Sur les 12 Heures de la Chinelle, il y a bien sûr les pilotes qui assurent le spectacle sur la piste mais il y a aussi tous ceux qui travaillent dans l’ombre, avant, pendant et après l’épreuve, pour leur permettre de donner le meilleur d’eux-mêmes. A la tête de ces hommes et de ces femmes qui travaillent pour un objectif commun, un chef d’orchestre.
Celui qui doit prendre les bonnes décisions au bon moment, créer la cohésion nécessaire dans l’équipe, remotiver ses troupes en cas de coup dur ou encore parvenir à pousser ses pilotes à repousser leurs limites pour se donner une chance de franchir la ligne d’arrivée en vainqueurs. A quelques heures du coup d’envoi de la 45ème édition, on a pris la température auprès de deux managers d’équipes qui joueront un rôle en vue ce week-end à Franchimont, avec d’une part Michaël Vukcevic (Sherco) et d’autre part Wim Vanderheyden (Husqvarna). Deux hommes qui connaissent l’épreuve sur le bout des doigts et qui la vivront quoi qu’il arrive avec passion.
Quel est le sens pour vous de participer à une épreuve comme les 12 Heures de la Chinelle ?
Michaël Vukcevic (Sherco) : « Pour moi être manager est un réel plaisir, pour une Chinelle qui est à mes yeux la course de l’année. En plus c’est la suite logique de la saison, je suis avec les pilotes toute l’année ce qui me permet de très bien les connaître. »
Wim Vanderheyden (Husqvarna) : « Ma première expérience Chinelle date de 1996 quand Philippe Blondiau m’a demandé de faire équipe avec Bernard Magain et Patrick Debroux. Trois victoires et cinq podiums plus tard, je me retrouve pilote/manager de l’équipe Husaberg en 2012 et 2013. Cette expérience de pilote m’a toujours aidé à faire des choix techniques et à peaufiner certains détails que je trouvais importants pendant la course. Alors quand le groupe KTM me demande de préparer un Chinelle dans de bonnes conditions, je suis content de pouvoir leur rendre service, eux qui m’ont aidé pendant toute ma carrière d’enduriste. »
Peux-tu nous présenter brièvement ton équipage et la complémentarité entre les pilotes ?
Michaël Vukcevic : « Il y a deux équipes officielles. Une équipe 100 % usine et la deuxième Sherco Belgique. Dans l’équipe usine, Antoine reste actuellement le maître incontesté de la Chinelle. Julien a déjà gagné la Chinelle avec Antoine il y a deux ans. Cox est encore inconnu chez nous mais il a pourtant un très beau palmarès en GNCC aux États-Unis et en rallye.
Équipe n°2 : Hugo a la Chinelle dans le cœur comme Antoine et a très envie de prouver ce qu’il vaut sur la 250. Brieuc Fraselle est heureux d’être dans l’équipe et de troquer sa 125 contre une 250. Florent Lambillon est bien connu des crosseux à l’AMPL. »
Wim Vanderheyden : « Kevin Fors, pilote de motocross qui a évolué à haut niveau et qui a plusieurs victoires à son actif. Tanguy Gabriel, également pilote de motocross avec un passé récent d’enduriste. Il a déjà quelques podiums à son actif dont une victoire lors de l’édition COVID. Jens Getteman, lui aussi pilote de motocross, a évolué en MX2 comme en MXGP. Il a découvert La Chinelle en 2022 avec un podium à la clé. Ce sont trois pilotes qui ont de la vitesse sur les circuits de MX et qui, en même temps, n’ont pas peur de se mettre dans le rouge en fin de relais pour faire la différence. En plus, ils ont un style coulé et savent aller vite sans abîmer la moto. »
Quelles sont, selon toi, les qualités spécifiques (et parfois les faiblesses) de chacun de tes pilotes ?
Michaël Vukcevic : « Antoine reste actuellement le maître incontesté de la Chinelle. Julien a déjà gagné avec lui il y a deux ans. Cox, encore inconnu chez nous, a un très beau palmarès en GNCC et rallye. Hugo a la Chinelle dans le cœur, Brieuc est motivé et Florent est bien connu dans le milieu cross. »
Wim Vanderheyden : « Ils ont de la vitesse, n’ont pas peur de se donner à fond, et savent garder un style qui préserve la mécanique. Aucun d’eux n’a de position atypique sur la moto, ce qui leur permet de partager facilement le même poste de pilotage. »
Comment as-tu préparé l’équipe sur le plan organisationnel et logistique ?
