Published On: 6 février 2015

Avec tout le ramdam occasionné par l‘arrivée de Ryan Villopoto dans le championnat MXGP, on aurait tendance à oublier d’évoquer la présence d’un autre pilote américain dans ce même championnat. Nous voulons parler de Thomas Covington. Thomas va entamer sa deuxième saison en MXGP. L’an dernier,il avait réussi une surprenante troisième place lors du premier GP au Qatar puis il avait connu une saison relativement compliquée qui lui aura sans doute forgé le caractère. Agé de dix-neuf ans et originaire de l’Alabama, un état situé dans le sud profond des Etats-Unis, le jeune Américain, qui est basé en Hollande, roulera à nouveau pour le team Monster Energy CLS. Pas mal de gens pensent que Thomas Covington pourrait créer la surprise dans la catégorie MX2 cette année. Une bonne occasion pour le rencontrer avant que ne démarre la saison…

Quelles sont les grosses différences par rapport à l’an dernier? En 2014, tu avais commencé avec une wild card chez KRT avant de signer un contrat complet chez CLS, ce qui constituait malgré tout pour toi un saut dans l’inconnu…

Thomas Covington: « Maintenant, je me sens ici comme à la maison. J’ai des amis et je me sens plus à l’aise. Les choses fonctionnent vraiment bien avec le team car nous avons eu tout le temps de faire pas mal de tests et d’apporter les améliorations nécessaires à la moto. L’an dernier, j’avais commencé avec KRT et je n’avais roulé sur la moto de chez CLS qu’après plusieurs GP. J’avais reçu la moto avec les réglages d’Alessandro Lupino et nous n’avions notamment pas eu le temps de tester de nouvelles suspensions. Cette année, nous avons beaucoup travaillé avec WP de sorte que la moto me convient vraiment très bien. »

Pas mal d'observateurs voient Thomas Covington jouer un rôle d'outsider en MX2

Pas mal d’observateurs voient Thomas Covington jouer un rôle d’outsider en MX2

Tu travailles toujours avec Johnny O’Mara (entraîneur américain renommé, NDLR)? Qu’est-ce qui a changé pour cette nouvelle saison?

Thomas Covington: »Je ne travaille plus avec Johnny parce que cela ne fonctionnait pas trop entre nous du fait que j’étais en Europe la moitié de l’année. Cela reste toutefois un ami et il sera toujours comme un mentor pour moi. En fait, j’ai changé beaucoup mon programme de préparation et Tyla (Rattray) m’aide beaucoup à ce niveau. C’est très différent et je me sens aussi changé. »

Ah bon? Et comment t’aide t-il?

Thomas Covington: « Il me dit quand je dois aller rouler et quand je dois faire de la gym et quels exercices je dois faire. Il a l’expérience de quelqu’un qui a déjà remporté un championnat en Europe puis il est retourné rouler aux Etats-Unis. Je pense que je peux beaucoup apprendre de lui en même temps que je peux beaucoup apprendre d’être avec Ryan (Villopoto). »

Il a fallu que tu fasses de gros efforts d’adaptation pour venir rouler en Europe et en plus, il y a eu pas mal d’incertitudes sans compter les blessures…

Thomas Covington: « C’est certain que c’était une fameuse expérience de vie et qu’il y a eu, comme je m’y attendais, des moments pénibles. J’ai réussi ce bon résultat au Qatar et lorsqu’on en a parlé avec Steve (Guttridge, Kawasaki Motor Europe Racing Manager), on a été d’accord pour dire que d’une manière, c’était une bonne chose mais que d’une autre manière, ce n‘était pas si bon que cela car j’allais forcément avoir des attentes qui n’étaient pas réalistes. En fait, je devais d’abord me familiariser avec les GP. »

Qu’est-ce qui est le plus difficile apprendre dans les GP?

