Interview James Stewart | Le numéro 1 lui va si bien!

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Le pilote actuellement le plus rapide au guidon d’une machine de cross était la grande star, début novembre, du 27ème Supercross de Paris-Bercy, où James Stewart a enflammé le public parisien par son attaque radicale sur la piste et son incomparable sens du spectacle. Nous avons profité de ce bref passage en Europe de la star US pour le rencontrer à Paris et envisager avec lui la prochaine saison Supercross outre-Atlantique et tenter d’en savoir davantage sur l’état d’esprit dans lequel le « Number One » incontestable du motocross aborde un avenir pour le moins prometteur…

James, tu es de passage à Paris pour la seconde fois. Tu aimes la capitale française ?

James Stewart : « Oui, j’aime Paris, c’est extraordinaire ! Cette année, ma maman nous accompagne et elle apprécie aussi beaucoup. Mais je dois dire que nous sommes tous très fatigués car le voyage a été long et nous souffrons du décalage horaire. Mais Paris est une ville fantastique et j’espère d’ailleurs que l’an prochain mon frère pourra nous accompagner. »

Le public européen t’apprécie et tu sembles toi-même l’apprécier également, non ?

James Stewart : « J’ai l’impression que les fans ici sont beaucoup plus passionnés, ils apprécient vraiment les courses, c’est très différent des Etats-Unis. Comme je n’ai pas l’occasion de venir souvent en Europe, je suis toujours très motivé lorsque je roule ici et c’est à chaque fois une excellente expérience pour moi. »

Personnellement, j’ai beaucoup aimé la vidéo d’introduction lors de la présentation des pilotes. Tu as aussi des talents d’acteur !

James Stewart : « Oui, c’était finalement pas trop mal ! J’ai apprécié tourner cette vidéo dans Paris mais je dois dire que j’avais un peu peur du résultat. J’avoue que j’ai vraiment été surpris lorsque je l’ai vue pour la première fois. Les gars qui ont réalisé ce clip sont vraiment doués ! En tout cas, j’ai aimé passer du temps pour cette vidéo, cela m’a changé les idées et c’était très différent de mon emploi du temps habituel où je suis normalement concentré en permanence sur la prochaine course. »

Tu as disputé ici une de tes premières courses avec la nouvelle 450 Yamaha. La moto paraît particulièrement performante…

James Stewart : « La nouvelle Yamaha 450 est plus facile mais aussi très puissante. C’est incroyable la puissance qu’il y a dans cette machine ! Elle est très maniable et elle offre une motricité exceptionnelle. C’est vraiment une très bonne moto. »

« Je serais plus inquiet de savoir Reed sur la nouvelle Yamaha que sur la Kawasaki »

Chad Reed vient pour sa part de signer chez Kawasaki. Toi qui connais bien la 450 KX-F, penses-tu que Reed sera plus rapide avec cette machine qu’avec la Suzuki ?

James Stewart : « Chad Reed est un excellent pilote. Il a déjà roulé avec Yamaha, Kawasaki ou Suzuki avant de venir aux USA mais je ne peux pas dire s’il sera oui ou non plus difficile à battre avec la Kawasaki. Maintenant, je suis persuadé que la Yamaha est la plus performante et la plus avancée technologiquement de toutes les machines du plateau. Je serais donc bien plus inquiet de le savoir sur cette moto ! Personnellement, je ne me fais pas de soucis : je vais rouler le prochain championnat comme j’ai roulé cette année et j’espère que tout ira aussi bien… »

Lorsqu’on lit la presse US, les relations entre Chad Reed et toi-même sont souvent très tendues. Les déclarations relatées par la presse spécialisée reflètent-elles la réalité ou cette rivalité entre vous est-elle davantage un jeu ?

James Stewart : « Au début, c’était plus un jeu qu’autre chose. Mais cela s’est aggravé au fil du temps et c’est dommage. De toute façon, je crois que le motocross est un sport qui prête à controverse et cela fait partie du jeu. Les choses sont ce qu’elles sont et, pour moi, cela ne fait qu’une personne de plus qui parle négativement à mon sujet. La seule différence entre Chad Reed et tous les autres, c’est que lui se bat contre moi sur la piste, ce qui a pour conséquence que ses déclarations sont relayées par tous les médias. »

Chad Reed est-il aujourd’hui le seul pilote capable de te battre ?

James Stewart : « Non, je ne pense pas. Il y a plusieurs jeunes pilotes qui progressent vite. Nous avons aux USA des garçons comme Villopoto ou Dungey qui sont très bons, ici en France j’ai pu remarquer Marvin Musquin, qui est excellent lui aussi. Personnellement, quand je suis sur une piste de Supercross, je garde une concentration maximale en permanence pour tenter de rouler le plus vite possible sans faire la moindre erreur. Je crois que ces garçons travaillent de la même manière que moi et ils seront probablement au top d’ici quelques années. »

Comme la saison dernière, tu ne disputeras pas en 2010 le championnat Outdoor. Ce championnat ne t’intéresse-t-il plus ?

