Training | Recommencer à  rouler après l’hiver

Decrease Font Size Increase Font Size Taille du texte Imprimer

Si certains pilotes ont déjà  recommencé à  rouler, d’autres attendent avec impatience que les conditions climatiques que nous connaissons s’améliorent pour remonter sur leur moto. Yves Devlaminck, le coach fédéral FMB en charge des jeunes pilotes belges, nous a dressé une liste de recommandations et de conseils pratiques quant à  la meilleure façon de s’entraîner sur la moto et de reprendre la compétition après une longue période hivernale.

Pour beaucoup de pilotes, l’hiver est synonyme de changement. Il peut s’agir d’un changement de marque de moto, d’un changement de cylindrée. Prenez votre temps pour faire connaissance avec votre nouvelle moto. Ressentir la puissance ou le bruit de sa nouvelle monture ne suffit pas! Vous devez également vous familiariser avec le poids de votre moto ainsi qu’avec son comportement dans des situations variées. En résumé, il faut acquérir des sensations sur la moto.

Yves Devlaminck: « En tant que coach, je travaille principalement avec des jeunes pilotes et certains conseils que je vais vous donner peuvent paraître extrêmement évidents pour certains d’entre vous qui sont des pilotes confirmés. Je m’en voudrais toutefois de ne pas revenir sur des principes de base comme l’adoption d’une bonne position sur la moto. Réglez d’abord le guidon dans une position qui vous convient le mieux. Un demi-centimètre plus haut ou plus bas peut signifier un monde de différence. La même chose vaut pour la position des pose-pied.

Outre la position sur la moto, un point très important est le maniement de la boîte de vitesses. Apprenez comment changer de vitesses le plus efficacement possible. Ne changez pas de vitesse ni trop tôt ni trop tard. Trop de pilotes restent trop longtemps haut dans les tours, surtout sur une 250 quatre temps. Tout dépend naturellement du caractère du moteur mais il y a malgré tout des limites à  ne pas dépasser!
Retrouver des automatismes

Pensons à  un équilibriste. Si celui-ci est resté trois mois sans monter sur sa corde, il a perdu le sens de l’équilibre. Il en va de même pour la moto! Apprenez à  bien sentir votre moto à  nouveau. Que ce soit debout ou assis, que ressentez-vous lorsque vous prenez un virage? Ensuite, plus vous roulerez, plus le sentiment d’équilibre va revenir.

Faire son autocritique

L’hiver, loin de la compétition, est le moment idéal pour faire son autocritique. Quels sont mes points faibles? Comment y remédier? Un pilote réfléchi pourra répondre seul à  ces questions. Quoiqu’il en soit, votre entourage peut jouer un rôle important dans cette analyse. Celui qui est conscient de ses faiblesses a déjà  franchi une étape. Les faiblesses peuvent être de toute nature. Certains pilotes peuvent s’améliorer sur le dur, d’autres à  mieux franchir les sauts, d’autres encore à  mieux passer des obstacles techniques, etc. L’idéal pour effectuer cet entraînement particulier est d’utiliser certaines parties spécifiques du circuit. Quand c’est possible, on recommence le même exercice vingt ou trente fois, jusqu’au moment où on est vraiment à  l’aise avec l’obstacle ou la difficulté. Il va de soi que ces exercices répétés ne peuvent se faire que sur un circuit sur lequel ne tournent pas d’autres pilotes.

Sur un plan pratique

OK, c’est bon, j’ai compris, vous dites-vous! Mais je commence par quoi? Je fais des chronos ou je roule l’équivalent d’une manche entière? Tout d’abord, il faut bien structurer son travail et y aller pas à  pas. Commencez sur un circuit qui vous est familier. Celui qui ira s’entraîner pour la première fois à  Lommel ou à  Dunkerke sera vite intimidé. En effet, vous vous retrouverez avec cent à  cent-cinquante pilotes sur un circuit qui comportera des ornières d’un mètre de profondeur et de cinquante mètres de long! Cerise sur le gà¢teau, s’il y a en même temps que vous l’un ou l’autre pilote de GP, vous allez entendre vos oreilles siffler.

