Avec l’essai de la version Supermoto de la fameuse Stark Varg, on part à la découverte d’une machine attachante, qui bouscule les habitudes. Aussi inutile qu’indispensable, elle nous pousse à oublier tout raisonnement rationnel pour nous laisser guider par la recherche de sensations qu’elle seule peut sans doute offrir à son pilote.
Par Frédéric David
Après avoir découvert la version enduro (Varg EX), Green Bikes (Braine-le-Château) m’a donné l’occasion d’approcher sa sœur Supermoto, la Stark Varg SM.
Quand on parle de la Varg SM, on pense immédiatement à une moto électrique radicale, fun, mais aussi silencieuse. Rien de tel qu’un essai en conditions réelles pour comprendre son tempérament. J’ai donc emmené la Varg SM dans trois environnements très différents : un zoning industriel, les petites routes de campagne avec leurs chemins de terre et enfin le cœur d’un centre-ville. Et une chose est sûre : cette moto ne laisse personne indifférent. Trois jours, trois terrains, trois ambiances… et un verdict plus contrasté qu’attendu.
Note importante pour la lecture de cet essai, la moto prêtée était une 80 CH, étant donnée les conditions météorologiques, je n’ai pas eu l’occasion de tester/modifier les maps d’origine et tous les réglages possibles tant ils sont nombreux ! Vous pouvez paramétrer le comportement moteur à la carte. J’ai réalisé cet essai avec la troisième map, càd 40 CH et 70% de regénération, soit l’équivalent d’une 450 4-tps. J’ai quand même essayé brièvement la quatrième map, mais la Varg ne faisait que partir en wheeling, autant vous dire que je n’ai pas senti la nécessité d’aller tester la map 5 et sa puissance maximale de 80 CH, c’est inexploitable … à moins d’avoir envie d’aller rejoindre 2PAC.
Jour 1 | Zoning : le parc d’attractions
Le zoning, c’est normalement la triste zone grise, des bâtiments carrés, des trottoirs déserts et des entrepôts fermés. Avec la Varg SM ? Ça devient un parc d’attractions. Les escaliers ? un petit moment de détente, une rampe ? un mini-saut. Trottoirs, plateaux, bosses, bouts de gravier ? autant d’invitations à jouer. Tout se transforme en module de freestyle improvisé. La moto est maniable, équilibrée, tellement réactive que tu te prends à tester tout ce qui ressemble à un obstacle. Sans bruit, sans contrainte, juste du fun à la demande. Son silence, mais aussi sa puissance et sa facilité changent tout : on décolle sans déranger personne, on roule sans culpabiliser, et surtout on s’amuse sans craindre de voir débarquer un gardien de bureau ou une patrouille un peu trop curieuse. Elle permet de se déplacer sans déranger, sans troubler le voisinage ou l’activité alentour. On roule en paix, et cette tranquillité ouvre un terrain de jeu étonnamment vaste, tout devient une invitation à l’exploration, un appel à retrouver le plaisir simple de piloter. L’autonomie, dans ce cadre, se montre largement suffisante.
Mais deux éléments viennent rapidement ternir ce tableau : un rayon de braquage extrêmement limité, rendant chaque demi-tour laborieux, et un frein arrière spongieux, manquant de fermeté et de mordant (pas de panique, chez Green Bikes, Adrien Vandommele a déjà la solution pour régler ces petits soucis). Malgré cela, je termine cette première prise en mains avec la banane et d’autres sensations, celles d’avoir découvert une nouvelle manière de rouler. Et déjà, je suis plus qu’impatient de l’emmener dès le lendemain dans les Ardennes.
Jour 2 | Les Ardennes : le froid, la pluie, la boue et la vérité du terrain
Chargée la veille à 100 %, la batterie affiche 97 % le lendemain matin, même perte nocturne qu’avec la version EX que nous avons testé il y a peu. Rien de dramatique mais un rappel que même au repos, l’électricité a ses humeurs et … sa contrainte. On recharge la batterie le temps de préparer la remorque, puis direction la Province du Luxembourg pour cette seconde journée … dantesque. Six degrés, pluie, vent, boue, des flaques partout, c’est simple : une météo faite pour rester au chaud, mais parfaite pour tester une supermoto électrique. Cet essai aurait pu être gâché par cette météo, pourtant, c’est tout l’inverse qui s’est produit. Cette Varg SM s’est révélée être un concentré de fun, capable d’illuminer les pires conditions. Sur les petites routes de campagne, les transitions bitume-terre-bitume se font avec une aisance impressionnante. La Varg SM semble née pour ça : improviser, s’adapter, jouer. Chaque entrée de chemin devient une tentation, chaque portion glissante une opportunité. Malgré la météo, la moto reste saine, équilibrée, légère et d’une facilité addictive. Même les pneus d’origine (Michelin ROAD 6 à carcasses spéciales pour motos électriques) s’en sortent honorablement dans la boue ardennaise. Deux petites glissades, dû à un excès de confiance du pilote dans une boue épaisse, viennent me rappeler qu’il ne s’agit pas d’une moto d’enduro, mais d’une moto de supermoto. Malgré ce rappel à l’ordre, le plaisir est bien présent, franc, presque enfantin. De la route à la terre, de la terre à la route, à chaque transition la moto s’adapte sans broncher, cette Varg SM est d’une facilité et d’un amusement déconcertant.
