Interview Steve Ramon | Steve Ramon: »Je ne suis pas encore dans la courbe descendante! »
Il faut se faire une raison: Steve Ramon, deux fois champion du monde et sept fois champion de Belgique, sera dorénavant le doyen des pilotes MX1au championnat du monde 2011. Steve, qui aura trente-et-un ans cette année, va entamer sa sixième campagne au guidon d’une Suzuki d’usine. Le pilote flamand a fait preuve au cours de ces années d’une rare régularité puisqu’il n’a figuré qu’une seule fois en dehors du top-cinq mondial depuis 2004. Et encore, cela était la conséquence d’une grave blessure à la nuque encourue en 2009 qui ne lui avait pas permis de défendre ses chances au championnat du monde 2009.Dans l’interview ci-dessous, le pilote belge nous parle de sa victoire au Touquet en tout début d’année, du championnat du monde qui débute le dix avril en Bulgarie ainsi que de son désir de remporter un huitième titre de champion de Belgique.
Remporter Le Touquet en début d’année était une façon splendide d’entamer la saison 2011. Est-ce que ta participation à cette épreuve a grandement influencé ta manière de t’entraîner?
Steve Ramon: « Pas vraiment, même si c’est vrai qu’il faut avoir une bonne condition physique – même si ce n’est pas à 100% – très tôt dans l’année. En fait, en décembre, j’ai suivi mon programme normal et j’ai commencé à rouler en janvier, avec une légère prédominance pour le sable en vue de préparer le Touquet. Pour moi, c’était un challenge de participer à cette épreuve. Je voulais gagner mais je ne savais pas vraiment à quoi je pouvais m’attendre dans la mesure où j’allais rouler contre des pilotes qui avaient fait de cette course leur spécialité et qui avaient donc beaucoup plus d’expérience que moi en ce qui concerne les courses de plage, et spécialement du Touquet. Le Touquet est un événement extrêmement populaire en France. Tout s’est bien passé en ce qui me concerne, que ce soit au niveau de mon pilotage ou des relais. Je voulais remporter cette épreuve au moins une fois dans ma vie. C’était super de pouvoir y participer une fois et en outre, avec le soutien total de Suzuki. Cette victoire au Touquet m’a vraiment comblé et je pense que c’était également le cas pour Suzuki, d’autant que c’était leur première participation officielle à cette course prestigieuse. »
Ainsi donc, malgré tes dix titres de champion du monde et tes huit titres de champion de Belgique, ta victoire au Touquet constitue un des événements majeurs de ta carrière?
Steve Ramon: « Certainement. J’avais déjà gagné des courses de plage auparavant mais cette grande épreuve manquait à mon palmarès. Le fait d’avoir également remporté cette épreuve prestigieuse m’a vraiment comblé. »
Tu es désormais le pilote le plus à¢gé en MX1…
Steve Ramon: « Non! »
Je crains que si! Tu te sens donc toujours aussi jeune sur une moto?
Steve Ramon: « Oui, de temps en temps! C’était le cas l’an dernier. J’ai souffert de pas de petites blessures dont je n’ai pas pu me remettre aussi vite que je le voulais et c’était vraiment frustrant. C’était difficile de m’entraîner et parfois tu te prends à penser que tu deviens trop vieux pour ce sport. Heureusement, par la suite, tu réalises une bonne course et tu redeviens super motivé pour travailler dur. Les jeunes pilotes sont costauds et rapides de sorte que ce n’est pas facile de se battre avec eux. Ceci dit, je reste un pilote rapide et pour autant que je garde une bonne condition physique, je suis prêt à en découdre! Après une course, il me faut parfois plus d’une journée pour récupérer entièrement mais c’est comme cela et je ne peux rien y changer! »
Tu vas débuter ta sixième saison avec Suzuki…
Steve Ramon: « Pour moi, c’est la meilleure manière – et la plus facile ! – de faire de la compétition. Depuis le début, je me sens bien dans ce team. Nous avons toujours entretenu de bons rapports de travail et je suis vraiment heureux de repartir avec Suzuki pour une nouvelle saison. En plus, la moto roule très bien et le fait que le team est basé en Belgique rend les choses plus simples. Je n’ai pas connu ma meilleure saison en 2010, c’est évident, et il a fallu pas mal de temps pour régler certains problèmes en fin d’année en même temps que Suzuki a beaucoup réfléchi avant de sortir son programme pour 2011. Oui, c’est vrai, je suis peut-être le pilote qui a travaillé le plus longtemps avec la même usine sans discontinuer. »
Est-ce qu’il y aura des modifications importantes sur ta RM-Z450 en 2011?
