Le week-end prochain, une équipe entièrement féminine prendra le départ de la mythique endurance des 12 Heures de la Chinelle à Franchimont. Une initiative née d’un rêve, d’une passion commune et d’une volonté farouche de prouver que les femmes ont toute leur place dans ce sport exigeant. Rencontre avec Elise Marchal, l’une des instigatrices de ce projet audacieux. Elle partagera le guidon de la Sherco #73 avec Anaïs Nowakowski, Marine Ramelot et Ingrid Van De Sype.
Depuis des années, « La Chinelle » est un événement incontournable pour elle : « THE event en Belgique », confie Elise Marchal avec enthousiasme. Une course d’endurance de 12 heures, de minuit à midi, qui fête cette année ses 45 ans. Elle y a déjà participé à plusieurs reprises, en vintage comme en 12 Heures. Mais une idée la poursuivait depuis longtemps : créer un team 100 % féminin.
L’occasion s’est présentée l’an passé, lorsqu’elle découvre la catégorie « Ladies » en motocross à l’AMPL. Là, elle fait la connaissance de Marine Ramelot, deuxième du championnat, qui lui avoue rêver un jour de participer à La Chinelle. Ni une ni deux, l’idée d’un team féminin se concrétise. Marine embarque Anaïs, une amie d’enfance évoluant en Championnat de France, et elle-même invite Ingrid, une pilote d’enduro déterminée. Le quatuor est formé.
Une préparation à la hauteur du défi
Chacune prépare la course à sa manière. Certaines misent sur le VTT, d’autres sur la course à pied ou la natation. L’endurance, la gestion du sommeil et la prévention des blessures sont au cœur des préoccupations. « À quatre, c’est plus facile. On a plus de récupération. Mais il faudra quand même être à l’écoute de son corps. Les crampes, la fatigue, les douleurs, on va y goûter », explique la pilote.
Elle-même se prépare à vélo, son moyen de locomotion quotidien, tout en adaptant son cycle de sommeil. Elle se décrit comme « un gros bébé dormeur », ce qui promet un défi de taille le soir du départ.
Une Sherco 250cc 4T : le choix de la polyvalence
Pour cette édition, le team roulera sur une 250cc 4 temps, gracieusement mise à disposition par Sherco Vukcevic Racing, un soutien précieux. Ce choix s’impose naturellement : « Elle est joueuse, maniable, facile, avec un bon couple. Elle permet d’enrouler sans trop se fatiguer. C’est un super compromis pour nos gabarits et styles différents ». Une machine qui semble faite pour cette équipe dynamique et soudée.
Objectif : profiter, partager, terminer !
Et la performance dans tout ça ? « Ce n’est pas notre priorité. Bien sûr, plus le chiffre à l’arrivée est petit, plus on sera contentes, mais notre vrai défi, c’est de vivre cette aventure ensemble, de montrer que c’est possible ».
Chacune apporte ses forces : Anaïs, la plus rapide ; Marine, la passionnée ; Ingrid, la débrouillarde ; et Elise, l’endurante. Une belle complémentarité au service d’un objectif commun.
Stratégie et esprit d’équipe
Dans une course d’endurance, tout se joue aussi dans les stands. Les relais, les ravitaillements, l’ordre de passage… tout doit être millimétré. Le maître-mot : la communication. « On veut une moto qui reste sur ses roues, éviter les chutes et les réparations inutiles. Mieux vaut ralentir que perdre gros. »
Côté départ, elle souhaitait initialement prendre le premier relais. Mais elle a préféré offrir cette expérience unique à Anaïs, qui n’a jamais connu l’ambiance électrique de minuit à La Chinelle. « C’est à vivre une fois dans sa vie ! »
Un staff solide pour les épauler
Derrière chaque équipage engagé à la Chinelle, une équipe d’assistance est essentielle. Pour ce team, ce sont les maris, compagnons et membres de la famille qui joueront les rôles clés dans les stands : mécanos, ravitailleurs, stratèges. « Ils sont tous passionnés, compétents et investis à fond. On sait qu’on peut compter sur eux. » Une belle démonstration de solidarité autour de cette aventure.
Participer à La Chinelle demande une organisation rigoureuse. Grâce à Sherco Vukcevic Racing et à plusieurs sponsors – GDJ Services, Desimone, Tché & Son Ferronnerie, Atout Fer, entre autres – le budget a pu être maîtrisé. L’Enduro Club de Chimay a également soutenu l’équipe dans les démarches administratives. Cerise sur le gâteau : des T-shirts ont été créés et vendus pour impliquer leur entourage dans l’aventure.
Une dynamique 100 % féminine
« On discute beaucoup, on débat, on papote. On s’échange des dizaines de messages par jour ! » Elles viennent de régions différentes et certaines ne se connaissaient pas avant cette aventure. Mais la passion les réunit, et les liens se tissent vite.
Un coup dur a cependant frappé Anaïs, victime du vol de sa moto en juin. Grâce à des prêts, elle a pu poursuivre son championnat. Et La Chinelle lui offre aujourd’hui un nouvel élan.
« Être une femme dans le monde de la moto, c’est un avantage. On a de plus en plus de possibilités, de catégories adaptées. La première fois que j’ai participé à la Chinelle en 2014 pour la course ancêtre c’était sur une Suzuki PE175 prêtée par mon parrain, avec laquelle mon Papa avait roulé. Ce fut donc assez émotif pour moi, mon Papa étant décédé en 2010. Pendant des années je m’y suis rendue en tant que spectatrice. Quand on sent rend compte de ce qu’est vraiment l’événement, tu comprends que c’est une réelle chance de pouvoir être entre les banderoles ce week-end là ! Franchement les filles, si vous hésitez : foncez ! Le dada, c’est bien… mais la poignée de droite, c’est mieux ! »
Des anecdotes et beaucoup de promesses
Parmi les premiers souvenirs de cette aventure, le recrutement d’Ingrid reste marquant. Elle devait initialement participer à la course vintage avec son oncle, mais a finalement craqué pour rejoindre l’équipe des 12h. Une décision difficile, mais symbolique. Autre moment fort : le test de la moto dans des conditions extrêmes – poussière, boue, puis terrain idéal – tout en une seule journée !
Et bien sûr, leur manière bien à elles de prendre des décisions : des sondages à gogo dans leur conversation de groupe. « On vote, on revote, on rerevote… » L’organisation est sérieuse, mais toujours avec une bonne dose de fun.
Le compte à rebours est lancé pour cette équipe #73 pas comme les autres. Une chose est sûre : elles ne passeront pas inaperçues. Entre passion, engagement, solidarité et humour, ces quatre pilotes comptent bien marquer l’histoire de La Chinelle à leur manière. Et prouver, une fois encore, que dans le sport moto, les femmes ont toute leur place.















