Interview Ken De Dycker | « Plus jamais je ne roulerai au MXDN! »

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La saison 2009 n’a pas vraiment été celle de Ken De Dycker. Problèmes techniques et physiques ont contrarié sa saison MXGP alors que son éviction du team Teka/Suzuki et sa non-sélection pour le Motocross des Nations lui ont porté de sérieux coups au moral. Mais, comme tous les grands sportifs, KDD a su rebondir et a trouvé dans le team Yamaha/Ricci une équipe certainement à la hauteur de ses ambitions. C’est un Ken De Dycker visiblement surmotivé que nous avons rencontré à son retour d’Italie…

Ken, tu viens juste de prendre contact avec la nouvelle Yamaha en Italie. Comment se sont déroulés ces premiers tests ?

Ken De Dycker: « Bien. Je n’ai encore roulé qu’avec une machine standard mais tout me paraît très bien. J’ai roulé 2 journées avec la nouvelle 450, une à Faenza et l’autre sur un circuit tout proche des ateliers du team Ricci. »

Yamaha arrive l’an prochain avec une moto alimentée par injection. Une technologie familière pour toi qui l’utilisais déjà depuis 2 ans sur ta Suzuki…

Ken De Dycker: « Même si la Yamaha est une toute nouvelle machine pour moi, elle n’est en effet pas si différente de la Suzuki. Surtout qu’une machine à injection est très facile à régler et à adapter. C’est dommage que nous n’ayons pas encore les motos d’usine car nous ne pouvons pour l’instant effectuer aucun test. Elles doivent arriver d’ici le mois de janvier. »

Ilario Ricci est quelqu’un qui reste plutôt discret, qui préfère travailler dans l’ombre. Comment le décrirais-tu, toi qui le fréquentes depuis peu ?

Ken De Dycker: « Comme quelqu’un de chaleureux et de sympathique. Comme beaucoup de managers en mondial, il a lui-même roulé dans le passé. Il vit véritablement pour son team ! La semaine passée, j’ai eu l’impression d’être immédiatement accepté dans le team. Je fais partie de la famille, comme on dit en Italie ! »

Avec Yamaha-Ricci, tu as eu la chance de trouver à nouveau un guidon dans un team de pointe !

Ken De Dycker: « Je ne connais pas encore vraiment le team Ricci car je n’ai passé que 3 jours avec eux mais c’est certain qu’avec eux je dispose à nouveau d’une machine d’usine et d’un encadrement très professionnel. »

« Avoir une machine compétitive est la seule chose qui compte pour moi »

Est-il vrai que, lors de la recherche d’un nouveau team, tu as privilégié le fait d’avoir une bonne machine plutôt que l’aspect financier ? Nous nous sommes laissé dire que l’offre de Georges Jobé était par exemple plus intéressante que celle de Ricci…

Ken De Dycker: « Avoir une machine compétitive est la seule chose qui compte pour moi. Je n’ai que 25 ans et j’ai donc encore tout le temps de gagner de l’argent ! Je voulais la meilleure moto et j’avais retenu la KTM et la Yamaha. Le team de Jobé est tout jeune alors que j’ai immédiatement eu un sentiment favorable avec le team Ricci, ce qui explique mon choix. »

Tu as également reçu une proposition de team LS Motors, lequel a fait sensation cette année avec Clément Desalle. As-tu pris leur proposition au sérieux ?

Ken De Dycker: « Bien sà»r, j’ai étudié leur proposition avec attention. Cependant, j’ai immédiatement joué cartes sur table et j’ai demandé à tester la moto avant de prendre une décision. Comme la Yamaha et la KTM me paraissaient meilleures, les négociations se sont arrêtées là… »

Revenons à la saison dernière. A deux mois du dernier GP, quel regard portes-tu sur ton championnat ?

Ken De Dycker: « Je suis déçu, c’est certain. Il y a eu beaucoup de choses qui ne se sont pas bien passées et, en tant que sportif professionnel, je ne peux pas être content. Il y a eu des hauts et des bas mais, même après ma double victoire à Lierop, je ne peux pas être satisfait de 2009. »

Tu as pourtant mené le championnat en début d’année. Mais, à partir du GP d’Istanbul, Cairoli est vraiment devenu très fort, sans doute plus fort que ce que tu ne l’attendais ?

