Interview Johnny Aubert | Johnny a mà»ri…

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Il y a 2 ans à peine, qui aurait cru que Johnny Aubert, l’éternel espoir du cross français, aurait pu, après être passé de galère en galère, rebondir de la sorte? Et quel rebond! Champion du monde d’enduro dès sa 3ème saison dans le WEC, Johnny a su gérer de main de maître l’avance acquise suite à la casse mécanique de Juha Salminen lors du grand prix d’Espagne. Johnny a mà»ri! Ses erreurs passées lui ont permis de faire un grand pas en avant. Pour 2009, Johnny a rejoint le team officiel KTM, pour une saison qui s’annonce passionnante…

Tu avais comme objectif en 2008 la couronne mondiale. Je suppose que tu as les mêmes ambitions pour 2009?

Johnny Aubert: « Bien sà»r. Après avoir décroché la couronne mondiale en 2008, je ne peux pas avoir d’autre ambition que celle d’être de nouveau champion en 2009! »

Revenons sur ta saison 2008. Cela a été serré jusqu’au bout avec Juha Salminen. Peut-on dire que c’est le plus régulier qui a gagné le titre ?

Johnny Aubert: « Oui, on peut effectivement dire ça. J’ai eu la chance que Juha a rencontré des problèmes mécaniques lors de la première journée en Espagne. Cela m’a permis de prendre 22 points d’avance. Ensuite j’ai réussi à bien gérer le reste de la saison. »

Avoir pu disputer 2 GP en France a-t-il été un avantage pour toi ?

Johnny Aubert: « Je n’ai pas retiré de réel avantage de ces 2 GP en France, mais c’est toujours un plaisir de rouler devant son public. »

On a l’impression que, mentalement, tu as effectué un grand pas en avant par rapport à tes années cross. A quoi est-ce dà» ?

Johnny Aubert: « J’ai changé beaucoup de choses dans ma vie. Je suis plus posé qu’auparavant. J’ai également eu la chance, quand je suis arrivé dans le team Ufo en 2006, que toute l’équipe s’est mise à travailler pour moi, sans se poser de question sur mon passé. Cela m’a fait beaucoup de bien de me sentir soutenu a 100%. »

Quand le team Ufo Corse est venu te chercher en 2006, tu pensais vraiment obtenir d’aussi bons résultats?

Johnny Aubert: « Ah non! Quand ils m’ont appelé, j’ai pensé qu’ils allaient simplement me donner deux motos, sans me rémunérer. A ce moment, je me suis dit « va en Italie, tu vas te faire plaisir en roulant un peu et tu verras ». Et dès le 1er jour, j’ai remarqué qu’ils désiraient vraiment travailler avec moi. Ils étaient vraiment heureux de me voir évoluer sur la moto.
Suite à ça, j’ai eu un petit contrat de deux ans pour lequel j’étais rémunéré. Tous mes frais étaient payés,… Je n’en revenais pas! En cross, je devais payer pour rouler ! Alors, à ce moment là, je ne pensais certainement pas gagner. Je me suis juste dit « super, je suis sauvé pour deux ans ».

J’ai commis beaucoup d’erreurs…

Avec le recul, comment expliques-tu que tu n’ais jamais été un tout grand pilote de motocross alors que tu étais considéré comme un grand espoir du cross français ?

Johnny Aubert: « J’ai fait beaucoup d’erreurs dans mes choix de carrière. De plus, je n’étais pas assez sérieux pour réussir en cross. Je me suis également beaucoup blessé. Peut-être que si j’avais eu l’opportunité de rouler dans un grand team, j’aurais pu avoir un déclic. Mais bon, avec des « peut-être », on ne va pas loin… Donc, on va dire que je n’ai juste pas été assez sérieux! J’en profite d’ailleurs pour remercier tous mes sponsors et toutes les personnes qui m’ont soutenu durant toutes ces années et qui ont toujours cru en moi malgré mes mauvaises passes. »

Pour 2009, tu as signé avec KTM. Comment se sont passés les premiers contacts avec les responsables de l’usine autrichienne ?

