Published On: 18 août 2023

En 2018, Jago Geerts montait sur son premier podium MX2. Il avait 18 ans. Ces quatre dernières saisons, il n’est jamais descendu du podium final du mondial MX2 et compte même 3 titre de vice-champion à son palmarès. Cette saison était sa dernière en MX2 avant de passer dans la catégorie reine en 2024. Le titre mondial semblait ne pas pouvoir lui échapper. Et pourtant…

Annoncé l’an prochain avec Yamaha en MXGP, Jago Geerts se voyait bien coiffer avant cela une couronne mondiale MX2. Après avoir vu le titre lui filer entre les doigts l’an dernier au terme d’un duel épique avec Tom Vialle, notre compatriote comptait sur cette saison 2023 pour quitter le MX2 par la grande porte. Expérience, pilotage, vitesse, moto, équipe technique,… Geerts réunit tous les ingrédients du succès. Et pourtant, avec désormais 104 points de retard sur Andrea Adamo  et seulement 4 GP à disputer, soit deux cent quarante points à distribuer, les chances de voir le rêve de Geerts et de tous les fans belges, qui restent sur leur faim depuis le dernier titre de Steve Ramon en 2007, se concrétiser semblent aujourd’hui réduites à peau de chagrin. Geerts figure sur la liste de départ du 16ème round de la saison à Arnhem ce week-end et a d’ailleurs été aperçu à l’entraînement cette semaine à Lommel mais rien ne dit qu’il sera bien au départ du GP ni s’il sera à 100% de ses capacités dans le sable hollandais.

Le week-end passé, Geerts espérait prendre le départ du GP de Suède à Uddevalla, ce qui semblait être une condition pratiquement sine qua non pour le pilote Yamaha en vue de garder une chance dans la course au titre mondial. Mais il a été contraint d’écouter les conseils médicaux et de rester à nouveau sur la touche, enregistrant là un second score vierge consécutif à cause d’une clavicule fracturée sur le GP de Finlande deux semaines plus tôt. Avant cela, une chute en France l’avait déjà privé de 3 GP avant un retour spectaculaire qui lui a permis de revenir au soir du GP de Lommel à 10 petits points d’Adamo. On avait alors toutes les raisons d’y croire.

« Avant la Suède, nous avons essayé de rouler le jeudi », a déclaré Michele Lavetti, manager de l’équipe Kemea. « Mais après quelques tours, ce n’était plus possible. Pas à cause de la douleur, mais il n’avait pas assez de force dans le bras, donc c’était dangereux de tenter de disputer le Grand Prix dans ces conditions ».

« Deux jours après l’opération consécutive à sa chute en France, il nous a dit qu’il serait de retour et qu’il se battrait pour le titre. Personne n’y croyait… mais il l’a fait », a déclaré Hans Corvers, propriétaire du team Monster Energy Yamaha Factory. « Il est revenu à dix petits points. Mais l’accident en Finlande est un peu différent. Nous savons tous comment cela s’est terminé en Turquie l’an dernier et nous savons tous comment il s’en est remis. Idem après sa chute en France cette année. Mais cette fois-ci, mentalement, j’ai vu des larmes. Honnêtement, cette fois-ci, je crois que c’était plus dur pour lui que de perdre le titre mondial l’année dernière. »

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« Jago se bat toujours », a ajouté Corvers. « Jeudi dernier, c’était malheureusement quelques jours trop tôt. Il est encore fort mentalement parce qu’il souffre beaucoup. L’opération a duré quatre heures et n’a pas été une partie de plaisir. C’est sa sixième année avec nous et quatre d’entre elles ont été consacrées au titre. C’est donc particulièrement difficile pour lui, car nous savons à quel point il travaille dur », explique Corvers. « L’année dernière aurait dû être la sienne. Cette année encore plus… et ce n’est finalement pas le cas. Pour lui et pour l’équipe, c’est difficile à accepter ».

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C’est donc un sentiment aigu d’injustice qui domine dans le clan Yamaha. On le comprend. C’est la dure loi d’un sport comme le motocross. « Le motocross restera du motocross tant qu’il y aura un moteur et deux roues, les pilotes chuteront », déclare Corvers. « Quand vous montez sur la moto, vous savez que demain ou après-demain, il y aura une chute. Dans le passé, il était à terre et nous nous demandions comment c’était possible ! L’année dernière, c’était déjà beaucoup mieux et cette année c’était vraiment bien. Bien sûr, il a eu quelques chutes, mais c’est le cas de tout le monde. Lorsqu’il a décidé l’hiver dernier de s’installer seul à Monaco – non seulement pour la structure financière, mais aussi pour ce que cela signifiait pour son style de vie – nous avons également constaté un changement sur la moto. Il était plus mûr et plus fort. Je le vois grandir encore plus et je pense que cela va l’aider pour la 450 ».

L’an passé, le Motocross des Nations et les prestations exceptionnelles au guidon de la 450 avaient atténué la déception de notre compatriote après la défaite en Turquie face à Vialle. Il sera cette année encore en action dans la catégorie MXGP sur cet événement majeur du calendrier international. Et pourtant, bien que son avenir soit désormais lié à la cylindrée, pas question pour Geerts de se détourner de son objectif initial. « Jusqu’à ce que ce soit mathématiquement certain, je suis sûr que Jago n’arrêtera pas de penser au MX2 », dit Lavetti. Je lui ai demandé s’il voulait commencer avec la 450 et se préparer pour le prochain chapitre de sa carrière et il m’a répondu « non, non… nous continuons à travailler ».

« Nous savons que c’est un pilote doux, qui roule sur le couple et n’est pas agressif ; la 450 lui conviendra mieux », acquiesce Corvers. « Je ne veux pas dire qu’il se battra pour le titre mondial, mais il est certain qu’il sera là. Il a montré au monde entier aux Nations l’an dernier qu’il pouvait le faire. L’avenir s’annonce bien. J’espère qu’il aura la chance de décrocher au moins un titre. »

Propos recueillis par : A. Wheeler