Thomas Covington: « La partie physique. Trop de gens oublient que le GP du Qatar était en fait ma première course en tant que professionnel. Jusqu’alors, mon calendrier d’amateur aux Etats-Unis ne comportait que six-sept grandes courses du championnat national, chaque course ne se roulant que sur six ou sept tours. L’an dernier, par contre, je roulais beaucoup le samedi et le dimanche et il fallait gérer cela essayant d’être à 100% »

Il semble qu’il y a eu un moment où tu paraissais complètement épuisé…

Thomas Covington: « Je roulais trop en dehors des GP. Je rentrais des courses le lundi et je partais directement rouler dans le sable. Cela m’a joué un sale tour dans la mesure où à un moment, j’ai commencé à rouler de plus en plus mal. »

Thomas Covington avait un peu présumé de ses forces en 2014

Thomas Covington avait un peu présumé de ses forces en 2014

Quel est ton avis sur la KX250F de cette année? Il semble qu’il y a eu quelques changements à l’intérieur du team CLS. Tout cela à l’air d’être un peu plus profitable pour toi…

A Thomas Covington: « Le team a pris une direction que je qualifierais de très positive. Récemment, on a effectué des tests pendant une semaine en France. Je suis vraiment content et je crois que cela va se voir cette année. J’ai également deux solides coéquipiers (le champion du monde sortant, Jordi Tixier et Dylan Ferrandis). L’an denier, je n’étais pas heureux. On avait des problèmes avec la moto. Maintenant, je ne me plains pas. Je pense que le moteur est plus puissant et il ressemble plus à davantage que j’avais aux Etats-Unis. Cela va aider pour les départs qui sont ‘immenses’ en GP. Ainsi, si on ne part pas bien sur des circuits comme celui d’Arco, tu as des problèmes car le circuit est très étroit et très mono trajectoire. L’an dernier, on avait pas eu le temps de faire des tests et on essayait quelque chose de différent à chaque GP. On n’était pas préparé, en fait. Cette année,les choses ont totalement changé. »

L’arrivée de Ryan Villopoto en MXGP va t-elle détourner un peu les projecteurs de toi en tant que pilote américain? Est-ce que ce sera nécessairement une mauvaise chose?

Thomas Covington: « L’an dernier, ceux qui me regardaient étaient ceux qui m’avaient suivi du temps où je roulais en amateurs aux Etats-Unis. Maintenant que Ryan est venu ici, beaucoup de gens, pour ne pas dire tout le monde, vont le regarder. Peut-être pourront-ils avoir leur attention attirée par ce que réalise en MX2, ce qui me donnera un peu d’importance. Je me rendrai sur les premiers GP avec l’intention de bien commencer la saison et ensuite – comme tout le monde,j’imagine – j’essayerai de figurer régulièrement dans le top cinq. Je sais que je travaille énormément pour l’instant afin que tout cela puisse se réaliser. »

La plupart des gens pensent que Ryan sera particulièrement rapide au début du championnat, sur les circuits modernes, récemment construits. Sur base de ton expérience en GP, quel est ton avis à ce sujet?

Thomas Covington: « Je suis aussi de cet avis. Je pense que Ryan sera très fort au Qatar parce que c’est un circuit rapide; c’était certainement le cas pour moi l’an dernier. Mais je pense aussi qu’il sera bon sur les circuits européens parce que c’est un des meilleurs pilotes au monde et qu’il devrait dès lors être capable de vite s’adapter. Ce sera super de pouvoir le regarder se battre avec Cairoli. Les bagarres devraient être serrées. »

Se pourrait-il que vous passiez du temps ensemble cet été?

Thomas Covington: « Nous vivons à trente minutes l’un de l’autre. Je travaille pas mal avec Tyla et, apparemment, Tyla et Ryan sont assez proches. L’autre jour, je me trouvais avec un jour sans tests à effectuer et je suis allé les regarder rouler. Je vais essayer d’apprendre un maximum d’eux deux. »