Choisissez plutôt un circuit (plus) facile que vous connaissez bien et sur lequel vous êtes à  l’aise. Essayez alors d’utiliser toute la largeur de la piste. Une fois vous prenez le virage complètement à  l’intérieur puis vous prenez ce même virage au milieu puis complètement à  l’extérieur. Utilisez en fait toutes les trajectoires possibles. Le but d’un entraînement sur la moto est de se préparer au maximum pour la compétition. Il faut que vous ayez déjà  fait à  l’entraînement ce qui peut se passer lors d’une course. Il faut tenir compte de toutes les sortes de circonstances possibles en course! Faire tout cela en profitant d’un meilleur climat comme c’est (théoriquement!) le cas en Espagne ou en Italie, c’est vraiment l’idéal. Pour autant que ce soit possible pour vous, évidemment…

L’hiver est aussi le moment idéal pour s’entraîner tant sur la moto que sur le plan de la condition physique. Ici, il faut émettre une remarque importante. Beaucoup de pilotes passent l’hiver à  s’entraîner, sur la moto et physiquement, mais ils oublient un élément important: la vitesse! Ils arrivent dès lors sur leur première course de la saison et ils s’étonnent d’être totalement largués par leurs collègues! Celui qui a déjà  passé cinq à  dix heures à  s’entraîner sur sa moto a intérêt à  avoir également réalisé régulièrement plusieurs tours rapides, chronométrés si possible.

L’ennemi numéro 1 en hiver : le mal aux avant-bras!

Chaque pilote a connu le problème des douleurs aux avant-bras. Le début de la saison est la période propice pour souffrir de ce mal. Pourtant, il y a pas mal de confusion concernant ce phénomène. D’une manière générale, il y cinq raisons pour lesquelles on peut avoir les avant-bras tétanisés :

1. On recommence à  rouler après une période d’inactivité plus ou moins longue
2. La température est basse et la circulation du sang est mauvaise
3. La croissance chez les jeunes pilotes
4. Une trop grosse masse musculaire dans les avant-bras (c’est incroyable le nombre de pilotes qui font de la musculation spécifique visant à  renforcer les avant-bras!)
5. Le stress: lors des premières courses de la saison, pas mal de pilotes sont relativement sous pression

Le conseil le plus important que je puisse donner, c’est: ‘pas de panique !’. Il n’y a aucune raison pour dramatiser le fait d’avoir mal aux avant-bras. Surtout pas lorsque cela survient après un intervalle de deux mois. 99% des pilotes connaissent ce problème. Après quelques courses et le retour du rythme, ce problème disparaît naturellement. Rouler un maximum est donc le remède principal. Veillez aussi à  ce que le guidon et les leviers des commandes soient bien réglés.

Essayez aussi de ne jamais forcer lorsque vous avez mal. Vous forcer à  continuer à  rouler alors que vous n’y arrivez plus est la pire des choses à  faire. Dans ces cas-là , vous roulerez forcément mal et vous augmenterez vos chances de tomber. Rangez-vous plutôt cinq minutes sur le côté du circuit, profitez-en pour nettoyer vos lunettes, reposez vos bras et, si c’est possible, prenez une boisson. Si malgré tous ces conseils, les problèmes devaient persister de façon sérieuse, il reste toujours la possibilité d’une intervention chirurgicale. En effet, grà¢ce à  la microchirurgie, il est possible d’agrandir les gaines qui abritent les veines. Pour 98% des pilotes, cette opération n’est pourtant pas nécessaire.

Cinq règles d’or

Pour nous résumer, nous avons établi une liste de cinq conseils très concrets :

1. Pratiquer l’enduro et le trial en hiver vous permet de rester en contact avec la moto de façon ludique mais ciblée. Il s’agit d’une formidable manière de s’entrainer pour un pilote de motocross.
2. Veillez à  éviter de rouler dans des conditions trop défavorables. Aller rouler dans le sud de l’Europe est une excellente option (pour qui en a les moyens).
3. Apprenez à  connaître votre moto. Même si vous rouliez-déjà  avec une moto semblable. Prenez la peine de bien vous positionner sur la moto et de vérifier que le réglage du guidon vous convient.
4. Travaillez vos faiblesses en matière de pilotage. Il est encore temps maintenant. Lorsque la compétition aura démarré, il sera trop tard!
5. Essayez toutes les trajectoires possibles. Utilisez toutes les trajectoires, même celles que vous ne prendriez jamais Lorsque vous aurez pris un virage de toutes les manières possibles, la première course n’aura plus de secrets pour vous!

Une excellente saison 2010 à  tous!

Texte: Yves Devlaminck

 

Vos commentaires