Motocross | Qui sont les futurs tops belges?

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Yves Devlaminck, coach fédéral FMB depuis le début 2009 et chargé par la fédération d’encadrer les jeunes pilotes belges et de suivre certains d’entre eux sur les manches du championnat d’Europe 85cc, dresse un état des lieux de la relève belge. Qui sont nos futurs top pilotes, qui sont ceux qui se cachent aujourd’hui dans les catégories 85cc, que font-ils, quelles sont leurs forces et leurs faiblesses? Yves « Holeshot » Devlaminck fait l’analyse…

Robin Bakens: en progression

Robin a continué sur sa progression de l’été 2008. Pas tellement en terme de vitesse mais surtout concernant son bagage technique (virages, glisse, sauts).
Beaucoup étaient sceptiques à propos d’une année supplémentaire en 85cc tant il a grandi mais je reste convaincu qu’il a fait le bon choix, tout comme de rouler le championnat de France et de Picardie, une excellente école.
Reste encore à gagner en mobilité sur la moto et à relà¢cher son frein arrière plus tôt dans les virages à ornières. Pour sa première année en 125, je lui suggère de passer un maximum de temps à l’entraînement sur les terrains français…

Dietger Damiaens: un guerrier!

Dietger est un guerrier, il ne là¢che rien ! En Allemagne il s’est blessé plusieurs fois aux genoux et a quand même terminé ses manches. En Italie, il est rentré 2 fois dans les points sur un terrain exigeant et avec de nombreux pilotes locaux qui ont beaucoup plus d’expérience que lui sur ce type de terrain. Il a été retenu pour la coupe de l’Avenir car on sait qu’il va se donner à 200% et que l’on ne pourra rien lui reprocher.
Il est dommage qu’il parte souvent à l’arrière du peloton sans quoi il aurait pu se battre régulièrement pour le top 15 à l’Europe.

Techniquement, il doit vraiment travailler sa mobilité, il est grand mais beaucoup trop statique sur la moto (on l’a vu notamment dans les vagues à Valkenswaard…). Aussi, dans les virages, il doit essayer de virer en une fois et de supprimer les à-coups et les saccades, de rouler plus en souplesse. L’an prochain, il passe en 125, un cap important. Je lui suggère de faire plus d’entraînement et moins de compétitions afin de se concentrer sur ses petites lacunes techniques.

Ben David: motivé

Il a connu une progression tardive (a partir de l’été) et a bien évolué sur les terrains durs. Son évolution a été freinée par une vilaine chute lors de la première épreuve du championnat d’Europe en Pologne. J’ai malgré tout apprécié le fait qu’il ait tenu à rouler la qualification, bel exemple de motivation ! Il doit encore être plus sérieux et plus professionnel dans son approche du sport, je pense notamment à sa condition physique, aux échauffements, etc… Techniquement, il doit encore progresser sur les sauts et dans les virages. Il doit avoir plus de vitesse en entrée de courbe et une prise d’angle qui doit commencer beaucoup plus tôt. Pour l’année prochaine, je lui suggère une dernière saison en 85cc avec un grand cadre et de se perfectionner sur les terrains techniques.

Damon Graulus: polyvalent

C’est actuellement l’un des seuls pilotes en Europe à pouvoir s’imposer sur toutes les textures (ADAC, Cadet et ONK). Il m’a impressionné à chaque fois que j’ai eu l’occasion de le voir. Non pas techniquement car ça fait des années que je connais son bagage mais plus sur le plan expérience/maturité. A Valkenswaard, il a remarquablement bien géré toutes les séances libres, qualificatives, warm up, etc… Et même si il n’a pas concrétisé en course, ça respire déjà l’expérience et le professionnalisme ! Même remarque lors d’un stage à Lommel la semaine de son retour de blessure; il a roulé exactement comme il le fallait; il jouait avec la piste et la moto, sans prendre de risques inconsidérés sur un terrain particulièrement exigeant. Un modèle de gestion…

Pour l’année prochaine, je lui suggère de ne pas se précipiter sur la 125, de continuer à jouer avec la moto, de passer beaucoup de temps à l’entraînement et de réaliser (techniquement) ce que les autres ne font pas. Qu’il pense aussi à mettre progressivement l’accent sur la condition physique et à intensifier les charges de travail.

