Le bruit a changé, la mode également et pendant tout un temps, on a pu croire que le sport mécanique allait être radicalement transformé. Lorsque les moteurs quatre-temps ont fait leur rentrée dans le petit monde du motocross à la fin des années nonante, Yamaha se trouvait aux avant-postes avec la YZ400F, une moto innovante qui allait permettre à Doug Henry d’être victorieux dans le championnat AMA et à Andrea Bartolini de remporter le championnat du monde 500cc en 1999. Ces succès signifiaient apparemment la fin du moteur deux-temps, d’autant que les usines construisaient leurs chà¢ssis et autres pièces techniques en fonction du nouveau moteur. C‘est ainsi que les YZ250F and YZ450F devinrent les chevaux de bataille de Yamaha en même temps que les chouchous de la clientèle.
Cette recherche constante d’un moteur qui aurait toujours plus de couple allait avoir un impact important sur les catégories existant jusque là dans les championnats de motocross. C’est ainsi que les catégories 125cc, 250cc et 500cc en vigueur depuis le début des années soixante allaient disparaître au profit des catégories MX1 et MX2 que nous connaissons aujourd’hui.
L’ère des quatre-temps prit son essor à partir du début des années deux mille. Les motos devenaient plus légères, plus puissantes an même temps que moins brutales. Elles influencèrent une génération de jeunes pilotes rapides qui apprirent un nouveau style de pilotage.
Cela voulait-il dire pour autant que le deux-temps vivait ses dernières heures?
Du côté des usines, il est évident que chacune n’avait pas la même opinion sur le sujet. C’est ainsi que seule l’usine Yamaha offre encore aujourd’hui une gamme complète de motos à moteur deux-temps allant de la 85cc à la 250cc. Quoiqu’il en soit, les contrôleurs de la FIM (Fédération Internationale Motocycliste) et les championnats européens restent encore favorables aujourd’hui au moteur deux-temps.
Il faut noter que pour ce qui concerne le motocross (et même sans doute le monde motocycliste en général dans la mesure où le deux-temps est la manière la moins onéreuse pour un jeune de ‘tordre’ une poignée de gaz), la moto à moteur deux-temps n’est pas tout à fait morte. Les cylindrées telles que les 65cc et 85cc permettaient une progression tout à fait naturelle à ceux qui s’étaient initiés à la moto sur des engins comme la Yamaha PW50. Le deux-temps était encore la manière idéale pour pénétrer dans le monde de la moto pour des raisons non négligeables, notamment en ces temps de crise : une technologie simple, des frais d’entretien raisonnables et une expérience du pilotage moins affà»tée.
« Les motos de cross avec un moteur deux-temps sont importantes pour Yamaha, particulièrement en ce qui concerne les enfants et les clients les plus jeunes en général, » affirme Laurens Klein Koerkamp, le Racing Manager de Yamaha Motor Europe. « Ces motos permettent un accès relativement bon marché au monde du motocross. Elles sont faciles à entretenir – éventuellement par le père du jeune pilote – et elles sont un bon moyen pour les apprentis-pilotes d’apprendre à maîtriser une poignée de gaz. J’ai parfois l’impression que les gens pensent qu’il n’y a plus que des manufacturiers européens qui fabriquent des motos à moteur deux-temps mais il faut savoir que Yamaha offre une gamme complète de modèles à moteur deux-temps très compétitifs telles les YZ85, 125 et 250cc. »
En Europe, le motocross est directement associé au championnat du monde de motocross régi par la FIM qui considère que le deux-temps joue un rôle essentiel dans l’accession du jeune pilote ambitieux qui souhaite atteindre le statut de pilote professionnel. Des championnats régionaux européens de 65cc et de 85cc peuvent donner accès au championnat d’Europe 125cc qui est organisé dans le cadre des Grands Prix. La FIM et Youthstream – le promoteur du championnat du monde – ont même annoncé la création d’un nouveau championnat d’Europe qui sera organisé simultanément avec les championnats MX1 et MX2 à partir de 2014 et qui verra des moteurs deux-temps jusqu’à une cylindrée de 300cc sur la ligne de départ. Au cours des cinq dernières années, toutes les marques évoluant dans le sport se sont focalisées sur la jeunesse. Avec la catégorie MX2 qui n’autorise que des pilotes à¢gés de maximum vingt-trois ans et un statut réévalué des championnats européens, des teams comme le Kemea Reytec Van de Laar Yamaha team, qui fait courir des pilotes dans les catégories EMX85, EMX125, EMX250 et MX2, fournissent une passerelle idéales pour les pilotes aspirant à devenir professionnels. C’est ainsi que ce team a pris sous son auvent deux pilotes comme Frederik Van Der Vlist (Hollandais) and Cyril Genot (Belge). Deux autres ingrédients sont également présents: des YZ deux-temps et Marnicq Bervoets, ancien pilote vainqueur en GP.
