Interview Livia Lancelot | Quand motocross rime avec charme…

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Véritable ambassadrice du motocross féminin en France, Livia Lancelot fait partie de la poignée de demoiselles que l’essor de la coupe du monde féminine a propulsées sous le feu des projecteurs. Très populaire auprès d’un public qui apprécie tant le style fluide et précis que le sourire de la jeune Parisienne, l’officielle Kawasaki a aujourd’hui les yeux braqués vers le prochain championnat du monde. Vice-championne en titre, Livia convoite une première couronne dans un championnat toujours plus relevé…

Comment as-tu débuté le motocross?

Livia Lancelot: « J’ai été un peu programmée par mon père, qui était passionné par la moto de route. Chez moi, il y a toujours eu des motos. Toute petite, je montais déjà sur les motos à la maison et vers 4 ou 5 ans, mon père m’a offert ma première moto, un PW 50cc. Très vite, j’ai été amenée à disputer des courses de club et ensuite, les choses se sont enchaînées. J’ai fait les championnats de ligue, le Minivert, puis le Junior. J’ai suivi le parcours de la plupart des pilotes français. « 

Livia Lancelot a souffert à Libramont, où elle était venue pour s’entraîner en vue de la prochaine campagne mondiale. Il n’empêche que la Parisienne a fait mieux que de se défendre dans le peloton des Inters de l’AMPL!


N’as-tu jamais eu de mal à t’imposer par rapport aux garçons?

Livia Lancelot: « Non, cela s’est toujours très bien passé avec les autres pilotes. J’ai débuté les championnats de ligue dès le 65cc et j’ai toujours été très bien introduite dans le milieu. Tout le monde se connaît et j’ai eu la chance d’être bien acceptée en France. »

Comment as-tu pris la décision, dès 2005, de te lancer dans le grand bain de la coupe du monde féminine?

Livia Lancelot: « En 2004, j’ai eu l’opportunité de partir aux USA pour y disputer une manche du championnat féminin. Je n’avais aucune idée de mon niveau par rapport aux autres filles car, en France, je roulais toujours par rapport à des garçons. Aussi, lorsque j’ai terminé 4ème de cette course US, cela a été une réelle surprise. A la fin de l’année, lorsque Youthstream a annoncé la mise en place dès la saison suivante d’une coupe du monde féminine, il était évident pour moi que j’y participerais car je savais que j’étais la meilleure française. »

Aujourd’hui, la coupe du monde féminine est en plein essor. Tu es surprise par l’engouement général pour le motocross féminin ?

Livia Lancelot: « Non, pas vraiment. Dans tous les sports, les filles sont très médiatiques, je ne vois donc pas pourquoi cela n’aurait pas pu être le cas en motocross. La coupe du monde féminine, ça apporte un peu de renouveau au motocross mondial et c’est pour cela que le public s’y intéresse. Aujourd’hui, avec les 5 épreuves qui sont prévues cette saison, c’est devenu un véritable championnat et les sponsors sont très intéressés. »

Vice-championne du monde en titre, Livia Lancelot compte bien décrocher une première couronne mondiale dès cette saison.


Le motocross féminin tend à se professionnaliser. Cela signifie-t-il qu’il est possible aujourd’hui d’en vivre pour une professionnelle comme toi?

Livia Lancelot: « Non, loin de là! Le championnat se professionnalise en effet mais il ne faut pas aller trop vite car nous sommes sans doute à peine 3 pilotes à qui cela ne coà»te pas d’argent, sans plus. Nous sommes très loin de pouvoir en vivre. Le championnat mondial doit encore pouvoir gagner l’une ou l’autre épreuve afin d’arriver à un total de 8. Il faut également veiller à limiter les déplacements car le championnat doit rester accessible aux pilotes privées qui composent la quasi-totalité du plateau. Personnellement, j’ai la chance d’être « Pro » en effet et de pouvoir ne faire que cela, en disposant de bon matériel et d’un bon encadrement mais financièrement c’est plus compliqué. »

Tu es actuellement intégrée au team GPKR de Patrick Géladé et Roger Pourcel. Kawasaki souhaitait-il te voir intégrer le team ou l’initiative vient-elle uniquement des Pourcel, dont on te sait très proche?

