur tel ou tel circuit. »

Qu’est-ce qui s’est passé au Motocross des Nations. Pourquoi n’as-tu pas pu véritablement défendre tes chances? Où était le problème à Budds Creek?

ANTONIO CAIROLI: « Budds Creek est un week-end à oublier au plus vite en ce qui me concerne ainsi que pour le team italien. Nos motos sont restées bloquées à la douane américaine et on a perdu énormément de temps. On ne savait pas si les motos arriveraient et on ne connaissait pas les raisons pour lesquelles elles étaient ainsi bloquées. Bref, on a progressivement perdu notre concentration. Si tu ajoutes quelques chutes, une moto en panne et quelques menus problèmes techniques, tu pourras comprendre que la chance n’était pas vraiment avec nous ce week-end-là! »

Cairoli est l’un des pilotes les plus populaires du plateau MXGP.

Venons-en au supercross. Au moment où tes collègues abandonnent cette discipline par crainte des risques élevés et des blessures qui peuvent en découler, voilà que tu décides de participer au Championnat d’Europe de Supercross. Entretemps, tu as déjà remporté deux titres européens dans cette discipline. S’agit-il pour toi d’une manière agréable de passer l’hiver ou bien as-tu l’ambition de t’expatrier aux Etats-Unis dans quelques années?

ANTONIO CAIROLI: « J’ai toujours aimer rouler en supercross. Le problème, c’est qu’en Europe, le niveau n’est pas très élevé et que certains circuits ne sont pas de très bonne qualité. Quoiqu’il en soit, Yamaha souhaitait que je participe au Championnat d’Europe. En outre, ce championnat bénéficie d’un promoteur italien, Offroad Pro Racing, et la fédération italienne ainsi que plusieurs de mes sponsors y attachent beaucoup d’importance. La première saison s’est bien déroulée tandis que lors de la saison écoulée, il y avait pas mal de circuits dangereux. Je n’ai donc pas pris trop de risques. Cette année, je ne participerai d’ailleurs plus au Championnat d’Europe. Le rêve américain existe bien mais je veux encore rester en Europe et participer aux GP. »

Les connaisseurs disent pourtant qu’à part Christophe Pourcel, tu es le seul Européen à pouvoir aller gagner aux Etats-Unis!

ANTONIO CAIROLI: « Je le pense aussi. Cela demandera un temps d’adaptation, bien sà»r, et il faudra trouver un bon team mais je crois sincèrement que je pourrais me classer dans le top trois aux Etats-Unis. Christophe Pourcel m’est supérieur pour l’instant mais cela est un peu normal. En France, ils peuvent s’entraîner sur des circuits de supercross dès qu’ils roulent en Minicross. Chez nous, en Italie, nous n’avons pas de bons circuits de supercross et encore moins de super compétitions de supercross. »

Tu as déjà démontré que tu pouvais battre les tops américains. Notamment en 2006, lors du Motocross des Nations qui avait lieu à Matterley Basin et où tu as largué les meilleurs pilotes MX1 sur ta 250F. C’est probablement un des meilleurs souvenirs de ta carrière?

ANTONIO CAIROLI: « Je pense, oui. Je suis très fier de ma performance à Matterley Basin. »

Antonio Cairoli, ici devant tout le pack MX2 en 2004, compte bien faire mieux encore cette saison qu’en 2007…

« Le meilleur moment de ma carrière? Ma première victoire en GP, à Namur en 2004! »


Quelle est la plus belle victoire de ta jeune carrière?

ANTONIO CAIROLI: « Mon plus beau souvenir est ma victoire en GP au Grand Prix de Namur en 2004. C’est vrai qu’on dit que la première victoire est la plus belle. Je voudrais profiter de l’occasion pour dire que je regrette vraiment qu’on ait supprimé le GP de Namur cette année. J’aimais bien rouler sur ce circuit et puis, l’ambiance était vraiment spéciale avec ces nombreux supporters italiens qui venaient spécialement pour vivre cet événement. Je ne suis vraiment pas content qu’on ait supprimé ce GP. »

Comment as-tu commencé à faire de la moto?