Ken De Dycker: « Non, c’est vrai, je ne l’attendais pas aussi consistant. Je savais qu’il remporterait sans doute l’un ou l’autre GP mais de là à ce qu’il soit si fort tout au long de la saison… Je crois qu’il a surtout eu la chance d’être épargné par les blessures dans la première moitié du championnat et de prendre ainsi rapidement un avantage important sur les autres favoris. »

Tu t’es tout de même offert à Lommel ta première victoire depuis 16 mois (Valkenswaard 2008). Remporter son GP national, c’est toujours quelque chose de particulier, non ?

Ken De Dycker: « Oui, en effet, c’est très excitant ! D’habitude, lorsque je roule devant mon public, je suis toujours un peu nerveux mais cela n’a pas été le cas cette année. J’ai été heureux de renouer avec la victoire à Lommel mais, malgré tout, j’étais à nouveau déçu d’avoir commis une erreur. En fait, je pensais qu’il allait pleuvoir beaucoup plus fort durant la première manche, ce pourquoi j’avais mis un coupe-vent par-dessus mon maillot. Mais cela m’a fait transpirer énormément et j’ai laissé pas mal d’énergie dans l’aventure, ce qui explique ma contre-performance dans la seconde manche. »

L’euphorie après ta victoire à Lommel fut de courte durée puisque, quelques jours plus tard, tu étais informé que Suzuki ne souhaitait pas reconduire ton contrat…

Ken De Dycker: « Oui, en effet, cela a été une sérieuse baffe ! Cela fut une période difficile, comme en connaissent tous les sportifs. Il a fallu que je réagisse rapidement pour préparer 2010 dans de bonnes conditions. »

« Eric Geboers a donné une mauvaise image de moi-même mais aussi du team dans son ensemble »

A ce moment, le choix entre Ramon ou toi-même n’était en fait pas définitivement arrêté. La décision devait venir du Japon, mais ne crois-tu pas malgré tout que les critiques que tu as formulées durant la saison à propos d’Eric Geboers ont joué en la faveur de Steve ?

Ken De Dycker: « Je ne crois pas que cela ait eu une influence car même Sylvain a critiqué les propos qu’a tenu Eric à mon sujet. Le team était à ce moment davantage derrière moi que derrière Eric. Personne n’a trouvé que ce qu’il a fait était juste. »

Eric t’a prêté un manque de motivation et un manque de caractère. Il est vrai que ce sont des critiques assez sévères…

Ken De Dycker: « Oui, ce sont des mots durs, mais en agissant ainsi, Eric a donné une mauvaise image non seulement de moi-même mais aussi de tout le team. Ce n’est pas très intelligent de sa part…La critique est facile mais lui, qu’a-t-il fait pour moi durant les 2 ans que je suis resté chez Suzuki ? Jamais il ne m’a accompagné à l’entraînement ! Il a pourtant tant d’expérience qu’il pourrait nous transmettre… Mais bon, quand tu es également organisateur d’un GP en plus de ton job de team manager, je comprends qu’il soit difficile d’être en permanence derrière ses pilotes comme le sont pourtant la plupart des autres managers.»

Après ce douloureux épisode, ta non-sélection pour le Motocross des Nations a dà» également particulièrement t’affecter ?

Ken De Dycker: « Cela faisait en effet beaucoup de mauvaises nouvelles en peu de temps ! Ce que je n’ai pas aimé, c’est la raison pour laquelle je n’ai pas été repris. Au moment de l’annonce de la sélection, j’étais le Belge le mieux classé en MXGP et j’étais encore leader du championnat de Belgique. Cela ne signifie donc rien pour eux ? Je pense que je méritais ma place dans le team belge sans discussion ! Mais j’ai remarqué les années passées, lorsque je faisais partie de l’équipe, qu’il ne faut pas avoir sa propre opinion, sa propre façon de voir les choses mais se contenter de faire ce qu’ils disent. Ok, je trouve normal de devoir faire ce qu’ils veulent mais ce n’est pas pour autant que l’on ne peut pas aussi avoir ses opinions. »