L’autonomie souffre évidemment de ce cocktail défavorable, froid, pluie, terrain exigeant, relances fréquentes … mais c’est presque secondaire avec le chargeur portable qui arrive en février 2026 (recharge sur prise domestique ET sur borne automobile). Je rentre trempé, glacé jusqu’aux os, mais wahou quelle machine ! Côté autonomie, avec 18 % restants après 60 km, c’est un bilan certes imparfait, mais cohérent au vu des conditions. Je retiens que dans cette météo qui broie la motivation, la Varg SM m’a tenu compagnie sans jamais m’en demander plus que je ne pouvais donner. La moto ne surprend jamais, c’est une machine qui ne s’impose pas, mais qui accompagne.
Jour 3 | Bruxelles : le ballet urbain
Pour la dernière journée, j’espérais un peu de répit météo. Raté !
Direction le centre de Bruxelles : un bout de ring, puis la jungle urbaine. Et là, l’autoroute fait fondre l’autonomie à vue d’œil. En ville, avec une régénération poussée à 70 %, la conso devient beaucoup plus raisonnable, preuve que la Varg fonctionne comme une voiture électrique : c’est en usage à arrêts fréquents qu’elle est la plus efficiente. Mais entre les pavés, les rails de tram, les plaques d’égouts, les lignes blanches grasses et les suspensions dures comme du bois… la balade se transforme vite en séance de survie. Je roule sur un fil. La puissance de la moto, pourtant très progressive, ne pose aucun problème ; c’est le terrain qui impose la prudence. Dans ces conditions la vigilance monte d’un cran et le plaisir redescend, chaque mètre semble chercher un moyen de t’envoyer au sol, ce que tu n’as absolument pas envie avec une moto de démo.
Quand la pluie refait son apparition, je préfère mettre un terme à l’essai, 34 km parcourus, 28 % de batterie consommés : des chiffres qui montrent que, en ville, l’efficacité est au rendez-vous.
Dans ces conditions la Stark Varg SM n’est pas la reine de la ville on sent clairement qu’elle préfère d’autres environnements et surtout une autre météo ! Dès que l’on quitte l’urbain, elle (re)dévoile un potentiel fun incomparable. Une électrique qui fait tomber la barrière entre route et terrain de jeu.
Réflexion finale : une moto inutile mais donc indispensable
Je suis d’humeur philosophique pour le moment, et en cherchant mes mots pour conclure, une phrase de Barjavel s’est imposée : « l’inutile et le superflu sont plus indispensables à l’homme que le nécessaire. »
La Varg SM n’est pas une moto rationnelle. Elle n’est pas pratique, pas polyvalente, pas confortable, elle est dépouillée, minimaliste … Mais malgré, ou grâce à, tout cela, elle apporte un plaisir rare, une manière de rouler qui bouscule les habitudes, qui pousse à redécouvrir les gestes et les sensations.
Tout comme pour la conclusion de l’essai de la version EX (enduro), je me suis positionné en tant qu’acheteur potentiel, moi qui ne suis pas du tout fan de ce virage électrique que l’Europe nous impose et qui n’achètera jamais de voiture électrique, est-ce que je pourrais craquer pour une Varg SM, moto électrique, alors même qu’elle n’est pas une moto nécessaire et qui ne réponds à aucun de mes besoins ? Mais ce qui n’est pas nécessaire peut parfois devenir l’un des plus beaux compléments au nécessaire. C’est une moto qui ne cherche pas à remplir un besoin. Elle ne remplace rien. Elle ajoute. Elle crée un interstice dans le quotidien. Une parenthèse silencieuse de plaisir. Une manière différente de traverser les lieux, de sentir le sol, d’entendre le monde. Elle m’a rappelé que la moto est aussi un espace où l’on respire autrement, parfois sans bruit et en changeant ses codes. Et quand la batterie se vide, une seule envie demeure : la brancher pour repartir au plus vite. Oui j’ai adoré (sauf en ville) cette Varg SM, et ça … j’achète ! Ce qu’elle offre ne relève pas de la nécessité, mais de la découverte, elle dégage une forme d’attachement immédiat. On s’y attache pour des raisons difficiles à expliquer et pourtant très simples à ressentir.
LES +
- Plaisir de conduite immédiat
- Look radical, sensations brutes
- Châssis irréprochable
- Silence = liberté de rouler partout
- Regénération efficace en ville
- Recharge possible sur bornes automobiles avec l’arrivée du chargeur portable
LES –
- Autonomie encore un peu faible (mais le chargeur portable arrive)
- Rayon de braquage trop limité (mais Green Bikes à une solution)
- Frein arrière à revoir (Green Bikes à la solution)
- Inconfort marqué en ville mais ce n’est pas son terrain de jeux
- Plastiques se marquent vite (kit déco indispensable)
- Pas de guide chaîne de série (mais les fixations sont présentes)
Merci à Adrien Vandommele et Sam de chez Green Bikes pour leur confiance et le prêt de la Varg SM flambant neuve ! Si vous souhaitez essayer, commander ou tout simplement prendre des renseignement sur les Stark Varg n’hésitez pas à les contacter. https://www.greenbikes.be/, 0032 2 366.25.18.