ANTONIO CAIROLI: « J’ai commencé à rouler à l’à¢ge de cinq ans. Mon père et mon oncle aimaient le motocross. Au début, il s’agissait simplement de tourner autour de la maison, en Sicile. Puis, j’ai commencé à participer à des épreuves régionales, nationales puis internationales. Le parcours habituel, quoi. En Sicile, il n’y a pas beaucoup de circuits, huit peut-être. Pourtant, il y a beaucoup de pilotes amateurs. Peu toutefois atteignent le niveau national. En Sicile, on n’organise que des épreuves régionales. »

Tu as connu le succès en participant au championnat Minicross mais ton passage en MX2 s’est fait dans la douleur…

ANTONIO CAIROLI: « En Minicross tout allait parfaitement bien. Ma première saison en MX2 a tout de suite été couronnée de succès puisque j’ai remporté le championnat d’Italie en 2001. En 2002, j’ai signé avec Honda Martin. J’avais gagné le championnat d’Italie et je voulais participer à quelques GP. Cependant, la moto ne marchait pas. Ma condition physique n’était pas optimale à cette époque, de sorte que je n’ai pu me qualifier qu’une seule fois en GP. Le team ne s’occupait guère de moi. Ils préparaient simplement ma moto et, pour le reste, ils me laissaient me débrouiller seul. En fait, ils ne s’intéressaient pas à moi. »

Ton passage dans le team De Carli et une meilleure condition physique expliquent ton explosion soudaine en 2004?

ANTONIO CAIROLI: « Tout à fait. Claudio De Carli m’a transformé complètement. Il m’a donné confiance en mes moyens et il m’a encadré au niveau des entraînements. C’était nouveau pour moi. Claudio possède énormément d’expérience. Il a travaillé avec beaucoup de champions et, surtout, ses Yamaha sont toujours super préparées. En fait, on a placé à leur place les éléments du puzzle qui manquaient jusqu’alors. C’était exactement tout ce dont j’avais besoin. »

La saison 2005 a été magique pour toi avec cette première couronne mondiale. Cette saison-là, tu as remporté six GP et treize victoires de manche. En même temps, tu es devenu le champion italien le plus jeune de tous les temps! Qu’as-tu pensé lorsque tu as remporté ce premier titre?

ANTONIO CAIROLI: « C’était un rêve énorme qui se réalisait. 2005 a été une année vraiment spéciale pour moi. Nous avions commencé la saison avec l’ambition de terminer sur le podium mais, au fil de la saison, comme je commençais à accumuler les victoires, nous avons revu nos objectifs à la hausse. »

Le rêve américain existe bien pour Cairoli mais le pilote italien veut avant tout continuer à accumuler les victoires en Europe avant de franchir l’Atlantique.

Tu es passé soudainement de l’anonymat à la célébrité. Avec toutes les obligations que cela entraîne… Ce n’était pas trop difficile de gérer ce stress supplémentaire?

ANTONIO CAIROLI: « Ce fut une saison difficile. Je n’avais jamais encore dà» rester concentré sur l’ensemble d’un championnat. Chaque GP entraînait une pression supplémentaire. D’un côté, c’était agréable de gagner et de voir le titre se rapprocher. D’un autre côté, il y avait la peur de tout perdre. Ce fut une saison remplie d’émotions, mais une saison quand même très agréable finalement. »

Parlons un peu de Christophe Pourcel. Christophe se remet pour l’instant de sa terrible chute encourue la saison dernière en Irlande. J’imagine que celui-ci te manque sur les circuits?

ANTONIO CAIROLI: « Oui, comme pilote, c’est quelqu’un de très particulier. C’est un vrai champion mais en même temps une garçon qui sort de l’ordinaire. Son style de pilotage a beaucoup de points communs avec le mien. Lorsque nous roulions ensemble, c’était une lutte à mort. C’était vraiment agréable. »

Vivre en Belgique

Tu habites en partie à Lommel, en partie à Rome, tandis que tes parents vivent toujours en sicile. Ce n’est pas trop difficile de rester aussi souvent absent de chez soi?

