Interview Thierry Klutz | Chronométrage en enduro: vers une solution?

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Si le championnat de Belgique d’enduro tend à  évoluer vers davantage de professionnalisme ces dernières années, notamment avec l’arrivée d’un promoteur en 2010 et un réel effort fourni par les organisateurs pour proposer des épreuves attrayantes, tout ne tourne pas rond pour autant entre les banderoles des spéciales belges. En cause : le chronométrage. A nouveau. Le passage aux transpondeurs devait être la solution miracle, elle ne l’est visiblement pas. Tentative d’explication avec Thierry Klutz, dont la mission de promotion de la discipline devient, de son propre aveu, de plus en plus difficile…

Le matériel acquis par la fédération pour assurer le chronométrage doit-il être remis en cause ?

Thierry Klutz : « Je pense que le matériel fourni par la société Orion n’est pas en lui-même à  mettre en doute. Hormis quelques petits soucis, il a d’ailleurs bien fonctionné à  Warnant, où les responsables de chez Orion étaient présents dès le samedi pour le placement du matériel et pour gérer les temps le dimanche. Les résultats finaux étant sortis environ 1h30 après l’arrivée du dernier Inter. A Flavion, ils sont venus seulement le dimanche matin et là , c’était déjà  une autre affaire! Je crois donc que c’est plutôt la manière dont le matériel est utilisé qui devait être remise en question.

Lors de l’épreuve de Saint-Hubert, on a vraiment touché le fond car tant au niveau des spéciales qu’au niveau des CH et CP, rien n’a fonctionné. Il me semblait de plus en plus évident que c’était le manque de compétence qui était la cause des problèmes rencontrés. Maintenant, nous devons nous poser la question de savoir si ce type de matériel ne demande pas trop de compétences spécifiques que pour être correctement utilisé par le commun des mortels. Il ne faut pas oublier que les responsables du chronométrage n’ont pas de compétences spécifiques.»

Comment n’a t-on pas été en mesure de réagir en cours de journée à  Saint-Hubert pour tenter de limiter les dégà¢ts ?

Thierry Klutz : «Simplement parce que lorsque la course est lancée, la connaissance du matériel qu’ont les personnes présentes sur les spéciales ne permet pas de trouver de solution. Marc Collet, qui vient d’être accepté comme stagiaire dans le Groupe de Travail enduro et qui était présent sur la spéciale 2, a été réactif et a demandé qu’on marque le numéro des pilotes qui rentraient et sortaient de la spéciale pour pouvoir récupérer les temps via les anciennes cellules. Dans cette spéciale 2, c’est le placement des boucles chargées de récolter l’impulsion des transpondeurs qui était mal effectué. On se retrouvait avec deux impulsions pour le départ et une troisième impulsion pour l’arrivée.

Le problème c’est que l’ordinateur prend la première impulsion comme départ et la seconde comme arrivée! On s’est donc retrouvé avec des pilotes (dont j’ai fait partie) qui avait un temps de 2 secondes pour la spéciale. Et évidemment, comme l’arrivée était synonyme d’une troisième impulsion, l’ordinateur la considérait comme départ de la suivante ! On avait alors comme second temps la durée de la liaison pour revenir à  cette même spéciale! Pour la spéciale 1, le premier tour, l’ordinateur récupérait les informations du passage des pilotes mais un problème de liaison (par antenne) entre le départ et l’arrivée ne donnait pas de communication entre les deux! Impossible donc que les temps sortent sans que l’information du départ n’ait été transmise… »

Comment se fait-il alors qu’il soit malgré tout possible d’obtenir un classement ?

Thierry Klutz : « Toutes les impulsions données par les transpondeurs ont bien été récoltées dans les ordinateurs. Le souci, c’est que le nombre d’erreurs étant tellement important qu’il était impensable de le faire le jour de la course. Les informations ont donc été renvoyées chez le fabriquant qui, grà¢ce à  un programme spécifique, a pu corriger les erreurs. Pour la spéciale 2, les bandes papiers des cellules ont permis de confirmer l’exactitude des résultats. Il faut savoir qu’un travail de titan a été effectué (plus de 15 heures!) par Marc Collet pour sortir manuellement les temps de la journée grà¢ce à  ces bandes papiers. Maintenant, sans doute reste-t-il des erreurs pour certain pilotes. Raison pour laquelle la fédération demande qu’en cas d’erreur, les pilotes leur envoient un mail leur signalant l’erreur en question. Leur temps sera alors vérifié. »

Comment as-tu réagi en tant que promoteur suite à  ces problèmes rencontrés à  St Hubert ?