On a dit aussi que tu n’as pas l’esprit d’équipe…

Ken De Dycker: « Moi ? Pas l’esprit d’équipe ? Que faut-il que je fasse ? Je suis néanmoins persuadé qu’il ne faut pas rouler ‘stratégique’ dans une course comme le MXDN car cela ne marche pas. Finalement, tu es toujours tout seul sur la moto… Cependant, j’aime faire des choses en groupe et cela ne me pose aucun problème. »

A Balen, peu après l’annonce de la composition du team belge, tu as déclaré devant les caméras de Sporza que tu ne roulerais plus jamais au MXDN. Tu es toujours de cet avis ?

Ken De Dycker: « Oui, certainement ! Plus jamais je ne roulerai pour le team belge au Motocross des Nations ! Tu es leader au championnat de Belgique, tu es le Belge le mieux classé en mondial et on ne te choisit pas pour autant… Tu dois laisser ta place à quelqu’un qui est derrière toi au classement provisoire et à un autre qui n’a pratiquement pas roulé de la saison. C’est tout à fait illogique ! »

« Je ne disputerai plus l’intégralité du championnat de Belgique »

Tu as aussi laissé entendre que tu n’avais plus de réelle motivation pour le championnat de Belgique…

Ken De Dycker: « En effet, je préfère rouler uniquement sur certaines épreuves, celles sur lesquelles je prends du plaisir. Je suis donc toujours ouvert aux négociations avec les organisateurs mais certainement plus avec la fédération ou le promoteur du championnat. »

Cette année, surtout en championnat de Belgique, mais aussi en mondial où il termine finalement devant toi, Clément Desalle a été ton grand rival sur la piste. Cette rivalité existe-t-elle également en dehors des courses ?

Ken De Dycker: « Non, pas du tout. Sur la piste, c’est clair que nous ne nous faisons pas de cadeau mais, en dehors, nous savons nous respecter et nous féliciter mutuellement. Je lui souhaite beaucoup de réussite avec Suzuki. C’est quelqu’un qui se bat toujours du début à la fin, un peu comme moi. Je crois que c’est cela qui plaît aux gens. »

Quel est ton programme pour les prochains mois ?

Ken De Dycker: « Pour le moment, c’est assez calme. Depuis 2 semaines, j’ai repris l’entraînement physique avec Willy Linden. Avec Sven Verbrugge et Manuel Priem, j’aimerais partir prochainement quelques semaines en Espagne afin de pouvoir me concentrer sur l’entraînement physique sans avoir rien d’autre dans la tête. En ce qui concerne l’entraînement à moto, je ne pense pas que je reprendrai le guidon avant le mois de janvier.»

La prochaine saison s’annonce passionnante en MX1, avec Cairoli qui sera favori et qui devra gérer son passage chez KTM, alors qu’il y aura également une liste impressionnante d’outsiders, dont tu feras à nouveau partie.

Ken De Dycker: « En effet ! Même si je n’ai pas encore vraiment pris le temps de réfléchir à la tournure que pourrait prendre le prochain championnat, je suis persuadé qu’il sera encore plus passionnant que celui de cette année. Non seulement parce que Cairoli changera de marque mais aussi parce que beaucoup d’autres favoris ont changé de team, ce qui laisse la place à beaucoup d’inconnues. Pour ma part, j’espère que tout ira bien avec la Yamaha et j’attends avec impatience de pouvoir en avoir une ici en Belgique ! »

En marge du championnat MXGP, où devrait-on te voir rouler en 2010 ?

Ken De Dycker: « Certainement sur quelques courses d’avant-saison comme Mantova, Valence ou Hawkstone Park. Je disputerai aussi quelques manches du championnat d’Italie. En ce qui concerne le championnat de Belgique, je ne signerai, comme je l’ai dit, vraisemblablement plus pour une saison complète mais je négocierai sans doute avec plusieurs organisateurs . Kester et Pierreux sont par exemple déjà des certitudes. »

Texte: T. Ivens | Photos: O. Evrard & Suzuki Racing

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