Interview Cédric Melotte | Cédric Melotte sur tous les fronts

Decrease Font Size Increase Font Size Taille du texte Imprimer

Championnats d’Italie, de Belgique et mondial d’enduro figurent au programme de Cédric Melotte pour cette saison. Autant dire que le Namurois se bat sur tous les fronts cette année. Le pilote GasGas fait le maximum pour progresser dans une discipline qu’il a découverte l’an dernier. Avec un certain succès d’ailleurs puisque Melotski vient notamment de s’offrir les 2 dernières manches du championnat de Belgique…

Comment as-tu préparé cette nouvelle saison ?

Cédric Melotte : »J’ai repris l’entrainement très tôt car ma saison s’est également terminée très tôt. J’ai concentré ma préparation sur ce qui me manquait, c’est-à -dire du roulage de manière générale mais aussi passé du temps à  faire des temps en spéciales, il ne faut pas oublier que l’année passée, je ne connaissais rien à  l’enduro, c’était un nouveau départ, je suis reparti de zéro, je suis arrivé dans la discipline avec deux petits mois d’entrainements et non spécifique en plus. Je me suis retrouvé à  pousser ma moto pendant de longues secondes dans des côtes, j’ai galéré dans les pierriers … après une saison, même sans grands résultats, du moins pour le mondial, je savais où était mes lacunes. Ne sachant pas du tout vers quoi j’allais il me fallait cette première année afin de prendre des repaires. J’ai donc pu constater que je n’avais ni la vitesse, ni la technique, et j’ai pu cibler mes entrainements sur les points où je devais fournir un effort. Durant cet hiver je n’ai donc fait que rouler, rouler et encore rouler. Et ce, entre la Belgique, l’Italie et l’Espagne.

J’ai commencé par faire du testing de suspension en Belgique, puis je suis parti en Italie faire du testing moteur, je suis ensuite revenu en Belgique rouler un peu en enduro mais aussi un peu en trial mais juste pour l’amusement, je suis reparti en Espagne où j’ai été rouler avec des pilotes comme Ahola, Salminen, Joly, Thain. Pendant quinze jours, nous n’avons fait que rouler dans une partie de l’Espagne où on peut retrouver des spéciales tracées par ces pilotes et très typées « mondial ». On a fait un peu d’extrême aussi mais très peu, et un peu de cross. On alternait deux ou trois jours de moto avec un jour de repos. Le but n’était pas non plus de se fatiguer avant le début de saison mais d’avoir un entraînement constant, régulier. La saison a ensuite démarré avec le Championnat d’Italie, et les premiers résultats sont tombés dont une 3ème place à  Viverone où je termine derrière Aubert et Seistola. Je suis très content de mon début de saison en Italie. »

Avant de continuer à  parler de la saison entamée, revenons brièvement sur l’année 2010 et tapremière participation au mondial en demi-teinte. Quelle leçon en tires-tu ?

Cédric Melotte : »Comme expliqué, il me fallait une saison d’apprentissage, question résultats purs et durs, il ne faut pas se voiler la face non plus, sur le mondial il est clair que cette première entrée en matière n’a pas été des meilleurs, maintenant comme je l’ai dit, c’était tout nouveau pour moi et si il faut tirer un bilan, c’est fin de cette année qu’il faut le faire. Je suis conscient que quand vous avez eu un bon niveau en cross, les médias, les gens qui vous suivent vous attendent au tournant, on veut des résultats et tout de suite, mais ce n’est pas aussi facile que ça, d’une manière ou de l’autre je devais me lancer, arriver et casser la baraque directement personne ne l’a fait … Par contre je termine le Championnat italien à  la seconde place finale. Ce Championnat est un peu l’antichambre du mondial dans le sens où on retrouve des tracés que ce soit en liaisons ou en spéciales typées mondial, mais aussi des pilotes comme Ahola, Aubert, Thain pour ne citer qu’eux … Le bilan n’est donc pas si négatif que ça, cependant, en Belgique on ne parle pas du Championnat Italien. Pour ma part le bilan est positif dans le sens où sur le mondial j’ai pu cibler mes lacunes, et je termine vice Champion du Championnat Italien. »

Revenons à  2011! Cette nouvelle saison semble démarrer sur les chapeaux de roues pour toi: deux premières sorties en Belgique et deux victoires! Quel est ton programme pour cette saison ?

Cédric Melotte : »Effectivement, bien qu’au moment de cette interview les résultats de Saint-Hubert ne soient pas encore sortis, il semblerait que je gagne aussi après Flavion, mon entrainement hivernal porte ses fruits. Concernant mon programme, on va parler du programme initiale, car dernièrement et en quelques jours, une bonne nouvelle est arrivée … L’Italie est ma priorité, c’est avec eux que j’ai démarré l’aventure enduro hors de nos frontières et c’est encore eux aujourd’hui qui paie la plus grosse tranche de mon salaire, mais surtout malgré mes mauvais résultats du mondial de l’année passée, ils ont toujours continué à  croire en moi et à  me faire confiance, sans oublier le plus important, c’est une excellente équipe, un très bon team, très pro, on se comprend tout de suite, ils savent ce que je veux, quand j’arrive en Italie tout est prêt … j’ai juste été déçu par le fait que j’avais demandé à  pouvoir ‘retester’ le mondial en 2011 sur les trois premières manche et la réponse a été négative mais faute de budget. Cependant, après les bons résultats du début de saison en Italie, tout s’est enchaîné: Gas Gas Italie a revu sa position, Dany Crosset voulait également y aller de sa poche, bref on était prêt à  mettre quelque chose de plus ou moins correct sur pieds en E3, puis est arrivé ce petit coup de chance, Gas Gas Espagne a remercié un pilote junior après le grand prix espagnol et ils m’ont contacté pour me demander de rouler en E1, avec la 250 4tps … c’était le lundi avant le we du GP du Portugal … tout s’est enchainé très vite, j’ai répondu positivement en leur disant que je venais y faire ma course, qu’il ne fallait pas s’emballer, et qu’on verrait le dimanche soir suivant les résultats ce qu’on pourrait envisager pour la suite du Championnat …