Steve Ramon: « Non, seulement quelques détails tout simplement parce que je me sentais vraiment bien sur la moto l’an dernier et qu’il est difficile de faire mieux à chaque saison. Evidemment, tout le monde essaie, mais ce n’est vraiment pas facile d’améliorer les choses de façon très significative. J’ai essayé certaines nouvelles choses et s’il y a des choses que je veux changer de mon côté, le team fera ce que je lui demande. Mais bon, comme elle est, la moto est faite pour gagner. »
Tu vas participer au championnat de Belgique pour remporter un huitième titre?
Steve Ramon: « Oui, bien sà»r! C’est le même programme que l’an dernier. Je ne cours pas après les recors mais, bon, il faut que je m’entraîne pendant la saison alors pourquoi ne pas s’entraîner en participant à des courses? Toutes ces épreuves ne sont situées très loin et c’est l’occasion de voir les supporters qui ne peuvent pas venir me voir sur les Grands Prix. Il fut un temps, c’est vrai, où je pensais à participer à moins d’épreuves afin de me concentrer davantage sur le Championnat du Monde. Un titre mondial, c’est important, cela va de soi, mais je pense que le titre de champion de Belgique est important également. C’est bon pour le sport belge d’avoir des pilotes de GP qui participent au championnat national car le motocross traverse une période difficile dans notre pays. »
Un de tes objectifs est de rester en bonne condition physique. Si tu y parviens, tu vas pouvoir te battre pour le titre au Championnat du Monde…
Steve Ramon : »Oui, c’est mon objectif. L’an dernier, je n’ai pas toujours été en bonne santé et lorsque c’est le cas, tu n’as aucune chance de pouvoir te battre avec les tops pilotes. Une des choses les plus difficiles est de rester en bonne condition durant toute la durée du championnat ; il y a toujours quelque chose qui ne va pas. Je veux rester en bonne condition, travailler dur et voir où j’en serai en fin de saison. Je veux remporter un GP et monter à plusieurs reprises sur le podium mais il te faut également de la chance de temps en temps. Le championnat est mon objectif principal mais je veux atteindre cet objectif de façon un peu plus relax désormais. »
Il y a des pilotes belges qui sont plus jeunes et qui sont rapides, tels Desalle, De Dycker et Roelants. Est-ce que tu crois que ton profil correspond encore à ce type de pilotes?
Steve Ramon: « Oui, mais les choses changent et on ne peut rien y faire. Clément est un bon pilote et je crois qu’il réussira de belles choses, cette saison. Je n’ai pas le sentiment que je suis sur la courbe descendante mais le temps viendra où les autres seront meilleurs… Pas trop vite, j’espère! Pour le reste, heureusement que nous avons des pilotes rapides en Belgique. »
Tu as cette expérience d’avoir roulé en catégorie MX1 depuis 2004. Est-ce que ton palmarès te met plus à l’aise au moment d’entamer le championnat?
Steve Ramon: « L’expérience, cela aide, c’est certain. On peut s’en apercevoir lorsque Clément connaît un problème, par exemple. Il devient un peu nerveux et c’est normal car il est jeune. En ce qui me concerne, je peux prendre les choses plus calmement dorénavant. Je crois que les attentes des gens en ce qui me concernent sont moins élevées que pour des pilotes comme Cairoli, Desalle ou n’importe quel autre favori. Ceci dit, la pression est toujours là car je roule dans un team d’usine et je sais que si je suis en bonne condition, je peux encore rendre la vie difficile à tous ces jeunes types. »