« Je crois que ce que nous faisons est vraiment bien, » confirme Bervoets. » Il y a deux ans, je travaillais avec un jeune pilote qui devait passer directement sur une 250 quatre-temps pour pouvoir continuer à progresser et on pouvait voir tous les changements qu’il devait assimiler. Ces motos dotées d’un quatre-temps sont trop lourdes et trop puissantes. Les enfants ont besoin de motos plus légères pour pouvoir faire des progrès. Ce ne sont que des jeunes adolescents qui sont encore en pleine croissance et ils ne sont pas encore assez costauds à cet à¢ge pour rouler sur des quatre-temps. Il doit y avoir une étape raisonnable entre la 85cc et le quatre-temps et je pense que la 125cc est une étape idéale pour y arriver en même temps que pour gérer convenablement leur carrière. Il est également important d’essayer d’éviter des blessures trop graves. Non, je pense que la transition via la 125cc est un excellent système en vue d’assurer la progression du pilote. »
Jusqu’à présent, le team a récolté les fruits de son labeur avec Peter Van de Laar qui s’occupe des moteurs à partir de son atelier en Hollande. Le très prometteur Cyril Genot est actuellement second du championnat de Hollande 85cc et il vient de remporter les deux manches dans la dernière épreuve. Il participe également aux championnats d’Europe régionaux. Van Der Vlist démontre toute sa force sur le sable hollandaise et il mène largement dans le championnat de Hollande 125cc en même temps qu’il est troisième au classement provisoire du championnat EMX 125 avec déjà trois victoires dans son escarcelle. En France, la moitié des pilotes roulant dans les championnats nationaux a fait le choix d’une YZ125. La Fédération Française ‘Léquipe de France de motocross Espoir’ a engagé Nicolas Dercourt dans le championnat EMX125 et celui-ci est déjà monté deux fois sur le podium au cours des deux dernières épreuves. Il a terminé second du championnat en 2012 et il est actuellement quatrième du classement provisoire. Tous ces jeunes progressent très bien sur leur YZ. « Les motos sont rapides et très fiables et nous offrons des kits 125cc via nôtre programme ‘YRRD Rinaldi racing parts’ qui sont très populaires, surtout en France, » nous déclare Klein Koerkamp.
« La Yamaha YZ125 n’a pas été radicalement modifiée en arrivant ici du Japon. Les modifications que nous avons effectuées avec Yamaha Nederland et Van de Laar concernent le chà¢ssis et la préparation moteur et nous sommes très compétitifs ainsi, » déclare Bervoets. » Le développement en lui-même a été limité mais nous avons travaillé dur. Van de Laar est très intéressé par cette aide qu’il apporte aux jeunes pilotes grà¢ce à ses moteurs deux-temps. Il n’arrête pas de travailler sur les moteurs mais généralement, les modifications sont très réduites car on ne peut pas modifier beaucoup le moteur. Malgré cela, la puissance est suffisante pour que nous soyons compétitifs et convient bien aux objectifs éducatifs qui sont les nôtres. Lors du dernier EMX125 en Lettonie, il y avait quatre Y125 dans le top-dix, chacune avec une préparation différente. »
« Vous savez, les enfants peuvent tellement changer entre l’à¢ge de treize et dix-sept ans, » continue Bervoets. ‘’C’est une période cruciale de leur carrière et le deux-temps permet aux pilotes de jouer davantage avec la moto en même temps qu’ils peuvent développer leur technique de pilotage. Je crois que l’approche de Yamaha avec ses deux-temps et ses quatre-temps est la bonne. J’espère qu’un jour, les usines hisseront leurs moteurs deux-temps au même niveau de technologie que leurs moteurs quatre-temps afin que tous les pilotes puissent faire le bon choix. »