Cédric Grobben: progression interrompue

Cédric avait bien travaillé cet hiver avant de connaître une vilaine blessure au plus mauvais moment ! Il a fallu tout reconstruire et il a dà» être très patient. Le retour fut difficile, sportivement mais surtout moralement. Il a évité la surblessure et, au jour d’aujourd’hui, il en pleine phase de progression. Il doit essayer de faire un maximum de courses en fin de saison pour continuer à « surfer » sur cette dynamique positive. Sa position sur la moto est bonne, il doit continuer à travailler comme il le fait jusqu’à présent et enrichir encore et toujours son bagage technique.

Yannick Heylen: du potentiel!

Yannick est un phénomène ! C’est le plus jeune de la bande mais toujours le premier à faire une blague, il a toujours le mot pour rire… Mais, attention, lorsqu’il faut être sérieux il sait aussi l’être. Sa progression a été remarquable, en début de saison il luttait pour se qualifier et en fin d’année il est régulièrement rentré dans les points. Cet été, il a beaucoup chuté mais lorsqu’on progresse et qu’on gagne en vitesse, la case « chute » est un passage presque obligé…

De par son petit gabarit, il devrait encore progresser techniquement et plus jouer avec le terrain pour s’économiser physiquement. Aussi, cela va peut être paraître étrange, mais je lui conseillerais une moto un peu moins puissante, cela l’obligera plus à conserver sa vitesse et à oublier un peu son frein arrière dans les virages ! Quoiqu’il en soit, il est très jeune et si il continue sur sa lancée, il sera tout en haut de l’affiche dans 2/3 ans…

Stijn Hofman: volontaire

Stijn est très volontaire, c’est un battant qui ne là¢che jamais rien ! Malheureusement, dans les courses importantes, il se met un peu de pression et ne parvient pas à rouler à son vrai niveau. Techniquement, il a bien progressé mais il doit encore gagner en vitesse dans les virages et se perfectionner sur les sauts techniques. Il parle de monter en 125cc dès cet hiver mais je lui conseillerais de faire une année supplémentaire en 85cc. Il est encore souvent sur l’avant avec la 85cc et il est péférable de travailler sa mobilité sur une moto plus courte.

Julien Lieber: tout ou rien

Il est difficile à cerner car, avec lui, c’est parfois tout ou rien. Il est capable de tomber la pole et de faire 2 podiums de manche à l’ADAC et, le WE suivant, d’avoir du mal à rentrer dans les points. Il a un bon bagage technique et sait rouler sur toutes les surfaces. Il est venu sur un stage à Lommel, écoute et applique ce qu’on lui dit, c’est un bon point également. Mais il doit absolument canaliser sa fougue, réfléchir, prendre son temps lors des séances libres et chronométrées, structurer ses séances, évoluer dans ses trajectoires. Il a un réel potentiel mais doit plus rouler avec sa tête ! Aussi, j’espère qu’il ne va pas passer trop vite sur une moto trop grande et/ou trop puissante. Il a l’à¢ge pour le faire mais pas le gabarit. A Angreau, cela sera un élément clé. J’ai confiance en lui et je suis certain qu’il va tout donner !

