Published On: 4 avril 2025

Antoine Minimax” Magain est probablement le meilleur pilote denduro belge de tous les temps. Après 8 titres nationaux en France, en Espagne et en Belgique, 2 victoires aux 12 Heures de La Chinelle et plusieurs podiums en GP, le pilote Sherco Factory semble désormais prêt pour une percée définitive au niveau mondial.

Il y a de fortes chances que, pendant que vous lisez ces lignes, les participants à la première manche du mondial EnduroGP de la saison soient en train de marcher. En reconnaissance donc.
Juste avant la manche d’ouverture au Portugal, nous avons discuté avec l’expert de la discipline Wim Vanderheyden. Malgré une saison 2024 difficile pour Magain en raison de blessures, Wim voit de nombreux signaux positifs pour cette nouvelle campagne.

Antoine Magain

Sur le plan national, Antoine a déjà démontré toute sa valeur depuis longtemps. 2025 sera-t-elle lannée de Magain en EnduroGP et en E3 ?

Wim Vanderheyden : «En tout cas, il a toutes les cartes en main. Il a vécu un très bon hiver. À Bassella en Espagne, malgré l’absence de Josep Garcia, il a tout de même remporté le scratch lors de la première manche du championnat espagnol. La classique française de la Val de Lorraine est un tout autre type de course, mais il l’a aussi gagnée le week-end dernier. C’est une épreuve très stressante avec énormément de préparation, où l’on affronte des spécialistes de ce genre de terrain.»

Wim Vanderheyden

Quest-ce qui rend le Val de Lorraine Classic si particulière ?

Wim Vanderheyden : «Ce sont douze spéciales différentes que tu ne parcours qu’une seule fois. Les meilleurs les ont toutes reconnues plusieurs fois à pied dans la semaine qui précède. Et là, c’est vraiment une question de secondes. Si je vous dis qu’Antoine a gagné avec trois secondes et trois dixièmes d’avance, vous comprenez que ce n’est pas qu’en ouvrant les gaz qu’on gagne?! C’est très stressant. Dans une spéciale, tu gagnes avec trois dixièmes, dans la suivante tu perds sept dixièmes… Et ça a été comme ça tout le week-end.»

Antoine Magain

Tous les meilleurs Français étaient présents au départ ?

Wim Vanderheyden : «Du moins ceux qui ciblent ce type d’épreuve. Pas les pilotes actuels d’EnduroGP, mais des gars comme Jérémy Tarroux, Hugo Blanjoue et Valérian Debaud. Pas de grands noms pour ceux qui ne suivent pas ça de près, mais c’est vraiment difficile. Tu as un immense champ dans lequel on a planté de petits piquets avec des rubans. C’est large de 20 à 30 mètres. Lors de la reconnaissance, tu dois te faire un film mental pour trouver la ligne idéale. À quel moment rester à l’extérieur, quand plonger à l’intérieur? Où laisser la moto glisser, quand et comment remettre les gaz?C’est un peu comme écrire en calligraphie, alors qu’en motocross tu choisis souvent le chemin le plus court. Ici, c’est la finesse dans le contrôle de l’accélérateur qui est déterminante.»

Et Magain roulait sur une deux-temps. Pas évident sur lherbe, non ?

Wim Vanderheyden : «Pas du tout. Un quatre-temps a clairement un avantage ici, car le moteur est moins nerveux. Antoine Magain avait cette course en tête et il a dû insister un peu auprès de Sherco pour qu’elle figure à son programme. Tout s’est bien passé. La course n’était pas très loin de chez lui, et quelques supporters ont pu venir le voir. C’était donc une épreuve très importante pour lui.? Cette course va donc certainement lui avoir donné confiance! »

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Antoine Magain

Il va bien aussi sur le plan personnel.

Wim Vanderheyden : «C’est vrai, Antoine est devenu papa il y a une semaine. Tout s’aligne parfaitement et on sent qu’il est très fort mentalement en ce moment. La manière dont il a dominé la dernière spéciale à la Val de Lorraine en dit long. Il l’a fait avec autorité et il était sincèrement très heureux. Encore une mission accomplie.»

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Antoine sest démontré à plusieurs reprises en Championnat du Monde, mais maintenant, il sagit de franchir un cap : chercher de la régularité et encore ce petit plus en vitesse. Si Magain y parvient, le vois-tu rivaliser en E3 avec le champion du monde Brad Freeman ?

Wim Vanderheyden : «C’est difficile à estimer car on ne sait pas exactement où il en est. Je pense que son principal objectif sera de battre son propre coéquipier, Hamish MacDonald (ndlr : vice-champion du monde E3). MacDonald est simplement très fort. Il ose, lors de certaines manches d’EnduroGP, se mesurer aux « grands quatre » : Josep Garcia, Steve Holcombe, Andrea Verona et Brad Freeman. Que ce soit en F1, en MotoGP ou en MXGP, il est toujours important de pouvoir battre son propre coéquipier – c’est ton premier concurrent.»

Antoine Magain

Sherco comptait beaucoup de pilotes dusine par le passé. Zach Pichon est passé chez TM pendant lintersaison. Quelle est la dynamique actuelle chez Sherco ?

Wim Vanderheyden : «Très positive. Ils travaillent de manière très professionnelle et sont ambitieux. Antoine a trouvé sa place dans l’équipe et il existe clairement une vision à long terme pour collaborer ensemble. Aussi, sur le plan linguistique, c’est évidemment plus confortable pour Magain d’être lié à un constructeur français. Je l’imagine bien, après sa carrière, continuer chez Sherco en tant que pilote d’essai.»

Les courses denduro ont leur propre logique. Entre les spéciales, les équipes ont peu de temps pour soutenir leurs pilotes, car elles doivent elles aussi se rendre rapidement à l’épreuve suivante. Est-ce que cela rend le début du championnat encore plus crucial ?

Wim Vanderheyden : «Dans un certain sens, oui. On n’est jamais meilleur que sa dernière course. Chez Sherco, ils ont maintenant Christophe Nambotin comme coach des pilotes. Si tu fais deux premiers chronos moyens et que MacDonald est déjà devant, ils ne peuvent pas attendre. Tu dois suivre le rythme, le train avance ! Et ce n’est pas facile à accepter pour un pilote.»

 

Antoine Magain

Une saison passionnante en perspective ! On croise les doigts pour quAntoine réalise une grande année.

Wim Vanderheyden : «Absolument. Avoir quelqu’un en Belgique qui évolue à ce niveau, c’est forcément positif pour notre sport. Pour la visibilité, l’attention médiatique, mais aussi pour la manière dont Antoine peut inspirer d’autres pilotes belges comme Erik Willems et Dietger Damiaens, notamment lors des ISDE.»

Texte : Tom Jacobs | Photos : Sherco & Gino Maes (Wim VDH)