Interview Valentin Teillet | L’outsider devenu favori…

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Le championnat du monde MX2 ressemble de plus en plus à un championnat de France. Depuis quelques années, la France est en effet de loin la nation la mieux représentée dans cette catégorie. Parmi les favoris, citons Nicolas Aubin, Gautier Paulin ou encore Marvin Musquin. Pourtant, cette année pourrait voir l’éclosion d’un tout jeune pilote. On pourrait même déjà presque parler de confirmation. A tout juste 18 ans, Valentin Teillet est en effet champion d’Europe EMX2 en titre. Enrôlé par Jacky Martens il y a un peu plus d’un an, Valentin n’a pas tardé à faire parler de lui en Europe. Vainqueur du cross de Valence en février, le jeune Français vient de passer du statut d’outsider à celui de favori…

Avant Valence, pensais-tu réaliser si tôt dans la saison un tel résultat ?

Valentin Teillet : « Non, j’ai vraiment été très surpris par ce résultat. Cet hiver, j’ai beaucoup roulé avec les autres pilotes KTM et j’étais déjà surpris par ma vitesse. Il m’arrivait même de faire les meilleurs temps !»

Ce résultat ne te met-il pas plus la pression pour le début de la saison ? Les attentes seront très fortes suite à ta performance de Valence.

Valentin Teillet : « Non, bien au contraire. Je ne me mets pas de pression. Cela prouve que tous les efforts consentis cet hiver n’ont pas été vains. Je suis motivé pour Faenza. Il me reste un mois pour peaufiner quelques réglages et pour travailler encore un peu ma vitesse.»

Par contre, ce week-end, à Hawstone Park, tu as connu moins de réussite…

Valentin Teillet : « En effet. J’avais pourtant bien commencé le week-end, avec le deuxième temps aux essais chronométrés, juste derrière Shaun Simpson. J’étais très à l’aise sur ce superbe circuit. Mais lors du départ de la première manche, j’ai été violemment percuté par un pilote au premier virage. Suite à cela, ma jambe est restée coincée entre le bras oscillant et la roue de sa moto. Je suis resté 20 secondes avec ma jambe contre son pot d’échappement et cela m’a brà»lé à l’arrière de la cuisse.»

Malgré cela, tu as quand même pris part à la deuxième manche.

Valentin Teillet : « Oui. On m’a « strappé » la jambe et, malgré la douleur, j’ai terminé 8eme. J’ai serré les dents et je n’ai pas abandonné. Je suis assez satisfait.»

Après Valence, tu as revu tes objectifs à la hausse concernant les grands-prix ?

Valentin Teillet : « Non, car cela reste une course de préparation. Mon objectif reste le top-10 et réussir quelques coups d’éclat durant la saison.»

Tu passes une grande partie de ton temps en Belgique, je crois. Comment s’est passée ton arrivée en 2008 dans le team de Jacky Martens ?

Valentin Teillet : « Je passe environ 6 mois par an en Belgique. Début 2008, à mon arrivée, cela n’a pas été très facile. Mais Jacky a tout fait pour que je m’intègre bien dans le team. Il venait à tous les entraînements, il était très à l’écoute. D’ailleurs, il l’est toujours. Il m’a beaucoup apporté pour que je devienne plus professionnel.»

Qu’est-ce qui était le plus difficile à ton arrivée?

Valentin Teillet : « Le plus compliqué pour moi a été d’apprendre l’anglais. En France, il n’y a pas beaucoup de monde qui parle anglais et, à mon arrivée, ce n’était pas vraiment facile. Mais après deux mois, j’avais déjà bien appris.»

On a l’impression que depuis ton arrivée en Belgique début 2008, tu as terriblement progressé. Quels ont été les grands changements dans ta préparation ?

Valentin Teillet : « Avant, je ne me consacrais pas à 100% au motocross. Je roulais uniquement pour me faire plaisir. Le fait de venir vivre en Belgique était un choix à faire. Il a fallu que je fasse des sacrifices mais, aujourd’hui, je ne le regrette pas.»

Pas facile, la vie en Belgique ?

Valentin Teillet : « Non… » (rires)

Tu t’es un peu entraîné cet hiver avec Stefan Everts. Que t’a-t-il apporté ?

Valentin Teillet : « Oui, cet hiver, j’ai pu le rencontrer et m’entraîner un peu avec lui. C’est une personne qui a une très grande analyse du pilotage. Il a corrigé quelques points sur ma façon de piloter, et cela m’a beaucoup servi.»

Tu es l’équipier de Jérémy Vanhorebeek et de Joël Roelants dans le team KTM Factory Junior. Tu entretiens de bonnes relations avec eux ?

Valentin Teillet : « Pour le moment, cela se passe bien. Mais ils restent des coéquipiers. On se parle mais ça en reste là. Chacun fait son boulot dans le team.»

Je suppose que, comme de nombreux pilotes français, ton objectif est de partir rouler aux US ?

Valentin Teillet : « Oui. Même si mon objectif ultime est de devenir champion du monde. Ensuite, je verrai… Si j’ai rempli tous mes objectifs en Europe, alors pourquoi ne pas partir pour les Etats-Unis ? »

Donc, pour toi, il est plus important de remporter un titre mondial qu’un titre US ?

Valentin Teillet : « Oui, mon rêve est d’être champion du monde. Même si dans un coin de ma tête je rêve un peu des Etats-Unis…»

C’est plutôt rare pour une jeune pilote français…

Valentin Teillet : « Oui, ça c’est sà»r !»

Avec le recul, comment analyses-tu ton titre de champion d’Europe acquis l’année passée?

Valentin Teillet : « Mon titre EMX2, je l’ai assez bien géré. C’était pour moi la première fois que je menais un championnat comme je l’ai fait en 2008. J’étais assez surpris de la manière dont j’enchaînais les courses. J’étais très motivé et, de plus, je disposais du meilleur matériel possible pour participer à ce championnat.»

Il y a à peine 4 ans, tu roulais encore en championnat Minivert. N’est-il pas trop impressionnant de rouler avec les avions du MXGP quand on n’a que 18ans ?

Valentin Teillet : « Si, un peu, et cela est arrivé si vite ! Mais mon objectif est d’être un top pilote, donc je ne me fie pas aux autres, même si je serai certainement un peu impressionné par le monde des GP au début.»

Comment expliques-tu qu’il y ait tant de très bons jeunes pilotes en France ces dernières années ?

Valentin Teillet : « Je pense qu’en France nous disposons de très bons championnats Minivert et Cadet. Pour progresser, c’est vraiment la bonne école. Pour ma part, j’ai pu notamment disposer du coach de l’équipe de France, qui m’a apporté beaucoup.»

Texte: Y. Bernard – Bernardmx.be

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