La boue qu’il y avait à Maggiora le week-end dernier avait de quoi rendre nerveux Jeffrey Herlings mais cela n’a toutefois pas empêché le pilote hollandais, âgé de vingt ans, de remporter sa treizième manche de la saison sur dix-huit courues jusqu’à présent et de monter sur son huitième podium au général par rapport à neuf possibles. Ses 139 neuf points d’avance sur le second, Valentin Guillod, signifient que le champion du monde 2102 et 2013 est bien en route pour se doter d’un troisième titre mondial. Nous nous sommes entretenus avec lui à Maggiora, au soir du GP d’Italie…
Il a pas mal plu ce matin et je crois que s’il y avait quelqu’un de nerveux aujourd’hui, c’est bien toi…
Jeffrey Herlings: «C’est certain! C’est d’ailleurs ce que je t’ai dit quand je t’ai rencontré ce matin! On savait que cela allait être un peu spécial. Rouler dans la boue, c’est une loterie: celui qui part en tête fera la course devant; cela a été le cas avec Tonkov en première manche et avec moi dans la seconde. Tu vois des résultats tout à fait inhabituels comme David Philippaerts qui termine deuxième – il a très bien roulé, c’est vrai – mais qui n’aurait pas terminé à cette place s’il avait fait sec. Enfin, peu importe, on a fait du bon boulot pour le championnat et j’ai pris pas mal de points par rapport à mes concurrents directs que sont Jonass, Guillod et Tixier.
Tu étais sixième dans la première manche et on avait l’impression que tu roulais à l’aise, comme si tu pensais au championnat…
Jeffrey Herlings: «Peut-être mais après quelques tours, mon moteur chauffait très fort, je n’avais plus de puissance et je sentais l’odeur de l’embrayage. Je savais que je ne pouvais pas mettre plus de gaz et qu’il fallait simplement que j’aille jusqu’au bout pour prendre des points. C’est vrai, j’ai roulé en pensant au championnat alors que dans la deuxième manche, je me suis battu pour la victoire. »
Jeffrey Herlings avait de bonnes raisons d’être un peu nerveux à Maggiora!
Lors de la conférence de presse d’après course, on aurait dit que tu en avais marre et tu visais quelqu’un en particulier. Qu’est-ce qui s’est passé?
Jeffrey Herlings: «Tout le monde essaye de me battre en MX2. Je suis devenu la cible et chacun tente de me recouper lors des départs. Dans la seconde manche, Tixier et Guillod avaient un tour de retard mais ils n’arrêtaient pas de se mettre dans mon chemin. Gasjer m’a repris dix secondes dans le dernier tour simplement parce que Guillod ne se bougeait pas. J’en avais vraiment marre. Si tu te fais prendre un tour, tu laisses passer! je sais qu’ils font aussi partie de la course mais si je leur faisais la même chose, cela ne leur ferait pas plaisir. Je pense que ce qu’ils ont fait n’était pas correct. »
Guillod a évoqué le fait que tu lui aurais coupé la trajectoire au départ….
Jeffrey Herlings: «Ce n’était pas mon intention mais Gasjer m’a obligé à aller large. Tout le monde sait bien que ce n’est pas dans mes habitudes de rouler comme cela si je n’y suis pas obligé et il savent que je fais attention en roulant car j’ai déjà été blessé suffisamment comme cela… Je ne cherche pas les ennuis et je n’essaye certainement pas à ennuyer exprès les autres pilotes. Je crois que ce sont un peu des enfantillages et s’ils veulent me battre, ils doivent le faire à la régulière comme Guillod l’a fait en Grande-Bretagne où j’ai vraiment eu beaucoup de respect pour la manière avec laquelle il a remporté le GP. »
Une demi saison est déjà derrière nous; es-tu satisfait d’où tu te trouves actuellement, de ta forme et de ta place au classement provisoire?
Jeffrey Herlings: «Oui, je suis super content. Je n‘ai remporté que quatre GP, ce qui n’est pas ‘normal’ en ce qui me concerne. J’ai été quatre fois deuxième et j’ai raté le GP d’Argentine suite à une chute et un abandon dans une manche. J’ai cependant été régulier et c’est ce qui explique mon avantage de cent-trente-neuf points au championnat. Cela ne veut cependant rien dire quand on repense à l’année dernière quand j’ai perdu le championnat in extremis. Je pense que la seule chose qui pourra m’empêcher de gagner le championnat cette année, c’est une blessure. On verra. Dans la seconde partie de la saison, on a de nombreux circuits qui me conviennent très bien comme ceux de Lommel, Assen, Glen Helen, Mantova et Kegums. Je pense que cela devrait bien se passer. »
Propos recueillis par Adam Wheeler
