Motocross

Il y a 50 ans, Joël Robert remportait son premier titre mondial

Il y a 50 ans, Joël Robert remportait son premier titre mondial
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En 1964, Joël Robert remportait son premier titre de champion du monde. Il y a 50 ans, celui qui restera longtemps le crossman le plus titré de l’histoire coiffait donc la première de ses 6 couronnes mondiales. Un record que seuls Stefan Everts (10 titres) et Antonio Cairoli (7 titres) sont parvenus à battre à ce jour. S’il a laissé derrière lui sa carrière sportive depuis bien longtemps, Joël Robert n’en reste pas moins très impliqué dans le monde de la moto. Pour l’heure, c’est le tout prochain « Air Base Supermoto », qui sera disputé à Florennes ces 14 et 15 juin, qui préoccupe notre sextuple champion du monde.

Peu de clubs motocyclistes dans le monde peuvent se targuer de compter un sextuple champion du monde parmi leurs membres. Pourtant, c’est ce que l’Union Motor du Pays Noir peut mettre en avant en ayant Joël Robert pour président. En 1964, il remportait son premier titre mondial avec une 250cc, un exploit qu’il a pu rééditer cinq fois de suite, de 1968 à 1972. Après sa carrière sportive, Joël est resté dans le monde du sport moto, comme organisateur des « 12 Heures de La Chinelle », de la Coupe de  l’Avenir à Jamioulx ou encore de l’Air Base Supermoto à Florennes. La raison de cette implication est simple : « le sport moto, c’est ma vie », dit-il.

Quand il s’agit d’organiser, Joël Robert aime bien être le meilleur. Un événement ne peut être considéré comme une réussite que s’il y a beaucoup de public qui y assiste. L’Air Base Supermoto à Florennes se déroulera cette année pour la douzième fois. L’entrée et le parking y sont gratuits : c’est unique dans le monde du sport moto. « La première fois, l’accès en Florennes était encore payant », déclare Joël Robert, « et puis à partir de la deuxième édition, c’était devenu gratuit afin d’attirer plus de monde. » L’épreuve de Florennes est la première des quatre manches du championnat de Belgique de Supermoto qui se tiendra cette saison dans notre pays.

Un premier titre fêté à la gare d’Helsinki

L’année 1964 a été une percée pour Joël Robert, qui avait vingt ans à ce moment-là. Il n’était actif que depuis quatre ans dans les rangs de la Fédération Motocycliste de Belgique mais, depuis tout petit, Joël était déjà assis sur une moto. Son père était un coureur de speedway, son oncle et son cousin avaient des motos de cross. « J’avais 7 ans quand j’ai reçu un Gillet 125cc. Chaque jour, je roulais avec cette moto, j’étais une nuisance pour les voisins », déclare-t-il. Dans sa première année de Grands Prix, Joël Robert a disputé le mondial sur une moto de production de la marque tchèque CZ, qui avait été mise à sa disposition par l’importateur belge.

Joël Robert en action lors du GP de Belgique en 1964, l'année de son premier titre mondial.

Joël Robert en action lors du GP de Belgique en 1964, l’année de son premier titre mondial.

Avec cette moto, il a remporté huit Grands Prix. Son adversaire le plus proche, le Suédois Torsten Hallman, sur une moto d’usine Husqvarna, en avait remporté quatre. « Il y avait peu de différence entre les motos d’usine et les motos de production, » dit-il. « La plupart des motos d’usines (hormis celles de Husqvarna et BSA) avaient été légèrement améliorées par rapport aux modèles de production. » Joël avait remporté le titre cette année-là en Finlande. Un titre qu’il avait fêté à Helsinki dans le restaurant de la gare. « Nous voulions manger dans un grand restaurant, mais on m’en avait refusé l’accès vu que je ne portais pas de cravate. Donc nous sommes allés à la gare… » S’il a pu participer à tous les Grands Prix, c’est grâce à son commandement de l’armée bienveillant. « Je faisais mon service militaire cette année-là », se souvient Robert. « C’était un problème, particulièrement pour les épreuves derrière le rideau de fer. J’ai ensuite été démobilisé pendant plus de deux mois et demi, sinon, je n’aurais pas pu participer à ces Grands Prix. Après cette période, je suis rentré à la caserne. » A-t-il alors eu des possibilités d’entraînement en tant que milicien? « Je roulais tous les jours à moto. Je venais le matin et partais le soir de la caserne à moto. Et sur le trajet, je roulais encore un peu en tout terrain. »