Livia Lancelot: « Aujourd’hui, Kawasaki est évidemment bien content que je roule pour eux et je suis soutenue directement par Kawasaki Europe. Mais c’est à Christophe, Sébastien et Roger Pourcel, que je connais depuis le Minivert en France, que je dois d’avoir rejoint le team GPKR. Roger m’avait promis de me faire rouler dès qu’il en aurait l’opportunité et il a tenu parole! Il y avait de la place dans le team, je ne représentais pas un investissement trop important en termes de coà»ts et Roger a donc proposé à Patrick Géladé de m’intégrer dans le team. Faire partie d’un team professionnel aux côtés de pilotes comme Seb ou Christophe, c’est un énorme avantage pour moi! »

Tu as été opérée au genou à la fin de la saison passée. Cette opération n’a-t-elle pas retardé ta préparation hivernale?

Livia Lancelot: « Je me suis blessée aux ligaments en mai 2007 et j’ai attendu que le GP de Lierop soit passé pour me faire opérer. J’ai bien récupéré depuis et j’ai repris l’entraînement depuis un mois. C’est clair que j’ai pris un peu de retard par rapport aux autres filles qui ont pu profiter de tout l’hiver pour progresser à moto mais j’ai néanmoins beaucoup travaillé physiquement. J’ai aussi beaucoup réfléchi. J’ai cherché tout ce qui n’allait pas dans mon pilotage, j’ai visionné des heures et des heures de vidéos pour tenter de progresser techniquement. Je crois que, malgré mon retard de préparation, je serai plus forte cette saison que l’an passé. »


Opérée des ligaments d’un genou cet hiver, Livia Lancelot affirme avoir aujourd’hui récupéré à 100%.

Après avoir terminé vice-championne de la coupe du monde en 2007, tu pars évidemment cette saison avec l’objectif de décrocher un premier titre mondial…

Livia Lancelot: « Oui, c’est clair! Le titre, j’y pense depuis 2006. Ces 2 dernières saisons, j’étais rapide mais je suis beaucoup tombée. J’espère pouvoir concrétiser cette année. Je crois que les premiers GP seront primordiaux pour moi car je devrai sans doute plutôt limiter les dégà¢ts lors de la finale du championnat dans le sable. En ne pouvant pas rouler cet hiver, j’ai pris beaucoup de retard sur les autres dans le sable. Je sais qu’elles s’y sont beaucoup entraînées! Je compte donc sur les 4 premiers rendez-vous pour prendre un maximum de points… »

En marge du championnat mondial, tu prendras également part au nouveau trophée de France féminin, qui s’étendra sur 7 épreuves. Penses-tu que tes résultats en mondial sont à l’origine de l’intérêt soudain de la fédération française pour le motocross féminin?

Livia Lancelot: « Avant que je ne termine 3ème du mondial en 2005, la FFM ne portait en effet aucun intérêt au motocross féminin. Aujourd’hui, suite à mes résultats et à l’engouement du public pour la coupe du monde féminine, la fédération y voit un créneau intéressant. Personnellement, je me bouge beaucoup pour le développement de la discipline en France. Je connais beaucoup de filles qui roulent et je me bats pour les faire venir sur le championnat de France. Ce sera difficile d’avoir un plateau homogène mais j’espère pouvoir en convaincre un maximum afin de créer un réel intérêt pour le championnat. »

Notre compatriote Laurent Brevers s’occupera de Livia Lancelot cette saison dans le team GPKR.

Chaque année, on te voit également participer à la course « Everts & friends », organisée par Stefan Everts au profit des enfants malades. Un rendez-vous important pour toi?

Livia Lancelot: « Oui, c’est important car c’est pour la bonne cause. Et puis, c’est toujours agréable d’avoir l’occasion de rouler sans stress, sans aucune pression quant aux résultats. »

Aujourd’hui, tu viens de prendre part à une manche du championnat AMPL. Aura-t-on d’autres occasions de te voir rouler en Belgique cette saison?

Livia Lancelot: « Oui, sans doute. Lorsque je n’aurai pas de course en France, il est très probable que je reviendrai rouler à l’AMPL. Aujourd’hui, les conditions de course étaient apocalyptiques et il est donc difficile de juger quoi que ce soit mais le niveau général semble très bon et il y a quelques pilotes très rapides. Je ne viens certainement pas sur ce genre de courses pour faire du résultat mais cela fait partie de mon programme de préparation en vue du mondial. C’est un excellent entraînement! »

Livia sait qu’elle a pris du retard dans le sable cet hiver et compte sur les premiers GP de la saison, disputés sur le dur, pour prendre de l’avance au championnat…

Texte: Olivier Evrard | Photos: FVH & OE

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