Thierry Klutz : « J’étais évidement frustré et très déçu. J’ai donc dès le lundi envoyé un mail à  la Fédération leur signalant les soucis rencontrés tout en précisant qu’en tant que promoteur, il m’était devenu difficile d’effectuer mon travail correctement sans obtenir de résultats immédiats et fiables. Sans parler de la frustration et la rage des pilotes qui se retrouvent à  rouler toute une journée sans pouvoir obtenir ce pour quoi -pour la majorité- ils sont venus : des résultats! »

La FMB a-t-elle réagi ?

Thierry Klutz : « Oui, j’ai rapidement reçu un mail qui m’invitait à  une réunion où toutes les personnes concernées par l’enduro belge étaient conviées. Le GT enduro, les responsables du chronométrage de la FMB, le trésorier de la FMB, le Président, les organisateurs… J’étais pour ma part présent en tant que promoteur mais aussi en tant que représentant des pilotes »

Et qu’est-il sorti de cette réunion?

Thierry Klutz : « Stijn, qui est le secrétaire général de la FMB, a commencé par faire le point sur la situation. Il a de manière très objective, avec les informations en sa possession, rappelé comment se sont déroulées les trois premières épreuves du championnat de Belgique d’enduro. J’étais pour ma part bien décidé à  mettre sur la table les manquements et ne rien là¢cher. J’ai eu la parole et j’ai donc pu faire le point sur les trois premières épreuves et mon ressentiment par rapport à  celles-ci. Stijn, qui parlait au nom de la FMB, a reconnu avoir commis l’erreur de ne pas avoir impliqué davantage les responsables du chronométrage dans les démarches qui ont mené à  utiliser le matériel Orion. Il a également reconnu que la formation nécessaire à  l’utilisation mais surtout au placement du matériel n’avait pas été suffisamment faite. Il restait alors à  trouver les solutions ! »

Et quelles sont justement ces solutions?

Thierry Klutz : « Tout d’abord, il est important de rappeler le rôle de chacun pour que le matériel fonctionne correctement. Comme il s’agit d’un système de transpondeurs, un rayonnement s’effectue de la boucle vers le transpondeur, d’où l’importance de ne pas se rapprocher trop près de la boucle au risque de se faire détecter inutilement. Les pilotes doivent donc bien vieller à  ne pas venir s’agglutiner trop près de l’aire de départ ni revenir avec leur moto près du départ ou de l’arrivée pour, par exemple, voir leur temps.

Les organisateurs doivent être attentifs à  offrir suffisamment d’espace pour placer le matériel correctement.
Afin de réduire le rayonnement des boucles et ainsi éviter que celle-ci ne détectent à  plusieurs reprises un seul pilote pour le même départ, il a été décidé de commun accord de placer dorénavant les boucles à  l’horizontal et de faire fabriquer des poteaux de fixation que nous utiliserons lors de chaque épreuve.

Pour ma part, on m’a sollicité pour placer le matériel. Je pense, en effet, qu’il est préférable que ce soit toujours les mêmes personnes qui le placent. J’ai donc accepté. Je ferai également faire les poteaux de fixation des boucles. Pour le reste, ce sera le travail des responsables du chronométrage. Je pense qu’avec toutes les décisions prises, nous mettrons toutes les chances de notre côté pour enfin offrir aux pilotes la fiabilité des chronos tant attendue.

Un pavé dans la marre a été lancé -à  juste de titre- par de nombreuses personnes par rapport aux soucis de chronométrage. Le ras-le-bol était général mais une volonté de trouver la solution était bien présente hier lors de la réunion. Stijn et Jean Patinet ont guidé cette réunion vers les priorités en proposant des solutions. Du matériel a été acheté, il faut qu’on fasse ce qu’il faut pour qu’il fonctionne. Je vais, en tant que promoteur, apporter ma pierre à  l’édifice en espérant que ce soit la solution. J’y crois et j’attends impatiemment l’enduro de Bilstain pour en avoir la confirmation. J’invite tous les pilotes à  penser comme moi car c’est le seul moyen d’aller de l’avant ! »

Photos: O. Evrard & Fdavid.be

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