ANTONIO CAIROLI: « C’est vrai que ce n’est pas toujours facile mais il faut savoir que mes parents viennent me voir sur les GP ou sur les épreuves en Italie. En outre, je compte pas mal d’amis en Belgique, et en particulier à Lommel qui est le centre nerveux du motocross en Belgique, avec pas mal de circuits dans les environs et d’excellents pilotes avec lesquels tu peux aller t’entraîner. »

Outre ta famille, qu’est-ce qui te manque le plus de la Sicile?

ANTONIO CAIROLI: « Le climat! Il y fait toujours chaud. Au moment où nous parlons, il fait cinq degrés dehors tandis qu’en Sicile, il fait vingt-quatre degrés. C’est la grosse différence avec la Belgique. Même si nous connaissons aussi l’hiver en Sicile, il ne fait jamais moins de dix degrés. »

Que penses-tu de la vie en Belgique?

ANTONIO CAIROLI: « Je m’y plais bien. Il fait très calme à Lommel. Cela me permet de me concentrer sur mon sport. Et puis, comme je viens de le dire, il y a pas mal de circuits pour s’entraîner dans les environs. »

Tu as un plat favori en Belgique?

ANTONIO CAIROLI: « Les frites! (rires) »

Te verra-t’on participer au Championnat de Belgique cette année?

ANTONIO CAIROLI: « Je n’en sais rien. On a un calendrier terriblement serré cette année. Il y a bien sà»r les GP mais également des épreuves en Italie. Je voudrais au moins participer à une épreuve du championnat de Belgique, ne fà»t-ce que pour faire plaisir à mes supporters belges mais il faudrait que cela puisse rentrer dans mon planning. Ce sera paut-être possible à Balen, mais rien n’est moins sà»r. »

Tu viens de dire que tu trouves à Lommel l’occasion de t’entraîner sur les circuits de la région mais je pense que les pilotes italiens ne peuvent pas se plaindre quant au nombre de circuits existants en Italie. En plus, le temps agréable qu’il y fait généralement est un vrai ‘plus’! Les Italiens peuvent ainsi rouler beaucoup en avant-saison chez eux. C’est d’ailleurs ce que tu as fait afin de te préparer pour le championnat d’Italie!

ANTONIO CAIROLI: « Je ne dirais pas vraiment que cela constitue un avantage. C’est vrai que nous avons roulé cinq manches du championnat italien en février et en mars, mais les circuits ne sont pas en bon état. Ils sont durs et ce n’est pas une bonne préparation pour les GP. Le circuit de Valkenswaard n’a rien à voir avec un circuit italien type. Je crois que participer à une épreuve en Belgique ou en Hollande constituerait une meilleure préparation. Maintenant, il faut savoir que pour mon team et mes sponsors, il est indispensable que je participe au championnat d’Italie. Ce championnat d’Italie qui se coure en avant-saison comporte évidemment des avantages puisqu’il nous permet d’être affà»tés pour entamer la saison des GP. Simplement, je souhaiterais qu’il se termine en mars. En effet, il faut savoir que la finale du championnat d’Italie se coure en juin, à Gazzane di Preseglie. »

Dernière question: qui, à ton avis, sera le champion du monde MX1?

ANTONIO CAIROLI: « J’espère que cela sera David Philippaerts mais il n’a pas eu un bon week-end à Valkenswaard. Je pense toutefois qu’il ne sera pas loin. Ken De Dycker roule bien, Steve Ramon est bien préparé. Je crois qu’il peut y avoir pas mal de prétendants à la couronne mondiale. »

PROFIL ANTONIO CAIROLI

Surnom: Tony
Date de naissance: 23 septembre 1985
Lieu de naissance: Patti, Messina (Sicilië)
Lieux de résidence: Rome et Lommel
Taille: 1m70
Poids: 64 kg
Circuit favori: Mantova
Circuit le moins apprécié: Teutschentahl
Pilote favori: Jeremy McGrath
Musique: dance
Plat favori: les pà¢tes
Boisson: Red Bull
Hobbys: mountainbike, jet ski et football (Juventus)

Texte: Tommy Ivens

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