Johnny Aubert: « J’ai eu un premier contact avec Fabio Farioli après le GP d’Espagne en avril. Nous n’avons pas parlé beaucoup à ce moment-là. Il m’a juste signifié que je devais le contacter avant de signer un contrat dans un autre team. La semaine suivante, j’ai appris que Ufo Corse arrêtait en fin de saison. J’ai donc contacté KTM et j’ai signé mon contrat en juin. »

Je crois que tu as déjà pu essayer la moto. Tu as déjà un bon feeling avec la KTM ?

Johnny Aubert: « Oui, très bon! Je pars en Sardaigne lundi pour commencer sérieusement le roulage et, fin Janvier, je pars en Espagne pour commencer les tests ».

Quelle est la différence entre la préparation d’un championnat en MX et celle d’un championnat d’enduro?

Johnny Aubert: « Pour ma part, aucune différence, j’effectue la même préparation. Sauf bien sà»r que je suis plus sérieux à présent… »

Roules-tu encore en motocross ou fais-tu aujourd’hui exclusivement du franchissement ?

Johnny Aubert: « Avant, je ne faisais que du franchissement, car j’étais dégoà»té des terrains de cross. Mais, depuis peu de temps, je roule de temps à autre sur des terrains de cross sur lesquels je retrouve peu à peu du plaisir. De plus, la KTM se prête mieux au cross que la Yamaha. »

Maintenant que tu reprends du plaisir en cross, tu n’as pas envie de te replacer derrière une grille de départ pour une course ou l’autre ?

Johnny Aubert: « Non, Je n’en ressens vraiment pas le besoin. »

On note de plus en plus d’engouement de la part de jeunes pilotes, notamment de jeunes Français. A ton avis, à quoi cela est-ce dà» ?

Johnny Aubert: « Je pense que ces jeunes ont été encouragés par mes résultats. Ils faisaient les mêmes résultats que moi en MX et pensaient donc pouvoir évoluer à mon niveau en enduro. La seule chose, c’est que moi je n’étais pas à mon vrai niveau en motocross. Les managers pensent que pour rouler vite en Enduro il faut avoir fait du cross. C’est un peu n’importe quoi… Lors de ma première saison, j’ai gagné trois journées. Qui après moi a gagné lors de sa première saison? Combien de pilotes MX ont fait un podium depuis mon arrivée en 2006 ? Pas beaucoup, je pense. Cela veut bien dire qu’il ne suffit pas simplement d’être un bon pilote de cross pour pouvoir évoluer à un très haut niveau en enduro. Un top cinq oui, mais un podium, c’est une autre histoire. Je pense simplement que c’est une mode de prendre des pilotes MX en enduro. Ceci dit, j’ai eu de la chance que le team Ufo Corse ait pensé comme ça en 2006… »

Penses-tu que, à l’instar du MXGP, les teams du WEC souffrent de plus en plus financièrement ?

Johnny Aubert: « Je pense que les deux vont souffrir durant les deux prochaines années. Mais le MX souffre plus que l’enduro. Il faut beaucoup de moyens pour faire tourner un team de GP en motocross. En enduro, avec une grosse camionnette, on peut faire un team! »

Pour 2009, une épreuve est prévue au Mexique. Penses-tu que cela soit une bonne chose? Est-il vraiment nécessaire d’organiser une épreuve aussi loin ?

Johnny Aubert: « Cette question est délicate. D’un côté, je pense que c’est une bonne chose de rouler en dehors de l’Europe pour donner plus de valeur au championnat. Mais, d’un autre côté, il faut aussi penser aux pilotes privés pour qui un long déplacement n’est pas du tout évident. Je pense qu’il faudrait réunir les pilotes et les teams afin que nous puissions parler avec Alain Blanchard (le promoteur du WEC, ndlr) de ce qu’est l’enduro aujourd’hui et de ce qu’il veut en faire, dans le but d’éviter que des teams ne ferment la porte par manque de moyens. Parce que, aujourd’hui, personne ne dit rien… »

Justement, l’enduro a déjà beaucoup évolué ces dernières saisons. Que penses-tu des dernières évolutions? Notamment de la professionnalisation du championnat ou encore de la difficulté des spéciales,…

Johnny Aubert: « C’est une bonne chose, mais le problème est qu’il n’y a pas de limites. Tous les organisateurs essayent de rendre leur course plus difficile que l’épreuve précédente, et ainsi de suite. On arrive parfois à ce que ce soit trop dur et c’est vraiment dommage. C’est un peu comme si en MXGP, les organisateurs faisaient des manches d’une heure parce que le précédent en a fait de 40 minutes. Il faut que ce soit dur, mais pas faire n’importe quoi pour autant. »

Je suis contre le prologue!