James Stewart : « Avec Yamaha, il n’a jamais été question de rouler le championnat Outdoor. Nous y avons pourtant réfléchi mais, au vu de la situation économique actuelle défavorable, nous avons décidé de nous limiter au Supercross. Pour moi, cela rend les choses plus faciles car je peux me concentrer à 100% sur mon pilotage SX. Je fais ainsi ce que j’aime avant tout et j’ai apprécié également cette année avoir du temps libre pour le passer avec ma famille. De plus, cela m’a permis de récupérer efficacement de mes anciennes blessures. Je suis donc heureux comme cela. Cependant, il n’est pas dit que je ne disputerai pas à nouveau le championnat Outdoor dans le futur !»

« Personne ne subit autant de pression que moi! »

On dit souvent qu’il est plus difficile de rester numéro 1 que de le devenir. C’est quelque chose que tu peux confirmer ?

James Stewart : « En effet, les choses ne sont pas toujours faciles pour moi. Personne aux USA n’a autant de pression sur les épaules que moi… Comme ce fut le cas pour Ricky Carmichaël, Jeremy Mc Grath ou Stefan Everts avant moi, tout le monde s’attend, dès que je prends le départ d’une course, à ce que je la gagne. Ce n’est pas facile à gérer. On a d’ailleurs vu pas mal de pilotes rouler très bien jusqu’à ce qu’ils deviennent numéro 1 mais sans parvenir ensuite à conserver leur statut. Personnellement, je sais ce qu’il faut faire pour conserver ma position et j’espère avant tout prendre beaucoup de plaisir la saison prochaine ! »

On sait que, lorsque tu étais jeune, tu as passé beaucoup de temps à visionner des vidéos pour analyser le pilotage des tops de l’époque. C’est une technique que tu utilises encore aujourd’hui ?

James Stewart : « Oui, je regarde encore beaucoup de vidéos, de moi-même mais aussi d’autres pilotes. Par exemple, là, je viens de regarder les images que ma maman a filmées hier soir. Je suis toujours occupé à apprendre… »

Tu es incontestablement, par ton pilotage mais aussi ton palmarès, en train de marquer le motocross de ton empreinte. C’est quelque chose d’important pour toi ?

James Stewart : « Oui, bien sà»r, il est toujours agréable de se dire que l’on a marqué son sport de son empreinte. Je fais tout ce que je peux pour cela mais Ricky Carmichaël détient beaucoup de records que je n’ai pas. Je pense que chaque génération de pilotes est différente et chacun se fixe ses propres objectifs. Moi, ce que je cherche, c’est avant tout à gagner des courses, remporter des championnats et prendre du plaisir à moto. Tu sais, Ricky a gagné beaucoup plus de courses que Mc Grath mais Jérémy est davantage présent dans les publicités et je crois qu’il reste plus populaire aux USA que Ricky. En fin de compte, tout cela n’est qu’une question de business et cela ne m’inquiète donc pas vraiment. »

D’innombrables sacrifices, depuis 20 ans…

Arriver au top-niveau aussi rapidement que tu ne l’as fait, cela exige sans doute beaucoup de sacrifices…

James Stewart : « Cela représente en effet énormément de travail. Je crois que les gens n’imaginent pas tout le travail qu’un pilote doit effectuer derrière la scène pour parvenir au top niveau. Chez moi, entre les séances de footing et les entraînements à moto, il ne me reste que très peu de temps. Sans compter qu’il y a les courses chaque week-end et les séances de testing chez Yamaha. Rien que le mois dernier, je me suis rendu 5 fois en Californie ! Les gens de chez Yamaha viennent aussi parfois travailler chez moi mais c’est moins fréquent, à peine 2 fois sur l’année. Après la saison SX, j’étais vraiment épuisé et le break est vraiment arrivé au bon moment ! Mais bon, cela fait 20 ans que c’est comme cela pour moi… »

En Europe, on a tendance à te comparer à Valentino Rossi car vous aimez l’un comme l’autre, et au contraire d’autres pilotes, communiquer avec le public, montrer votre plaisir à rouler à moto et à gagner des courses.

James Stewart : « Oui, j’aime le contact avec les fans. Surtout dans une épreuve comme ici à Paris où je viens avant tout pour le fun et pour leur offrir du spectacle. J’aime vraiment l’ambiance ici ! Aux USA, sur une course de championnat, je dois malheureusement rester davantage concentré sur la course et je suis donc sans doute très différent. »

L’AMA vient de reculer l’à¢ge minimum pour obtenir une licence « Pro » de 16 à 18 ans. Toi qui es devenu professionnel à l’époque dès l’à¢ge de 16 ans, comment vois-tu cette nouvelle règle ?

James Stewart : « Je pense que c’est une bonne chose. Si tu regardes ce qu’il se passe dans le sport ou le cinéma avec ceux qui sont devenus stars très jeunes, tu vois que beaucoup n’ont pas vraiment bien tourné et que certains sombrent même dans la drogue. Ma situation était différente car j’étais bien entouré mais lorsque ce n’est pas le cas, c’est une situation très difficile à gérer pour un jeune. A 18 ans, on est déjà un peu plus mature et l’on voit déjà beaucoup de choses différemment. Globalement, je crois donc que c’est une règle positive pour le sport. »

En Belgique comme partout ailleurs, tu as de nombreux fans. Un petit mot pour tes supporters belges ?

James Stewart : « Roger De Coster, que j’admire pour tout l’excellent travail qu’il effectue chez nous aux USA, m’a déjà parlé du motocross en Belgique et des nombreux fans qu’il y a chez vous. J’espère qu’il y aura un jour un Supercross en Belgique où je pourrai venir rouler ! »

Texte: Olivier Evrard

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