Daymond Martens: un bon bagage technique

Daymond a énormément de qualités. Il est capable de rouler sur toutes les surfaces, sa position est impeccable, il utilise peu son frein arrière, utilise parfaitement sa boîte de vitesse et son bagage technique est bon. Il lui manque pas mal de vitesse mais cela viendra avec le temps et lorsque son gabarit le lui permettra. Si j’avais juste un conseil a lui donner, c’est peut être de se « là¢cher » un peu plus souvent, que ce soit dans certaines portions rapides ou sur des gros sauts, il en est largement capable ! Pour la saison prochaine, ce serait bien qu’il fasse le cadet et l’ADAC ainsi que quelques apparitions en Belgique pour garder un contact avec le sable…

Mathias Plessers: un des plus beaux pilotages de l’Europe 85cc

Il y a beaucoup de choses à dire sur lui sur Mathias. Objectivement, c’est l’un des plus beaux pilotages de l’Europe 85. Lorsque je l’ai vu un Pologne, il m’a directement tapé dans l’Å“il même si ses résultats n’étaient pas à la hauteur. Position, bagage technique, c’est presque parfait ! C’est probablement l’un de ceux qui a la plus grande marge de progression en terme de pilotage pur. Par contre, je trouve incompréhensible qu’il se soit arrêté à plusieurs reprises en course ou qu’il baisse les bras sans raison apparente ! Et c’est encore plus incompréhensible qu’il se promène 30 minutes plus tard dans le paddock comme si de rien n’était…

Le talent et le bagage technique c’est une chose, mais Mathias doit apprendre à se battre, à devenir un guerrier. Il n’est pas trop tard mais il doit changer d’attitude dans certaines situations. L’an prochain, il voudrait faire l’Europe 125 2t. C’est un très gros objectif mais il a les capacités pour le faire. Par contre, physiquement, il va falloir qu’il passe un cap car les terrains sont hyper exigeants.

Jonas Salaets: très demandeur

Jonas a beaucoup de mérite. Lui qui vient d’une fédération amateur débarque en championnat d’Europe sans transition et avec des moyens limités, chapeau ! C’était un plaisir que de travailler avec lui. J’ai rarement vu un pilote aussi attentif et aussi demandeur que lui, c’est une grande qualité… Il a énormément progressé en début de saison (probablement dà» au fait qu’il a attaqué sa préparation hivernale très tôt également), et à dà» apprendre le format et les terrains du championnat d’Europe.

Cette progression s’est vue ralentie à Valkenswaard où il a violemment chuté (et a d’ailleurs eu beaucoup de chance !). S’en est suivi un été plus compliqué. Les saisons sont longues et chacun a connu un petit passage à vide. Pour la saison prochaine, il va passer à la cylindrée supérieure. Je lui conseillerais une 250 4t qui collera plus à son pilotage qu’une 125. Techniquement, qu’il travaille beaucoup sa mobilité sur la moto, sa vitesse en entrée de virage sur les terrains durs, les virages à plat ainsi que les gros sauts. Je lui suggère aussi un sport de combat ou l’athlétisme pour travailler son explosivité et sa vitesse d’exécution. J’espère qu’il reviendra occasionnellement sur les EK Junior…

Brent Van Doninck: le champion ADAC 2009

Alors lui, c’est un numéro ! Il est très extraverti en dehors de la moto mais sait aussi être sérieux dans les moments importants. Objectivement, c’est l’un des plus gros potentiels en Europe. Comme Damon, il est capable de s’imposer sur les 3 textures (dur, ornières et sable) et, en plus de cela, il est très fort en supercross. Au plus les conditions sont difficiles et le terrain défoncé, au plus Brent est à l’aise. Il fait parfois des passages impressionnants dans le sable. C’est difficile d’aller beaucoup plus vite… Pourtant, il a encore des lacunes techniques, je pense notamment à l’utilisation de sa boîte de vitesse mais surtout à son frein arrière en virage dont il se sert beaucoup trop ! Aussi, il doit mieux structurer ses séances libres et chrono. Je l’ai souvent vu faire trop de tours rapides mais pas au bon moment. Le samedi, il consomme déjà beaucoup d’énergie. Il sait aussi que dans cette cylindrée, son gabarit représente un handicap… Mais il a prouvé tout au long de cette saison qu’il était capable de réaliser des choses extraordinaires qui me font dire que ca sera à coup sà»r un futur top ! Il y a quelques semaines, Brent est devenu champion ADAC (Allemagne) à l’à¢ge de 13 ans. Une performance que seuls des calibres comme Herlings, Roczen ou Strijbos ont été capables de réaliser avant lui, chapeau !