On a l’impression qu’Alain Blanchard fait tout pour rendre l’enduro plus attractif pour le grand public. Je pense notamment au prologue qui sera d’actualité pour 2009.

Johnny Aubert: « Je suis contre le prologue. Nous faire rouler un prologue le vendredi soir au moment où nous devons nous reposer pour être d’attaque afin de rouler 14 heures à moto le week-end, c’est un peu trop. Je ne pense pas que ça fera venir plus de monde sur les épreuves, et ça fera surtout dépenser plus d’argent aux clubs organisateurs. Le problème de l’enduro, c’est le suivi de l’épreuve. Le public se déplace pour voir deux virages et, ensuite, il faut encore marcher pour voir le reste. Je pense également qu’il faudrait mieux informer le public sur le déroulement et les règles de l’enduro. Si on se déplace pour voir une course et qu’on ne comprend pas, on s’ennuie. C’est ça le problème avec l’enduro: le public s’ennuie. »

Tu n’as pas participé cette année aux ISDE en Grèce pour pouvoir, je crois, te consacrer pleinement au championnat E2. Ce qui n’a pas empêché l’équipe de France de remporter le trophée…

Johnny Aubert: « Je n’y ai pas participé car, les années précédentes, je roulais en solo parce que personne de l’équipe n’était vraiment motivé et assez sérieux pour gagner. Donc, cette année, j’ai pris la décision de ne pas participer à cette épreuve et de me consacrer au WEC. J’aimerais ajouter que je suis très heureux que l’équipe de France ait remporté le trophée et surtout très heureux que tout le monde se soit enfin bouger pour s’imposer dans cette superbe épreuve. »

Il est donc fort probable que tu roules aux ISDE cette saison ?

Johnny Aubert: « Oui, bien sà»r, j’adore cette épreuve! »

Tu as commencé la compétition en motocross en Belgique, au FPCNA plus précisément. Quel souvenir gardes-tu de cette période ?

Johnny Aubert: « C’était vraiment top! J’ai eu la chance de rouler dans les bonnes années, où il y avait un bon niveau et où les terrains étaient supers. Je n’oublierai jamais cette période. Je suis à moitié belge! »

Tu veux dire que la Belgique a un demi champion du monde en enduro ?

Johnny Aubert: (Rires) »Non, je dis ça car mes parents vivaient à trois kilomètres de la frontière belge et que j’ai passé plus de temps en Belgique qu’en France. J’y ai même vécu durant huit ans. D’ailleurs, mon fils, Hugo, est belge, lui. J’en profite pour lui faire de gros bisous! »

Pour rester en Belgique, tu as participé il y a deux ans aux 12 heures de la Chinelle. Un bon souvenir pour toi ?

Johnny Aubert: « Oui, j’ai vraiment aimé cette course. J’y ai participé avec Philippe Blondiau de MotoCross Action qui m’a beaucoup aidé durant mon enfance. Donc, faire cette épreuve à ses côtés a été une très belle chose. »

Tu aimerais y participer à nouveau ?

Johnny Aubert: « Oui, j’aimerais. Je pensais même avoir des propositions pour la refaire, mais ça n’a pas été le cas… »

Nous sommes en plein Dakar. Cette épreuve te fait rêver ? Tu penses y participer un jour ?

Johnny Aubert: « Oh oui! J’y pense de plus en plus. J’espère avoir la chance d’y participer un jour. »

Que penses tu de cette première édition en Amérique du sud ?

Johnny Aubert: « Pour moi, c’est mieux. Je pense que cette année, ca ressemble plus à un Enduro qu’à un rallye. Mais je pense que les fans de désert doivent être un peu déçus et qu’ils pensent que le Dakar doit se dérouler en Afrique. »

>> www.johnny-aubert.com

Texte: Y. Bernard – Bernardmx.be | Photos: AB Communication – Yamaha Racing – KTM

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