Published On: 12 juillet 2024

Cela faisait 5 ans que la marque française couvait sa nouvelle génération de modèles enduro et on peut d’ores et déjà vous confirmer que l’accouchement s’est très bien déroulé. Les 7 modèles de la gamme ont été présentés en terre bourguignonne du côté de Savigny-lès-Beaune. L’occasion pour nous de vous faire part de nos premières impressions. Les Bleus semblent plus que jamais parés pour l’avenir.

Par Christophe Bertrand

Au premier coup d’œil, les Sherco enduro sont métamorphosées, le bleu intense prédomine toujours mais quel coup de jeune ! La silhouette est affinée de partout, réservoir, selle et garde boue arrière s’alignent parfaitement et excepté un poste de pilotage toujours un peu bas -c’est une analyse personnelle (il est déjà relevé de 5 mm)- l’ergonomie est tout simplement excellente. Quelle que soit la situation, à aucun moment je n’ai subi de contraintes dans mes déplacements ou un mauvais « touché » ou contact au niveau du cadre, des ouïes de radiateurs ou même des systèmes d’échappement Le filtre à air est maintenant accessible sans outillage grâce à une nouvelle boîte à air d’un joli gris.

Notez que deux séries vous sont proposées, la RACING déjà bien équipée et une série Factory encore mieux équipée. Côté modifications techniques, les ingénieurs maison se sont bien lâchés, vous jugerez par vous-mêmes à la lecture de la liste des évolutions…


Principales nouveautés

  • Design 2025
  • Nouveau boîtier de filtre à air
  • Nouveau châssis
  • Nouveau système de refroidissement
  • Nouveaux disques de freinage
  • Nouveaux colliers de serrage CNC
  • Nouveau support de tableau de bord
  • Nouveaux garde-mains
  • Nouveau protecteur de fourche
  • Nouvelle plaque de protection
  • Nouvelle béquille latérale
  • Nouveau faisceau électrique
  • Nouveau support de réservoir
  • Nouvelle tringlerie d’essieu
  • Amélioration de l’accessibilité au silencieux
  • Modification de la position du robinet d’essence (125/250/300 SE)
  • Nouveau tuyau d’échappement (250/300 SE)
  • Nouvelle boîte de vitesses (250 SE)
  • Nouveau système d’échappement complet Akrapovic (250/300/450/500 SEF)
  • Nouvelle pompe à essence (250/300/450/500 SEF)
  • Nouvelle cartographie (250/300/450/500 SEF)
  • Nouvelle culasse (250/300 SEF)
  • Nouveau bras oscillant (450/500 SEF)
  • Nouvelles roues avant et arrière (450/500 SEF)
  • Capteur d’inclinaison (450/500 SEF)

En piste !

On inaugure le roulage avec la 300 SEF, un modèle qui m’avait déjà bien emballé à l’époque. Prise en mains hyper naturelle, le démarreur lance le 300 à soupapes, le son de l’AKRAPOVIC monté sur cette série Factory donne le ton dès la 1re ligne droite en sous-bois.Cette cylindrée intermédiaire a du répondant et ne rechigne pas dans les montées en régime, le couple est bien présent dans les parties étriquées en forêt, la longue descente très technique truffée de pierres et racines démontre une inertie quasi inexistante, un frein moteur réduit à sa plus simple expression qui procure une certaine aisance dans le plus technique.

Je m’aperçois de suite que ça a bien bossé également sur les nouvelles boîtes de vitesse, une sélection précise, des rapports bien étagés rien à reprocher là non plus. Sur la spéciale en herbe bien glissante, le 3e rapport est mon ami grâce au couple suffisant dans les virages et l’allonge pour les relances, cette 300 SEF se positionne déjà comme un maître achat : elle ravira pilote lambda comme le pilote expérimenté.

Avec ses 50 cm³ de moins, la 250 SEF offre une version nettement moins puncheuse, il me faut m’appliquer davantage dans les trajectoires de la spéciale pour évoluer dans la bonne plage et « taper » dans les rapports, c’est plus sportif si on veut chasser le chrono mais la 250 se place plus facilement dans les entrées de virage ou dévers sur l’angle. Probablement dû au fait de rentrer sur le 2e rapport et donc avec du frein moteur. Dans le pierrier hyper vicieux, la 250 s’en sort mieux également, le 2e rapport avec une vitesse linéaire offre un meilleur feeling.

En prenant le guidon de la 450 SEF mon 1,87 mètre apprécie les petites différences de châssis, une impression de mieux dominer la moto, un angle de chasse un peu plus ouvert et donc une moto moins réactive la rend plus sécurisante dès que le rythme s’accélère. Toujours un régal d’évoluer sur un gros 4T bien coupleux et que dire de la 500 SEF à utiliser en mode « tracteur » dans le technique, 3ème rapport sur le couple, un doigt sur l’embrayage au cas où, mais c’est impressionnant la capacité de ce gros moulin à descendre si bas en régime sans jamais caler. Dans les lignes en sous-bois et sur la spéciale banderolée c’est un vrai régal à conditions d’avoir la santé.

Des deux-temps en pleine forme

Le passage des 4T aux 2T se fait instinctivement mais attention d’ouvrir le robinet d’essence car oui, Sherco repousse l’échéance du passage à l’injection sur ses 2-temps. Le moteur craque au 1er coup de pouce la 300 SE considérée comme la valeur sûre de la marque démontre d’emblée le caractère d’une « scratcheuse », c’est d’ailleurs la monture de notre compatriote Antoine Magain,  vainqueur notamment du GP en Italie en catégorie E3 récemment.

Multi cartes, voilà comment je qualifierais cette 300 SE, un comportement puncher , du couple, une réponse au coup de gaz franche grâce à son alimentation par carbu, entre les banderoles et sur cette  prairie bien glissante la 300 se montre redoutable. Dans le technique, inutile de vanter ses qualités, il suffit de suivre les résultats de la marque en extrême enduro ou son couple fait merveille. Vous aurez compris à l’instar 300 4T, on appréciera sa polyvalence avec un côté plus élitiste.

Pour la 250SE, on joue un peu dans le même registre mais en perdant en confort moteur et en force. Là où vous pourrez virer en 3e avec la 300, il faudra davantage jouer du sélecteur avec la 250 mais elle se montrera par contre plus docile et un peu moins exigeante dans le sinueux.

Ce comparatif 4T-2T en conditions identiques permet de dégager un constat : le 2T est imbattable en franchissement et lorsque vous devez reprendre une difficulté sans élan, ça tracte systématiquement là où le 4T se montrera plus pénalisant.

Un petit mot sur la petite 125, un jouet pour moi mais un outil essentiel pour faire ses armes dans la discipline. La cadette reprend toutes les évolutions de la gamme et permettra de développer pilotage et attaque avant le passage chez les grands.

En résumé on attendait avec impatience cette nouvelle cuvée et on n’est pas déçus. Du matos de qualité, des finitions résolument haut de gamme, un investissement humain et une logistique dernier cri afin de contenter la clientèle en concession et sur les circuits, le « made in France » version SHERCO semble paré pour l’avenir.