En souffrance financière depuis de nombreuses années, la firme espagnole GasGas a fini par trouver place dans le giron du groupe KTM en novembre 2019. Avec le sauvetage de la marque catalane, le groupe Pierer/KTM s’offre une corde de plus à son arc en se positionnant désormais sur le segment du trial avec une marque qui ne doit plus y faire ses preuves.
Par Christophe Bertrand
Déjà présent en compétition MX cette saison, avec au passage une première victoire en MXGP avec Glenn Coldenhoff en août dernier, le service compétition GasGas passera à la vitesse supérieure en 2021 avec la signature du Team Troy Lee US en 250, Justin Barcia en 450, une présence sur tous les fronts au niveau européen, avec des teams MXGP, MX2 et sur les séries EMX, et évidemment en enduro. Ce sont précisément les dernières nées de la gamme enduro de la marque que nous avons eu l’occasion d’enfourcher du côté de Mattighofen, le bastion du numéro un mondial du tout-terrain, en Autriche.
Puissance 4
Les EC250 et EC300 2T ainsi que les RC250F et EC350F 4T ont donc été développées en un temps record en s’appuyant évidemment sur la technologie déjà en place dans le groupe pour les marques KTM et Husqvarna.
Au premier regard, on est bien sûr en terrain de connaissance. Le rouge flashy et le blanc offrent un look sympa, l’habillage plastique nous fait un peu penser au design 2012 des oranges mais avec une ligne bien plus moderne. L’architecture de ces 4 modèles s’articule autour d’un cadre en acier chrome molybdène avec le système de biellettes hérité des Husqvarna mais l’arrière-cadre en alu des KTM.
Au niveau des suspensions, amorto WP XACT et fourche WP Explor de 48 mm sans réglage externe de précontrainte. La hauteur de selle se situe 1 cm plus haut que la Husky et 1 cm plus bas que la KTM.
Sur le plan mécanique, c’est du copié-collé dans un premier temps : moteurs alimentés par injection, boîte 6 rapports et démarreur électrique. Là où ça change, c’est au niveau de l’hydraulique, embrayage à membrane, freins avant et arrière développés par la marque espagnole BRAKTEC, peu voir pas connue chez nous mais très présente en trial et en superbike.
Pour les équipements et accessoires, des comodos simplifiés (pas de sélection de courbes de puissance ni de traction control) prennent place sur un guidon sans barre NEKEN assez plat. On ne trouve ni protèges-mains ni sabot moteur.
Les roues reçoivent des voiles Excel très classiques de couleur alu et sont montées de pneus Maxxis Enduro.
Vous l’aurez compris, nous sommes en présence d’une base KTM/HVA pour 80% de nos 4 modèles proposés, les 20% restant permettant d’offrir une variante sur l’équipement embrayage/ freins et sur une finition de certains équipements moins « léchés » si l’on se réfère aux standards établis par KTM et surtout par Husqvarna. Bien sûr, libre à vous d’agrémenter votre GasGas grâce au catalogue Power Parts…
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Les explications de Christophe Bertrand en vidéo
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Vamos !
Dès la prise en mains, l’ergonomie est idéale, toutes les commandes tombent naturellement, c’est du connu, l’embrayage BRAKTEC donne totale satisfaction ainsi que le feeling des freins avant et arrière.
C’est avec la EC300 que je découvre notre terrain de jeu, une piste en sous-bois, truffée de racines bien glissantes, particulièrement dans une côte bien défoncée et très sinueuse.
Avec un châssis très réactif et un moteur un peu ON/OFF lorsqu’il faut aller chercher l’adhérence, la 300 2-temps m’aura bien compliqué la vie lors de ce premier passage technique. Inhabituel, connaissant le comportement d’une Husqvarna ou d’une KTM… Un dégonflage du pneu arrière s’imposait pour retrouver confiance et maitrise. Suis-je tombé sur un mauvais numéro ? Un moteur neuf qui avait besoin de se libérer, associé à un surgonflage très pénalisant ? Un second essai aurait été intéressant pour contredire ces désagréments.
Passage sur la EC250, l’impression de légèreté et de facilité est flagrante par rapport à la 300, la moto est très joueuse mais semble par contre plus creuse, moins réactive que les modèles 2020 KTM/HVA alors que nous sommes sur les mêmes motorisations.
Ces GasGas ont-elles réellement besoin de se libérer progressivement ? Ou ce comportement vient-il de la forme du manchon de boîte à air différent des 2 autres marques, modifiant d’ailleurs également leur sonorité ? Quoiqu’il en soit, cette 250 est très facile d’utilisation et propose une puissance toujours maîtrisable.
En retrouvant la EC350F, j’avoue avoir un petit faible pour la cylindrée car c’est également le fer de lance du groupe. Le bruit est plus rauque, plus sourd que le son habituel. En action, elle a tout pour le pilote expérimenté : puissance, allonge, réponse au coup de gaz, on peut utiliser son coffre pour rouler sur le filet de gaz entre les difficultés.
L’inertie moteur n’est pas dérangeante voire même avantageuse lors des descentes glissantes.
C’est l’occasion également de tester correctement les éléments BRAKTEC lors des freinages plus appuyés et l’embrayage davantage sollicité dans le sinueux. Le verdict est remarquable si on les compare aux marques BREMBO et MAGURA: le feeling est très similaire, c’est précis, agréable et sans aucun bruit parasite. On valide !
J’enfourche la EC250F pour terminer cette journée. La différence de puissance avec la 350 est très marquée, la moto est super fun, une cylindrée souvent plébiscitée pour se faire plaisir sans trop se fatiguer. Je m’amuserai à finir cet essai dans le très technique avec le photographe. C’est vraiment la moto pour jouer dans les petits espaces avec le couple et l’allonge suffisants pour venir à bout des difficultés.
Voilà donc 4 modèles bien ciblés, de la qualité éprouvée, un service après-vente et un marketing bien en place. Vous enlevez 700 Euros environ par rapport à une KTM et 1000 Euros sur le prix de la Husky et vous bénéficiez de ces GasGas « made in Austria » déjà disponibles dans le nouveau réseau de concessionnaires.
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