Et le GP s’est très bien passé ! J’ai roulé avec une moto que je ne connaissais absolument pas, que j’ai pris en charge le jeudi sur la training area où j’ai roulé avec deux fois trente minutes, on a fait un setting de fourche, j’ai installé mon amortisseur, on a réglé la carburation, j’ai mis mon guidon et je suis partis comme ça … donc des réglages de la 300 qu’on avait jamais essayé sur la 250 ! J’ai tout de suite eu un bon feeling sur la moto, de bonnes sensations, un bon chà¢ssis, une bonne maniabilité, bref elle allait bien malgré un léger manque de puissance à  bas régime … Le week-end démarre et dans la première spéciale, dans la ligne, je sors … deuxième temps absolu ! Dans la spéciale cross, je réalise le 4ème temps absolu … puis au fur et à  mesure de la journée, je savais qu’on allait descendre dans le classement car au plus le terrain se creusait au plus j’avais des problèmes d’adhérence, mon moteur partait trop dans les tours, il manquait de couple, je termine le samedi à  une très belle sixième place malgré tout. Le dimanche je fais quelques erreurs et je perds de précieuses secondes que je tente de récupérer tout au long de la journée. Je termine finalement 8ème. Suite à  ces bons résultats, j’ai reçu une offre de la part de Gas Gas Espagne pour continuer le reste de la saison du mondial avec eux mais, comme j’ai pris le train en marche, les choses doivent se mettre en place. Par exemple, je serai encore avec la même moto au prochain GP. Par contre, dès la manche suivante, je vais bénéficier des évolutions 2012, c’est-à -dire un nouveau chà¢ssis, un nouveau moteur, et l’usine a débloqué un budget pour que je la développe, on va donc continuer la saison dans cette voie … Voilà  pour la bonne nouvelle, mon programme est donc de participer à  ces trois Championnats, Mondial avec la 250 4tps, Italie et Belgique avec la 300 2tps. »

Rouler en alternance avec une 250 4tps et avec une 300 2tps ça ne pose pas de problème d’adaptation ? Pourquoi ne pas rouler sur la même moto sur les trois championnats ?

Cédric Melotte : »Le passage d’une machine à  l’autre me demande une petite heure d’adaptation, le temps de retrouver mes marques, les deux sont de très bonne machines avec une préférence pour la 250 4tps, j’ai toujours eu une préférence pour le comportement moteur 4 temps. Concernant la cylindrée moi j’aime les gros moteurs, mais j’ai remarqué qu’enduro au plus tu as un gros moteur au plus vite tu peux faire des erreurs, j’ai trouvé le coup de gaz, la manière d’enrouler, maintenant c’est à  moi à  associer les deux, à  moi de trouver le bon coup de gaz sur chaque moto, ne pas trop utiliser l’embrayage, laisser courir le moteur, avec la 250 4tps je suis sà»r de pouvoir rentrer dans le top 5, je suis encore un peu dans l’inconnu mais je sais que j’ai progressé cet hiver, j’ai passé un cap, comme j’en passerai encore un autre l’année prochaine … Pour revenir sur le fait de n’utiliser qu’une moto, initialement, je ne devais pas faire de manche du mondial et encore moins pour Gas Factory, c’est donc en accord avec l’Italie qu’on avait choisis le meilleur compromis et une référence aussi, car le 300 2tps est une excellente moto, très polyvalente, pour l’importateur italien il n’y a aussi aucune raison particulière de m’aligner sur une 250 4tps et d’essaye de développer une moto qui va profondément changer en 2012. »

Quelles sont tes ambitions pour la suite de la saison en Belgique, en Italie, au Mondial ? Avec trois championnats à  disputer, quelles sont tes priorités ?

Cédric Melotte : »Je réalise un très bon début de saison, l’important est aussi que je prenne du plaisir et que je m’amuse, et c’est le cas. L’Italie reste ma priorité, après une place de vice Champion, tout logiquement le but étant de décrocher le titre, après vient le mondial, j’espère y faire les meilleurs résultats possibles, un top 5 serait vraiment bien … J’aimerais vraiment décrocher un statut de pilote pro chez Gas, comme je l’avais en cross, aujourd’hui ce n’est pas le cas, par moment je dois penser à  trop de choses, je n’ai jamais l’esprit totalement libre et tranquille, je voudrais pouvoir ne penser à  rien d’autre que le fait d’aller chercher la moto dans le parc et pointer à  l’heure … bref me débarrasser de tout ce qui ne concerne pas la course en elle-même et qui doit être gérée par un manager.

Quant à  mon avenir, mes contrats courent jusqu’à  la fin de l’année, rien n’est encore discuté ou signé pour 2012, il est vraiment trop tôt … j’espère de toute façon encore pouvoir rouler une dizaine d’année en enduro. Et puis, un jour, j’aimerais bien faire un Dakar ! Dans un premier temps, pas un Dakar pour le résultat, mais pilote porteur d’eau, franchement, ça me plairait énormément! »

Texte & photos : fdavid.be

Vos commentaires