Julien Van Stippen: un cacactère fort

Julien a un gros bagage technique saut/glisse et surtout un caractère fort, très fort ! Il doit encore apprendre à canaliser sa fougue et à se concentrer sur l’essentiel. Sur la moto j’ai rarement vu un gamin aussi intelligent et il a pourtant assez peu d’expérience. Il apprend très vite mais a parfois tendance à reproduire ses erreurs à plus long terme… En matière de pilotage, il doit absolument oublier son frein arrière et rouler plus en finesse, ce qui lui permettra de consommer moins d’énergie même si cela restera toujours un pilote impulsif et agressif, un attaquant pur et dur! En stage, il sort des passages d’un autre monde… Il va faire la Picardie et quelques Cadet l’an prochain et je veux qu’il garde un pied en Belgique pour le sable. C’est typiquement le gamin qui aurait besoin d’intégrer une structure (genre pôle espoir en France) car il a un très haut potentiel technique, physique et mental !

Les autres…

J’en décèlerai 6 ou 7 mais je ne les connais pas tous personnellement. Tout d’abord Ludovic Brevers, le fils de Laurent. Il fait son petit bonhomme de chemin dans une fédération amateur mais chaque fois qu’il vient sur une grande course (Master Kids, Evert’s charity, …) il est devant ! Il a fait le choix de passer en 125 très jeune. C’est un choix que je ne conseillerai pas forcément mais pourquoi pas, il n’y a pas qu’un seul chemin pour atteindre le haut niveau et, en plus, ca a l’air de bien marcher pour lui… Si je peux me permettre, je lui conseillerais d’optimiser encore et toujours son bagage technique saut/glisse et surtout de rouler des compétitions internationales (ne serait-ce que quelques unes par an). Pour le reste cela a l’air d’être un combattant, un guerrier…

Côté francophone il y a également Arnaud Englebert et Mathieu Aerts qui ont effectué une bonne progression. Ce sont des garçons volontaires mais qui ont encore quelques lacunes techniques à combler. L’an prochain, ils vont passer en catégorie Espoir à la FMB. Je pense qu’avec un bon travail cet hiver, ils peuvent rentrer régulièrement dans le top 10.

J’ai eu l’occasion également de rencontrer et de travailler avec Arne Tureluren. C’est un chouette garçon, un peu introverti mais très demandeur et très à l’écoute. Bon pilote de sable, il doit encore progresser sur les terrains durs. L’an prochain, il va passer à la cylindrée supérieure. Qu’il passe beaucoup de temps à l’entraînement pour apprendre et connaître les réactions de la moto. Physiquement aussi, il a énormément à gagner car il part de zéro ou presque dans ce domaine…

Jordi Van Mieghem est aussi un jeune pilote qu’on a eu l’occasion de voir sur quelques courses. Il est jeune et doit encore enrichir son bagage technique avant de prendre trop de vitesse. Comme pour Yannick, il a une moto hyper performante qui, d’après moi, n’est pas un avantage à long terme. A Genk, lors de la Charity race, Jérémy, Joël et Stefan roulaient avec des motos 100% stock et pèsent tous entre 70 et 80kg. Vous connaissez le résultat…

Enfin il y a le « trio » Ramos/Bonnez/Lazaron, 3 jeunes pilotes qui suivent la filière France (une référence !). Ils ont tous un bon bagage technique et sont encore jeunes. Jorick passera en 125cc l’an prochain. S’il intensifie la charge de travail moto et physique à l’entrainement, il a les capacités pour devenir un tout bon.

Texte: Yves Devlaminck | Photos: Olivier Evrard & FVH

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