Michaël Vukcevic : « L’équipe 100 % usine descend directement du Grand Prix d’Angleterre avec trois mécanos et une moto préparée aux petits oignons. La deuxième moto sera bichonnée dans nos ateliers. »
Wim Vanderheyden : « La logistique, c’est un gros poste pour cette course. Le stand moto est placé par une firme spécialisée. À l’arrière, on aménage pour créer un max de confort pour les pilotes. Quinze jours avant, on ressort et vérifie tout le matériel : éclairage, cuisine… Le montage du stand le vendredi, c’est aussi un gros boulot fait par les personnes de l’ombre. »
Quels réglages ou choix techniques ont été faits concernant la moto, et pourquoi ?
Michaël Vukcevic : « On roule sur des 2T : 300 pour l’équipe officielle, 250 pour l’autre. Suspensions usine, phares puissants. Moteur standard pour la fiabilité. Et d’origine sur les Sherco, on a des filtres à cassettes. »
Wim Vanderheyden : « Notre moto, c’est la FE 350, parfaite pour ce genre d’épreuve. Moto neuve, quelques heures de roulage, puis préparation spécifique : suspensions adaptées au poids de l’éclairage et du gros réservoir, échappement changé pour libérer un peu le moteur. »
Sur quoi veilles-tu particulièrement pour que la moto tienne la distance ?
Michaël Vukcevic : « Connexions électriques, usure des câbles, filtres bien placés et graissés. »
Wim Vanderheyden : « Les détails : démonter chaque vis, la remonter au frein-filet, marquage couleur pour vérifier en un coup d’œil. Deuxième câblage d’éclairage prêt. Avec l’injection, plus de souci d’alimentation. L’allumage d’origine est assez puissant pour des phares très puissants. »
Comment l’équipe est-elle structurée pendant la course ?
Michaël Vukcevic : « L’équipe officielle est gérée par les mécanos usine, la belge en famille, avec deux papas déjà vainqueurs de La Chinelle. »
Wim Vanderheyden : « Deux mécanos au stand avec moi en manager/mécano, un troisième avec un œil extérieur. Communication constante avec les panneauteurs pour anticiper tout arrêt. »
La stratégie de course est-elle déjà établie ?
Michaël Vukcevic : « Oui, Antoine et Hugo feront départ et chronos. »
Wim Vanderheyden : « La stratégie parfaite existe sur papier, mais on s’adapte à la course. Trois pilotes homogènes : on décidera sur place qui fera les chronos et l’ordre des relais. »
Comment gères-tu la communication avec les pilotes pendant l’épreuve ?
Michaël Vukcevic : « À l’ancienne, avec le panneautage. Et ils savent qu’ils doivent mettre du gaz. »
Wim Vanderheyden : « Briefing avant course, échanges surtout entre pilotes pendant l’épreuve. J’écoute et j’essaie de les mettre en confiance avec du positif. »
Qu’apporte le soutien de la marque ou du constructeur ?
Michaël Vukcevic : « L’usine est impliquée à 100 %… merci à Jordan Curvalle. »
Wim Vanderheyden : « Le constructeur prend en charge moto, pièces, engagements, stand… Plus des sponsors techniques comme Dunlop, Motorex, DT1. Les bénévoles restent essentiels. »
Un mot de remerciement ou un clin d’œil à vos partenaires, mécanos ou membres de l’ombre ?
Michaël Vukcevic : « Merci aux mécanos, panneauteurs, petites femmes pour la logistique repas, sponsors fidèles et bien sûr Jordan Curvalle. Hâte que notre speaker préféré mette le feu vendredi soir. »
Wim Vanderheyden : « Merci à nos sponsors techniques, au constructeur, aux artisans disponibles pour une modification de dernière minute, et aux organisateurs qui font vivre depuis 45 ans l’idée de Joël Robert. »
