Des années plus difficiles

Au cours des trois années suivantes, Joël Robert rate le titre de justesse. En 1965, le Russe Victor Arbekov s’est avéré trop fort pour lui et, en 1966 et 1967, il avait dû s’incliner face à Torsten Hallman. Notre compatriote admet qu’il a vraiment appris le métier de motocrossman lors de cette période. « En 1964, j’ai été très fort et tout semblait aller facilement. En 1965, Arbekov a été très rapide. Nous avons roulé roue dans roue et nous réussissions à mettre le reste du plateau à un tour », dit-il. Joël avait alors également reçu le support de l’usine de CZ. « Ils étaient presque obligés de me donner une moto d’usine. Toutes les pièces et les pneus étaient financés par CZ. Et je pouvais obtenir une prime si je devenais champion du monde. J’ai terminé deuxième à trois reprises … »

Aujourd'hui, Joël Robert s'investit sans compter, notamment dans l'organisation de son Supermoto à Florennes.

Aujourd’hui, Joël Robert s’investit sans compter, notamment dans l’organisation de son Supermoto à Florennes.

En 1968, la réussite était à nouveau au rendez-vous et Joël Robert allait régner sur le motocross mondial pendant cinq ans. Ainsi, il réussissait à porter son total à six titres, un record qui n’a été battu par Stefan Everts qu’en 2003. La série de succès de Joël Robert fut le début d’une période sans précédent de victoires pour les pilotes belges dans les championnats du monde de motocross. Des succès qui se poursuivent aujourd’hui encore. Le concurrent le plus proche de Joël dans cette période était son coéquipier chez CZ, Sylvain Geboers. La lutte entre les deux Belges est devenue légendaire – et finissait toujours en faveur de Robert. En 1970, les deux pilotes sont passés chez les Japonais de Suzuki. Pour Robert et Geboers, c’était un grand pas en avant du point du vue financier et organisationnel. « C’était beaucoup mieux. Nous ne devions plus comme chez CZ amener nos motos aux épreuves. Suzuki amenait les motos préparées dans un camion », se souvient Joël Robert.

Un palmarès riche de 350 victoires

La saison de 1972 – l’année de son sixième titre – a cependant marqué le début de la fin de la carrière de motocross de Robert. Lors du GP 500 cc à Namur, et alors qu’il venait de signer un nouveau contrat de trois ans avec Suzuki, il était victime d’une blessure au genou. Les médecins lui avaient alors conseillé de subir une intervention chirurgicale aux ligaments. Mais Joël a dit non. Pour le regretter plus tard. Au début de la saison 1973, son genou était en piteux état et plus jamais Joël n’a retrouvé la forme. En 1977, il a mis, suite à un manque de motivation, un point final à sa riche carrière en motocross. Après avoir obtenu 350 victoires et a fait partie de l’équipe nationale belge à dix-sept reprises. En 1965, il a reçu le Trophée du Mérite sportif. De 1997 à 2006, Joël Robert sera le manager de l’équipe belge pour le Motocross des Nations. Sous sa direction, notre équipe national s’est imposée à 5 reprises.

Par ailleurs, en tant que coureur, Joel Robert était un homme plein de bravoure et quelqu’un qui connaissait les plaisirs de la vie. Ainsi, l’histoire raconte qu’il éteignait une cigarette sur le guidon de Sylvain Geboers juste avant le départ. Lors des épreuves, il faisait semblant d’être fatigué alors qu’il était encore très frais et réussissait ainsi à démoraliser ses adversaires. Et lors d’une course en Yougoslavie, il avait une telle avance qu’il s’est arrêté dans les stands, avait bu une bière et était reparti sans perdre sa première place. En 1989, il avait d’ailleurs réédité la manoeuvre lors d’une épreuve sur invitation pour les anciens champions du monde dans le cadre du Grand Prix de Belgique à Namur. Sacré Joël !

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